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2.2- La gouvernance clanique et lignagère comme référence socio- socio-territoriale et de gestion foncière en mutation

Les travaux de GERMAIN J. (1984,) sur les «peuples de la forêt de Guinée », soulignent que le peuplement primitif des villages de la Guinée Forestière actuelle, en particulier chez les Kpèlè, les Konon et les Manon, devait correspondre à des hameaux (ou campements agricoles) peuplés de familles de mêmes lignages. On ne pouvait donc pas parler de village à l’époque d’installation des premiers peuplements qui seraient logiquement très dispersés. Les villages, tels que nous les connaissons dans leur forme actuelle (habitat groupé et le quasi-manque d’espace vacant et sans maître, comme caractéristiques principales de leurs terroirs) sont en général issus des regroupements d’anciens hameaux. Ces regroupements se sont souvent passés sous l’influence d’un clan pour son statut de premier occupant, sa réputation guerrière, ou pour son pouvoir économique ayant attiré les voisins etc.

Ce processus de formation du village explique en partie la répartition spatiale des groupes lignagers ou des clans dans les terroirs de différents villages (bien que cette configuration clanique du foncier agricole connaisse actuellement des évolutions). Il met donc en relief l’inégalité des maîtrises foncières entre les différents groupes claniques ou lignagers dont les descendants et immigrants en constituent les populations actuelles. L’organisation structurelle et la gestion des terres (agricoles et non agricoles) sont ainsi détenues par le clan fondateur. Cette fonction de chef de terre est souvent cumulée avec la fonction de chef de village par le même clan lorsqu’il est le plus influent : deux fonctions éminemment politiques et territoriales.

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Les groupes concrets que l’on rencontre donc dans les villages sont ainsi construits sur la base d’une référence clanique et lignagère. Les lignées maternelles80

et paternelles ont en commun le lien de sang qui s’établit à travers le père et la mère. Le lignage est l’échelon immédiatement supérieur de la famille et celui immédiatement inférieur du clan. Ces groupes concrets sont facilement identifiables à travers les noms de familles81.

En milieu Kpèlè par exemple, les noms de familles, au sens de la famille élargie (ou du clan), se terminent par « MOU » comme DRAMOU ou DELAMOU, DUONAMOU, NYABLAMOU, MAOUOMOU, MONEMOU, KOLOMOU, GBAMOU, etc. Ces noms de familles correspondent aux différents clans qui se retrouvent au sein des tribus désignées par des appellations comme : LAMAH, HABA, KOLIE, LOUA. Les clans NYABLAMOU et MAOUOMOU sont par exemple tous de la tribu LOUA. Les clans DUONAMOU, KPÖNGÖNAMOU, MANAAMOU … sont de la tribu LAMAH. Ainsi, pour identifier le lignage d’une personne à partir de son nom de tribu, il est judicieux de se référer à son totem ou à son nom de clan.

Le lignage est un critère d’organisation et de gestion des ressources communes matérielles (les terres agricoles, les objets symboliques des lignages, etc.) et immatérielles (meurs, liens identitaires et territoriaux etc.). Dans le cas précis de la de nos zones d’enquête, selon le registre coutumier, c’est le patrilignage qui permet de transmettre le nom de famille et l’héritage immobilier en général, notamment l’héritage foncier.

Le statut du lignage fait partie des facteurs déterminants dans les mécanismes d’appropriation de la terre en tant que ressource productive. Une analyse de nos résultats d’enquêtes de terrain montre effectivement que les sociétés rurales sont marquées par un attachement aux structures sociales traditionnelles. Ignorer ou négliger par exemple cette réalité dans la mise en place d’un projet de développement dans ces localités conduirait à l’échec, à travers des actes de frustration ou du fait de la violation de certaines instances sociales déterminantes de la société locale dans les prises de décisions… (FAUROUX, 2002).

Le clan fondateur s’étant suffisamment reproduit et ayant un certain dynamisme économique, il bénéficie en général de la reconnaissance des autres clans de la communauté villageoise. Son autorité traditionnelle tient notamment à deux faits majeurs. Il a en effet

80 L’expression lignée maternelle est employée ici pour désigner l’ensemble des individus issus d’une même mère sans considérer le sens de l’autorité maternelle ni la transmission du nom de famille aux enfants.

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- Le nom de famille d’une personne indique généralement celui de son lignage d’appartenance, notamment lorsque celui-ci est très plus nombreux.

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consenti les rites82 de la fondation du village (avec un ou des clans proches83 ou clans co-fondateurs84). C’est ensuite ce clan qui a reçu les autres clans venus par après et les a installés. Dans certains villages, il partage entre ses membres ou avec ces clans co-fondateurs, les fonctions clefs de gestion de la communauté. Cette répartition se fait à travers quelques lignages des différents clans concernés par ordre d’ancienneté. Cet ordre dépend de celui de naissance des ascendants. Par exemple les descendants du cadet d’un clan ne peuvent hériter de la fonction traditionnelle que s’il n’y a plus d’héritier de droit parmi les descendants de l’aîné de ce clan. Pour maintenir et renforcer cette position, les générations actuelles doivent maintenir en particulier ce poids reproductif dans la communauté. Ce statut ne pouvant être délégué en général à un autre clan, sauf en cas de disparition du clan héritier de droit, la personne devant assumer le rôle y afférent peut être assistée en cas d’insuffisance de sa capacité à conduire seule les processus de décisions. Il s’agit des fonctions masculines (à l’exception des cultes féminines traditionnelles).

La prééminence du clan fondateur est incontestable dans les fonctions clefs de la vie communautaire (y compris la gestion des ressources collectives). Mais la gestion coutumière du foncier agricole a une référence plutôt lignagère aujourd’hui. Parmi ces fonctions communautaires du clan fondateur on note principalement la chefferie traditionnelle, la gestion des terres et les cultes traditionnels85 de la communauté. Ces trois fonctions communautaires connaissent une certaine prééminence du clan fondateur. Lorsque ce clan fondateur est majoritaire, cette prééminence se traduit dans les statuts de fondateur, de chef de terre et de chef du village. Quand celui-ci est minoritaire, ces fonctions sont souvent partagées entre plusieurs clans du village en fonction des liens de rapprochement ou par ordre d’arrivée.

82 L’historique de chaque village comporte un aspects rituel (GERMIN, 1984). A titre d’exemple, la notabilité du village Baloma nous racontait en 2009 qu’ « Après la construction d’une hutte pour son habitation, le fondateur

de ce village alla consulter un devin (charlatan) pour que celui-ci lui explique ce qu’il devait faire pour que son village puisse agrandir. Celui-ci lui recommanda de faire passer dans cette hutte sept nuits successives par son neveu. Ce dernier (le neveu du fondateur) ne devait sortir de là qu’après la septième nuit. Après l’exécution de cette recommandation, Molobhassou donna à son village le nom de Baloma qui signifie là où on trouve la santé ».

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Un clan proche de celui fondateur n’est pas nécessairement co-fondateur du village ; mais il peut l’être selon sa participation aux actes fondateurs : faire partie des premiers venus, participer à la recherche du site et aux rites de la fondation.

84 Des clans sont dits co-fondateurs, lorsqu’ils sont reconnus par la mémoire collective avoir participé (même à des degrés divers) aux actes fondateurs du village. Chacun de ces clans, selon leurs statuts respectifs, définis eux-mêmes par le premier rôle accompli en faveur du clan fondateur ou au nom de ce dernier, acquiert une fonction traditionnelle. Ces statuts sont par exemple : le statut de fondateur, de sacrificateur ou de cultes traditionnels, de neveu, de guerrier etc.

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Ce dernier cas ne sera pas abordé dans ce travail en raison de son faible intérêt dans le système coutumier de gestion foncière.

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Les fonctions de chef de terre (Löi namou) et de fondateur du village (taa woulou

hwilënmou) se superposent en général. Le chef de terre est le seul qui puisse autoriser les

divers usages du sol (la terre) du terroir, voire du finage : la pose de la première pierre pour la construction d’un édifice communautaire, le creusement d’une tombe et toutes autres cérémonies touchant l’usage du sol. Comme il est dit dans les textes officiels guinéens que la terre appartient à l’Etat, nous avons le sentiment que cette disposition juridique de l’Etat moderne s’appuie sur les pratiques coutumières des sociétés. L’autorité coutumière que détient ce clan fondateur sur la population villageoise s’étend sur toute la terre du finage.

Originellement, le clan fondateur est celui dont l’ancêtre a été le premier occupant d’une portion du territoire villageois et qui aurait fondé le village en question. Dans les différents villages visités, le lignage fondateur conserve bien souvent à la fois un rôle politique et foncier important. Ce lignage est par exemple représenté par les LOUA (…) à Ouléla, LOUA (NÖNGÖNAMOU) à Takoléta, LAMAH (KPÖNGÖNAMOU) à Séwöba (dans la zone de Gouecké, préfecture de N’Zérékoré) ; DOPAVOGUI à Baloma, BILIVOGUI et KPAKPAVOGUI à Koïma (dans la zone de Sérédou, préfecture de Macenta); TOLNO à Sandia-Tèdou, … (dans la zone de Fangamadou)…...

Aussi, l’acquisition du statut de fondateur peut-elle être liée au rôle historique joué par le ou les ancêtres. Mais selon l’histoire locale propre à certains villages, le lignage acquérant ce statut peut ne pas être le premier occupant : des lignages guerriers ont ainsi ce statut au nom de leur puissance, ou ont bénéficié de ce statut de la part du lignage fondateur originel par souci de sécurité de leur territoire (GERMAIN, 1984). Dans certains cas où le clan guerrier bénéficie de cette suprématie, il en a profité pour se considérer comme clan fondateur du village et commande ses habitants au nom de cette puissance. Ce n’est pas en fait cela l’ordre de la chefferie; le clan guerrier peut acquérir le statut de co-fondateur du village et exercer cette fonction avec le clan fondateur titulaire. Ce sont en général des étrangers auxquels les fondateurs se sont confiés pour la protection de leur sécurité et qui finissent par obtenir le statut d’autochtones et commandent. Certains d’entre eux accumulent alors les fonctions de chef de village86 et de chef de terre.

86- Selon Monsieur DORE S., A Guéasso (Une des sous-préfectures de la préfecture de Lola, qui fait frontière avec la Côte d’Ivoire), les Tokpa lo nii (descendants de Tokpa) peuvent parfois paraître comme les fondateurs du village. Ils ont en réalité la chefferie (administration publique du village) mais pas le statut de fondateur. Ils ne sont pas les fondateurs originels. Les Yoma léa sont plutôt les fondateurs de Zöghöta (ou Zöwöta) ; ces deux expressions désignent le sou-groupe ethnique de l’ethnie Konon qui fait partie des Kpèlè en Guinée Forestière. Lors des guerres tribales répétées où les Tokpa lo nii sont venus au secours pour sauver les Yoma léa86 qui étaient leurs tuteurs, ces derniers leur avaient confié le village pour le contrôle des routes et la défense du village

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Sur l’ensemble des quatre CR, la prédominance du clan fondateur (cf. tableau 6, p.131; graphiques 6 et 7, pp.131 et 132) est la première impression (37%). Il est suivi respectivement par le lignage chef de village (20%), le groupe des étrangers (18%), le clan neveu (15%) et la plus faible proportion représentant le clan chef de terre (10%). Rappelons toutefois que selon les contextes et les localités, certains statuts claniques se superposent. Ce sont par exemple les statuts : fondateur, chef de village et chef de terre. Dans les deux zones kissi, le clan Chef de village est plutôt majoritaire. Il représente respectivement 48% pour Gbangbadou et 44% pour Fangamadou. Par contre à Sérédou, comme à Gouecké le lignage fondateur reste le plus nombreux (respectivement 50% et 48%).

Tableau 6: Le statut du clan d’appartenance des enquêtés

Statut Eff. Gcké % Eff. Sdou % Eff. Fdou % Eff. Gbdou % Eff. Tota l % Total Fondateur 33 47,83 35 50,00 7 14,58 12 24,00 87 36,71 Neveu 12 17,39 14 20,00 4 8,33 5 10,00 35 14,77 Chef de village 1 1,45 1 1,43 21 43,75 24 48,00 47 19,83 Chef de terre 5 7,25 10 14,29 3 6,25 7 14,00 25 10,55 Etranger 18 26,09 10 14,29 13 27,08 2 4,00 43 18,14 Total 69 100,00 70 100,00 48 100,00 50 100,00 237 100,00

Source : Enquête du terrain, 2010

Graphique 6: Répartition des chefs d'exploitations agricoles enquêtés dans les zones de Gouecké,

Sérédou, Fangamadou et Gbangbadou selon le statut du clan d'appartenance de l'enquêté en 2010

Source: LAMAH D., 2010

contre les envahisseurs éventuels. Et puis que les hommes ont toujours besoins de vivre en sécurité, ces guerriers ont fini par faire imposer leur personnalité et effacer progressivement celle des vrais fondateurs dans la mentalité des populations de ce village. De cette façon, si l’histoire du village n’est pas régulièrement retracée pour être léguée aux jeunes générations, le statut des fondateurs originels risque de tomber complètement dans les oubliettes au profit des Tokpa lonii.

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Graphique 7: Répartition des chefs d'exploitations agricoles enquêtés dans les zones de Gouecké,

Sérédou, Fangamadou et Gbangbadou selon le statut du clan d'appartenance de l'enquêté et la zonnes en 2010

Source: LAMAH D., 2010

Toutes les régulations sociales qui se rattachent à la terre sont assumées par un représentant de ce clan, en général le plus âgé. Aujourd’hui encore, le conseil des sages (ou notables) dans la plupart des villages est présidé par l’aîné du clan fondateur. C’est ce dernier qui, à l’origine, désigne les détenteurs des terres exploitées par la communauté villageoise, c’est-à-dire les chefs des autres clans. Au-delà de ce pouvoir politique, le clan fondateur du village détient un pouvoir religieux plus important dans la communauté. En effet, la terre des ancêtres demeure le lieu de rencontre entre les occupants actuels de l’espace et les ancêtres ou les morts. En cas de litige foncier opposant deux lignages, c’est le conseil des sages, sous la direction de l’aîné du clan fondateur qui tranche entre les parties en termes de régulation à travers l’histoire de la répartition des terres du finage. Tout sacrifice d’action de grâce, d’expiation ou de sollicitation concernant la communauté villageoise et impliquant des enjeux fonciers, doit être présidé par les membres de ce clan (les détenteurs des terres chefs de terre) ; ils sont les seuls à pouvoir mieux communiquer avec les génies et les esprits de la terre et de la forêt (LOUA, 2008).

Le clan neveu se caractérise par son humilité vis-à-vis de son oncle (le clan fondateur) et de l’ensemble de la communauté villageoise. Il est d’une grande utilité communautaire dans les sociétés traditionnelles. Cette importance est toute particulière dans les milieux Kpèlè, Konon, Toma, Manon, Kissi, etc. Selon les traditions de ces communautés, tout le bonheur ou le malheur de l’oncle dépend de la bonne ou la mauvaise foi du neveu. Celui-ci apparaît en effet comme l’être le plus proche des ancêtres de l’oncle, et celui qui peut être censé porter un message et mieux écouté que son oncle par les ancêtres de ce dernier. Il y a deux catégories de

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neveux : le neveu conçu dans le sens de la consanguinité (Manimou87) et celui conçu pour des

fonctions communautaires (Bâlë88). Un manimou rend service à ses oncles au nom de sa maman. Il doit être disponible à tout moment pour eux sauf en cas de force majeure. Dans certaines localités, les manimou sont entièrement intégrés à la famille des oncles de sorte qu’ils sont parfois même prévus dans les héritages y compris l’héritage foncier. Cela s’explique par le fait que dans ces sociétés, la femme ne reçoit en héritage la terre que par ses fils.

Le neveu qu’on désigne par le terme Bâlë (en Kpèlè ou Konon) accomplit des services communautaires ; il est le neveu de toute la communauté villageoise. En cas de convocation pour une cérémonie communautaire, il est toujours auprès du représentant du clan fondateur. Toute action rituelle ou religieuse concernant l’intérêt général de la communauté et qui engage toute la population nécessite la présence de ce clan neveu. Celui-ci est souvent représenté à ces occasions par ses principaux membres avec en tête l’aîné (ou le plus âgé). La dimension de la mobilisation des membres de ce clan neveu dépend néanmoins de l’ampleur de l’événement89, car pour certains événements d’ampleur modeste, un seul représentant

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- Dans les sociétés rurales de la Guinée forestière, le neveu de quelqu’un est l’enfant (garçon) de sa sœur, de sa fille ou de son fils. Le terme manimou lui-même vient de ’maa mou (en Kpèlè et Kono) qui veut dire « ma suite ou ce qui est directement lié à moi ». On ne peut jamais choisir son manimou, c’est un statut naturel. Ce type de neveu, fondé sur la consanguinité ne confère pas en fait, à un individu de jouer le rôle de löi bâlë (ou neveu de la communauté villageoise par exemple) au nom de son statut de neveu lié à la consanguinité par rapport à ses oncles (paternels ou maternels). Selon la conception originelle du terme neveu dans nos sociétés, celui-ci a accès à tous les biens de son oncle et ne doit, au nom de la tradition, être dépossédé de ce qu’il prend de ce dernier: «ni

le neveu, ni l’oncle ne s’achète ; rien ne peut les remplacer l’un pour l’autre. Mais il est absolument interdit au neveu de suivre la femme de l’oncle ». Chaque tribu, clan ou lignage a également un neveu.

88- Le même manimou ou neveu est parfois appelé bâlë (au sens de la communauté ou de la tribu). Ce terme vient de deux mots Kpèlè ou Konon : bâ qui signifie « égorger ou immoler » et lée ou ‘née qui signifie la maman ou ma maman. Dans les cérémonies collectives, ce sont les neveux (manimou ou bâlë selon les cas) qui immolent les bêtes à offrir et accomplissent toutes les tâches qui nécessitent souvent de l’énergie. Ils accomplissent ces rôles au nom de leurs mamans ; ces dernières étant déjà absentes dans leurs familles paternelles. Bâlë signifie alors celui qui offre le sacrifice le sacrifice et le porte parole des oncles auprès des ancêtres de ces dernires. L’offrande peut donc être une bête dont le sang dont le sang revient aux ancêtres. Il accomplit également toutes tâches chez les supérieurs au nom de la fonction qui lui a été confiée. Dans l’accomplissement de telles fonctions, bâlë se comportera toujours comme un neveu de consanguinité chez ses oncles. Le statut de bâlë étant issu d’une fonction qu’on octroie, on dit löi bâlë (le neveu du peuple, du village ou da la communauté) mais on ne dit pas löi manimou chez les Konon. Cependant on le dire chez les Kpèlè en gardant le même sens que löi bâlë. Bâlë est celui qu’on peux adopter au nom de sa mère même si vous n’êtes pas directement liés par le sang. C’est un neveu artificiel dont le statut provient de la circonstance de son adoption.

89- Les cas de deuil concernant une grande personnalité du lignage fondateur, un sacrifice touchant la communauté villageoise etc. nécessitent toujours la présence du représentant du lignage neveu pour les actes de bénédiction et de transmission des messages d’une part entre les membres de la communauté présents à l’assemblée, et d’autre part, pour la transmission des mêmes messages aux ancêtres selon l’objet et le caractère de l’événement. Cependant, pour des commissions de mobilisation des ressources comme le vin de palme et la cola, d’information au niveau des personnalités devant prendre part à l’événement (qu’elles soient ou non à l’intérieur du village), les plus jeunes du lignage neveu sont souvent sollicités pour leur dynamisme.