che du malade(docteurBolley et
Behrend, de Goslin). En cas
d'absorption d'eaude chlore,faire boire de l'eau albumineuse
ou du lait en grande quantité.
'
— 60
-Des conditionsanalogues de ventilation énergique et d'opéra¬
tions envases clos sont indispensables en cas de dégagement
d'acide sulfureux (préparation de la pâte de bois au bisulfite de magnésie), dont les vapeurs exposent les ouvriers à des maux de gorge fréquents, à des irritations directes des muqueuses
respiratoires pouvant entraînerpar action réflexe des accès de
suffocation, undanger réel d'asphyxie, à des conjonctivites plus
ou moins graves. D'après Hirt, une proportion de 15 0/0 est nécessaire pourentraîner des accidents sérieuxdu côté des voies
respiratoires.
En cas d'intoxication par ce gaz, le transport du malade au
grand air s'impose, on pratiquera au besoin la respiration arti¬
ficielle si l'arrêtbrusquedela respiration venait à se produire, puis inhalations devapeurs d'eau ou d'alcool, administration de lait ou d'eau album!xeuse, stimulants.
Nous rappellerons encore ici que les enfantsne peuventêtre employés au blanchiment dans les locaux où se dégagent le chlore ou l'acide sulfureux. (Loi du 19 mai 1874 et décret du 14 mai 1875).
Un fait sur lequel plusieurs fabricants de papier ont attiré notre attention et dont nous avons par nous-môme constaté l'exactitude est laréelle immunité dont jouissent les ouvriers employés au blanchiment par le chlore ou auxfours à soufre vis-à-vis des maladies contagieuses épidémiques ayant exercé leurs ravages dans les papeteries : (variole, fièvre typhoïde, choléra, etc.). Ilest extrêmement rare que ces ouvriers soient atteints, protégés évidemment par l'atmosphère imprégnée de chlore ou d'acide sulfureux dans laquelle ils vivent, ils subis¬
senteux et leurs vêtements une véritable désinfection perma¬
nente, le chlore et l'acide sulfureux étant des antiseptiques puissants.
Mais, comme nous allons le voir, le travail de ces ouvriers, avantageuxà cepointde vue, est dangereux par l'action délé¬
tère exercée sur les organes respiratoires, c'est cedanger qu'il importe de combattre, de faire disparaître quand la chose est
possible.
IY. — MATIÈRES TOXIQUES
En tête des matières dangereuses parleur propriétés toxicpies
que l'on emploie en papeterie nous voulons citer les couleurs
d'aniline. Leur manipulation adonné lieu à un certain nombre d'accidents sur lesquels il estbon d'attirer l'attention.
Pour obtenir des couleurs d'aniline, variées à l'infini, on fait agir sur l'huile d'anilineou aniline brute des agents énergiques,
dont quelques-uns très toxiques, le bichlorure de mercure et l'acide arsénique enparticulier.
L'acide arsénique parexemple entre dans la préparation de
divers rouges d'aniline en proportion très notable. Le vert de
Schweinfurth s'obtient en portant à l'ébullition une solution d'acide arsénieux contenant du vert-de-gris. Les couleursjaunes
sont couramment fabriquées en papeterieau moyen d'acétate
deplomb (toxique) et de bichromates de potasse ou de soude.
Les couleursd'aniline, de résorcine, d'alizarine, de naphtaline employées enpapeterie sont toutes plus ou moins toxiques, les
fabricants ont soin d'inscrire en gros caractères sur leurs boîtes
de produits et sur leurs prospectus des avis dans le genre de
celui-ci :
« Avisimportant: Nos produits sont exclusivement réservés
à des usages industriels (teinture, impressions, etc.); la colora¬
tion des denrées alimentaires et des boissons aumoyende ces
produits est formellement interdite par la loi.
Nous n'insisterons pas sur latoxicité de ces matièrescoloran¬
tes, reconnue de tous. Au point devue spécialauquel nous nous
plaçons, constatons seulementque l'usage des couleurs d'ani¬
line en papeterie offre des dangers à deux moments surtout:
1° Au moment de leur manipulation sousforme depoudre.Cette poudre légère pouvant, si elle est remuéesans précautions, se
répandre dans l'atmosphère, gagner par voie d'inhalation ou de déglutition le tube digestif, est susceptible d'occasionner des
accidents d'intoxication sérieuse.
— 62 —
Nous avons vu un chef de fabrication être pris de coliques très fortes, nausées,douleurs d'estomac et douleurs dans les reins, persistant toute unejournée pouravoir simplement ouvert brus¬
quementune boîteen fer blanc contenant de la couleurjaune en
poudre fine. Cette couleur ainsi que plusieurs espèces de rouges d'aniline durent être rejetées complètement, la proportion de poudre mélangée à l'air del'atelier, bien faible pourtant etinap¬
préciable à la vue, ayantcausé des accidentsanaloguescliez plu¬
sieurs ouvriers.
2° Au moment du rejet à la rivière des eaux colorées prove¬
nant de la machine à papier. Dans notre second chapitre nous avons relaté une observation d'intoxication par ces eaux l'ési-duaires; dans ce cas la couleur était pourtant diluée dans une massed'eau relativement considérable.
Nous avons encore été le témoin d'uneintoxication grave qui
faillit être fatale à une ouvrière de papeterie. Cettefemmeayant machinalementporté à la bouche unebande de papier de cou¬
leur verte la mâchonnapendant quelques minutes et avala évi¬
demment une certaine quantité de salive légèrement colorée.
Elle fut prise peu de temps après de douleurs vives dans la ré¬
gion épigastrique, de nausées et devomissements bilieux, puis
de coliques extrêmementdouloureuses.
Au bout de quelques heures, refroidissement des extrémités,
ralentissement dupouls et de la respiration, enfin imminence de mort.
Au moyende boissons chaudesen abondance on parvint non
sans peine à détruire l'action du poison.
Nous recommanderons encore l'emploi d'un masque respira¬
teur lorsque l'on aura à manipuler des couleurs en poudre, dût cette opération ne durer que peudetemps, lecoton del'appareil
sera un obstacleparfait à la pénétration des poussières toxiques
dans la bouche.
En cas d'intoxication accidentelle, on devra agir immédiate¬
ment:
Chercher d'abord à éliminer le poison au moyen de vomitifs;
l'eau chaude, l'eau salée seront données en grande abondance,
il esttoujours facile des'en procurer. La magnésie est aussi
re-commandable, ainsi que les boissons mucilagineuses, tisanes d'orge ou de graine de lin, eau albumineuse,lait. Stimulants en abondances'il y a prostration, morphine en injection hypoder¬
mique si les douleurs sont trop vives. Il faudra aussiréchauffer
le malade par tous lesmoyens possibles, frictions, eau chaude, couvertures, etc.
Quant aux autres substances employées en papeterie dont l'emploi peut offrir des dangers, produits chimiques, acides,
bases caustiques, etc., nous ne nous y arrêterons pas, leur
énu-mération serait banale et leur étude sansintérêt de nouveauté.
CHAPITRE IV
Travail individuel. Accidents de machine
| 1. Travail individuel
Il est peu d'industries comparablesà l'industriedu papiersous le rapport de lavariété des travaux et de lavariétédâïisl'intensité
de travail. Cette variété d'intensité de l'effort à produire par l'ouvrier, cette diversité des opérationssuccessivementeffectuées permettentd'employer dans unepapeteriedeshommes de tous les âges, des femmes et des enfants. Aussi l'industrie du papier
est-elle privilégiée à ce point de vue, permettant d'utiliser tous
les membres d'une famille selon les âges, les forceset les aptitu¬
des de chacun.
Le travailindividuel, variable d'après chaque catégorie d'ou¬
vriers et selon les opérations accomplies, si nous l'envisageons
en dehors de toute action du milieu et des matériauxmisen œuvre, ne présentepasd'inconvénients sérieux
dans l'industrie
dupapier.
L'enfant, employé comme aide aux machines à papier, com¬
penses, calandres, dans les ateliers divers, n'a
jamais à
accom¬plir un travail au-dessus de ses forces,
pouvant nuire à
saconstitution ou au développement de son organisme.
La femme deson côté, qu'elle soit employée à la chiffonnerie,
Andrieux 5
- 66 —
à la lisse, aux ateliers d'apprêts (fabrication des cahiers, des sacs, réglure, etc.) en tant que travail individuel, intensité de forces déployées, nepeut être sujette à aucun accident sérieux.
Travaillant presquetoujours assise, sonmétierexigedel'adresse
et unecertaine vivacité, mais n'entraîne aucun surmenage, au¬
cuntrouble fonctionnel.
Quant à l'homme adulte, à lui naturellement reviennent les travaux les plus pénibles, ceux dont l'accomplissement serait susceptible, dans certaines conditions, de provoquer des acci¬
dents professionnels.
Toutefois, après avoirbien examiné àce point de vue spécial
toutes lesopérationsde la fabricationdu papierdont les hommes sont chargés, dans une papeterie, après avoir interrogé à ce
sujet un grand nombre de fabricants de papier, nous croyons pouvoir encoreaffirmer que le travail individuel, quel que soit
son mode et son intensité, n'estjamais dangereux pour un ou¬
vrier papetiervigoureux et bien portant.
Nous n'avons purecueillir aucune observation delésions pro¬
fessionnelles des membres, d'altération de tissus ou de troubles dans les fonctions de l'organisme chez ces ouvriers. Notons seulement chez les ouvriers qui fabriquent le papier decuve la fréquence relativement grande d'une attitude cyphotique pré¬
coce, duecertainement à l'inclinaison continuelle du corps pen¬
dant le travail.
Chez ces mêmes ouvriers, on peut observer assez fréquem¬
ment certains tics nerveux, ou plutôt larépétition d'une sériede mouvements professionnels qu'ils exécutenten dehors mêmede leur travail, à l'occasion d'une action quelconque exigeant une contraction musculaire. Nous avons observé ainsi un papetier très âgé qui nepouvait se servir de sesbras sans faire tout d'a¬
bord quelques mouvements désordonnés en apparence; une observation attentive permettait de reconnaître en eux la série
(rudimentaire) des mouvements qu'exécute un ouvrierpapetier
pour couvrirsaforme de pâteet égaliserla feuille.
Si nous signalons encorela fréquence plus grande des varices
(membres intérieurs), chez les papetiers de cuve, expliquée par
la constante station debout, et la facilitéavec laquelle ils ont des gerçures ou crevasses sans gravitéaux mains, nous aurons tout dit,croyons-nous, au sujet du travail individuel dans les papete¬
ries.
Nousne voudrions pas terminer cependant sans déplorer les tendance funestes des papetiers de cuves, à l'alcoolisme. Par
une fâcheuse habitude transmise de père en fils, ces ouvriers, alors même qu'ils sont soumis à une surveillance rigoureuse,
trouvent moyen de boire journellementdes doses d'alcool consi¬
dérables. « Mes ouvriers absorbentjusqu'à un litre par jour et par individu de blanche (alcool de betterave ou de pomme de terre très fort et mal rectifié) », nous disait un fabricant de papier. Et ce fait n'est pas unique, que de fois en avons-nous constaté ou entendu rapporter de semblables !
Il faut réagir contre de pareils abus, déplorables pour la santé; l'alcool est un des plus grands ennemis de l'ouvrier,
nous aurions dû le citer dans le chapitre précédent comme le plus néfaste des poisons.
I 2. ACCIDENTS DE MACHINE
Il nous a été impossible d'établir une statistique exacte et instructive des accidents de machine survenus dans un certain nombre depapeteries pendant un nombre d'années déterminé, malgré les recherches nombreuses que nous avonsfaites à ce
sujet, et les documents que nous avons réunis.
En Allemagne, ou toutes les questions d'hygiène sont régle¬
mentées beaucoup plus sévèrement qu'en France, de pareilles statistiques sont possibles et établies régulièrement par l'Office impérial des Assurances. D'après ces statistiques allemandes (Pr. Layet, Traitéd'hygiène industrielle), pendantune période
de cinq années, 1888 à 1892, les papeteries auraient donné la proportion de 21,12pour 1000 victimes, 522,813 personnes ayant été assurées; les décés étant représentés par 0,45 chiffre de moyenne pour 1000, l'incapacité de travail permanente par 0,49 (absolue), 2,64 (partielle), et l'incapacité passagère 0,59.
1
- 6S - |,v
Ces chiffresindiquentque l'industrie du papier compte à son acquit un nombre relativement peu élevé d'accidents, il est
encore trop considérable cependant, et pourrait être abaissé par ? f
des mesures deprudence prises dans les ateliers.
L'industrie du papier comprend une grande variété de ma¬
chines, nécessite des forces motrices considérables, utilise les aptitudes variées d'un grand nombre d'ouvriers, les accidentsde
machine qui peuvent se produire sonttrès nombreux, leslésions
des plus variées.
La grande majorité des blessures, dues le plussouvent,
hâtons-nous de le dire, à la maladresse, à l'insouciance ou à l'inexpé¬
rience desouvriers, à l'inobservation desrèglementsquelquefois,
consistentencoupures, (coupeuses, massicots, scie circulaire, etc.), écrasements (cylindres-meules à pâte et cassés, calandres, laminoirs, malaxeurs,monte-charges) arrachements demembres (courroies), fractures, contusions et brûlures.
Tous ces accidents sontfaciles à éviter, le travail individuel de chaque ouvrier n'étant pas dangereux dans une papeterie à
condition que les mesures de sécurité prescrites parla loi soient y bienprises, que les dispositifs protecteurs spéciaux à chaque
genre de machineou d'appareils soientinstallés.
La loi française(12 juin 1893)est connuedetous les industriels qui savent quelles sont leurs obligations vis-à-vis de l'ouvrier; des
Associations que nous nesaurions trop louer viennenten aideaux fabricants, aux propriétaires d'appareils àvapeur en leur signa¬
lant les progrès réalisés chaque jour danslascience pour assurer la sécurité dans le travail. Il serait donc superflu de nous éten¬
dre longuement surles conditions à réaliser dans une papeterie
pour se mettre en garde contre les accidents de machine, rappe¬
lons seulement en quelques mots ce qui a été maintes fois conseillé à ce sujetpardesingénieurs compétents,par deshygié
nistes autorisés :
>
Dans les machines à papier, un grand nombre d'arbresde
transmission distribuant la forceaux divers organes sont à upe « * faible hauteur au-dessus du sol, eton est obligé de les enjamber
pour aller d'une extrémité à l'autre de la machine àpapier. Il
-
-, .. _ .. !"
f
I — 69 —
estindispensable que ces arbres detransmissions (que tous les
arbres de transmissions en général) ne présentent aucune
\
saillie telle que boulons, clavettes, etc. Les clavettes qui existentdoivent être enveloppées de bandes de cuir formant manchon complètement lisse, et les boulons onvisseront si possible noyés
dans l'épaisseur du métal.
De plus, des boîtes de bois oude tôle serontdisposés sur ces arbres dans les passages,afinqu'en les enjambant, l'ouvrier ne
*
se trouve pas en contact avecl'arbre par ses vêtements.
«Les débrayages qui permettentd'arrêter les divers cylindres
de la machine àpapier doivent toujours êtreen bon état defonc¬
tionnement, etne pasêtre trop durs àmanœuvrer,de façon qu'on puisse arrêter rapidement un cylindre, si cela est
nécessaire.
« La ligne de contactdes cylindres de laminage qui se trou¬
ventàl'extrémité de la machine doit êtregarantiepar une règle
fixée à ses extrémités, sur le bâti, en ménageant entreson arête
, „ supérieureet lasurface ducylindre supérieurunespace
suffisant
pour laisser passer lafeuille de papier, mais assez
faible
pour* empêcherla main de l'ouvrier de passer, c'est-à-dire
environ 10
à 13millimètres. Larègle devraavoir sesarêtesen biseau
(j1).
»Les calandres serontmunies de dispositions spéciales analo¬
gues, pour guider le papier etempêcherl'approche
de la ligne de
contact des cylindres,nous endironsautantpour ce
qui
concerne les coupeuses à chiffons ou à papier, leshache-paille,etc.
;des
rouleaux ou tringles desûreté empêchant
l'entraînement de la
main de l'ouvrier devront y êtreadaptés.
Tous les engrenagesdont les ouvriers sont
obligés de s'appro¬
cher seront recouverts de boîtes enbois ou entôle oude treillis métalliques à maille serree.
Les courroies detransmissionen cuir ou toute autresubstance
devront également être mises à l'abri etne