été intéressant d'isoler et d'étudier séparément; le temps nous a
manqué pour cela, nous pouvons
dire cependant avoir
reconnulaprésence des streptocoques au
milieu de tous
cesmicro-orga¬
nismes.
Quelles conclusionstirer de ces faits, de
l'énumération plutôt
des dangers dontl'ouvrière délisseuse peut être
menacée? Dé¬
truire desdangers dès l'origine, enréalisant dans la mesure
du
possible l'asepsie de lamatière première qui est le mode de
transmissiondes maladiesinfectieuses,puisassurerdansl'atelier
même la sécurité del'ouvrier par desdispositifs spéciaux, voilà,
croyons-nous, le but à
atteindre.
Réaliser la désinfection des chiffons dès leur arrivée en
magasin, en surveiller
toujours la
provenance,tel est le rôlenon
du fabricantde papiers, mais du marchand de chiffons en gros qui est son
fournisseur, et dont les ouvriers sont les premiers
exposés.
Un décret du 15 mars 1879, pris sur l'avisducomité consulta¬
tifd'hygiène publique de France, arendu obligatoire ladésinfec¬
tion des chiffons venant de l'étranger et particulièrement de l'Orient, de l'Egypte, de l'Algérie. En outre, il a limité cette importation enFrance parvoie maritime,auxports de Marseille, Cette, Pauillac, Saint-Nazaire et Cherbourg, seulspourvus d'ap¬
pareils et de moyens suffisants de désinfection.
Mais en1895(22 juin) un nouveau décret autorise l'admission
sans désinfection, dans tous les ports, des chiffons comprimés
par la force hydraulique et transportés par ballotscerclés de fer, « à moinsquel'autorité sanitaire n'ait des raisons légitimes
pour les considérer comme contaminés ». Ilseraitcroyons-nous
plus prudent de n'admettre jamais sans désinfection dans les ports les chiffons provenant depays ou les épidémiescontagieu¬
ses sont endémiques; comment être assuré en effet que des
chiffons provenant del'Orient par exemplene sontpas toujours plus oumoinscontaminés ?
Et cette disposition même des chiffons transportés en ballots
considérables comprimés àla presse hydraulique et cerclés de
ferrésulte de l'extrême difficulté de lesdésinfecterefficacement, à moins de défaire complètement cesballes.
EnAmérique, ou l'importation des chiffonsnondésinfectésest interdite, oninjectede la vapeur d'eau surchaufféeaumilieu des
balles, au moyen detigespercées de trous.Mais le grosinconvé¬
nient deceprocédé,efficacesansdoute aupoint devuede ladésin¬
fection, puisque lavapeur dont on imprègne les chiffons est à
unetempérature de 165°, est dedétériorer absolument certaines
sortes de tissus.
En Angleterre, ce mode de désinfection a été également essayépar plusieurs industriels, mais vite abandonné. Parson
en 1882 prouva, par ses expériences sur les chiffons employés
en papeterie que la vapeur d'eau souspression, à 120°,
désin¬
fecte bien les chiffons en balle « à moins qu'il n'aient été com¬
primés par la presse hydraulique». Mais ce
procédé toujours
coûteux détériorerapidement la matière première.
Aussi, pour les chiffons libres ou en vrague, les Anglais
opè-Andrieux 4
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rent la désinfection soit simplement au moyen d'eau bouil¬
lante, soitpardes procédéschimiques, par l'acide sulfureux en
particulier. Les chiffons sont, dans ce dernier cas, exposés aux vapeurs sulfureuses soit sur des claies à l'air libre, soit dans un
appareil clos où ils sont constamment brassés par des tiges.
Parsona décriten 1886(Rapport auLocal governementBoard)
une machine à acide sulfureux et vapeurcombinés, destinée à la désinfection des balles de chiffons: c'est la machine Illingworth.
Elle comprend unedouble enveloppe de vapeur, de laquelle on chasse l'air froid qui a pu se glisser dans les interstices de la balle, enfaisant le vide avec une pompe, ce qui permet à l'acide
sulfureux qui pénétre par l'ouverture d'une soupapedeprendre
la place de cet air.
Dans les fabriquesde Bradfort, on s'attache plutôt à recueillir par aspiration et ventilation mécaniques les poussières prove¬
nant des chiffons travaillés, puisà les détruire immédiatement, qu'à désinfecterpréalablement la matière première.
« En France, rapporte le professeur Layet, M. A.-J. Martin (1887) a essayé de résoudre leproblème en instituantdes expé¬
riences avecle concours de MM.Geneste etHerscher, ingénieurs
sanitaires. Ils eurent l'idée de faire simplement décercler les balles etécarter les chiffons à l'aide de morceaux de bois, de façon à former des tranches de 12 à 15 centimètres d'épaisseur.
Les résultats obtenus leur ontpermis de penser que la désinfec¬
tion par lavapeur sous pression des balles de chiffons séparés'
par tranches, constitue un procédé très pratique, efficace, offrant des garanties à la fois pour les intérêts commerciaux et sanitaires. »
Le Moniteur de la Papeterie Française, du 15 avril 1895,
attire à ce propos l'attention sur une expérienceen grand, faite
en Russie, et dont les résultats remarquables sont concluants.
Voici, du reste, l'article dans son entier :
Désinfection deschiffons. — Un des problèmes de l'industrie de la papeterie, dont la solution définitive n'a pas encore été trouvée, est celui de ladésinfection des chiffons. Il est démontré que les chiffons,par
eux-mêmes, peuventêtre l'origine de maladies du personnel occupé à
les trier.
La Centralblatl fur Papier fabrikation de novembre 1889,
page389. a fait mention d'une de ces maladies, provenant des chiffons,
qui s'était déclarée à lapapeterie de Ligat. Les chiffons peuvent aussi
favoriser ledéveloppement des maladies épidémiques lorsqu'ils arrivent
d'un pays contaminé.
LaRussie ayant, l'année dernière, eu plusieurs de ces provinces
infectées par le choléra, des mesures énergiques de protection furent
prises à la papeterie impériale duGouvernement, pourmettreles 3.500
ouvriers de cetétablissement à l'abri du danger de la contagionparl'in¬
termédiaire des chiffons.
La baseduprocédéde désinfection fut le fait, reconnu par ungrand
nombre de bactériologues, que lavapeur d'eau, à une température de
100à 110° C. est mortelle pour lesmicrobes. On adopta d'autant plus
volontiersl'emploi de la vapeur, que l'usage des autres agents de désin¬
fection, par exemple celui du sublimé (HgOl2) ou
d'autres
corpsanalo¬
gues eûtété, toute autre raison à part, beaucoup trop coûteux étant
données les grandes quantités de chiffons à traiter.
Leshésitationsqui. ducôté desfabricants de papier, tendent à
empê¬
cherl'emploi dela vapeur comme agentde désinfection
tiennent
:1° A
ce <[ue la vapeurpourrait énerverles chiffons;2° A ee que
l'humidité
de ceux-ci pourrait augmenter d'une manière fâcheuse;
3° A
ce que l'opérationpourrait causer du retard dansle travail; 4° Enfin, à
ce qu'elle élèverait notablement le prix defabricationdu papier.
L'expérience de la papeterie impériale
de Russie
adémontré
qu'aucune deces objectionsn'étaient
fondée
et que,parcontre, le résul¬
tat obtenu était parfait. Pendant toutela durée
de l'épidémie cholérique
pasun seul ouvrier n'est tombé malade. Dans
le
coursd'une année,
untotal de 500tonnes dechiffons a étédésinfecté au moyen de la vapeur dont la températurevariait de 112 à 124° C.
Après la désinfection, les
chiffons ontsouventété gardéspendantun moisen