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La genèse du Surmoi

CO NSTI TUTION DU S UJET

5.1 La genèse du Surmoi

Dans l’enseignement de Freud156, nous constatons que si l’Œdipe est lié au complexe de castration, le complexe d’Œdipe cède la place au Surmoi. Procédant de l’instance parentale, la genèse du Surmoi prend ses origines dans l’identification à un parent à l’occasion du conflit œdipien. Cette identification, Freud la définit comme la première manifestation d’un arrachement affectif à une autre personne157. Le Surmoi freudien s’élabore et se structure par l’interdit, par le renoncement aux désirs incestueux.

Freud158 fait dépendre la dérivation du Surmoi et du sentiment de culpabilité de la répression des pulsions agressives prenant naissance au moment de l’Œdipe. L’interdiction de la satisfaction érotique engendre l’agressivité contre la personne qui empêche cette satisfaction ainsi que l’angoisse devant la peur de punition, car l’enfant ressent ce refus comme l’expression de désapprobation de ce qu’il demande. Il faut qu’à son tour cette agressivité soit réprimée. Le moyen de répression sera le double mécanisme de projection et d’identification dont résulte le Surmoi.

156 FREUD, S. « Le moi et le ça », in Essais de psychanalyse. Op. cit.,, p. 275.

157 FREUD, S. « Psychologie des foules et analyse du moi (1921), trad. Fr. P. Cotet, A. Bourguignon, J.

Altounian et al., in Essais de psychanalyse. Paris: Payot, 2001, p. 187.

158 FREUD, S. « Le moi et le ça », in Essais de psychanalyse.Op. cit., p. 278.

Toutefois, la terminologie freudienne ne va pas sans variations en ce qui concerne les trois termes : Moi idéal, Surmoi et Idéal du Moi. Si dans le texte de l’introduction au narcissisme159Freud distingue le Moi idéal en tant que destinataire de l’amour de soi, le temps de la perfection narcissique dont jouissait l’enfant dans la prime enfance, et l’Idéal du moi comme instance mesurante, les textes suivants ne montrent pas une différence structurale. La seule distinction opérée est de considérer l’Idéal du moi comme fonction du Surmoi. En ce qui concerne le Moi idéal, il se trouvera intégré dans le système Surmoi - Idéal du moi.

Ainsi, Freud160conçoit le Surmoi comme porteur de l’Idéal du moi auquel le Moi se mesure et à quoi il aspire. Le Moi s’efforce de satisfaire la revendication d’un perfectionnement provenant de cet Idéal du moi, lui-même représentant de l’ancienne instance parentale que l’enfant admirait et jugeait parfait. Dans ce sens, le Surmoi se manifeste à la fois dans l’aspiration à « être comme » et dans la conscience morale critique et qui interdit, et il faut que s’établisse un équilibre entre les deux aspects.

De son côté, Chasseguet-Smirgel161 évoque une origine maternelle de l’Idéal du moi dans les fantaisies d’incorporation totale de l’objet gratifiant comme expression du désir de rétablissement de l’unité perdue. Ces fantasmes de désir de fusion et de faire un avec la Mère construisent les bases des identifications futures. L’idéal du moi primitif sera donc lié au désir d’être un avec l’objet d’amour, dont les efforts pour l’unité entre le Moi et l’Idéal du moi ne sont que le reflet de la permanence de ce désir. À son tour, le Surmoi englobera uniquement le parent idéalisé, celui qui est l’objet d’identification.

159 FREUD, S. « Pour introduire le narcissisme » (1914), in La vie sexuelle. Trad. Fr. D ; Berger, J.

Laplanche. Paris: PUF, 1977.

160 FREUD, S. « Le moi et le ça » in Essais de psychanalyse. Op. cit., pp. 274-277.

161 CHASSEGUET-SMIRGEL, J. « Le Surmoi et l’Idéal du moi », in : Surmoi : les développements post freudiens, Tome II. Paris: Monographies de la Revue Française de Psychanalyse, PUF, 1995, pp. 37-49.

Si dans un premier temps la contrainte extérieure est exercée par les parents, elle est suivie par l’impératif du Surmoi. Au moment où le complexe d’Œdipe cède la place au Surmoi, les parents sont quelque chose de grandiose pour l’enfant, mais ensuite ils perdent de leur prestige. Le Surmoi, déterminé par les imagos parentales les plus anciennes, va adopter au cours du développement les influences des personnes ayant pris la place des parents, tels que les maîtres, éducateurs, modèles idéaux. Il s’éloigne de plus en plus des parents originaires et devient impersonnel.

Les réflexions de Freud sur le Surmoi s’étendent à un Surmoi collectif avec le meurtre du chef de la horde de Totem et Tabou162 ou avec celui de Moïse163par le peuple hébreu, en lien avec l’agressivité et le sentiment de culpabilité. Le meurtre collectif du père par les fils de la horde, provoqué par la haine, fait resurgir le conflit avec l’amour car les fils haïssaient et en même temps aimaient le père. L’amour réapparaît avec le remords à l’égard du crime et devient le moteur de la constitution du Surmoi par l’identification au père mort, chargé désormais de punir cet acte et d’empêcher son retour. L’agressivité et le désir de violence se renouvelant sans cesse à travers les générations, le sentiment de culpabilité se maintient et se renforce par le Surmoi. La force de répression de l’agression est tirée de la crainte d’un châtiment possible et de l’amour à travers le remords.

Le Surmoi individuel et le Surmoi collectif émettent tous deux des exigences idéales sévères, dont la non-observation engendre l’angoisse devant la peur de la punition. La seule différence notée par Freud est que chez l’individu les agressions du Surmoi ne surgissent sous forme de reproches que dans des situations de tension psychique dont les exigences du Surmoi restent souvent inconscientes. En revanche, pour le Surmoi collectif, les exigences idéales sont plus faciles à repérer ou à expliciter dans la mesure où elles

162 FREUD, S. Malaise dans la civilisation (1929). Trad. Fr. C. et J. Odier. Paris: PUF, 1971, p. 102.

163 FREUD, S. L’homme Moïse et la religion monothéïste (1939). Trad. Fr. C. Heim. Paris: nrf-Gallimard, 1986.

régulent les relations des êtres humains.

La motivation de l’être humain à se soumettre à l’énoncé de la loi émanant du Surmoi n’est autre que la peur de perdre l’amour de l’autorité. Le sentiment de culpabilité se traduit par l’angoisse devant cette perte d’amour ; action et intention ne sont pas différenciées par l’enfant, ni par nombre d’adultes. D’où le renoncement aux pulsions agressives devant l’angoisse de cette perte d’amour.

Nous avons déjà souligné que dans la conception freudienne le Surmoi naît de l’identification à un parent lors du conflit œdipien. Les renoncements consentis par l’enfant vis-à-vis de l’image des parents vont lui garantir des relations harmonieuses et des promesses de réalisations sociales légitimes. À ce titre, les lois introduites par le Surmoi œdipien deviennent des lois symboliques dont l’enfant intériorise un ensemble d’exigences morales et d’interdits qu’il s’imposera à lui-même. Un tel Surmoi interdit non pas le désir sexuel, mais les réalisations incestueuses tentatrices et menaçantes pour l’enfant. Dans ce sens, il est protecteur de la jouissance tragique de l’inceste et des souffrances que celui-ci imposera au sujet. Le Surmoi œdipien exalte le désir, il le pousse à la sublimation et à la symbolisation dans les domaines de créations personnelles licites.

Toutefois, avant de renoncer à l’inceste et à la rivalité avec le parent du même sexe imposé par le Surmoi œdipien, l’enfant doit avoir accepté d’autres renoncements. La constitution du Surmoi implique tout d’abord que l’enfant renonce non seulement à la jouissance portée par l’unité narcissique primaire mais aussi à la destruction de ceux qui ne portaient pas la satisfaction de ses pulsions. De la même façon, il doit renoncer à jouir de la souffrance des autres ou à s’approprier leurs corps et leurs biens.

En ce qui concerne la genèse du Surmoi, E. Jones164suppose qu’il existe peut-être un stade de son développement que l’on pourrait appeler pré-Surmoi, à l’image de ce que

164 JONES, E. « La conception du Surmoi » in Surmoi : les développements post freudiens, Tome II. Paris:

Monographies de la Revue Française de Psychanalyse, PUF, 1995, pp. 18-22.

nous disons quand nous parlons d’un stade prégénital ou de précastration. C’est surtout dans l’œuvre de M. Klein que l’on trouve une conception du Surmoi dans une phase plus précoce. Alors que Freud conçoit le Surmoi au niveau génital de la liquidation du complexe d’Œdipe quand l’enfant renonce aux désirs incestueux, M. Klein165se propose de décrire un Surmoi dans la phase pré-génitale, beaucoup plus sévère que celui conçu par Freud.

Selon Freud, le développement du Surmoi primitif va se constituer des premiers investissements objectaux des premières identifications ; dans la théorie kleinienne166,il va prendre naissance dans les premières années de la vie, avant le langage, et son origine sera les objets internalisés de nature « bonne » et « mauvaise ». Les expériences de gratification et de frustration, qui proviennent des facteurs externes, engendrent des processus intrapsychiques telles que l’introjection et la projection, contribuant à la création d’une relation double avec l’objet primitif. De même que le bébé projette ses pulsions amoureuses attribuées à un sein gratificateur et ses pulsions destructrices attribuées à un sein frustrateur, un sein bon et un sein mauvais sont introjectés.

En conséquence, l’absence de privation sera allouée au sein « bon » et la frustration devient le prototype du sein « mauvais » ou persécuteur. Dans la relation du jeune enfant avec le sein mauvais, haï pour avoir introduit l’état de frustration, il acquiert les qualités sadique-orales et sadique-anales des pulsions de l’enfant lui-même. Dans ses fantasmes destructeurs où il mord, dévore, anéantit le sein et, lors de la phase sadique-anale, l’attaque avec des matières fécales, le sein va l’attaquer de la même manière. Ces fantasmes sadiques introduisent l’angoisse de persécution chez le petit enfant, avec la crainte de vengeance aussi bien interne qu’externe provenant du sein mauvais. Cette première

165 KLEIN, M. « Sur la théorie de l’angoisse et de la culpabilité », in Développements de la psychanalyse (1952). Paris: PUF, 2001, pp. 263-271.

166 KLEIN, M. « Quelques conclusions théoriques au sujet de la vie émotionnelle des bébés, in Développements de la psychanalyse.Op. cit., pp. 190-197.

relation du bébé, représentée par le sein, implique elle aussi d’autres aspects de la relation à la mère.

C’est surtout le mécanisme de clivage lié à l’idéalisation, c’est-à-dire à un objet parfaitement bon capable d’aider à se protéger contre l’objet persécuteur, qui sert à soulager l’angoisse de persécution. L’idéalisation en tant que processus relatif à l’objet et à sa grandeur et son exaltation, comme l’affirme Freud167, sert aussi à la satisfaction des pulsions à la recherche d’une satisfaction illimitée attribuée à l’objet idéal inépuisable.

Selon M. Klein168,tant que le sein persécuteur est maintenu bien à part du sein idéal, la frustration est séparée de la gratification. Un tel clivage d’objet ne se fait pas sans le processus du déni de l’objet et de la situation susceptible de frustrer ce qu’on trouve dans la gratification hallucinatoire et dans le sentiment d’omnipotence des premiers stades de la vie. Si l’angoisse de persécution n’est pas excessive, le processus de clivage est moindre, donc le Moi devient capable de s’intégrer et de synthétiser ses sentiments à l’égard de l’objet. Le Moi pourra établir en lui l’objet total et traverser la position dépressive.

À l’inverse, l’excès d’angoisse persécutrice engendre une très forte idéalisation. Le clivage de l’objet ne se produira plus entre le bon et le mauvais objet, mais entre l’objet idéalisé et le mauvais objet. Il y a donc une différence entre le bon objet et l’objet idéalisé.

Cet objet excessivement idéalisé, qui pose des exigences illimitées au Moi, devient un objet impossible à satisfaire et joue le rôle d’un Surmoi persécuteur.

Alors que les pulsions sadique-orales étaient liées au fantasme de la voracité, l’attaque fantasmatique de la phase anale consiste à projeter à l’intérieur du corps de la mère des parties mauvaises afin de détruire et de contrôler l’objet. Ainsi, le Moi prend possession d’un objet extérieur – en l’occurrence la mère – par projection, et cet objet devient un représentant du Moi. À ce stade, si la crainte de persécution domine la projection, la

167 FREUD, S. « Pour introduire le narcissisme », in La vie sexuelle. Op. cit., p. 98.

168 KLEIN, M. «Quelques conclusions théoriques au sujet de la vie émotionnelle des bébés », in Développements de la psychanalyse. Op. cit., pp. 191-192.

personne « mauvaise » – sur qui a été projeté le mal – prend la place du persécuteur doté de toutes les qualités mauvaises du sujet. Il s’établit donc une interaction entre la crainte de persécution du monde intérieur et celle du monde extérieur où l’identification projective joue un rôle essentiel.

Dans ce stade où la position schizo-paranoïde domine, les pulsions destructrices et l’angoisse de persécution sont au premier plan, tout comme le désir d’une gratification illimitée. Un sein idéal et un sein dangereux demeurent séparés dans le psychisme du bébé où ces deux aspects du sein de la mère sont introjectés et forment le noyau du Surmoi.

L’interaction entre le processus d’introjection et de projection d’un côté, et de ré-introjection et de ré-projection de l’autre, détermine le développement du Moi.

L’angoisse dépressive et la culpabilité puisent leurs forces dans l’intégration croissante du Moi et la perception de la mère comme personne totale dans la position dépressive. Le Moi s’efforce d’inhiber les pulsions agressives dangereuses pour l’objet aimé et de le réparer. Il est aussi amené à diminuer les aspects contrastés des objets intériorisés relatifs au premier Surmoi et aux objets extérieurs. Les objets internes bon et mauvais se rapprochent et les aspects mauvais sont allégés par les bons. Autrement dit, il se produit une assimilation progressive du Surmoi par le Moi.

Au moment où le bébé sent que ses pulsions destructives s’adressent à la personne totale, la culpabilité apparaît avec la tendance consécutive à réparer et à préserver l’objet aimé. Cette capacité à réparer s’opère grâce à la prédominance des tendances génitales.

Dans les processus d’élaboration des conflits œdipiens, l’enfant devient capable de mettre les bons objets en sécurité dans son monde intérieur et de construire une relation stable avec ses parents. Le Moi a progressé vers son intégration et l’assimilation du Surmoi permet d’en supporter les exigences, c’est-à-dire de maintenir hors de la conscience les pulsions et les fantasmes de nature agressive et libidinale.

Le stade de la primauté génitale implique l’élaboration et les vicissitudes de l’angoisse de persécution et de l’angoisse dépressive. D’autre part, M. Klein affirme que des angoisses de persécution et des angoisses dépressives exacerbées chez le petit enfant ont une influence capitale dans la psychogenèse des troubles psychiques169. Elles peuvent être réduites ou augmentées par des expériences réelles avec la mère et ensuite avec le père.

L’angoisse de persécution exacerbée engendre un très fort clivage et un excès d’idéalisation de l’objet dont les exigences ne peuvent être assimilées par le Moi.

L’angoisse dépressive, liée à la culpabilité et la tendance à réparer, va se produire par le fantasme de la perte, par le fait de n’avoir pas réussi à protéger son bon objet intériorisé.

Se différenciant également de Freud en concevant le Surmoi comme plus précoce, Lacan ne va pas sans faire écho à la théorie de M. Klein en affirmant que le Surmoi nous révèle son apparition à un stade si précoce qu’il paraît contemporain, voire antérieur à l’apparition du Moi170 donc avant que l’enfant soit un être du langage. Signalons que la théorie kleinienne conçoit un Moi dès la naissance, alors que pour Lacan c’est au stade du miroir que l’enfant construit les premières ébauches de son Moi dans une situation encore de dépendance. Cependant, dans l’expérience spéculaire, la mère est perçue par le petit enfant comme une image complète, ainsi qu’on le voit dans la position dépressive kleinienne.

Le Surmoi lacanien se soutient dans les vécus de la complétude de l’Autre maternel avec qui le Moi, du fait de l’aliénation illusoire, tend à se confondre. C’est d’abord de cette aliénation et à travers le discours de cet Autre maternel, en particulier des demandes de la mère, que l’enfant reçoit le message émanant de lui-même. L’Autre, « ressort de la parole » , devient le cadre de la première relation de l’enfant et constitue le lieu des

169 KLEIN, M. « En observant le comportement des nourrissons » in Développements de la psychanalyse.

Op. cit., p . 249.

170 LACAN, J. « Introduction théorique aux fonctions de la psychanalyse en criminologie », in Écrits. Op.

cit., p. 136.

projections du Moi idéal, à savoir les images virtuelles au-delà du rapport spéculaire.

Alors que le Moi idéal s’élabore à partir de l’image du corps propre face au miroir, l’Idéal du moi vient réguler cette structure imaginaire du Moi par le signe de la puissance perçue de l’Autre, une anticipation de la propre puissance à venir. Le Moi idéal comme aspiration ou plutôt un rêve et l’Idéal du moi comme modèle171 observe-t-on dans la théorie lacanienne. D’autre part, la dimension paternelle va jouer un rôle organisateur dans le psychisme de l’enfant pour passer à l’avènement du Surmoi paternel.

Si dès les premiers jours de la vie du nourrisson les énoncés et les réponses maternels produisent des effets de signification, c’est dans la relation spéculaire que Lacan situe l’entrée du Surmoi à partir du lieu de l’Autre adressé au sujet sur le mode de « la grosse voix ». Lacan se sert du Che vuoi ? « Que veux-tu ? » du Diable amoureux de J. Cazotte172,

pour expliquer l’interrogation qui ne cesse d’interpeller le sujet aliéné encore dans le désir de l’Autre173. En fait, le sujet s’organise autour de la question suivante : « Que me veut l’Autre ? ». Ce dernier doit être reconnu comme manquant, soumis à la castration, pour que le Surmoi paternel tel que conçu par Freud prenne sa place.

Ainsi, Freud envisage le Surmoi comme instance psychique influencée par les figures parentales introjectées au temps de l’œdipe. M. Klein développe le concept du Surmoi primitif présent dans le psychisme du petit enfant d’une certaine façon indépendant de l’introjection des figures parentales. Pour sa part, Lacan fait débuter cette instance dans une phase précoce, au stade du miroir avec la grosse voix. Quant à Winnicott, il établit une relation entre le sentiment de culpabilité et la capacité de sollicitude dans un stade plus précoce que celui de l’Œdipe.

171 LACAN, J. « Remarque sur le rapport de Daniel Lagache », in Écrits. Op. cit., p. 672.

172 Le Diable amoureux, nouvelle de Jacques Cazotte (1772).

173 LACAN, J. « Subversion du sujet et dialectique du désir dans l’inconscient freudien » (1960), in Écrits.

Paris: Seuil, 1966, p. 815.

Concernant cette capacité de sollicitude, qui est par définition le sentiment d’être responsable de sa propre destructivité et apparaît dans la théorie winnicottienne174, elle appartient à une période précédant le complexe d’œdipe, c’est-à-dire qu’elle s’établit lors de la relation duelle entre le nourrisson et la mère. Ce terme est introduit pour décrire le lien entre les pulsions destructrices, le sentiment de culpabilité et la capacité à réparer ce qui le met en rapport à la position dépressive. Pourtant, Winnicott175 met en évidence le rôle de l’environnement – surtout la mère – pour reconnaître et favoriser la tendance innée de l’enfant à la sollicitude.

L’élaboration de la capacité de sollicitude implique que la mère continue à être disponible et à exister malgré les pulsions destructrices du petit enfant. Elle devient celle

L’élaboration de la capacité de sollicitude implique que la mère continue à être disponible et à exister malgré les pulsions destructrices du petit enfant. Elle devient celle