4.3 Caractérisation des structures HGTS
4.3.1.3 Gammes de courant et allure des courbes
Les courants mesurés sur ces échantillons se situe entre 10
−11A et 10
−5A (entre 0 et 3 V). Si
l’on détaille la statistique on obtient la répartition suivante en fonction des différents domaines
de courants (pour une polarisation de 3 V) :
– 62 des unités de tests ont un courant qui se situe dans la gamme 10
−11– 10
−9A (soit
50%),
– 55 des unités de tests ont un courant qui se situe dans la gamme 10
−9– 10
−6A (soit
43,7%),
– 8 ont un courant supérieur à 10
−6A (soit 6,3%).
Les valeurs de courant sont globalement faibles (quasiment toutes en dessous de 10
−6A),
surtout si l’on considère que chaque structure doit comporter un certain nombre de nanotubes
en parallèle. De même que l’on s’attendrait à avoir des configurations privilégiées favorisant la
connexion électrique, on s’attend à mesurer, à géométries de pointes équivalentes, des courants
de plus en plus faibles pour des distances entre électrodes de plus en plus élevées. La figure 4.15
représente pour deux types de géométries les courants mesurés (à 3 V) en fonction de l’espacement
des électrodes, pour l’échantillon Carb-2.
Fig.4.15 – Représentation des courants mesurés (à 3 V) en fonction de la distance inter électrodes
pour les configurations (a) plan-plan et (b) plan-pointe, pour l’échantillon Carb-2. Certaines
distances n’ont pu être mesurées à cause de l’absence d’unités de tests conductrices.
On n’observe pas de tendance se dégager de ces graphiques, les courants se situent tous
globalement entre 10
−11A et 10
−8A. On observe de fortes variations pour une même distance
entre électrodes. On peut en déduire que la résistance intrinsèque au nanotube (associée à la
longueur du tube) ne contribue que faiblement à la résistance totale, et que ce sont les contacts
qui sont essentiellement résistifs. Il est également intéressant de noter que les gammes de courant
observées pour chacune des configurations sont les mêmes, alors qu’on aurait pu attendre pour
la configuration plan-plan un plus grand nombre de nanotubes, donc des courants plus élevés.
En ce qui concerne l’allure des courbes (figure 4.16), il a été globalement constaté que les
unités de tests ayant une conduction élevée présentent des caractéristiques I-V se rapprochant
d’une droite (cas a). Les unités de test les moins conductrices présentent des caractéristiques I-V
de forme exponentielle la plupart du temps (cas b et d). Néanmoins certaines caractéristiques
Fig. 4.16 – Différentes comportements observés sur les unités de tests.
présentent également un comportement quasi-linéaire pour de courants faibles (cas c). Cette
différence de comportement peut refléter la présence de barrières aux interfaces de différentes
natures (les nanotubes n’ont pas tous les mêmes barrières aux interfaces, donc la hauteur de
barrière n’est pas la même) ou aux caractéristiques différentes (les largeurs de barrières peuvent
être localement différentes). De plus il est certain que la nature du nanotube (métallique ou
semi-conducteur), et le ratio nanotube métallique/nanotube semi-conducteurs, sont autant de
paramètres jouant sur la conductivité d’une unité de tests.
4.3.2 Modélisation
D’une manière générale, les caractéristiques semblent être plus ou moins bien décrites par
le modèle de Simmons, de la même façon que ce qui a été observé sur les structures de type
transistor, comme l’illustre la figure 4.17. La tendance observée est bien représentée par le modèle,
les ordres de grandeur semblent corrects mais les incertitudes sur les valeurs sont grandes.
A partir du modèle de Simmons, nous avons simulé différentes courbes I-V pour évaluer
l’influence des différents paramètres (Φ,∆z et S) sur l’allure des courbes, afin de voir si la forme
des courbes observées expérimentalement s’expliquait par la variation de l’un des paramètres
(figure 4.18).
Une courbe référence (a) est simulée avec les paramètres suivants : la barrière a une hauteur
Φde 3 eV et une largeur∆z valant 1 nanomètre, et le passage du courant s’effectue à travers une
4.3. Caractérisation des structures HGTS 125
Fig. 4.17 – Modélisation de la caractéristique I-V par la loi de Simmons.
surface de contact de 10 nm
2. Les courbes (b) et (c) montrent que la variation de la surface de
contact n’affecte en rien la forme de la courbe, ce qui semble normal étant donné que le courant
est directement proportionnel à la surface. Par contre la variation des paramètresΦet∆z a une
conséquence directe sur la forme de la courbe.
La diminution de Φ semble accentuer le « coude » observé alors que l’augmentation de Φ
semble légèrement lisser la courbe. Dans le premier cas cela s’explique par le fait que lorsque la
tension appliquée V
polarest assez grande pour que e·V
polarsoit supérieur à 2 eV (hauteur de
barrière), la barrière tunnel s’amincit, permettant une densité de courant plus élevée (cf. figure
4.19). Plus la hauteur de barrière sera élevée, plus il faudra polariser pour amincir la barrière.
Il semble donc que pour des valeurs de Φ très élevées, la polarisation pour de faibles tensions
ne permet pas d’amincir la barrière ce qui explique que l’on se rapproche d’un comportement
linéaire. Cependant, il semble difficile d’un point de vue physique d’avoir une hauteur de barrière
de l’ordre de plusieurs eV, sachant que le travail de sortie du silicium se situe autour de 4-5 eV. La
variation de la hauteur de barrière ne semble dons pas bien expliquer l’observation expérimentale
de courbes quasi-linéaires mais peut expliquer le décalage du coude observé sur les courbes. On
voit par contre que la diminution de la largeur de barrière tend vers l’obtention d’une courbe
li-néaire, ce qui est acceptable physiquement. L’augmentation forte de la largeur de barrière résulte
en l’obtention d’une courbe avec un coude fortement accentué, ce qui est également observé.
On peut donc expliquer la variété de courbes obtenues par la variation, à priori locale, des
caractéristiques de la barrière. On peut facilement envisager qu’au sein d’une même structure
chaque nanotube voit une barrière, à son interface avec l’électrode, différente des autres
nano-tubes, avec une épaisseur de barrière et une hauteur de barrière localement différentes.
Fig. 4.18 – Simulation de courbes I-V à partir du modèle de Simmons, en faisant varier les
paramètres. La courbe (a) représente la courbe de référence pour laquelle S,Φ et∆z sont fixés,
alors que sur les courbes (b) à (g) est simulée la variation d’un paramètre en gardant les autres
constants. La variation deS est illustrée sur les courbes (b) et (c), celle de Φsur les courbes (d)
et (e) et enfin la variation de∆z sur les courbes (f) et (g).
4.3. Caractérisation des structures HGTS 127
Fig.4.19 – Diagrammes de bande lorsque (a) eV
polar<Φet (b) eV
polar>Φ. Dans le deuxième cas
la largeur de barrière effective ∆z
0est plus petite que la largeur de barrière physique ∆z. .
Dans le document
Fabrication et étude physique de dispositifs électroniques à nanotubes de carbone
(Page 125-129)