est évaluée à ±0,05 V. Le calcul suivant montre l’erreur engendrée sur la résistance (pour une
tension de polarisation de 500 mV) :
R(Ω + ∆Ω) = 10
6/9,744
V+∆V= 10
6× e
−(V+∆V)·ln(9,744)= 10
6× e
−V·ln(9,744)× e
−∆V·ln(9,744)= R(Ω)×e
−∆V·ln(9,744)= R(Ω)×C(∆V) (3.3)
On obtient finalement C(-0,05)=1,12 et C(+0,05)=0,89 (les valeurs arrondies à la deuxième
décimale sont les mêmes pour les autres tensions de polarisation). L’incertitude sur la valeur est
d’environ 10%. On considérera donc par la suite que toutes les valeurs de résistances déterminées
expérimentalement sont exactes à 10% près.
3.2 Analyse des résultats
3.2.1 Interprétation d’une acquisition SSRM
Un exemple d’acquisition est présenté en figure 3.5 (acquisition faite avec une pointe diamant
pour une tension de polarisation de 1 V, sur une zone de 5×5 µm
2). Les nanofibres les plus
“conductrices” correspondent aux taches les plus claires sur l’image électrique.
Fig. 3.5 – Exemple d’acquisition simultanée des réponses topographique et électrique (trace
aller).
On peut voir d’emblée qu’il n’y a pas une équivalence systématique entre l’image
topogra-phique et l’image électrique : un courant peut être mesuré sans qu’une nanofibre ait clairement
été mise en évidence sur l’image topographique (cas a) et à contrario une nanofibre peut émerger
largement de la surface sans avoir une signature électrique forte (cas b). De plus, les traces aller et
retour (c’est-à-dire les acquisitions faites lorsque la pointe balaie dans un sens, puis dans l’autre)
sont rigoureusement identiques en termes qualitatif (détection de courant aux mêmes endroits)
et quantitatif (signal mesuré de même intensité). Il est difficile de déterminer avec précision le
diamètre de la nanofibre. La présence de ménisques de silice autour de la nanofibre fait que sur
les images topographiques il n’est pas possible de définir un contour, et l’image électrique donne
la réponse de la nanofibre dès qu’elle est en contact électrique avec la pointe AFM (lorsque la
nanofibre contacte le flanc de la pointe, le courant passe). On peut juste donner un classement
en diamètre, et il apparaît que l’intensité de la réponse électrique n’est pas proportionnelle au
diamètre apparent de la nanofibre mesurée. Cela ne signifie pas l’absence de dépendance de la
résistance en fonction du diamètre, mais que si cette dépendance existe elle est occultée
par-d’autres contributions beaucoup plus importantes. Notons également que dans le cas de cette
acquisition la réponse électrique n’est pas homogène sur la nanofibre, il semble que le bord de
la nanofibre soit moins conducteur que le centre. Cet artefact visible est attribué à la formation
d’un ménisque d’eau en surface de l’échantillon, la mesure étant faite à l’air. Cette hypothèse
semble se conforter lors des mesures sous azote où cet artefact disparaît.
3.2.2 Analyse qualitative et quantitative
Une analyse statistique des résistances a été menée sur 5 échantillons différents mais ayant
suivi les mêmes conditions opératoires de croissance et préparation. La figure 3.6 représente la
distribution en résistance pour 209 nanofibres mesurées, pour l’ensemble des 5 échantillons. La
tension de polarisation est de 500 mV. La même dispersion a été globalement constatée sur chaque
échantillon pris individuellement. Les résultats obtenus sont les mêmes quel que soit le type de
pointe utilisée. On constate que globalement 50% des nanofibres contactées ont une résistance
inférieure à 100 kΩ, alors qu’un peu plus de 15% des nanofibres ont une résistance supérieure
à 1 MΩ, avec des valeurs très dispersées (jusqu’à la dizaine de GΩ). Pour les valeurs les plus
basses, la valeur de résistance minimale est de l’ordre de 7,0 kΩ.
Fig. 3.6 – (Gauche) Distribution des resistances sur 209 nanofibres mesurées. La tension de
polarisation est de 500 mV et les mesures sont faites à l’air ou sous azote. (Droite) Détail de la
distribution entre 0 et 100 kΩ.
Une acquisition du typeR=f(V
polar)a été effectuée sur une nanofibre peu résistive (fig. 3.7a).
Si l’on s’intéresse au domaine autour de 0 V sur la courbe R-V, les traces aller et retour ne se
su-perposent pas, en particulier entre -0,2 V et 0 V. De plus R(V
SSRM) diminue brutalement lorsque
la tensionV
polartend vers0
−, ce qui signifierait que dans ce domaine la résistance est quasi nulle,
3.2. Analyse des résultats 81
ce qui est évidemment faux. A contrario pour une tension autour de 0
+la résistance augmente
très fortement, et la continuité est perdue à V=0. On peut affirmer que la réponse électrique est
erronée dans le domaine [-0,1V ;+0,1V]. Ce problème de mesure dans le domaine [-0,1V ;+0,1V]
est un problème inhérent au module, le problème n’a pu être réglé par le constructeur. Pour
contourner cette difficulté, des mesures ont été réalisées sur les nanofibres les plus résistives à
l’aide d’un module TUNA. Ce module ne pouvant opérer que des faibles gammes de courant
(inférieurs à 10 pA), nous avons mesuré les nanofibres les plus résistives. L’idée est d’observer
le comportement électrique de ces nanofibres résistives (celles ayant des résistances supérieures
au GΩ) sur des petits domaines de tensions, et de postuler que ce comportement est le même
quelque soit la nanofibre. La figure 3.7b illustre la mesure réalisé sur une nanofibre résistive pour
de faibles tensions de polarisation. Cette mesure nous permet d’observer la linéarité entre -60 mV
et +60 mV, avec une saturation du courant au-delà de ces limites. Pour ces raisons nous pouvons
supposer que pour les nanofibres en général la courbe I-V peut être approximé linéaire sur les
petits domaines de tensions.
Fig.3.7 – (a) Caractéristique R-V obtenue lors de la mesure. La réponse du détecteur est erronée
entre -0,1 V et +0,1 V. (b) Mesure du courant sur une nanofibre très résistive (R supérieure au
GΩ) pour une tension de polarisation variant entre -0,1 V et +0,1 V par TUNA. (c)
Carac-téristique I-V tracée à partir de la caracCarac-téristique R-V après correction des données brutes et
extrapolation de la mesure entre -0,1 V et +0,1 V.
La caractéristique R-V (fig. 3.7a) a donc été traitée et corrigée en accord avec les lois définies
dans la section 3.1.2.2, et la courbe dans le domaine [-0,1V ;+0,1V] a été approximée linéaire
au vu de nos observations faites en TUNA. Cette approximation est de plus cohérente avec le
reste de la courbe, au-delà de ce domaine, et avec l’étude électrique menée par Ominami et
al. [120] dans laquelle un comportement ohmique est constaté dans la gamme [-0,1V ;+0,1V].
Cette correction donne la caractéristique présentée en figure 3.7 c. La caractéristique présente
un comportement linéaire dans la gamme [-0,5V ;+0,5V] avec une résistance d’environ 10 kΩ.
Au-delà de cette gamme, elle s’écarte d’un comportement linéaire.
3.3 Evaluation des différentes contributions dans le mesure
Dans le document
Fabrication et étude physique de dispositifs électroniques à nanotubes de carbone
(Page 81-84)