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Plusieurs freins peuvent expliquer des difficultés pour engager une discussion concernant les IST et leurs moyens de prévention au cours d’une consultation de médecine générale.

Tout d’abord certains médecins ne sont pas intéressés par ce sujet et n’auront pas le réflexe de questionner la sexualité de leurs patients ni l’antériorité de leurs bilans de dépistage. Mlle S.K. nous déclare : « Après il y a des médecins traitants qui […] n’aiment pas trop ce contact là avec leur patient … ».

Certains médecins portent des jugements négatifs voire méprisants au cours de leurs consultations, comme le relatent plusieurs patientes. Ces expériences traumatisantes rompent toute communication à propos des IST et peuvent générer des phénomènes d’évitement ou de malaise qui perdurent par la suite.

Par ailleurs de par son statut, le médecin généraliste s’engage dans la durée avec ses

patients. Certaines patientes sont donc suivies depuis leur petite enfance par le même médecin de famille qui connait tout leur entourage. Elles peuvent alors présenter une réticence à parler de leur sexualité avec leur médecin de famille. Mlle L.G. nous avoue : « Parce que par exemple

Personnalisation Sexualité Âge Voyage Evolution culturelle Nationalité Niveau de connaissance/ conscience Consommations festives

76 moi j’avais mon docteur de famille que je vois depuis que je suis petite et c’est vrai que je ne sais pas si je me verrai trop en parler avec lui.»

Ensuite le sexe du médecin peut constituer une barrière pour de nombreuses patientes. Certaines patientes se sentiront plus à l’aise avec des interlocuteurs uniquement de sexe masculin ou uniquement féminin pour réaliser une consultation gynécologique ou relative à leur sexualité, comme c’est le cas de Mlle A.T.. Elle présentait une gêne à aller consulter un médecin homme, d’autant plus lors de son adolescence. Avec l’avancée en âge, cette barrière s’est évanouïe : « Peut-être que quand j’avais 14 ans oui. […] Ce serait maintenant, je n’aurai pas changé. Parce que ça ne m’aurait pas dérangée d’en discuter avec un homme. Mais à l’époque ado, pré-ado, je préférais que ce soit une femme».

Par ailleurs la présence d’un accompagnant lors d’une consultation de médecine générale d’un adolescent ou jeune adulte est fréquente. L’abord des IST est alors plus difficile et génère souvent un malaise. La sortie du parent de la salle de consultation est alors souhaitable. Mlle L.G. nous témoigne : « Souvent quand je vais le voir, c’est avec mes parents. Donc à ce moment- là, voila !... En parler qu’avec mes parents il n’y a pas de soucis. Mais en parler au médecin devant mes parents et tout c’est un peu… […] Il faut que les parents sortent à ce moment-là.».

L’absence de connaissance de la possibilité de recourir au médecin généraliste pour pouvoir réaliser un bilan de dépistage des IST n’est pas rare. En effet certains patients, comme Mlle S.K., pensent que ces bilans ne peuvent être effectués qu’en centres de dépistages ou auprès de gynécologues.

La rapidité des consultations de certains médecins est également un frein à la réalisation des actions de dépistage dans le cadre de la médecine générale.

Comme pour toute consultation médicale, l’accès à un médecin généraliste nécessite de disposer de la sécurité sociale ainsi que d’une mutuelle, sous peine de ne pas être remboursé. Ceci n’est cependant pas toujours le cas. Les personnes en situation de précarité, et notamment les étrangers ou migrants, peuvent se retrouver en difficulté et privés d’accès aux soins. Les centres ne nécessitant pas d’avance de frais sont alors à privilégier (PASS, CeGIDD). Mlles L.S. et P.A. par exemple, ne possèdant pas de mutuelles, ont préféré consulter au CeGIDD pour réaliser gratuitement leur bilan IST.

Par ailleurs certains professionnels paramédicaux ne sont pas pris en charge par la sécurité sociale, dont les sexologues et les psychologues. Mlle E.S. nous raconte : « J’ai eu de la chance, parce que la sexologue, elle était aussi médecin. Du coup je payais comme un médecin. Mais

77 tout le monde n’a pas la chance de pouvoir aller voir un sexologue, parce que ça reste payant et non remboursé normalement».

A l’heure actuelle, le médecin traitant est au cœur du système de soin et se veut le référent de ses patients. Cependant le lien de confiance médecin – patient, sur lequel le médecin généraliste est le plus à même de jouer, est parfois remis en cause. Les médias actuels favorisent parfois un schisme entre les patients et le corps médical par la remise en cause des compétences médicales, la diffusion d’informations alarmistes ou erronnées sur des

pathologies ou des traitements et la propagation de préjugés sur le corps médical. Il en découle un climat de méfiance et de peur. Différentes patientes en attestent au cours des entretiens, comme Mlle F.Q. : « Parce que j’ai vraiment un souci avec le médical ».

Enfin les différences de niveaux de formation et d’habitudes entre médecins entrainent parfois des discordances de prises en charge inquiétantes pour les patientes. Ce fut notamment le cas de Mlle E.S. concernant la pose de stérilets chez les femmes nullipares.

Figure 23 : Freins à la prévention des IST en médecine générale Désintéret du médecin

Jugements négatifs/ méprisant Statut de médecin de famille Sexe du médecin

Présence d'un accompagnant

Non connaissance possibilité de recours au MG Rapidité des consultations

Absence de prise en charge sociale

Rupture lien de confiance médecin - patient Compétences et habitus des médecins

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c) Synthèse

• Suivi au long court

• Lien de confiance et de proximité • Prise en charge globale

Relation

médecin patient

• Attitude bienveillante, ouverte, non jugeante • Régulièrement, 1ère consultation/ consultation

dédiée/ lambda

• Faire sortir les accompagnants

Créer un espace

de discussion

• Avec autorisation du patient

• Sujets: Orientation sexuelle, statut sentimental, nombre de partenaires, pratiques sexuelles, besoin d'information, antériorité des dépistages

Questionner

• Personnalisation: âge, sexualité, besoin d'information, conscience des risques • Supports: mails/ courrier, affiches, flyers,

questionnaires, schémas, préservatifs gratuits, moyens de communication, formations

Sensibiliser

•IST: panel, physiopathologie, complications •Pratiques sexuelles à risque et niveaux de risques •Moyens de protection/ mode d'emploi

•CAT rupture de préservatifs- allergie •Vaccins/ TPE/ PrEP/ TasP

•Dépistages: Lieux, examens •Sexualité, grossesse, anatomie

Informations

• Bilans réguliers

• Bilans adaptés: sexualité, voyage, origine, consommation festives

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