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Connaissances

Notre étude retrouve un global manque de connaissances sur les IST et leurs moyens de prévention, avec de nombresues fausses croyances. Il en découle des sentiments de peur, de honte, et en conséquence la pérennisation de tabous au sein de la population générale. Les données de la littérature confirment ce défaut de connaissance.

Les six enquêtes KABP [Knowledges, Attitudes, Beliefs, Practices] réalisées de 1992 à 2010 évaluant périodiquement les connaissances, attitudes, croyances et comportements des Français face au VIH et aux IST de manière générale (31), constatent une décroissance

progressive du niveau de connaissances dans la tranche d’âge des 18-30 ans entre les années 1994 et 2010.

84 L’enquête E.P.I.C.E (Enquêtes sur la Prévention des IST et la Contraception chez les Etudiant-e-s) réalisée de 2007 à 2010 à travers la population étudiante de l’Université Paris 1 confirme une

méconnaissance des différentes IST avec de nombreuses fausses idées. On s’aperçoit, comme

dans notre étude, de l’existence d’IST majoritairement connues dont le VIH, les hépatites B et C, la syphilis, les mycoses génitales et l’herpès génital, et d’autres IST peu connues telles que le papillomavirus, les chlamydioses, le mycoplasme, le gonocoque et le trichomonas. Le risque infectieux secondaire à un rapport sexuel non protégé est souvent réduit au risque de

transmission du VIH, maladie perçue comme très grave mais également comme très rare. De ce fait cette étude s’inquiète d’une diminution du sentiment de vulnérabilité chez les jeunes d’aujourd’hui. Ceci est en désaccord avec l’avis des patientes que nous avons interrogées au sein de notre thèse, qui estiment toutes se sentir vulnérables face au danger des IST.

Par ailleurs en terme de fausses croyances répandues dans la population générale, une thèse visant à évaluer les connaissances des patients en médecine générale sur les IST réalisée à Vitry- sur-Seine courant 2014 retrouve celles qui suivent (32) :

- Existence d’autres moyens de protection des IST en dehors du préservatif, type coït interrompu ou prise de contraceptifs oraux (16% à 20% des patients)

- Absence de risque de contamination lors d’un rapport oro-génital (40 à 70%) ou d’un rapport anal (60 à 80%)

- Absence de risque de transmission d’une IST en cas de rapports non protégés en l’absence de symptômes (25%).

Au niveau international, une revue de la littérature sur l’ensemble des études publiées sur PubMed de 1990 à 2010 évaluant les connaissances des IST d’étudiants entre 13 et 20 ans retrouve un niveau de connaissance globalement bon concernant le VIH et ses modes de transmission mais un défaut de connaissance concernant les autres IST. (33)

Comportements à risque

Au sein de notre étude, environ la moitié de patientes interrogées décrivent des comportements sexuels à risque. Ce résultat est en adéquation avec la littérature.

Dans l’étude Baromètre santé sexuelle de 2005, on constate un seuil élevé, autour de 90%, de recours au préservatif lors du premier rapport sexuel chez les adolescents ayant eu leur

85 premier rapport entre 2000 et 2005. Cependant cette utilisation décroît au fil des relations et de l’augmentation du nombre de partenaires. Comme au sein de notre étude, on observe que le milieu social influence les comportements en matière de sexualité (usage de préservatifs, âge du premier rapport) dont principalement le niveau socio-économique et la religion. (34)

Il est important de souligner que dans la population générale adulte, en incluant autant les couples que les célibataires, l’enquête KAPB de 2010 rapporte que seulement 19 % des hommes et 13 % des femmes déclaraient avoir utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel. Le préservatif restait davantage utilisé par les jeunes adultes que par les plus âgés, avec

cependant une diminution pour les 18-30 ans, contrairement aux autres classes d’âges. (31) Les facteurs de risque du non port de préservatif retrouvés étaient : sexe féminin, rupture récente, prise de contraceptifs, sentiments de confiance et d’amour envers son partenaire. (35) Au sein de l’enquête E.P.I.C.E, l’étude des comportements à risque montrait que environ 45% des étudiants avaient des comportements sexuels à risque vis-à-vis des IST. Les raisons données étaient pour les garçons en premier lieu la préférence de rapports sans préservatifs et chez les femmes la confiance en leur partenaire ou la réalisation mutuelle des tests de dépistages des IST. (36)

Ainsi on constate une dégradation de l’image du préservatif au cours du temps pour de multiples raisons comme l’explique le graphique ci-après : (31)

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Dépistage

Concernant les dépistages des IST, les patientes recrutées se tournaient pour la majorité vers le

centre de dépistage plutôt que le médecin traitant. Elles effectuaient des bilans de dépistage

des IST de façon régulière en fonction de leur statut sentimental.

Ceci reflète les données de la littérature, avec des bilans majoritairement réalisés en centre de dépistage et une prévention rarement effectuée dans le cadre de la médecine générale.

Dans l’enquête « Contexte de la Sexualité en France » (CSF) réalisée en 2006, 50% des femmes et 45.2% des hommes déclaraient avoir effectué au moins un test de dépistage du VIH au cours

de leur vie. (10) Par ailleurs la dernière enquête KAPB de 2016 révèle que 25% des adultes âgés

de 18 à 30 ans se sont fait dépistés dans l’année qui précède. (37) Enfin en 2016, l’enquête   « Santé des Etudiants & Lycéens » menée par la mutuelle SMEREP constate que seuls 17% des étudiants de France se font systématiquement dépister lors d’un changement de partenaire avant de s’engager dans des rapports sexuels non protégés. (38)

Ceci démontre bien une insuffisance de réalisation de bilan de dépistage dans la population générale. La population qui réalise le plus régulièrement des tests de dépistage comprend les

jeunes adultes de 18 à 24 ans, les personnes multipartenaires et les personnes homosexuelles

ou bisexuelles.

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