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En France Le poids de « l’imaginaire de la défaite »

1914 183000 945919 295485 1915 Pas de données 1105214 37

B. Aux sources du patriotisme sériel de guerre 1870-1914.

1. En France Le poids de « l’imaginaire de la défaite »

La principale caractéristique du roman-feuilleton patriotique français de la Grande Guerre c’est, on l’a dit, sa violence à l’égard de l’ennemi allemand. Dans quelle mesure ce patriotisme haineux, agressif, porte-t-il en lui l’héritage de la période 1870-1914 ?

Jusqu’à la guerre franco-prussienne, l’ennemi séculaire de la France est la Grande-Bretagne. Ce n’est qu’à partir des années 1830 que les relations entre les deux pays commencent à s’apaiser, la “Cordiale Entente” qui s’installe à partir des années 1840, le renfort que les Français apportent aux Britanniques devant Sébastopol lors de la guerre de Crimée et le traité de libre-échange Cobden- Chevallier de janvier 1860 étant les symboles les plus forts de cette évolution des rapports franco- britanniques durant le second tiers du XIXe siècle.

La défaite française lors de la guerre contre la Prusse en 1870-1871 fait de l’Allemand le nouvel ennemi héréditaire de la France. L’armée impériale est battue en quelques semaines, le territoire national amputé et la victoire permet à Guillaume Ier de proclamer la naissance de l’Empire allemand qui devient la principale puissance militaire et diplomatique d’Europe continentale à la place de la France. Défaite humiliante dont on cherche immédiatement à dégager la responsabilité de l’armée, dépassée par des forces prussiennes mieux préparées, mieux équipées, trahie par les indiscrétions de la presse et dont les espions d’outre-Rhin ont habilement préparé les revers, les francs-tireurs, ces patriotes « […] décidés à défendre leurs foyers, à faire payer aux Prussiens leurs

656 Nous envisageons le concept d’imaginaire social, initialement développé par le philosophe et psychanalyste

Cornelius Castoriadis, comme l’ensemble des représentations collectives partagées par une société, soit une définition qui le rapproche du concept de culture.

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Il faudrait bien évidemment remonter beaucoup plus loin pour saisir toutes les étapes qui ont amené les patriotismes des deux pays à ce qu’ils sont en 1914.

victoires et leurs rapines658 » apparaissant souvent comme les principaux héros de cette guerre dans l’imaginaire né de la défaite659.

Après la guerre, l’Allemand est souvent représenté, notamment dans la culture “populaire”, « […] en voleur de pendules, en pillard et en violeur, en “croquemitaine”, en Moloch ou en ogre dévorant la liberté, ou encore sous les traits féroces des figures emblématiques de Guillaume Ier ou de Bismarck agresseurs de Marianne ou représentés en bouchers660 », et le militarisme prussien décrit comme une menace permanente contre laquelle il est urgent de se prémunir. Le patriotisme français se définit alors largement, et avec une agressivité réelle, par rapport au repoussir que constitue l’Empire allemand. L’école républicaine enseigne ce patriotisme à l’aide de « […] trois instruments […] : la représentation de la guerre, l’exaltation de l’héroïsme militaire et l’image de l’ennemi d’hier, qui est aussi l’ennemi potentiel de demain661 », avec pour objectif « […] de préparer la jeunesse à la guerre au nom de la défense de la patrie et de lui inculquer l’idée de sacrifice662. » Des années 1870 aux années 1890, les questions de la Revanche et de la reconquête des provinces perdues jouent un rôle important dans le discours de mobilisation culturelle. La IIIe République les utilise pour renforcer la cohésion et le sentiment nationaux mais également pour asseoir sa légitimité. Laurence Turetti a analysé les clichés construits par l’école républicaine et bien montré comment leur puissance symbolique a été instrumentalisée pour rassembler la nation autour d’un imaginaire commun663. Mais à cette époque déjà, la Revanche et la reconquête de l’Alsace-Moselle ne sont que des répertoires discursifs destinés à nourrir des fins de politique intérieure car il semble que la France n’a jamais véritablement envisagé la Revanche entendue « […] au sens étroit et précis du terme, celui […d’] une guerre offensive provoquée par la France afin de reconquérir l’Alsace et la Lorraine664. » Les deux thèmes constituent en effet des stimulants, des projets mobilisateurs de premier ordre pour nourrir le patriotisme et en faire une force dynamique pour la nation.

Même si l’Allemand demeure l’ennemi et qu’une germanophobie permanente irrigue le discours social, les ambitions coloniales que développe la République à compter du début des années 1880 avec les gouvernements Gambetta puis Ferry qui y voient une solution pour « suturer la

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LACHOUQUE Henry (Commandant), « Résistants de 1870-1871 », in Revue Historique des Armées, 103, 1, 1971, numéro spécial pour le centenaire de la guerre de 1870-1871, p. 62-67.

659 Voir BLETON Paul, « Les genres de la défaite », in op. cit., p. 68-69. 660

ASLANGUL Claire, « De la haine héréditaire à l’amitié indéfectible. Quelques images-symboles de la relation

France-Allemagne, 1870-2009 », in Revue Historique des Armées, 256, 2009, p. 3.

661 ALEXANDRE Philippe, « Le patriotisme à l’école en France et en Allemagne, 1871-1914. Essai d’étude

comparatiste », in Themenportal Europäische Geschichte, 2007, p. 85, consultable à l’adresse suivante :

http://www.europa.clio-online.de/2007/Article=265

662

Ibid., p. 86.

663

TURETTI Laurence, Quand la France pleurait l’Alsace-Lorraine. 1870-1914 : les provinces perdues aux sources

du patriotisme républicain, Strasbourg, La Nuée Bleue, 2008.

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JOLY Bertrand, « Le souvenir de 1870 et la place de la Revanche », in AUDOIN-ROUZEAU & BECKER Jean- Jacques (dir.), Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, op. cit., p. 114.

défaite665 » amènent la France à se heurter à son ennemi d’hier, la Grande-Bretagne. La neutralité adoptée par les Britanniques au moment de la guerre franco-prussienne, conformément à leur volonté, depuis 1815, de ne pas se mêler des affaires du continent, avait distendu les relations de la France avec sa voisine d’outre-Manche et dans la décennie suivante « […] les deux pays recommenc[ent] sérieusement à croiser le fer diplomatique666. » C’est en Égypte que les différends coloniaux trouvent leur principale origine. Les Britanniques, qui gèrent avec la France les finances du royaume égyptien depuis quelques années, décident de l’occuper militairement en 1882 suite à des émeutes anti-Européens assez violentes et mettent donc fin à la tutelle franco-britannique sur l’Égypte, zone géographique devenue de première importance pour le British Empire depuis l’ouverture du canal de Suez, création française, en 1869. Les Français sont contraints de reporter leurs ambitions sur d’autres territoires et les tensions coloniales se multiplient en de nombreux points du globe, Asie du Sud-Est, océan Pacifique, Afrique occidentale, avant d’atteindre un paroxysme en 1898 dans le Haut-Nil. Les Britanniques, qui ont été chassés du Soudan en 1885 par les Mahdistes qui y ont alors installé un État théocratique, décident en 1896 d’envoyer une armée commandée par Kitchener pour le reconquérir ; dans le même temps, la France envoie dans le Haut- Nil (Haut-Soudan) une petite armée sous les ordres du commandant Marchand qui, une fois sur place, occupe en juillet 1898 le village de Fachoda au nom de la France et y bâtit une forteresse. Le Haut-Soudan étant sous juridiction égyptienne, il est donc sous domination britannique et Londres, qui ne peut imaginer céder les sources du Nil à une puissance étrangère, envoie Kitchener, qui vient de défaire les Mahdistes, à Fachoda. Le général britannique arrive sur place fin septembre et la guerre entre les deux pays est évitée grâce au calme des deux chefs militaires et à la décision du ministre des Affaires étrangères français, Théophile Delcassé, de rappeler Marchand. Le commandant français reçoit l’ordre d’évacuer Fachoda le 3 novembre et en mars 1899 un accord entre les deux puissances coloniales détermine leurs zones d’influence respectives dans la région.

Durant ces années 1880-1890, le spectre de la défaite s’affadit progressivement au point qu’au « […] début du XXe siècle, la Revanche n’est même plus un objet de discours667 » ainsi que l’explique Jean-Jacques Becker. En effet, la France du début des années 1900 n’est plus celle des années 1870 : la génération qui a connu la défaite est de moins en moins nombreuse, la France n’est plus isolée sur la scène internationale comme l’illustre par exemple l’alliance franco-russe qui se met en place à partir de 1892-1893, elle a construit un empire colonial important pour lequel elle a

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BLETON Paul, « Les genres de la défaite », in op. cit., p. 62.

666

TOMBS Robert, « Ennemis héréditaires, alliés par nécessité », in Revue Historique des Armées, 264, 2011, p. 4.

667

BECKER Jean-Jacques, 1914. Comment les Français sont entrés dans la guerre, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1977, p. 53 et suivantes.

encore des ambitions, et elle jouit d’une prospérité économique depuis le milieu des années 1890668. En résumé, « […] la nation France ne se détermine plus par rapport à son vainqueur de 1871, mais en soi669. » Les idées de Revanche sont très loin et le patriotisme n’a alors plus grand-chose de belliqueux. Pour le nouveau nationalisme qui naît avec la Ligue de la patrie française ou l’Action française, ce n’est plus l’Empire allemand l’ennemi, mais la République, tandis que le pacifisme et l’antimilitarisme qui se développent dans ce climat de sécurité nourrissent un courant antipatriotique qui, sans être dominant, dispose d’une assise réelle.

Si le tournant du siècle voit encore quelques tensions entre la France et la Grande-Bretagne liées d’une part à l’affaire Dreyfus, qui provoque une poussée de gallophobie au sein d‘une population britannique convaincue de l’innocence du capitaine, et d’autre part à la guerre des Boers qui suscite des manifestations de sympathie, en France, à l’égard de ce peuple de paysans qui livre une guerre inégale face au géant britannique, il est la période durant laquelle la France et la Grande- Bretagne se rapprochent plus qu’elles ne l’avaient jamais fait auparavant. Le roi Édouard VII, qui a succédé à Victoria en 1901, et Théophile Délcassé jouent un rôle essentiel dans la signature des accords d’avril 1904, connus sous le nom d’“Entente Cordiale”, qui règlent les différends coloniaux entre les deux pays avec notamment la reconnaissance par la France de la domination anglaise en Égypte et celle, par la Grande-Bretagne, du protectorat français sur le Maroc. Il ne fait guère de doute que la menace que représente alors un Empire allemand qui cache de moins en moins ses ambitions est largement responsable de ce rapprochement. Le 21/03/1905, la loi Berteaux fait passer le service militaire de trois ans (loi Freycinet de juillet 1889) à deux ans, cette décision illustrant à elle seule que le climat international reste néanmoins détendu et que la France n’envisage pas une confrontation armée avec l’Allemagne.

Le 31/03/1905, c’est le “coup de Tanger”670. Sans être « […] cette sorte de premier pas d’une marche vers la guerre souvent décrite671 », l’événement suscite parfois l’inquiétude mais l’incident est vite réglé au niveau diplomatique, les Britanniques soutenant les Français lors de la conférence d’Algésiras de janvier à avril 1906 qui permet à la France et à l’Espagne de voir leurs droits sur le Maroc confirmés, tandis que l’Empire allemand n’obtient qu’un droit de regard sur les affaires marocaines. L’épisode voit toutefois la presse “populaire” à grand tirage et bien évidemment la presse d’opinion de droite françaises multiplier les articles chauvins dans lesquels on retrouve

668

BECKER Jean-Jacques, « 1905 : la menace de guerre est-elle à l’origine d’un renouveau nationaliste ? », in Mil

neuf cent, 2001/1, n°19, p. 23.

669

Ibid.

670

L’empereur allemand prononce dans la ville marocaine un discours dans lequel il déclare être prêt à faire tout ce qui est en son pouvoir pour préserver les intérêts de l’Allemagne au Maroc.

671

BECKER Jean-Jacques, « 1905 : la menace de guerre est-elle à l’origine d’un renouveau nationaliste ? », in

certains accents du patriotisme “revanchard” des années 1870-1880. Mais Maurice Lestocquoy rappelle qu’après ce premier incident marocain, la plus grande partie de la classe politique française est optimiste et que le pacifisme la touche largement672.

Juillet 1911, c’est le “coup d’Agadir”673. La colère est très visible dans la presse de l’époque et si l’éventualité d’une guerre semble un instant possible, et est même soutenue par une part importante de l’opinion publique française, la France préfère temporiser, négocier et un accord avec les Allemands est signé à Berlin le 4 novembre674 ; le traité de Fès de mars 1912 confirme le protectorat français sur le Maroc. Ce second incident marocain n’a pas de répercussions bien différentes du premier. Le calme revient vite, l’excitation patriotique réveillée durant cet été et cet automne 1911 redonne certes un peu d’énergie à un chauvinisme “populaire” dont on trouve des échos dans la presse à grand tirage ou dans la presse nationaliste, sans que ne soit toutefois remis en cause le pacifisme ambiant, et notamment celui du gouvernement. Nommé ministre de la guerre en janvier 1912, Alexandre Millerand rétablit bien le clairon dans les casernes après que le général Marie-Georges Picquart l’ait supprimé à la fin de l’année 1906 et renoue avec la tradition en instituant les “retraites militaires” à la place des retraites aux flambeaux qui avaient été abandonnées quelques années plus tôt, décisions qui traduisent selon Raymond Poincaré une volonté de provoquer un « […] réveil de l’esprit militaire675 » français, mais qui, en tout cas, ne sont pas représentatives d’une véritable attitude belliciste. Dans son Supplément illustré du 14/07/1912,

Le Petit Journal revient sur ces initiatives :

« En 1906, M. le général Picquart, alors ministre de la guerre, avait supprimé les sonneries à la caserne. De la part d’un général cette décision parut quelque peu saugrenue […] Plus de clairon pour annoncer le réveil, la soupe, l’appel, l’extinction des feux. Dès lors, les casernes furent mornes et silencieuses. C’était le moment où il semblait que le mot d’ordre imposé à l’armée par nos gouvernants dût être : ‘’Silence et mystère !’’ Les régiments ne sortaient plus, les musiques ne jouaient plus, les clairons ne sonnaient plus, les tambours ne battaient plus. On cachait l’armée comme si on en avait honte. On supprimait les fanfares guerrières parce que le pacifisme de nos politiciens le voulait ainsi ; on évitait de montrer l’armée au peuple, dans l’espoir, apparemment, qu’il se désintéresserait d’elle. Mais le peuple supportait à regret cet effacement de l’armée. On vit bien quels étaient ses sentiments le jour où les retraites militaires furent rétablies à Paris. M. Millerand ne s’en est pas tenu là. Il vient de rétablir également les sonneries et batteries dans les casernes […] Et tous les bons Français remercieront le ministre

672

LESTOCQUOY Maurice, Histoire du patriotisme en France, Paris, Albin Michel, 1968, p. 182-183.

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L’Empire allemand envoie une canonnière dans la baie d’Agadir sous le prétexte de défendre ses intérêts marocains qu’il estime menacés par les troupes françaises débarquées en mai pour répondre à un appel à l’aide du sultan. La Grande-Bretagne, qui n’a aucun intérêt en jeu, soutient ouvertement et fermement la France alors qu’en France et dans l’Empire allemand, la crispation atteint un niveau d’intensité qui n’a rien à voir avec celui de 1905.

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La France cède près de 300000 km² de territoires en Afrique équatoriale qui viennent grossir le Cameroun allemand en échange de la fin de la présence allemande au Maroc.

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d’avoir ainsi rendu la voix à nos régiments. […] De toutes [les] sonneries traditionnelles, l’une des plus caractéristiques est le réveil. […] A ce “réveil” nous avons voulu donner un sens symbolique que tous nos lecteurs comprendront. Ce n’est pas seulement le réveil des troupiers que sonne le clairon dans le matin lumineux ; c’est l’aube d’un temps nouveau qu’il salue de sa fanfare, c’est le réveil du sentiment patriotique dans l’âme du pays676. »

On retrouve ce type de propos cocardiers, sous de multiples avatars, dans les trois grands quotidiens “populaires” de notre corpus en 1912. Les thématiques de la Revanche, des provinces perdues et les représentations de l’ennemi allemand agressif qui attend de pouvoir assouvir sa soif de puissance aux dépens de la France apparaissent par vagues lorsque la presse relaie les allocutions menaçantes de Guillaume II ou se sert des lois adoptées outre-Rhin pour accroître les effectifs de l’armée comme arguments pour mettre en scène un militarisme allemand dangereux. Il ne faut cependant pas y voir le reflet de l’opinion publique française qui reste largement dominée, à cette date, par un patriotisme pacifique.

La loi Barthou du 14/01/1913 fait passer le service militaire français à trois ans. Les débats que suscitent le vote de cette loi ainsi que les progrès des socialistes lors des élections législatives d’avril-mai 1914 montrent que tout en lui étant favorable, dans l’ensemble, l’opinion publique n’est pas pour autant dominée par un patriotisme agressif et belliciste. Cette loi ne remet pas en cause les positions pacifistes d’un gouvernement qui ne désire toujours pas une guerre offensive de revanche contre l’Empire allemand, mais veut montrer qu’il prend des mesures pour être prêt à se défendre si nécessaire.

Dans cette évolution du sentiment patriotique français sous la IIIe République, l’affaire Dreyfus a bien évidemment joué un rôle déterminant. En jetant le doute sur l’armée, en mettant en doute son honneur, l’Affaire a eu pour effet, après l’année 1898 marquée par la révélation du faux rédigé par le lieutenant-colonel Henry et toute une série de démissions dans l’armée, de provoquer une forme de séparation entre la patrie française et son armée et d’entamer la forme de culte que lui vouait la population.

Au total, il apparaît donc que le patriotisme violemment “anti-allemand” qui se déchaîne dans le roman-feuilleton patriotique à partir de l’automne 1914 est avant tout de nature réactionnelle. Le sentiment national français ne devient à nouveau fortement « ombrageux », pour reprendre le qualificatif utilisé par Jean-Jacques Becker677, et germanophobe qu’une fois la guerre

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Supplément illustré du Petit Journal, le 14/07/1912.

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BECKER Jean Jacques, « 1905 : la menace de guerre est-elle à l’origine d’un renouveau nationaliste ? », in op.

cit., p. 26. L’auteur reprend le qualificatif à DUROSELLE Jean-Baptiste, La France de la ‘’Belle Époque’’, Paris,

déclarée et il ne faut pas voir dans celui-ci le produit de plus de quatre décennies de germanophobie violente puisqu’hormis en discours, et jusqu’à la fin des années 1890 seulement, il n’a jamais vraiment été question d’une revanche, le patriotisme français se construisant à partir d’autres déterminants. Le patriotisme ‘’anti-boche’’ qui naît à l’été 1914 trouve bien à se nourrir, à se réactiver, dans le ferment constitué par le souvenir de ce qu’était le patriotisme anti-allemand trente ou quarante ans plus tôt, mobilisant l’imaginaire de la défaite de 1870 et ses principaux symboles, mais il atteint clairement une intensité, une violence qu’il n’a jamais eues auparavant, et que nous détaillerons.