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CHAPITRE 3   OBJECTIFS ET MÉTHODE DE RECHERCHE 76

3.3   Une étude menée sous la forme d’une recherche-intervention 79

3.3.3   Formes de recherche-intervention 81

La recherche-intervention est une méthodologie de recherche codifiée et théorisée. Cappelletti (2010) détaille les directions à suivre pour se trouver dans ce cadre méthodologique (page 6) :

• « Poser des problématiques de recherche enracinées dans la réalité

• Concevoir un projet de recherche selon un mode d’apprentissage collaboratif • Prévoir un projet de recherche de longue durée

• Mobiliser des théories et des méthodes de recherche variées • Réviser régulièrement les hypothèses de recherche accumulées »

Le chercheur-intervenant et les praticiens interagissent entre eux pour arriver à trouver le point où la théorie rejoindra la pratique et développera une connaissance utilisable par le chercheur et le praticien.

3.3.3.1 Écart de connaissance

La recherche de terrain apporte un début de solution quant à la problématique de l’écart que l’on constate entre les connaissances théoriques et les connaissances pratiques. Cette question est traitée par Ven de Ven & Johnson (2006) qui en identifient deux approches distinctes et en proposent une troisième.

La première, défendue par Rogers (1995) et Beer (2001), observe l’écart entre les connaissances théoriques et les connaissances pratiques comme une discontinuité dans le processus de transfert de connaissance. La seconde développe l’idée de la complémentarité de ces deux types de connaissance.

Une approche innovante proposée par Van de Ven et Jonhson (2006) essaie d’appréhender les écarts entre théorie et pratique comme « un problème de production de connaissance » (Cappelletti, 2010). Cette approche suppose un travail en étroite collaboration entre le chercheur et les acteurs du processus étudié pour valider les observations.

L’un des objectifs de l’étude décrite dans ce mémoire est de réduire l’écart existant entre les connaissances pratiques et théoriques. Dans le cas traité dans ce mémoire, l’approche défendue par Beer (2001) et Rogers (1995), la discontinuité dans le processus de transfert de connaissance apparaît très intéressante car elle met l’accent sur l’une des différences existantes entre les secteurs de l’industrie et de la construction. Chaque projet de construction constitue un élément unique, réalisé par une équipe unique, réunie pour ce projet et qui se sépare à la fin de celui-ci. La discontinuité du processus naturel de transmission et d’apprentissage qui transforme connaissance pratique en connaissance théorique trouve ici un point d’application.

Cette première mise en évidence amène à considérer la dernière approche proposée par Van de Ven et Jonhson (2006) évoquant un « problème de production de connaissance ». Or, précédemment, nous avons mis en avant la justification de l’approche de Rogers (1995) et Beer (2001) par la discontinuité du processus de construction, cette discontinuité vient aussi empêcher le processus de production de connaissance. Cette connaissance non-produite n’est donc pas formalisé et ne profite pas à l’organisation. Les connaissances produites le sont sous forme d’expériences pour chaque membre de l’équipe et restent au stade de connaissances pratiques.

La rédaction de ce mémoire vient travailler à cette création de connaissance et réduction de l’écart entre la pratique et la théorie.

3.3.3.2 Recherche transformative, entre action et intervention

A l’intérieur du concept de recherche transformative, dans laquelle le chercheur va avoir un impact sur son objet d’étude, il existe deux grandes familles : la recherche-action et la recherche- intervention. Celles-ci sont définies dans le

Tableau 3.1.

Tableau 3.1: Comparaison de la recherche-intervention et de la recherche-action

Recherche-Action Recherche-Intervention

Très importante recherche de la contextualisation du changement sans mettre l’action sur la formalisation de celui-ci.

Il s’agit d’une préparation au changement en libérant les parties prenantes des structures dont elles dépendent.

Allie la contextualisation du changement avec sa formalisation. Le changement est réellement mis en place et précisément défini .

Comme démontré précédemment, cette étude se déroule au sein de l’objet d’étude avec une mission de transformation de celui-ci par l’intervenant-chercheur. Cette recherche se définit comme transformative.

Dans le cas de l’objet d’étude de ce mémoire, le degré de contextualisation du changement est très important, car il a été identifié très tôt que seule l’implication de toutes les parties prenantes dans le processus allait permettre d’atteindre les résultats souhaités par le sponsor.

De la même manière, le degré de formalisation du changement lié à l’introduction de la philosophie Lean dans le cadre du Projet AP60 a évolué au fur et à mesure des différentes étapes pour arriver à un haut degré de formalisation. Celui-ci s’est concrétisé lors de l’introduction des Centres d’Information.

En suivant la pensée de Cappelletti (2010), la mise en avant d’un degré de contextualisation fort du changement avec un haut degré de formalisation de celui-ci nous place dans le cas d’une recherche-intervention.

Définition des termes, dans le cas du changement, par Cappelletti (2010) page 7 :

• Contextualisation : « degré de contextualisation qui indique à quel point les changements réalisés par le chercheur sont intégrés au contexte »

• Formalisation : « degré de formalisation qui indique à quel degré les changements réalisés ou prévus par le chercheur sont formellement définis »

La recherche-intervention mise en place dans le cadre de ce projet de recherche utilise un processus itératif. Le choix de ce processus dans le développement des méthodes d’intervention et de leur application permet, grâce à la présence permanente de l’intervenant-chercheur sur le terrain en temps que membre de l’équipe de projet, d’adapter et corriger au cours de la recherche plutôt que simplement impulser une transformation et observer l’évolution.