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2.4 Rev et Impβ forment un complexe stable

2.4.1 Analyse du complexe Impβ/Rev par SEC

Après avoir purifié Rev et Impβ séparément, j’ai essayé de reconstituer le complexe

formé par ces deux protéines. La Figure 2.11 (a) montre une expérience de gel

filtration à une échelle analytique en chargeant Impβseul, Rev seule, ou un mélange

des deux protéines sur une colonne superdex S200. RevV16D/I55N et Impβéluent à un

volume de 2.2 et 1.9 ml, respectivement, tandis que le complexe formé entre Impβet

un excès de RevV16D/I55N donne un pic à 1.7 ml, ce qui indique une espèce moléculaire

dont le rayon hydrodynamique est supérieur à celui d’Impβ. Un deuxième pic à 2.2 ml

correspond à l’excés de RevV16D/I55N non lié. L’analyse par gel dénaturant a confirmé

la présence des deux protéines dans le premier pic (Figure 2.11 (b)). À la différence

de mes tentatives de co-expression (Figure 2.1 (b)), l’intensité des deux bandes

suggère la formation d’un complexe stoechiométrique. La stabilité du complexe a été

confirmée par un gel natif, qui montre une seule bande correspondant au premier

pic (Figure 2.11 (c)). Ces résultats confirment que la reconstitution du complexe à

partir d’Impβet Rev séparément purifiés est une stratégie efficace. De cette manière,

nous avons pu vérifier qu’Impβ et Rev formait un complexe stable.

2.4.2 Analyse du complexe Impβ/Rev par SEC/MALLS

Impβ seule ou en complexe avec un excès/défaut de RevV16D/I55N a été étudié par

des expériences de SEC/MALLS. Les résultats sont représentés dans la Figure

2.12. Nous pouvons voir que lorsqu’Impβest seule, la protéine est à 96% sous forme

monomérique avec une masse moléculaire observée de 95 kDa. La forme dimèrique

représente le 4% restant avec une masse moléculaire observée de 178 kDa. Ces valeurs

se rapprochent des valeurs théoriques attendues (c’est-à-dire 97 kDa pour la forme

monomérique et 194 kDa pour la forme dimérique).

Pour les complexes, lorsque Rev est en excès par rapport à Impβ, la masse molaire

observée par la technique de SEC/MALLS est de 105 kDa. Dans le cas d’un complexe

avec un ratio 1 : 1 ; la masse molaire théorique attendue est de 110 kDa. Lorsqu’Impβ

CHAPITRE 2. RÉSULTATS

2.4. REV ET IMPβ FORMENT UN COMPLEXE STABLE

(a) Chromatogrammes de GF (b) Gels SDS (c) Gels natifs

Figure 2.11 – Gel filtration de Rev et d’Impβ (a) Superposition des

chromato-grammes obtenus sur colonne S200 15 150 GL. Il s’agit des chromatochromato-grammes d’Impβ

seule (en bleu), de RevV16D/I55N seul (en rouge) et du complexe préparé en utilisant

un large excès de Rev (en vert). Les différentes fractions collectées et analysées sont

mises en évidence sous les chromatogrammes. (b) Gels dénaturants (15 % acrylamide)

obtenus pour ces différentes purifications. Le code couleur est le même que

précédem-ment. Les fractions sont indiquées au-dessus des gels. Les gels contiennent également

des marqueurs de poids moléculaire (L). (c) Gels natifs TGX (10% acrylamide) obtenus

pour Impβ seule ou en présence d’un large excès de Rev. Le point isoélectrique de Rev

étant très basique, la protéine seule ne migre pas dans les gels natifs TGX 10%, c’est la

raison pour laquelle on n’observe pas l’excès de Rev sur gel natif. La migration d’Impβ

CHAPITRE 2. RÉSULTATS

2.4. REV ET IMPβ FORMENT UN COMPLEXE STABLE

Figure2.12 – SEC/MALLS d’Impβ seule ou en complexe.Les profils d’élution

suivi à 280 nm ainsi que les distributions de masse molaire calculée par MALLS sont

superposées pour différents échantillons (Impβ seule ou en complexe avec RevV16D/I55N

en défaut ou en excès). L’excès de Rev n’est pas visible sur ce profil à cause de son faible

coefficient d’extinction molaire par rapport à celui d’Impβ.

est en excès, nous observons un épaulement du pic à faible volume d’élution (11.8

ml) correspondant au complexe Impβ/Rev, ainsi que le pic correspondant à Impβ

seule (12.9 ml). La distribution de masse observée pour le complexe indique une

stœchiométrie du complexe relativement bien définie.

2.4.3 Visualisation du complexe Impβ/Rev par microscopie

électronique

L’apparence monodisperse du complexe observé par SEC/MALLS contraste avec la

tendance de Rev à former des fibres. Cette différence a pu être visualisée de

ma-nière frappante par microscopie électronique (ME) à coloration négative. L’avantage

de cette technique est qu’elle donne une indication sur le degré d’homogénéité de

CHAPITRE 2. RÉSULTATS

2.4. REV ET IMPβ FORMENT UN COMPLEXE STABLE

l’échantillon, que ce soit en terme de distribution d’état oligomérique ou

d’homogé-néité conformationnelle des particules. Nous avons examiné les échantillons d’Impβ

et de RevW T obtenus après l’étape finale de purification, ainsi qu’un échantillon du

complexe Impβ/Rev purifié par gel filtration sur une colonne Superdex S200. Toutes

les analyses de ME ont été réalisées par Francesca Coscia, étudiante en thèse au sein

de notre équipe.

Impβ seule était difficilement visible sur les micrographes, le signal que nous voyons

correspondait principalement à du bruit de fond (cf. Annexe F, page 198). En

re-vanche, les micrographes de RevW T seul ou en complexe ont donné des résultats

intéressants (Figure 2.13). Rev présente une distribution de particules de diff

é-rentes tailles, y compris des formes arrondies inférieures à 10 nm de diamètre, des

particules plus grosses (15-20 nm) en forme de "C", et des microfibres mesurant

approximativement 15 nM en largeur et jusqu’à 150 nm en longueur,

vraisemblable-ment formés par plusieurs unités en forme de "C" qui s’enchaînent. Ces observations

sont en accord avec nos données de gel filtration et de SEC/MALLS qui montrent

que RevW T a tendance à s’agréger et sont également en accord avec des publications

montrant que Rev est capable de former des fibres en solution (Havlin et al., 2007 ;

Daugherty et al., 2010a).

De façon frappante, lorsque RevW T est complexé à Impβ, nous observons une

dispa-rition de cet état d’agrégation (Figure 2.13 (b) et (d)). À la place des fibres, on

observe des particules d’un diamètre d’environ 5 nm, comparables aux dimensions

de la structure cristalline d’Impβ en complexe avec l’IBB d’Impα (à peu près 80

Å x 60 Å x 50 Å). L’homogénéité de ces particules nous a encouragé à poursuivre

l’étude structurale du complexe Impβ/Rev.

CHAPITRE 2. RÉSULTATS