2.12 Un nombre limité de configurations d’Imp β /Rev
2.12.1 Étape 1 : identification des résidus d’Imp β susceptibles d’in-
d’interagir avec Rev
Afin d’obtenir une meilleure compréhension de la façon dont Rev interagit avec
Impβ, j’ai effectué une étude d’amarrage moléculaire in silico. Cette étude a été
menée avec la forte participation de mon directeur de thèse Carlo Petosa. Pour
simplifier cette tâche, nous avons émis trois hypothèses de travail :
1) Nous avons supposé que les conformations d’Impβ et de Rev dans le complexe
Impβ/Rev sont similaires à celles d’Impβ en complexe avec l’IBB (PDB ID 1QGK ;
Cingolani et al., 1999) et de Rev en complexe avec le fragmentFab (PDB ID 2X7L ;
DiMattia et al., 2010), respectivement. Cette supposition doit être considérée comme
approximative puisque les différentes structures connues d’Impβmontrent une
varia-bilité conformationnelle assez importante (cf. 1.3.8, page 32 ; Forwood et al., 2010).
Par contre, la conformation de Rev semble être relativement constante parmi les
différentes structures cristallines connues (cf. 1.2, page 12). Par convention et sauf
indication contraire, le terme "Rev" sera utilisé dans cette section pour indiquer
uniquement la partie N-terminale composée de l’épingle hélicale (résidus 9-65) dont
la structure cristallographique est connue.
2) Étant donné que les surfaces de Rev et d’Impβsont riches en résidus basiques et
acides, respectivement, nous avons supposé que l’interaction entre ces deux protéines
comporte une composante électrostatique importante. Cette hypothèse est étayée
par le fait que du selon nos expériences d’ITC, la liaison de Rev à Impβest associée
à une grande variation négative de l’enthalpie (∆H ; cf. 2.11, page 83).
3) Comme Rev et le peptide Rev-NLS interagissent avec Impβ en compétition avec
Impα (cf. 2.8.1, page 71 ; Henderson and Percipalle, 1997), nous avons supposé un
chevauchement des sites de liaison d’Impα et de Rev sur la surface d’Impβ.
Autre-ment dit, à partir d’une superposition des structures des complexes d’Impβ/IBB et
d’Impβ/Rev, on s’attendrait à voir un chevauchement de certains atomes de Rev
avec certains atomes de l’IBB. En principe, la compétition observée entre Rev et
CHAPITRE 2. RÉSULTATS
2.12. UN NOMBRE LIMITÉ DE CONFIGURATIONS D’IMPβ/REV
Figure2.31 – Identification des résidus acides d’Impβ susceptibles d’interagir
avec Rev. (a) Structure d’Impβ en complexe avec le domaine IBB d’Impα (Cingolani
et al., 1999 ; PDB ID 1QGK). (b) Points de grille utilisés afin de définir le volume de
recherche pour le positionnement du centre de gravité de Rev (17 x 17 x 29 = 8381
points). (c) Volume exclu par Impβ. En bleu sont montrés les 2151 points de grille où le
centre de gravité de Rev ne peut pas être positionné à cause de l’encombrement stérique
qu’un tel positionnement provoquerait avec Impβ. (d) Points de la grille à moins de
30 Å de l’IBB (1436 points). (e) Sous-ensemble des points qui sont topologiquement
accessibles à l’IBB (1021 points). (f) Résidus acides d’Impβ (en rouge) qui pourraient
potentiellement interagir avec Rev dans une configuration où Rev empêcherait la fixation
de l’IBB à Impβ.
CHAPITRE 2. RÉSULTATS
2.12. UN NOMBRE LIMITÉ DE CONFIGURATIONS D’IMPβ/REV
Impα pourrait également s’expliquer par un effet allostérique, par lequel la fixation
de Rev stabiliserait une conformation d’Impβ incompatible avec la fixation d’Impα
(sans chevauchement des sites de liaison de Rev et d’Impα). Cependant cette
situa-tion nous paraît moins probable.
Nous avons exploité ces trois hypothèses pour essayer d’identifier les résidus d’Impβ
susceptibles d’interagir avec Rev. Nous avons d’abord positionné la structure d’Impβ
à l’origine d’un système de coordonnées cartésien et nous l’avons orientée de façon à
ce que son axe superhélicoïdal soit parallèle à l’axe z, comme montré dans laFigure
2.31 (a). Compte tenu des dimensions d’Impβ et de Rev, lorsque Rev fixe Impβ,
son centre de gravité doit se situer dans une boîte autour d’Impβ de dimensions 80
Å x 80 Å x 140 Å , comme le montre laFigure 2.31 (b). Nous avons échantillonné
ce volume par des points de grille espacés de 5 Å.
Rev ne pouvant pas occuper le même volume qu’Impβ, nous avons retiré tous les
points de grille à moins de 6 Å des atomes d’Impβ(les points indiqués en cyan dans
laFigure 2.31 (c)), laissant un nombre réduit de points où le centre de gravité de
Rev pourrait éventuellement se positionner. Dans la structure de Rev, la distance
maximale du centre de gravité à tout atome est de 30 Å. Par conséquent, si les sites
de liaison de Rev et de l’IBB se chevauchent, le centre de gravité de Rev doit être à
moins de 30 Å d’un atome de l’IBB lorsque les complexes Impβ/IBB et Impβ/Rev
sont superposés. Nous avons donc éliminé les points de grille situés à plus de 30 Å
de l’IBB, laissant les points représentés sur laFigure 2.31 (d). Enfin, nous avons
éliminé les points de grille qui sont topologiquement inaccessibles à l’IBB parce qu’ils
sont du mauvais côté d’Impβ. (Ces points n’ont pas une "ligne directe de vue" avec
l’IBB. Donc si la structure de Rev était centrée sur ce point, il lui serait impossible
d’interagir avec un résidu d’Impβ impliqué dans l’interaction avec l’IBB sans subir
un encombrement stérique avec une autre partie d’Impβ). Cela laisse des points de
grille qui définissent un volume assez restreint dans lequel le centre de gravité de
Rev doit se situer (Figure 2.31 (e)).
Les résidus d’Impβ qui se trouvent à moins de 30 Å et qui sont topologiquement
accessibles à ces points de grille définissent la surface potentielle d’interaction d’Impβ
avec Rev. Cette surface comprend 68 résidus acides (31 Asp et 37 Glu, sur un total
de 124 résidus acides dans Impβ), représentés en rouge dans la Figure 2.31 (f).
CHAPITRE 2. RÉSULTATS
2.12. UN NOMBRE LIMITÉ DE CONFIGURATIONS D’IMPβ/REV
Ces résidus se situent principalement sur la surface intérieure concave d’Impβ, sur
les hélices B des répétitions HEAT et sur les boucles reliant les hélices A et B.
En accord avec l’hypothèse du caractère électrostatique de l’interaction, ces résidus
acides ainsi que les 14 résidus basiques des structures cristallographiques connues de
Rev (Figure 2.32) sont susceptibles d’être impliqués dans l’interface du complexe.
Ces résidus sont résumés dans leTableau 2.4.
Figure2.32 – Residus basiques de Rev. Structure du domaine N-terminal de
Rev (PDB ID 2X7L). Les résidus basiques définis comme actifs dans le programme
HADDOCK sont mis en évidence.
TABLEAU 2.4 – Résidus chargés d’Impβ et de Rev, susceptibles d’interagir
dans le complexe Impβ/Rev. Ces résidus ont été définis comme "actifs" dans le
CHAPITRE 2. RÉSULTATS
2.12. UN NOMBRE LIMITÉ DE CONFIGURATIONS D’IMPβ/REV
Dans le document
Etude de l'interaction entre la protéine humaine Importin beta et la protéine du VIH-1 Rev
(Page 100-104)