• Aucun résultat trouvé

Chapitre 4 Validation de l’échelle CPOT et de l’échelle RASS chez les personnes sous

5.2 Forces et limites de l’étude

Ce mémoire comporte plusieurs forces. Peu de revues systématiques s’intéressent aux qualités psychométriques d’échelles d’évaluation de la douleur chez les patients incapables de communiquer en fin de vie (10). La mise à jour de la revue systématique ODPTIC a permis d’identifier et d’analyser deux échelles, dont l’une d’entre-elle était nouvelle.

L’utilisation de la méthode COSMIN constitue également une force de ce mémoire. Cette méthode a permis d’extraire de façon structurée et d’analyser les données reliées à la validité et à la fidélité des échelles (77). Aussi, elle a certainement favorisé la rigueur et la transparence en offrant entre autres une constance dans l’extraction et l’analyse des données (77). De plus, l’utilisation du vocabulaire COSMIN a permis de standardiser le

langage utilisé par rapport aux tests psychométriques afin de favoriser une meilleure compréhension des tests. Une autre force de ce mémoire est d’avoir introduit et évalué les qualités psychométriques de l’échelle CPOT et de l’échelle RASS dans la pratique clinique d’infirmières en soins palliatifs auprès de patients en fin de vie sous SPC. Elle constitue également la première étude à évaluer de manière spécifique l’utilisation de cet outil chez les patients fortement sédationnés.

Toutefois, plusieurs limites sont présentes. D’abord, la méthode «worst score counts» représente l’une des limites pour la mise à jour de la revue ODPTIC. Cette dernière a eu pour effet de donner un score plus faible aux articles même si la majorité des autres critères était «adéquat» ou «très bon». Ceci peut s’expliquer par un oubli de la part des auteurs à mentionner certains détails dans son article. Ainsi, pour éviter que ceci ne survienne, ces derniers pourraient utiliser la méthode COSMIN comme guide lors de la rédaction d’un article portant sur la validation d’échelles de mesure afin d’éviter un mauvais score global.

Ensuite, en ce qui concerne l’étude empirique, la fidélité inter-juges de l’échelle CPOT n’a pas été mesurée dans ce mémoire même si cette mesure était prévue dans le protocole de recherche. Initialement, les infirmières du milieu participant devaient effectuer deux évaluations simultanées pour chaque patient. Ces dernières n’ont pu le faire en raison d’une surcharge de travail. Devant cette problématique, un amendement au comité d’éthique sera demandé afin de permettre à deux auxiliaires de recherche de réaliser les évaluations à l’aide de l’échelle CPOT et de l’échelle RASS. De plus, la surcharge de travail pourrait devenir une barrière potentielle à l’utilisation des deux instruments de mesure. Pour ce faire, la faisabilité doit être étudiée afin de favoriser leur utilisation par les professionnels et leur pertinence dans la pratique clinique (141).

Aussi, la taille de l’échantillon constitue une limite méthodologique importante lors de la réalisation de l’étude portant sur la validation de l’échelle CPOT et l’échelle RASS. Même si l’intention initiale était de recruter un échantillon de 120 patients, plusieurs contraintes au niveau du milieu et du temps ont été présentes. Étant donné que la réalisation du mémoire s’effectue pendant une période limitée, les analyses ont dû être conduites sur un échantillon réduit. Ensuite, le nombre de patients du centre participant qui répondaient aux critères d’inclusion était inférieur à celui anticipé initialement. Le petit échantillon de l’étude n’a pas

pu assurer la validité externe, c’est-à-dire la représentativité de la population. Par contre, les multiples observations par patients ont permis d’augmenter le pouvoir statistique à détecter la présence de douleur en contexte de fin de vie et de SPC (137). D’autres études sont nécessaires pour reproduire ces résultats auprès d’un nombre plus élevé de patients et ainsi favoriser la représentativité de la population.

De plus, la présence de délirium n’a pas été considérée comme une variable confondante dans ce mémoire, constituant une limite importante. Le formulaire utilisé par les infirmières au moment de réaliser cette recherche n’incluait pas d’évaluation du délirium. Les auteurs d’une étude réalisée en 2016 ont conseillé que d’autres travaux soient réalisés pour s’assurer que les qualités psychométriques de l’échelle CPOT soient adéquates pour les patients ayant un délirium au soins intensifs (130). La méthode auto-rapportée de la douleur ainsi que le niveau de conscience labile des patients souffrant d’un délirium sont des obstacles à l’évaluation de la douleur (19, 140). La présence de ce symptôme pourrait venir biaiser le score au niveau des items de l’échelle CPOT en raison hypersensibilité ou l’hyposensibilité à un stimulus douloureux (138). Peu d’études expliquent l’impact du délirium sur la nociception et la perception de douleur (138). Les données actuelles suggèrent que les lésions au niveau de différentes régions du cerveau peuvent être causées par une altération à long terme de la fonction cognitive comme un délirium (138). Ces dernières modifient la transmission de l’influx nerveux et viennent moduler à la hausse ou à la baisse la sensation de douleur (138). La région affectée ainsi que les dommages déterminent l’hypersensibilité et l’hyposensibilité au stimuli douloureux (138). Un seuil- score non-adapté à ce diagnostic vient fausser l’interprétation, par conséquent, biaiser l’évaluation de la douleur (63, 138). La sensibilité et la spécificité de l’échelle CPOT chez les patients en fin de vie incapables de communiquer et souffrant d’une altération des fonctions cognitives comme le délirium ou la démence pourraient être étudiées dans des travaux futurs.

Finalement, cette étude n’a pas pris en compte l’effet de l’administration des opioïdes, de sédatifs ou des deux simultanément ainsi que les doses administrées sur les scores de l’échelle CPOT et de l’échelle RASS. Néanmoins, tous les patients étaient soignés par la même équipe de médecins et d’infirmières, suggérant une forme de stabilité et de constance dans les traitements offerts à l’ensemble des patients composant l’échantillon.

Documents relatifs