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Chapitre 4 Validation de l’échelle CPOT et de l’échelle RASS chez les personnes sous

5.1 Discussion des résultats

Tout d’abord, la mise à jour de la revue systématique ODPTIC constitue une belle contribution à ce mémoire. Elle a permis d’identifier une nouvelle échelle et une déjà évaluée par l’article initial. Tout comme la revue systématique ODPTIC originale, la qualité globale de l’article portant sur le PAINAD a été jugée mauvaise en raison de la validité de critère, la validité de contenu ainsi que de la fidélité inter-juges (80). En effet, il s’avère nécessaire de souligner que l’item Respiratoire de cette échelle est problématique en fin de vie puisque qu’elle considère la respiration de type Cheyne-Stokes comme un signe de douleur. La respiration Cheyne-Stokes se manifeste par des épisodes irréguliers d’apnée et d’hyperventilation (88). Elle est le résultat d’une insuffisance cardiaque, d’une insuffisance rénale et d’une atteinte neurologique irréversible (88, 89). Sa présence annonce un pronostic sombre et augmente le risque d’un arrêt cardiaque à court terme (88). Ce signe fréquent, prévisible en fin de vie et non-lié à la douleur vient ainsi augmenter le score de la sous-échelle et du coup, biaiser l’évaluation globale du patient. Par ailleurs, l’item Capacité d’être consolé ne semble pas être adapté pour la clientèle incapable de communiquer en fin de vie. En effet, un patient fortement sédationné n’a pas de contact ou d’échange verbal avec l’infirmière. Il est donc impossible d’évaluer la présence de ce signe comportemental. C’est aussi un symptôme typique de la démence, peu pertinent ni fréquent en fin de vie, toutes clientèles confondues (90).

La qualité globale de l’étude portant sur le REPOS a été jugée adéquate selon le système d’évaluation COSMIN (83). Contrairement au PAINAD, les items du REPOS semblaient être adaptés pour les patients en fin de vie. Ils ont aussi été bien définis dans l’article de validation. Le REPOS constituait une avenue prometteuse pour évaluer la douleur chez les personnes non-communicantes en fin de vie. Néanmoins, les qualités psychométriques du REPOS ont seulement été évaluées à une seule reprise auprès des personnes en fin de vie. Ainsi, les résultats de la revue systématique originale demeurent inchangés. L’échelle CPOT est considérée comme une candidate pertinente pour évaluer la douleur chez les patients non-communicants en fin de vie. Contrairement au REPOS, l’échelle CPOT a été le sujet de plusieurs études de validation et de revues systématiques ainsi qu’une recommandation pour évaluer la douleur chez les personnes incapables de communiquer aux soins intensifs (10, 64, 65).

Ensuite, ce mémoire a évalué les qualités psychométriques de l’échelle CPOT et de l’échelle RASS chez les patients en fin de vie incapables de communiquer sous SPC. Les résultats préliminaires laissent présager que l’échelle CPOT et l’échelle RASS pourraient être des échelles adéquates pour évaluer la douleur et le niveau de conscience d’une population fortement sédationnée en fin de vie.

Plus précisément, le premier objectif de cette étude était d’évaluer la validité discriminante de l’échelle CPOT et de l’échelle RASS. Ce type de validité a été mesuré par l’entremise du test de Friedman. Tous les résultats de l’échelle CPOT ont démontré un chi-carré significatif lors du test de Friedman, suggérant que l’échelle CPOT semblerait être en mesure de détecter la douleur chez les patients en fin de vie sous sédation palliative. Dans une étude précédente, l’échelle CPOT a été comparée avec la Descriptive Pain Scale et le Faces Pain

Thermometer séparément à partir d’un chi-carré (98). Tous les résultats étaient significatifs

avec une valeur de probabilité inférieure à 0,001 lors de trois moments d’évaluation correspondant au repos, à une intervention douloureuse et au repos après l’exposition à un stimulus douloureux (98). Ces résultats sont comparables à ceux recueillis dans le présent projet de recherche et suggèrent que l’échelle CPOT serait capable de détecter la douleur chez les patients incapables de communiquer en fin de vie. Aussi, les résultats d’une autre étude récente mentionnent que l’échelle CPOT serait plus efficace à distinguer les patients souffrants de ceux qui sont sans douleur que l’échelle numérique analogue, et ce

indépendamment de leur niveau de conscience (142). De plus, ils supportent l’hypothèse que le RASS semble être capable de discriminer un niveau de conscience diminué dans un contexte de SPC. Arevalo et al. (2012) ont obtenu la même constatation au niveau de la validité discriminante à partir d’une différence de moyenne (120).

Aussi, les résultats laissent penser que l’échelle CPOT serait en mesure de détecter la présence de douleur chez les patients hautement sédationnés puisqu’il y a eu des différences statistiquement significatives entre les groupes. Aucune donnée comparable n’est actuellement disponible dans la littérature pour comparer les résultats obtenus dans l’étude.

Ensuite, le deuxième objectif était d’évaluer la cohérence interne de l’échelle CPOT. Ce type de fidélité a été mesuré par l’entremise de l’alpha de Cronbach. Les résultats ont montré que l’échelle CPOT semblait avoir une bonne cohérence interne en pré-administration et post-administration d’analgésiques. Tous les items ainsi que les scores totaux ont obtenu un alpha de Cronbach variant de modéré à acceptable excepté pour l’item Mouvements corporels. Les résultats obtenus au niveau des alpha de Cronbach de l’échelle CPOT sont sensiblement les mêmes que ceux de d’autres études (129-134). De plus, il n’est pas inhabituel d’observer des items avec une corrélation plus faible lorsqu’une échelle en comporte (61, 125, 127).

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