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Chapitre 6- Niveau micro : Les étudiants autochtones du Cégep Régional de Lanaudière à

6.3. Résistances et motivation scolaire

6.3.3. Fierté identitaire et prise de parole

Je crois que l’on peut affirmer que, peu importe leur vécu passé ou présent, parmi les jeunes du cégep de Joliette que j’ai côtoyés, ceux qui s’impliquent auprès du Mikinakw RÉA (Regroupement des étudiants autochtones) sont fiers de leur identité autochtone. Tel que nous l’avons mentionné précédemment, la valorisation de l’identité est un facteur important qui permet à un individu de se sentir confortable et donc de devenir « performant » dans le milieu académique.

The key to producing successful American Indian students in our modern educational system [...] is to first ground these students in their American Indian belief and value systems. (Cleary et Peacock 1998: 101)

6.3.3.1. Ce que signifie être autochtone

L’identité n’est pas une chose simple à décrire. Pourtant, les étudiants autochtones sont constamment appelés à s’exprimer sur le sujet et à expliquer leur identité à l’Autre. En contexte collégial, plusieurs non-Autochtones sont curieux de comprendre et d’en savoir davantage sur les cultures autochtones. C’est ainsi que les étudiants autochtones sont régulièrement invités à expliquer ce que signifie « être Autochtone ». Cet exercice permet d’identifier sur quels aspects de leur identité les jeunes du CRLJ désirent mettre l’accent, c’est-à-dire les éléments prédominants conformément à leur conception de l’autochtonie. Pour ce, ils doivent dégager et mettre en valeur ce qu’ils jugent important afin de se présenter à l’Autre. Ce contact avec l’Autre permet donc de prendre conscience que l’identité autochtone est différente de l’identité québécoise; cela contribue à créer un sentiment de fierté par rapport aux savoir-faire et aux savoir-être autochtones.

Les étudiants autochtones au Mikinakw RÉA décrivent leur identité autochtone en termes de valeurs, d’origines, d’accès à la langue, de nomadisme, d’identité sociale, des ancêtres et des façons différentes de concevoir et de voir le monde.

Ainsi, pour Antony, être Autochtone est une « identité sociale » qui indique qu’il possède des ancêtres dont l’origine précède la présence des colons au Québec. Ces ancêtres ont partagé une expérience et un mode de vie communs aux populations pré-contact soit le semi-nomadisme, vivant de chasse, de pêche et de cueillettes selon les principes d’une conception du monde où les relations au territoire sont importantes. Pour Antony, être Autochtone est étroitement lié au respect de la nature acquis à travers les valeurs spirituelles et à travers son éducation familiale. En effet, les membres de sa famille élargie continuent régulièrement d’effectuer des sorties sur le territoire familial, à chasser et à trapper. Alors que plusieurs familles autochtones au Québec se sont converties à la religion

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catholique, la famille d’Antony reste fortement « traditionaliste » (exception faite de sa mère qui est catholique). Par exemple, elle effectue les rites cérémoniels traditionnels. Lors de la mort de son grand-père, sa famille a pratiqué la cérémonie traditionnelle atikamekw appropriée. Selon cette pratique, lors d’un décès, le corps du défunt est exposé dans la maison familiale pendant trois jours et trois nuits. La famille, à son chevet, chante alors des chants religieux et offre des bracelets à toutes les personnes endeuillées. Ce deuil prend fin lorsqu’avec le temps ce bracelet tombe; celui-ci doit alors être brûlé. Antony portait d’ailleurs son bracelet noir pendant la session d’automne 2017. La famille, le respect de celle-ci et des liens intergénérationnels demeurent des éléments prédominants dans la définition de l’autochtonie par les jeunes autochtones du CRLJ.

La relation à la nature et à l’espace, que ce soit en territoire ou en communauté à l’intérieur de la réserve, représente un élément important dans l’auto-identification des étudiants autochtones que j’ai rencontrés puisque les références à ces éléments sont nombreuses :

Mais en tant qu’Autochtone, qui a déjà vécu dans une communauté autochtone, je suis plutôt fier de mon vécu on va dire. Pis hum, quand je suis chez moi je me sens bien, je vais dans la nature (Antony, novembre 2017).

Deux étudiants ayant grandi en communauté ont souvent parlé des moments qu’ils passaient sur le territoire, au chalet (ou campement) des parents ou d’autres membres de la famille élargie. Les deux jeunes accompagnent souvent des adultes ou aînés pour faire de la trappe. Ils aiment particulièrement les randonnées de quatre roues ainsi que le fait que les hommes ramènent de la viande de chasse qu’ils cuisinent et mangent en famille. Les Atikamekw sont un peuple de chasseurs et les activités liées à l’univers de la chasse, même si elles ont diminué depuis la sédentarisation forcée, n’ont pas pour autant disparu. Les jeunes autochtones semblent désireux de se rapprocher de certaines pratiques auxquelles ils n’ont toutefois pas été initiées. Ainsi, Alexandra a dit ne jamais avoir fait de canot et aimerait vraiment l’apprendre. Alexandra et une autre étudiante, Émilie, souhaitaient faire les démarches requises afin de pouvoir participer à l’été 2018 au projet Tapiskwan Sipi, c’est-à-dire une expédition en canot sur le Nitaskinan (le territoire atikamekw) avec des jeunes des trois communautés atikamekw (Wemotaci, Manawan et Opiticiwan). Ce périple de deux semaines en canot permettra aux jeunes, aux ainés et aux accompagnateurs de recevoir un enseignement sur le territoire, et de vivre les modes de vie et la culture atikamekw.

Tel que relevé plus tôt dans les propos d’une autre étudiante, pour les Autochtones du CRLJ la nature (entendu ici comme le territoire) est associée à un sentiment de bien-être, de repos et est liée au support familial et social. Pour Alexandra, être Autochtone c’est faire partie d’un réseau social très fort, d’une communauté qui supporte ses individus. Cette idée qui lie nature, territoire, langue,

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ancêtres, valeurs et réseaux de relations repose sur les ontologies, sur les manières de concevoir le monde qui sont pour elle accessibles à travers la fréquentation du territoire et des membres de la communauté.

Ainsi, le territoire est souvent au centre des propos des étudiants lorsqu’ils abordent la question de l’identité autochtone. Nous pouvons considérer le territoire comme un marqueur majeur de la culture autochtone avec lequel les jeunes étudiants développent un rapport particulier.

L’association du territoire à l’identité autochtone n’est pas surprenante. La définition de la population autochtone comporte une dimension où le territoire occupe une place centrale au sein de l’identité, de la culture, de la socialisation, du bien-être et de la définition de l’autochtonie (Bellier 2009 :2). C’est ce que tendent à démontrer les différentes recherches, notamment celle de l’anthropologue Éthier (2011) sur les savoirs atikamekw de Manawan et sur la relation au territoire, le territoire étant au centre d’un processus d’acquisition et de transmission des savoirs lié à l’organisation sociale, aux rapports sociaux et aux réseaux d’échanges atikamekw. La capacité d’agentivité des acteurs dépend de leur mode d’acquisition des savoirs performatifs et non figuratifs, soit de l’expérience acquise directement par le contact avec le territoire. Ce dernier est un lieu de performance des savoir-être (ce à quoi l’Atikamekw aspire) et savoir-faire. Les savoir-faire et savoir- être prennent donc en compte les dynamiques sociales qui incluent à la fois l’humain, les animaux, les arbres et les plantes (Éthier 2011 :63-65; voir aussi Éthier 2017).

Pour les étudiants du CRLJ, le territoire revient en effet souvent comme espace de référence au bien-être psychologique et physique. C’est un espace de détente, de repos, et d’apaisement (tel que discuté plus tôt) en opposition à la ville. D’autres recherches démontrent aussi cette association entre le territoire et le bien-être pour des jeunes vivant dans des milieux urbains. Les travaux de Kirmayer, Fletcher et Watt (2009, cité dans Fraser et al. 2014 :542) vont dans ce sens en indiquant que la notion de « bien-être » est souvent associée aux interactions des personnes avec l’environnement et à la pratique d’activités sur le territoire, par exemple la chasse ou le partage de repas traditionnels. Les Atikamekw maintiennent toujours l’importance du territoire, et entretiennent avec le Nitaskinan un engagement qui se conjugue en termes de « continuité et de transformations, de résistance et compromis, d’adaptations et de tensions » (Poirier et Jérôme 2014 :3). Les jeunes atikamekw nehirowisiwok conçoivent et vivent d’ailleurs différemment leur lien au territoire que les générations précédentes (à ce sujet lire notamment le mémoire de Dupont (2016) sur la compréhension du territoire par les jeunes autochtones du Wapikoni Mobile). La territorialité et les dynamiques qui y sont reliées dépendent d’une variable générationnelle, mais continuent dans tous les cas à être vécues et investies (Poirier et Jérôme 2014 : 7).

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Certaines recherches, dont celle de Bousquet (2005) conduite auprès des Anicinabek, expliquent l’accent mis par les jeunes sur la référence à l’espace. Le territoire symboliserait une époque passée d’autonomie et de bien-être auquel les jeunes ne peuvent plus accéder, ainsi qu’un lieu éloigné évocateur de souvenirs. Néanmoins, même si le territoire n’occupe plus la place qu’il avait du temps de la vie de chasseurs autonomes, il n’en reste pas moins au cœur de l’identité et des responsabilités des jeunes générations. Les jeunes déplorent l’absence de la forêt, considérant la réserve comme le lieu du présent et de l’avenir dans lequel ils ne peuvent plus accéder aux modèles de vie des ancêtres (Bousquet 2005 :10). Ceci ne semble pas être toujours le cas pour les étudiants du CRLJ pour lesquels le territoire et la forêt sont associés à leur bien-être et pour lesquels la réserve est présentée comme un lieu de proximité à cette nature et au réseau social. La ville peut dès lors être considérée comme un troisième lieu, qui est associé à un éloignement encore plus important de la tradition autochtone et des savoirs des ainés, et en cela, occulte cette opposition entre la réserve et le territoire. En d’autres termes, c’est lorsqu’ils arrivent en ville que les jeunes autochtones réalisent la proximité, la présence et l’importance du territoire en relation avec la communauté. En effet, le milieu urbain semble être particulièrement porteur d’un sentiment d’isolement, tel qu’on peut le constater à travers ces commentaires affichés sur la page Facebook d’une étudiante (Figure III).

Figure III : Commentaire sur les réseaux sociaux : territorialité et identité (janvier 2018)

Mentionnons que l’espace qu’occupent les personnes est particulièrement déterminant sur la nature des interactions au quotidien (Giddens 1984, cité dans Fraser, Jaimes, Hassan, Nadeau et

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Kasudluak : 2014). Les espaces influencent les manières de concevoir le soi et le monde et participent au développement identitaire individuel. Ainsi, dans une étude portant sur la relation aux espaces de jeunes inuit admis dans un établissement de la Protection de la Jeunesse de Montréal, Fraser et ses collègues ont démontré que les espaces extérieurs représentaient des lieux de réconfort et de liberté de pensée pour les jeunes en détresse psychologique (Fraser et al. 2014). Le territoire et les référents spatiaux investis par la culture sont donc importants dans le développement personnel et identitaire des jeunes adolescents, et ce, pas nécessairement dans l’utilisation directe de celui-ci, mais plutôt à cause d’un investissement émotionnel et référentiel.

Non seulement les valeurs familiales, la spiritualité et le territoire sont importants dans la définition de l’autochtonie pour les étudiants autochtones rencontrés, mais la langue joue aussi un rôle prioritaire. Ainsi, pour cet étudiant du cégep de Joliette qui a vécu périodiquement dans une communauté, celle-ci représentait non seulement le lieu d’accès à la culture et à l’identité innue, mais également le lieu d’apprentissage de la langue.

En tant que telle je m’identifie pas assez [comme Autochtone] parce que j’ai pas vécu dans la langue. Ça dl’air que c’est par la langue que tu as beaucoup de la culture. Je l’ai pas eu assez, je peux comprendre des choses en innu, je suis d’origine d’Innu. C’est quelque chose que j’aurais aimé, mais j’ai vécu plus en ville qu’en réserve. (Éric, novembre 2017)

La langue est un accès à une manière de voir le monde par ses locuteurs et d’en comprendre les schèmes de pensée. La langue est porteuse de l’identité culturelle. Émilie, Éric et Charlotte ne parlent pas la langue de leur nation d’origine, ainsi ils reconnaissent passer « à côté » d’un élément particulièrement important qui définit ce que c’est que d’être atikamekw, innu ou inuk. Émilie met beaucoup d’effort à l’apprentissage de la langue atikamekw, elle fait des recherches par elle-même et demande souvent à Alexandra de lui apprendre des mots ou des phrases. Toutefois, Émilie, Éric et Charlotte ne se disent pas « moins » autochtones. Ils ressentent un grand attachement à leur nation respective et l’expriment notamment par l’histoire et les arts. À titre d’exemple, Émilie s’intéresse beaucoup à l’histoire de la nation atikamekw et aux relations que sa famille a entretenues avec les colons canadiens à l’époque de la colonisation. Charlotte, quant à elle, façonne un lien avec ses origines et sa culture inuk, non pas à travers la langue, l’histoire ou le territoire, mais à travers l’art. Elle explore différentes techniques de création artistique et réalise des œuvres composées de références culturelles inuit; d’ailleurs, la représentation d’une femme autochtone se retrouve souvent dans ses œuvres.

124 6.3.3.2. Stratégies de valorisation

Si pour Alexandra être Autochtone est un avantage social qui procure un réseau de support considérable, pour d’autres, cela est synonyme d’une catégorisation imposée.

Pour moi être Autochtone, c’est quelque chose d’à la base; c’est comme une étiquette qu’en même temps j’aime pas pis en même temps je suis fière. Parce que, oui mes racines à la base viennent de cette place ici (Éric, novembre 2017).

La valorisation de l’identité chez les étudiants autochtones s’opère de différentes manières. Il est donc important d’identifier de quelle manière les étudiants désirent faire valoir leur identité autochtone et comment ils la mettront en scène. Si dans leur adolescence, certains ont volontairement caché leur identité autochtone à l’école (ce que leur permettait par exemple leur origine métissée), qu’en est-il dans le contexte social, politique et relationnel actuel au CRLJ ? Les étudiants utiliseront différentes stratégies pour dévoiler leur identité, et ces actions s’inscriront à différents moments et pour diverses raisons.

Mais je remarque avec le temps que là je l’accepte, mais mon but c’est pas nécessairement de le montrer. Quand on en parle j’en parle et si quelqu’un fait un commentaire là-dessus j’ose dire de faire attention à ce qu’il dit parce que y’en a en présence (Éric, novembre 2017). Au sein du CRLJ, les étudiants autochtones vont mettre en pratique ces stratégies d'identification individuelles. Ces dernières peuvent prendre différentes formes, notamment le port de bijoux artisanaux atikamekw (par exemple, boucles d’oreilles perlées) ou le choix de sujets reliés aux réalités autochtones dans leurs présentations orales. Alors que certains étudiants seront plus discrets sur leurs origines et ne l'affirmeront que lorsque cela est nécessaire, d'autres étudiants vont parler ouvertement de leurs origines et seront contents de répondre aux questions des autres étudiants.

À date ça se passe bien. Je m’intègre vraiment facilement avec les autres, y savent que je suis Autochtone. Pis ça leur dérange pas. Ils savent c’est quoi. Ils connaissent au moins un peu c’est quoi; les difficultés qu’on a nous autres. Non, j’aime ça leur répondre. (Alexandra, décembre 2017)

Les étudiants qui ne vont pas parler de leur identité de manière informelle vont toutefois saisir les rares occasions offertes dans les cours afin de le faire.

Moi, dans mon cours culturel c’était inévitable, on a en parlé. D’ailleurs dans le premier cours il fallait faire un montage, un bricolage sur les préjugés de certains groupes sociaux, dont les Autochtones. […] Oui ça a sorti, mais j’ai trouvé ça… peut-être parce que le monde a su que je l’étais [Autochtone], y’en ont pas trop mis je trouve. […] Le but était de montrer qu’on a tous des préjugés sur n’importe qui, sur n’importe quoi. J’ai aimé ça qu’on en parle. Pis la prof m’a demandé de faire mon oral là-dessus, comment je vis ça. […] C’était tout à fait volontaire [la présentation]. Elle m’a donné le choix, je pouvais refuser. J’étais le seul à avoir fait ça.

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C’était [l’agente socio-académique] qui venait après, elle faisait son introduction sur les nations. J’ai trouvé ça intéressant, ça m’a ouvert et ça m’a appris à être bien avec ça. Parler de ça devant un groupe en plus. (Éric, novembre 2017)

D’autres étudiants vont utiliser des méthodes variées telles que les créations artistiques réalisées dans les cours d’arts plastiques ou l’ajout de référents culturels dans des œuvres affichées dans l’école70. Certains étudiants prendront, même sans y être invités, la liberté d’utiliser les travaux de

différents cours pour aborder des aspects des cultures autochtones. Antony a ainsi utilisé le style littéraire du conte oral (et la légende de Kwe) pour un travail exigé dans son cours de littérature. De la même manière, Alexandra a choisi d’aborder la question des différents problèmes sociaux que vit sa communauté dans une présentation orale en cours d’anglais.

Néanmoins, selon les étudiants autochtones rencontrés, dans l’ensemble, très peu de place (ou souvent aucune) est accordée aux réalités autochtones dans les cours. À de rares occasions, des aspects des cultures autochtones sont abordés en classe, mais ceux-ci sont plutôt réducteurs. En effet, la plupart des étudiants interrogés m’ont raconté un épisode vécu dans leurs cours où les Autochtones (ou des aspects de leurs cultures) avaient été discutés de manière dénigrante, réductrice ou folklorisante.

En sciences nature dans les cours on en entend vraiment pas parler. Mais dans mes cours de philo, dans mes 2 cours on a effleuré la spiritualité autochtone, de manière très basique. Même là dans la classe y a des personnes qui donnaient des commentaires. […] Sur l’alcool genre […] C’est les 2 seules fois que j’ai entendu parler c’est dans mes cours de philo. (Émilie, novembre 2017)

Moi, ç’a été effleuré la culture autochtone. Comme en philo on a parlé de la spiritualité. Pis un moment donné en français on a lu un livre sur les sables bitumineux, pis là dans le livre y avait des témoignages des personnes qui vivaient dans les communautés [autochtones] à proximité. Mais sinon, on n’a pas vraiment parlé de ça. C’était juste un passage dans le livre. Sinon dans mes autres cours y a pas eu de sujets autochtones. Ben dans mon programme on n’en parle pas. (Antony, novembre 2017)

Y’en n’a pas, y’en n’a juste pas! En français une fois, oui, mais c’était comme en bref, les légendes. C’était simple – niaiseux. (Alexandra, novembre 2017)

Ainsi, les étudiants autochtones que j’ai rencontrés durant ma recherche sentaient qu’ils avaient la responsabilité de prendre la parole (en classe ou dans les corridors de l’école) afin de démentir certaines affirmations et préjugés à l’égard des communautés autochtones, quoique la majorité du temps ils restaient silencieux devant ce type de propos. Rappelons que peu d’occasions leur ont permis de parler ouvertement des réalités autochtones. Lors d’une conférence organisée dans le cadre d’un

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cours de sociologie (comportant une centaine d’étudiants) et qui portait sur l’appropriation culturelle, une étudiante autochtone a surmonté sa timidité afin de parler des Powwow de sa communauté et de l’attitude d’ouverture des gens de sa communauté face aux visiteurs non autochtones. On peut interpréter son intervention comme une invitation adressée aux non-Autochtones à partager ce que les Autochtones ont à offrir, l’intention étant de rétablir une certaine forme de réciprocité et d’échange non nécessairement retrouvée dans les milieux postsecondaires où, comme nous l’avons démontré, les Autochtones et leurs réalités sont présentés, plus souvent qu’autrement, en termes de déficit, de manque et d’infériorité.

Les étudiants rencontrés ont aussi majoritairement mentionné ne pas avoir subi de discrimination dirigée envers eux directement. Lefevre-Radelli et Jérôme (2017 : 26) avancent aussi dans leur étude sur les défis des étudiants de l’UQAM que les préjugés de la part des étudiants ou des professeurs ne

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