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Beaucoup, sont les indices qui classent cette aventure dans le récit autobiographique. Déjà au début, l’auteur avec la voix de Gil Blas s’adresse au lecteur avant même le début du l’histoire (Gil Blas au lecteur). A ce propos, Genette affirme que : « ce genre (le roman autobiographique) regroupe à mon avis tous les récits qui programment une double réception, à la fois, fictionnelle et autobiographique, quelle que soit la proportion de l’une ou de l’autre » (1987 : 14). Nous pouvons dire que Lesage ne s’enfonce pas trop dans sa vie personnelle mais il véhicule sa pensée à travers ses personnages, tout en leur donnant une dimension fictive. L’auteur ne présente pas une lecture autobiographique explicite, malgré la présence de quelques indices de l’autobiographie que nous avons déjà décelés. Cela est dû à la présence de la réalité et de la fiction dans la narration.

68 V La structure des Maqâmat d’Al-Harîri :

La Maqâma, comme genre littéraire obéit à une structure générale ; à la fois formelle et thématique qui peut la caractériser. Nous devons à Al-Hamadhanî les premiers linéaments du genre et de ses caractéristiques. Le point que nous traitons à ce stade est plutôt les caractéristiques internes de ce genre pour pouvoir rapprocher ces Maqâmat du roman picaresque français. Mais avant tout, il nous semble nécessaire de faire un recueil de définitions des Maqâmat comme genre littéraire.

Cette question de définition de la séance, comme genre, intervient dans plusieurs écrits et de différentes façons : la Maqâma est- elle un conte ? Une nouvelle? Un discours littéraire simple ? Une pièce théâtrale ? Est- elle un roman ? Ou un genre littéraire indépendant ?les critiques littéraires donnent des définitions à la maqâma qui présentent de nombreux points communs ; pour ainsi la rapprocher à d’autres genres littéraires ayant des caractéristiques universelles. Nous pouvons citer quelques exemples de ces définitions :

*Régis Blachère et Pierre Masnou pensent que le père fondateur des Maqâmat s’est inspiré: « […] d’un conte condensé à l’extrême, d’un contenu fort mince, avec quelques effets de surprise plus que rudimentaires dont l’intérêt se réduit une fois encore à la forme, à l’emploi du style balancé ou sag’ rimé et rythmé, à l’utilisation d’un vocabulaire très rare» (1957 : 19). *Silvestre de Sacy les définit comme: « des nouvelles racontées par un personnage supposé, et entremêlées de prose et de vers : elles ont toujours quelque chose de piquant, soit par les aventures qui en sont le sujet et par l’originalité des personnages, soit par les leçons de morale, de philosophie, de ruse et de souplesse qui y sont mises en action. » (1926 : 03).

*Chawki D’ayf ne les considère pas comme des histoires mais : « un discours littéraire éloquent ». Cette affirmation est basée sur l’élément de la non- fiction dans les belles- lettres du Moyen- âge (un discours littéraire qui relate des évènements arrivés à des personnages historiques) ; et que cette

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littérature non- fictionnelle dans le monde arabe comportait plusieurs formes telles que les compilations :

« La compilation est l’une des formes de la littérature les plus fréquentes durant la période des Abbassides. Il s’agissait de collections de faits, d’idées, de poèmes et d’histoires instructives traitant d’un seul thème à la fois et recouvrant des sujets aussi divers que la maison et le jardin, les femmes, les resquilleurs, les aveugles, la jalousie, les animaux, l’avarice ». (Baba, 2011 : 54-55).

Les biographies, les récits de voyage et même d’autres formes. Il annule, ainsi, la fiction dans les Maqâmat, un élément caractéristique de ce genre selon les propos d’Harîri qui parle de leur création par Al-Hamadhanî dans l’introduction de ses Maqâmat : « .نامزلا عيدب اهعدتبا يتلا تاماقملا

ناذمه ةملاع و

ركذ ». L’utilisation du verbe « créer » montre la présence de la fiction dans ce genre littéraire. Il ajoute un peu loin pour confirmer la présence de cet élément structurel :

و.فرعي لا لوهجم امهلاك و.اهتياور ماشه نب ىسيع ىلإ و.اهتأشن يردنكسلإا حتفلايبأ ىلإ ازعو" لا ةركن "فرعت Il affirme l’impossibilité d’identifier ces personnages dans la réalité, car ils sont fictifs. Ce nouveau genre en prose, et qui fait appel à la poésie, va être une voie intermédiaire entre le discours littéraire non- fictionnel et le discours littéraire fictionnel. La séance est donc mieux définie comme une courte histoire structurée en fonction de la notion du temps, de l’espace, des personnages, de l’action et de la fiction.

Youcef Nour Awad20 évoque les Maqâmat d’Al-Hamadhanî dans son

ouvrage pour dire : ،لطب و وار اهل،لوستم ّدكم يناسنإ جذومن اهلطب ةريصق ةصق اهنإ رهظت هتاماقمل ةعيرس ةرظن نإ"

موقت انول اهلخاد يف لمحت ةكحضم ةرماغم وأ ،ةينيد ةلأسم وأ ،ةيبدأ ةقرافم هازغم فيرط ثدح ىلع

" ةغلابلا و ةيظفللا ةعنصلا نم راطإ يف تعضو ،ةيرخسلا وأ ،ةروثلا وأ دقنلا ناولأ نم

20 Awad Youcef Nour ,1986, “Fannu Al Maqâmat bayna al machriqui wa al maghribi” ( L’art des maqâmât entre l’Orient et l’Occident ) , La Mecque , Maktabatat - T'âlib al- Jâmi‘î ,p12 .

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Cela veut dire que si nous voulons examiner rapidement ses Maqâmat, nous trouverons que se sont de courts récits, avec un narrateur et dont le héros est, à la fois, un mendiant et un excellent orateur.

Sur la base de cette citation, nous pouvons déterminer les éléments structurels de la forme et du fond de la séance.

Quant à Georgie Zaydâne, il pense que se sont de coutres histoires, racontées pas une personne imaginaire. Il ajoute, un peu loin, qu’elles ont un rapprochement avec le théâtre et qu’elles s’appuient sur des éléments structurels comme la présence du dialogue dans l’histoire.

Plusieurs critiques littéraires rejoignent la position de Georgie Zaydâne en ce qui concerne le rapprochement entre les Maqâmat et le théâtre ; comme le fait Charles Pellat qui pense que « la makâma contient un aspect théâtral indéniable » (cité par Pellat et Brockelmann, 1991 : 105) et cela en deux points importants : l’attitude et le comportement du récitant (puisqu’il s’agit réellement de texte oral) et du déguisement du héros (qui prend plusieurs formes et se déguise en plusieurs personnages). Cependant, la présence du dialogue dans un texte ne le transforme pas forcément en pièce théâtrale. Le genre romanesque d’ailleurs se caractérise par sa diversité et la présence du dialogue parfois. Cela exclu ce point de comparaison et il faut mieux dire que la Maqâma est un genre typiquement arabe différent d’autres genres.