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1. Chapitre 1 : Synthèse bibliographique

1.1. Larve : définitions, caractéristiques et développement

1.1.5. Facteurs influençant les performances larvaires

1.1.5.4. Facteurs postérieurs à l’éclosion

1.1.5.4.1. Facteurs abiotiques

1.1.5.4.1.1. La température

Selon Rombough (1996) et Fielder et al. (2005), la température affecte tous les aspects du développement précoce des larves comme les efficiences d’absorption et d’utilisation du vitellus (Hart et Purser, 1995 ; Hardy et Litvak, 2004), le moment de la mise en place de l’alimentation exogène, le taux de rationnement, la croissance (Gracia-López et al., 2004 ; Berlinsky et al., 2004 ; Hart et Purser, 1995), la survie (Gadomski et Cadell, 1991 ; Bidwell et Howell, 2001 ; Berlinsky et al., 2004), le comportement et la vitesse de nage (Johnston et Mathias, 1994).

Par ailleurs, la température agit aussi bien sur la croissance larvaire que sur le taux de cannibalisme et la survie. La croissance est optimale quand la température se situe dans la zone de préférence thermique. Une haute température au sein de cet intervalle améliore la croissance chez plusieurs espèces : Takifugu obscurus (Shi et al., 2010), Mycteroperca rosacea (Gracia-López et al., 2004), R. tapirina (Hart et Purser, 1995) et Centropristis striata (Berlinsky et al., 2004). En dehors de cette zone de préférence thermique, des effets négatifs de la température peuvent apparaître tels que l’augmentation de l’hétérogénéité de croissance induisant des hétérogénéités de taille élevées et l’émergence du cannibalisme comme chez la perche commune (Kestemont et Mélard, 2000), l’augmentation du taux de malformation larvaire comme chez le poisson Saint-Pierre Centropristis striata (Berlinsky et al., 2004) et la réduction de la survie (Johnson et Katavic, 1986).

Kestemont et Mélard (2000) ont aussi observé chez les juvéniles de perche commune qu’une élévation de la température de 17 à 23°C s’accompagne d’une augmentation de l’hétérogénéité de taille et du taux de cannibalisme. Kestemont et al. (2003) montrent qu’à de faibles températures, le métabolisme des larves de perche ralentit, induisant une limitation de leurs besoins nutritionnels. Leurs réserves s’épuiseront donc plus tardivement à faible température qu’à haute température et le comportement cannibale en conséquence sera nettement atténué.

1.1.5.4.1.2. Facteurs d’éclairement

Ces facteurs influencent les performances des larves tant par la durée de la photopériode que par l’intensité lumineuse. Jourdan (1999), Kestemont et al. (2000) et

Kestemont et al. (2003) ont montré chez les larves de perche qu’une longue photopériode augmente significativement le taux de survie larvaire de 17% en passant du traitement L:O (8:16) au traitement (24:0). Cette augmentation du taux de survie, accompagnée par une diminution des taux de cannibalisme (Jourdan, 1999), est expliquée par une augmentation de l’état de satiété et de la probabilité plus élevée de rencontre de proies sous de longues photopériodes.

En appliquant différentes intensités lumineuses, Barahona-Fernandes (1979) et Tamazouzt et al. (2000) ont observé un meilleur taux de croissance chez les larves de perche et de bar élevées sous de fortes illuminations (200 lx). Toutefois, le taux de cannibalisme ne paraît pas être affecté (Kestemont et al. 2000). Selon Jourdan (1999) et Kestemont et al. (2003), la survie des larves de perche augmente de 26% en augmentant l’intensité lumineuse de 30 à 90 lx. Ceci est dû à l’amélioration de l’efficacité de capture des proies par augmentation de la distance de réaction des larves et du contraste entre les particules alimentaires et l’environnement.

1.1.5.4.2. Facteurs nutritionnels

Les facteurs nutritionnels (composition de l’aliment, taux de rationnement, nombre de repas par jour, taille des particules alimentaires, moment du premier repas…) sont principalement responsables de l’établissement de hiérarchies sociales et du cannibalisme dans les populations de jeunes poissons mises en élevage (Hecht et Pienaar, 1993).

Chez le brochet, Engström-Öst et al. (2005) ont obtenu différentes courbes de croissance larvaire en fonction du type d’aliment. Le meilleur taux de croissance a été obtenu pour les larves nourries avec du zooplancton vivant en eau douce. Chez le sandre, Xu et al. (2003) ont obtenu une meilleure croissance avec des larves nourries à l’aide de nauplii d’Artemia enrichis (Vitamine C et acides gras hautement insaturés). Ces larves ne montrent pas de malformations et sont plus résistantes aux stress.

1.1.5.4.3. Densité d’élevage et hétérogénéité de taille

Pendant la phase d’élevage larvaire, la densité est souvent problématique car elle influence directement ou indirectement le cannibalisme, principale cause de mortalité en

aquaculture. Kestemont et al. (2000) ont montré que le cannibalisme chez les larves de perche est inversement proportionnel à la densité et qu’une faible densité favorise l’émergence du cannibalisme. En effet, en passant d’une densité de 100 à 10 larves par litre, le taux de cannibalisme a augmenté et la survie a été réduite. Ce fait a été expliqué par le développement d’une hiérarchie liée à des comportements de dominance et de territorialité sous de faibles densités, favorisés par la disponibilité de l’espace et une plus forte motivation de la larve au maintien d’un territoire (Kestemont et al., 2003). Inversement, chez les larves de brochet élevées dans des cages illuminées, les comportements agressifs sont d’autant plus intenses que la densité d’élevage est élevée (Ziliukiene et Ziliukas, 2005).

Slembrouck et al. (2009) ont montré que l’augmentation de la densité de stockage ne compromet pas la croissance. Une forte densité diminue l’impact du cannibalisme via des mécanismes complémentaires notamment le retardement de l’émergence du cannibalisme, la diminution de la proportion de cannibales dans la population et probablement la diminution du taux de cannibalisme par tête étant donné que la prédation devient compliquée et moins dirigée à haute densité.

L’hétérogénéité de taille joue aussi un rôle déterminant dans l’expression du cannibalisme en larviculture puisque le moment d’apparition de ce phénomène et l’intensité de son impact dépendent fortement du rapport entre la taille du prédateur et celle de la proie

(Baras et Jobling 2002). Kestemont et al. (2003) considèrent que l’hétérogénéité initiale de

taille est une cause et une conséquence du cannibalisme. En effet, grâce à l’avantage de taille, les grandes larves mangent plus facilement que les plus petites. Ceci est particulièrement vrai pendant de la période de transition de l’endotrophie à l’exotrophie (Jourdan, 1999).