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Bien que les facteurs prédisposants et précipitants nous permettent de comprendre l’apparition et le développement des symptômes médicalement inexpliqués, ce sont les facteurs de maintien qui permettent de nous renseigner sur ce qui perpétue les symptômes dans le temps et la raison pour laquelle ils se chronicisent.

90 1. Sensibilisation

La sensibilisation se traduit par une tendance à réagir de façon accrue à une sensation, après avoir déjà fait l’expérience de celle-ci. Elle aurait un rôle à jouer dans le maintien des symptômes médicalement inexpliqués. Dans un contexte de douleur, à la suite d’une expérience douloureuse, on observe une diminution du seuil de stimulation nécessaire pour produire une réponse douloureuse, ce qui a pour effet de permettre à une sensation normalement inoffensif de produire une réponse douloureuse.

En résumé, c’est comme si chaque individu avait un «filtre perceptuel». Plus ce filtre est fin, moins les sensations peuvent déclencher un signal de douleur. Le processus de sensibilisation a pour effet de rendre les trous du filtre plus larges et ainsi de laisser davantage de sensations produire une réponse douloureuse. La perception de sensations de plus en plus bénignes amène ensuite les patients à être attentifs à davantage de sensations, ce qui met de l’avant le rôle des processus attentionnels dans le maintien des symptômes médicalement inexpliqués.

2. Processus attentionnels

L’augmentation de ces expériences douloureuses entraîne les individus à être plus vigilants à leurs DTNC. On parle alors d’hypervigilance, c’est-à-dire que l’attention est

inconsciemment orientée, et ce, de façon exagérée, sur les sensations ou symptômes physiques comme les DTNC. Cette hypervigilance amènera l’individu à être conscient de changements physiologiques et corporels bénins, ce qui contribuera par le fait même à amplifier la perception et l’intensité des symptômes, comme dans le cas des DTNC. L’hypervigilance influencerait donc la persistance des DTNC dans le temps via le phénomène de sensibilisation.

L’attention serait également reliée aux croyances face à la maladie. En ce sens, lorsqu’un individu attribue ses symptômes à un problème de santé grave, il aurait tendance à y être plus attentif. La nature des attributions faites par les individus jouerait un rôle important. En effet, les individus ayant tendance à attribuer leurs symptômes à des causes organiques (p.ex., DTNC = crise cardiaque) verraient leurs symptômes physiques augmenter et utiliseraient davantage les services de santé, comparativement à des individus attribuant leurs symptômes à des causes de nature psychologique.

91 3. Anxiété cardiaque

On remarque souvent la présence d’une forme d’anxiété qu’on appelle l’anxiété cardiaque chez plusieurs patients qui ont des DTNC. Elle se définit par la peur de sensations physiques liées au cœur et de leurs conséquences négatives potentielles. Les gens associent souvent les douleurs thoraciques à un infarctus. Lors d’un infarctus, le cœur manque d’oxygène et le principal symptôme consiste en une douleur intense et continue au centre de la poitrine. Ainsi, la présence de DTNC, malgré leur origine bénigne, peut générer de l’anxiété et faire craindre le pire aux patients qui en souffrent. Cette anxiété peut à son tour accentuer les symptômes en activant le système nerveux sympathique (SNS). Ce système est celui qui sert à mettre en alerte l’organisme et à le préparer à faire face à un danger, ou à faire de l’activité physique. Lorsqu’il est activé, il entraîne plusieurs changements dans l’organisme qui provoquent des symptômes (palpitations cardiaques, souffle court, transpiration, douleur thoracique) pouvant également être perçus comme menaçants ou dangereux. L’attention et l’interprétation des symptômes par l’individu jouent donc un rôle important dans la persistance des DTNC dans le temps.

Outre l’interprétation des symptômes, certaines croyances en lien avec la santé

contribueraient au maintien des symptômes. Par exemple, la croyance que la santé est synonyme d’absence de symptômes peut entraîner l’individu à être hypervigilant et à interpréter de manière catastrophique des sensations corporelles normales. La croyance selon laquelle l’activité physique est dangereuse pour les individus présentant des DTNC peut les amener à éviter les efforts physiques au quotidien, ce qui représente un autre facteur de maintien.

4. Évitement et changement dans les habitudes de vie

La façon de réagir à une maladie tout comme la maladie elle-même serait déterminante dans le maintien des symptômes. Ainsi, une partie de la douleur et des limitations fonctionnelles qui y sont associées seraient dues à des apprentissages inadéquats. En ressentant à répétition de la douleur lors de certaines tâches ménagère ou au cours de la pratique d’un sport, une

association se crée entre ces activités et la douleur, ce qui mène les patients à éviter de plus en plus ces activités. L’inactivité qui s’installe ainsi entraîne des conséquences négatives sur la

condition physique des patients et les mène à ressentir plus facilement des symptômes physiques, tels que les douleurs thoraciques, lorsqu’ils sont actifs. Afin de contrer ce conditionnement à l’inactivité, il est recommandé de modifier la façon de se comporter en recommençant à être actif.

92 5. Incertitude

L’absence d’explication ou de diagnostic pour les douleurs thoraciques peut augmenter les inquiétudes face à celles-ci. Il peut alors être difficile de développer un certain sentiment de contrôle et de confiance par rapport aux DTNC. L’absence d’explication peut entretenir des attitudes et des croyances qui favorisent l’évitement et l’hypervigilance.