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Facteurs facilitants liés aux normes et valeurs sociales de la parentalité

CHAPITRE 4. PRÉSENTATION ET ANALYSE DES RÉSULTATS

4.2 NORMES ET VALEURS SOCIALES DE LA PARENTALITÉ

4.2.2 Facteurs facilitants liés aux normes et valeurs sociales de la parentalité

Dans un deuxième temps, l'analyse du discours des mères participantes aura également permis de dégager plusieurs facteurs facilitants durant la période où les femmes se questionnent sur leur désir

Normes et valeurs sociales de la parentalité Ça ne fera pas des enfants fort

Ça prend un père dans une famille, ça n'a pas d'allure Je n'avais aucun

modèle homosexuel C'est un coming-out

perpétuel

Si ce n'est pas toi qui les portes, je ne vais pas les considérer comme mes

petits-enfants Je me suis déjà fais dire... FS FS FS FS FS FS Légende: FS = Facteur de stress

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de fonder une famille lesboparentale par l'entremise d'un donneur connu. La section qui suit présentera ainsi les éléments facilitants en lien avec les normes et les valeurs sociales de la parentalité.

Mes parents étaient contents

Les réactions de l'entourage à la suite de l'annonce du projet parental des participantes, sont variées. Bien que certaines d'entre elles ont eu droit à des réponses plutôt négatives de la part de leurs proches, d'autres ont reçu un appui immédiat et positif de leurs parents. C'est le cas d’Annie et de Cathy qui soulignent prendre conscience de la chance qu'elles ont eue d'avoir grandi au sein d'une famille ouverte à la diversité sexuelle.

Avec ma famille ça a toujours été clair que si jamais on avait une identité sexuelle différente il n'y avait aucun problème. Ma mère avait des amis gais qu'on connaissait, alors ce n'était pas du tout quelque chose d'étranger. Alors, lorsque j'ai fait mon

coming-out ce n'était vraiment rien et ensuite par rapport au bébé ils étaient juste

contents. (Annie)

De mon côté ce n'était pas moi qui disais qu'on allait avoir des enfants, c'était plutôt eux qui disaient: « c'est quand vous allez avoir des enfants (rires) ». (Cathy)

Par ailleurs, Ève et Maude se remémorent une situation plus difficile où la grand-mère de cette dernière avait mentionné qu'un père était indispensable à toute famille (voir facteur de stress). Toutefois, les deux extraits qui suivent démontrent qu'avoir le support de son entourage envers son projet parental facilite tout le processus en plus d'augmenter sa propre confiance parentale.

Je me rappellerai toujours ce que ma mère a répondu à sa propre mère : « maman, est- ce que c'est mieux avoir deux femmes qui veulent avoir un enfant ou avoir un père qui les bat et qui n'est jamais là »? Ma grand-mère n'a rien rajouté. Je me suis dit que c'était la meilleure réponse au monde. (Maude).

Oui et outre ça, nous avons quand même des familles très, très, très ouvertes et aidantes. On est très chanceuses. (Ève)

Aujourd'hui, c'est beaucoup plus facile

Pour les femmes rencontrées, le facteur de l'époque (2019 au moment des entrevues) est perçu comme un facilitateur à la parentalité pour les couples de femmes. À ce sujet, Sophie et Amélie,

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qui ont des enfants de huit et dix ans, racontent que le processus d'accès à la parentalité lesbienne était tout autre, il y a dix ou encore vingt ans.

Je me souviens en 2009 c'était constant, le monde venait nous voir comme ça et nous posaient des questions tandis qu'aujourd'hui ça n'arrive presque plus. Maintenant, monsieur et madame tout le monde connaissent au moins un gai ou une lesbienne dans leur entourage ou à travers la télévision et les émissions. (Sophie)

Quant à Claudia, qui a un jeune enfant d'un an, elle affirme que son orientation sexuelle n'a jamais été un frein à son désir d'avoir un enfant. Elle suggère également l'époque actuelle comme facteur facilitant à la parentalité pour un couple de femmes.

Ça ne m'a jamais arrêté non. Jamais je n'ai pensé que ça pouvait devenir un frein à avoir des enfants parce que j'étais aux femmes. Peut-être parce qu'on est en 2019? (Claudia)

Avoir un réseau LGBTQ+

À partir de ses propres observations, Stéphanie ajoute un autre facteur facilitant en termes de parentalité lesbienne en lien avec les normes et valeurs sociales majoritairement hétéronormatives, soit celui du réseau LGBTQ+.

Nous sommes vraiment entourées de familles homoparentales. J'ai beaucoup d'amies qui sont plus vieilles que moi et qui ont des enfants. Je dirais qu'elles sont pas mal toutes passées par là. (Stéphanie)

D'une part, l'accessibilité à un réseau social et/ou familial composé de personnes LGBTQ+ durant le processus d'accès à la parentalité a été rapportée comme un facteur facilitant pour les participantes. En effet, le réseau d'amies de Stéphanie lui permet d'avoir accès à beaucoup d'informations au sujet, par exemple, de la technicité des inséminations artisanales ou encore par rapport à la construction de son identité de femme lesbienne. D'autre part, l'accessibilité à un réseau LGBTQ+ depuis l'enfance a également été rapportée comme étant positif sur le cheminement des participantes. Tel que la mentionné précédemment par Véronique, le manque de modèles LGBTQ+ durant sa jeunesse a eu pour conséquence de restreindre ses désirs d'avoir des enfants considérant que, pour elle, il s'agissait d'un rêve hétérosexuel. En ce sens, le fait d'avoir été en contact avec des personnes de la communauté LGBTQ+ est vécu comme un facteur facilitant important, car il permet d'ouvrir les possibilités.

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Mes parents avaient des amis gais qu'on connaissait, alors ce n'était pas du tout quelque chose d'étranger. (Annie)

Ma mère avait des amies qui étaient lesbiennes, alors ça presque toujours fait partie de mon environnement. (Sophie)

Je sais que mes enfants sont heureux

Outre les facteurs de stress précédemment mentionnés, les mères rencontrées ont rapporté être confiantes en ce qui a trait à leurs capacités parentales et plus spécifiquement au bonheur de leurs enfants. Or, la confiance en soi et en ses capacités parentales peut être influencée par plusieurs autres facteurs. Cet élément est ressorti à quelques reprises comme un vecteur important pour la construction de l'identité de mère lesbienne.

Je ne me sens pas mal à l'aise avec notre situation, mais pas du tout parce que je sais que mon enfant est bien dans notre famille. (Nathalie)

Je pense qu'au début lorsque de nos enfants étaient très jeunes, j'étais beaucoup plus sur mes gardes, j'essayais de trouver des réponses à tout, mais aujourd'hui je le sais qu'on est là pour nos deux enfants. (Amélie)

Personnellement, je ne me sens pas atteint par les commentaires [intrusifs]. Je sais comment ma famille fonctionne, que mes enfants sont heureux, qu'ils sont très bien et c'est ça l'important. En plus, nos familles sont juste en amour avec nos enfants, alors on est choyées. (Maude)

Somme toute, les entrevues réalisées ont permis de mettre de l'avant les éléments qui facilitent les processus d'accès à la parentalité pour un couple de femmes. Alors que certaines ont immédiatement reçu l'appui de leurs familles en ce qui a trait à leurs projets parents, d'autres ont trouvé du support à travers leurs amies. Qui plus est, il va sans dire que les mécanismes d'accès à la bimaternité sont plus simples en 2019 qu'au début des années 2000. Le tableau qui suit présente ces différents facteurs facilitants en lien avec les normes et valeurs sociales de la parentalité.

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Figure 2. Carte heuristique incluant les facteurs facilitants liés aux normes et valeurs sociales de la parentalité