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extrait n° 1 mtyangala partition en ton de Do

I / Analyses acoustiques et musicales des arcs à résonateur buccal

Transcription 1 extrait n° 1 mtyangala partition en ton de Do

159 Analyse commentée de la transcription

Lecture horizontale

Au vu de la transcription musicale que j’ai faite de cet extrait dans le ton de Do, par une lecture horizontale de celle-ci, je remarque dans la bande A, la présence de deux fondamentales : f1 qui est la note SOL 2 devenu Do 2 et annoté I, puis f2 qui est LA 2 annoté II et devenu Ré 2. La bande A comprend des notes conjointes DO 2 et RE 2. Elle repose sur le jeu d’intervalle de 2de Majeur conjoints ascendants et descendants.

La bande B comprend également des intervalles conjoints. Toutefois, elle laisse apparaitre parfois quelques intervalles de tierce (3ce) et de quarte (4te) dans quelques mesures telles que la 3ème, 4ème et 5ème mesures. Etant donné que cet extrait comporte quatre motifs, ces intervalles sont présents dans les motifs 2, 3 et 4.

Enfin la bande C, comporte également des intervalles de seconde Majeur (2de) ascendants comme descendants. Mais dans le passage du motif 3 à 4, apparait une quarte (4te)

160 descendante RE-LA. Les motifs 1, 2, 3, et 4, mis bout à bout, forment une phrase musicale qui ici a, de par ce fait, le sens d’une période. Celle-ci revient cinq fois de suite. Nous avons donc cinq périodes dans cet extrait. Les motifs 1, 2, 3 et 4 se distinguent les uns des autres, par des formules mélodico-rythmiques propres à chaque cellule.

Lecture verticale

Musique mesurée ou libre ?

Le rythme est précis et la musique est métrique. La bande des fondamentales renferme un ostinato mélodico-rythmique, qui revient en boucle. Cet extrait s’inscrit dans une mesure à quatre temps. Les motifs sont organisés de la façon suivante :

M1 M2 M3 M4

4 pulsations 8 pulsations 4 pulsations 8 pulsations

Au vu de ce tableau on est en droit de se demander, ce qui détermine un motif à quatre ou huit pulsations. Pour le faire, je me suis appuyé sur ma sensibilité musicale, c’est-à-dire écouter et selon ma sensibilité, déterminer que le motif 1 et 4 commence par exemple sur la tonique et se termine sur la tonique. Quant aux motifs 2 et 3, il commence sur la première fondamentale et se termine sur la deuxième, c'est-à-dire sur le sus-tonique.

Autrement dit, ce qui détermine qu’un motif a quatre ou huit pulsations est la façon systématique sur laquelle il se termine. Les motifs un et quatre se terminent sur un la première fondamentale et les motifs trois et deux sur la deuxième fondamentale soit un accord suspendu à l’oreille.

Quand au nombre de pulsations que renferme chaque motif, j’ai pu les déterminer en battant des mains.

Le musicien s’impose une construction binaire à l’intérieur de laquelle, il effectue un changement de rythme en passant de 4 pulsations à 8 pulsations puis à nouveau 4 et enfin 8. Cette construction métrique fait apparaitre un jeu de correspondance 4 / 4 et 8 / 8 : les motifs impairs (m1 et m3) reposant sur 4 pulsations, pendant que les motifs pairs (m2 et m4) reposent sur 8 pulsations.

Ensuite au niveau mélodico-rythmique, les motifs 2 et 3 reposent sur une vraie polyphonie alors que les cellules 1 et 4 évoluent dans une polyphonie parallèle reposant sur la superposition des mêmes notes à l’8ve supérieure (si on considère la bande B, comme bande de la mélodie comme principale) dans la bande C, puis à l’8ve inférieure dans la bande A.

Etant donné que cet extrait est une complainte exprimée par un homme, à travers le jeu rythmique et mélodique qui lui est propre, ce jeu symétrique que je décris a probablement une signification. Mais aucune information sur le sens de cette musique n’est fournie dans la notice qui accompagne ce CD. Sinon, je me serais fait un plaisir de faire une analyse du texte chanté et de sa construction mélodico-rythmique.

Homorythmique ou non ?

Dans cet extrait, la formule rythmique consacrée est le triolet de croches. Dans une lecture verticale de cet extrait, on note qu’il est utilisé dans tous les motifs que renferme cette pièce. On peut donc affirmer que cet extrait repose sur l’homorythmie.

161 Polyphonique ou non ?

Cette homorythmie est agrémentée par la superposition de plusieurs notes les unes au- dessus des autres. Dans le motif 1, la bande B reproduit la bande A mais à l’8ve supérieure. Au-dessus de la bande B, la C reproduit la B à 8ve supérieure. Dans le motif 2, on assiste à l’introduction d’une polyphonie dans le dernier temps de la mesure 2, puis dans les deux derniers temps de la mesure 3. Il s’agit des notes RE 4 dans la bande B, au-dessus desquelles se superposent des DO 5 dans la bande C. Toujours dans le motif 2, les notes DO 4 et LA 3, sont soutenues à la basse par des RE 2, puis chapotées dans la bande C par des DO 5 et des RE 5. Dans le premier temps du motif 3 puis dans le dernier, se continue la polyphonie. Enfin, dans le motif 4, on revient à une polyphonie à l’8ve supérieure entre les bandes A, B et C.

Identification des procédés utilisés par le musicien dans l’extrait musical A travers le jeu mélodico-rythmique qui se dévoile de la musicalité de cet extrait, transparait un procédé musical qualifié de jeu répétitif selon Claude Abromont dans son ouvrage « Guide de la théorie de la musicale », en raison du jeu en boucle qu’on peut aisément constater dans cet extrait d’arc mtyangala.

Les harmoniques sélectionnées dans l’extrait

Enfin, lorsque je transcris et analyse la musique de l’arc mtyangala en vu d’identifier de façon précise les harmoniques sélectionnées par le musicien, j’obtiens les résultats suivants :

162 Dans la bande des fondamentales

Dans la bande A qui correspond à celle des fondamentales, nous n’avons que les fondamentales f1 = Do 2 et f2 = Ré 2.

Dans celle où se passe la musique

Dans la bande où se passe la musique, les harmoniques sélectionnées qui forment la musique sont les 3ème et 4ème harmoniques de DO 2 et RE 2 : soit les notes LA 3 (3ème harmonique de RE 2 dans l’ordre de la série des harmoniques), DO 4 (4ème harmonique de DO 2) puis RE 4 (4ème harmonique de RE 2). Ces notes relativement aiguës sont agréables à entendre à l’audition surtout colorées de leur timbre clair.

Dans celle qui semble définir la personnalité spectrale de chaque extrait Les harmoniques qui semblent définir la personnalité spectrale de cet extrait, se laissent entendre dans la bande C. Dans cette zone d’énergie, seules les 6ème, 7ème, 8ème voir 9ème harmoniques sont sélectionnées, soit en respectant l’ordre ci-dessus cité : les notes LA 4 pour la fondamentale RE 2, RE 4 pour la fondamentale RE 2, puis DO 4 pour la fondamentale DO 2 et enfin, RE 4 pour la fondamentale DO 2.

Identification de l’échelle de l’extrait

A partir de la transcription que j’ai faite, il ressort que cet extrait renferme DO 2, RE 2 et LA 3. Les notes que je n’ai pas transcrites et dont l’existence est signalée par l’analyse spectrale de chaque fondamentale dans le paragraphe « détermination des fondamentales », ne seront donc pas prises en compte pour identifier l’échelle musicale dans laquelle s’inscrit cet arc. Ces notes jouées sont : LA DO RE ; soit un système scalaire de 1 + ½ ton et 1 ton.

Dans la mesure où nous avons ce système scalaire, je dirais que cet arc s’inscrit dans une échelle de quatre notes soit LA DO RE ou LA (SI) DO RE.

Détermination de la structure musicale de l’extrait Segmentation de l’extrait par Audacity

163

Figure 11 : segmentation du signal sonore du mtyangala pour dégager la forme, la structure musicale de cet extrait qui comporte 4 motifs qui mis ensemble donnent un thème identique à lui-même et répété en boucle.

En interprétant la transcription de la pièce, puis la segmentation ci-dessus, du signal sonore par Audacity, on peut dire que pour cet extrait nous avons des périodes structurées comme suit :

m1, m2, m3, m4 repris en boucle dans le même ordre ; soit une forme a, b, c, d… a, b, c, d… a, b, c, d… P1 P2 P3… m1, m2, m3, m4 a b c d m1, m2, m3, m4 a b c d m1, m2, m3, m4 a b c d A A A

Par conséquent, cette pièce a une structure simple qui renferme un thème musical composé de plusieurs motifs différents les uns des autres et mis bout à bout pour constituer le thème musical. Autrement dit, cet extrait a une structure simple qui repose sur le jeu en boucle d’un thème musical élaboré parce que renfermant divers motifs mélodico-rythmiques. A l’audition, chaque motif se termine de façon suspendue. Les motifs 1, 2, 3, annoncent une suite qui semble trouver sa résolution dans le motif 4, ou motif terminal.

Signalons toutefois que pendant son jeu, l’arquiste introduit parfois de légères variations improvisées d’un point de vue mélodique. Cela se constate aisément entre 16’’30 et 17’’90 seconde dans l’évolution de l’extrait lorsqu’il sélectionne dans le motif 3 de la période 2, les harmoniques LA 3 et RE 3 dans la bande B sur la fondamentale RE 2. Ce qui revient à sélectionner avec la cavité buccale les harmoniques 3 et 4 de façon simultanée. Dans la période 3, entre 26’’40 et 28’’20 seconde, le même procédé se répète dans le motif 3. Ces improvisations mélodiques dynamisent le jeu de cet arc et donnent plus d’entrain, de chaleur et de couleur à la courbe mélodique de cet extrait.

164 A l’issue de la définition de la structure qui se dégage de cet extrait, je peux dire que cette musique a une forme simple, reposant sur un jeu en boucle, un jeu répétitif car la même période est reprise plusieurs fois identique à elle-même : A, A, A…