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3. Les visuels dans la communication technique

3.3. Rôle des visuels dans le texte

3.3.4. Expliquer un processus

processus sont souvent plus faciles à assimiler et à retenir lorsqu’ils sont présentés sous forme de schéma.

3.3.5. Faciliter le repérage et l’utilisation d’informations spécifiques

Les tableaux, par exemple, aident les utilisateurs à repérer rapidement les informations qui les intéressent. Certains éléments du tableau peuvent en outre être mis en évidence (en gras, en souligné, etc.)

Cycle de valorisation du bois et des palettes. © Servipac Salazie Source : https://www.servipac-salazie.com/recyclage-dechets/bois-et-palettes

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Evolution des importations d’amiante et prévision du nombre de cas de mésothéliome. © Suva Source : https://www.suva.ch/fr-ch/prevention/themes-specialises/amiante#uxlibrary-lwrslider=1

3.3.6. Montrer des tendances et des relations entre des variables

Les diagrammes sont très efficaces pour présenter des tendances ou des relations entre des variables. Lorsqu’un diagramme présente plusieurs catégories de données, deux méthodes sont principalement utilisées : attribution d’une couleur et d’une légende à chaque catégorie à l’intérieur du graphique, ou attribution d’une couleur à chaque catégorie et explication du code couleur dans une légende hors du graphique (voir l’exemple ci-dessous).

3.3.7. Taxonomie de Marsh & White

Pour approfondir la question de la relation entre texte et image, nous avons choisi – en raison de son caractère exhaustif et universel – de présenter ci-après la taxonomie élaborée par d’Emily Marsh et Marilyn White (2003) et conçue pour pouvoir être appliquée à tous les domaines et à tous les types de documents80.

80 MARSH, EMILY et WHITE, MARILYN (2003). A taxonomy of relationships

between images and text. In : Journal of Documentation, n° 6, volume 59. Bingley : Emerald Group Publishing, p. 647.

38 Cette taxonomie répertorie toutes les fonctions qu’une image peut remplir par rapport au texte qu’elle illustre. Ces fonctions sont classées en trois grandes catégories : les fonctions qui n’ont qu’un rapport limité avec le texte (functions expressing little relation to the text), les fonctions en rapport étroit avec le texte (functions expressing close relation to the text) et les fonctions qui vont au-delà du texte (functions that go beyond the text).

Tableau tiré de « A taxonomy of relationships between images and text », p. 653. © Marsh & White, 2003

39 A l’intérieur de ces trois catégories, Marsh and White identifient 11 fonctions types pour les visuels81 :

- décorer

- susciter une émotion Première catégorie

- provoquer une réaction

- répéter des informations - organiser des informations

- mettre en relief Deuxième catégorie

- condenser des informations - expliquer

- interpréter des informations

- détailler des informations Troisième catégorie - apporter de nouvelles informations

Chacune de ces fonctions types est subdivisée en fonctions plus spécifiques. Au total, 49 fonctions sont répertoriées dans cette taxonomie. Comme le précisent Marsh and White, elles peuvent se cumuler, un visuel pouvant remplir plusieurs fonctions par rapport au texte.

Nous souhaitons toutefois souligner que ce modèle de taxonomie est fondé sur des relations texte-image où le texte a un rôle prédominant. La recherche menée par Marsh and White ne traite pas du rapport du texte à l’image et n’inclut pas les cas où le texte et les visuels ont la même importance communicative dans un document, ni les cas où le texte est subordonné aux visuels (c’est-à-dire qu’il remplit une fonction secondaire dans la transmission d’informations, la fonction principale étant assurée par les visuels).

81 Traduction libre fondée sur la publication originale de Marsh & White et l’article suivant : KORNALIJNSLIJPER , DAVID (2007). A study of three models for image-text relations.

URL : https://pdfs.semanticscholar.org/fba4/243011cf80cffe36d333368bffd653e9ca9b.pdf. Consulté le 28.06.2019.

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3.4. Documentation technique non-textuelle

Une catégorie de documents techniques se prête relativement bien au format image only : les documents procéduraux (voir chapitre 2.3. « Types de documents techniques »). On trouve dans cette catégorie les célèbres notices de montage des meubles Ikea, les instructions fournies avec les jouets de construction Lego ou les instructions de sécurité dans les avions. Il convient de préciser cependant que ces documents ne sont généralement pas strictement dépourvus de texte : outre le titre et le nom de la société, ils contiennent parfois quelques indications textuelles pour lever une ambiguïté ou introduire une précision.

Si la recherche s’accorde à dire que les utilisateurs préfèrent les documents techniques alliant texte et visuels aux documents uniquement textuels (Ganier, Schriver, Fukuoka), aucune enquête n’a été menée à notre connaissance sur les préférences des utilisateurs entre les documents procéduraux alliant texte et visuels, et ceux composés uniquement de visuels.

Il est certain en revanche que ce type de document suscite un vif intérêt chez les entreprises, pour plusieurs raisons82. Premièrement, il s’agit d’un format qui permet de se passer de la traduction, ou du moins de réduire fortement les volumes de texte à traduire, et qui permet donc des économies considérables, en particulier pour les entreprises qui vendent leurs produits dans un grand nombre de pays – à l’exemple d’Ikea.

Il permet aussi de réaliser des économies à l’impression, puisque ces documents sont moins volumineux que les manuels conçus et imprimés en plusieurs langues.

Par ailleurs, bien que le processus de traduction permette parfois de relever des inexactitudes ou des erreurs dans le texte source et que certaines traductions soient de meilleure qualité que le texte original (voir les chapitres 4.2.3. « Marge de manœuvre par rapport au texte source » et 4.2.4. « Traduction et utilisabilité »), il arrive aussi régulièrement que les textes cibles contiennent des glissements de sens, des omissions et des ajouts. Les instructions en images garantissent à l’entreprise que sa documentation soit exempte de ce type d’erreurs.

82 HOFMANN, PATRICK (1998). Away With Words! How to Create Wordless Documentation. In : 1998 IEEE International Professional Communication Conference, volume 2. New Jersey : Institute of Electrical and Electronics Engineers, p. 437.

41 De même que les pictogrammes de la signalisation routière, les instructions en images sont particulièrement utiles lorsqu’il s’agit de donner des instructions et des explications rapides à un public cible multilingue dans des situations d’urgence potentielle. C’est la raison pour laquelle on les trouve notamment dans les cabines des avions de ligne, à l’attention des passagers et en complément des explications mimées avant le décollage.

Ce type de communication technique attire également l’attention des organisations humanitaires, car il permet de toucher un public large et de s’adresser aussi aux populations illettrées, notamment dans les zones rurales des pays en développement83. Il permet de faciliter la mise en place et la diffusion de projets d’auto-construction, comme les fours solaires ou les systèmes de récupération de l’eau de pluie, par exemple.

C’est un format qui comporte aussi des avantages pratiques pour les utilisateurs, pour autant que les visuels soient élaborés dans les règles de la communication technique et en respectant les critères d’utilisabilité (voir ci-après), car il prend moins de place et ne nécessite pas de feuilleter les instructions jusqu’à trouver la langue souhaitée.

Toutefois, et bien qu’il présente certains avantages non négligeables, le format tout-en-images reste limité aux documents qui décrivent des tâches concrètes et d’une complexité raisonnable. Son application pour d’autres types de documents techniques, comme les rapports d’experts ou les études de faisabilité, reste une chimère.

3.5. Utilisabilité des visuels

Dans le chapitre précédent, nous avons introduit la notion d’utilisabilité (voir section 2.2.3., « Aspects stylistiques »). Dans le cadre de la documentation technique, l’utilisabilité se réfère au degré d’efficacité avec laquelle un lecteur va effectuer la tâche décrite ou mémoriser les informations présentées, ainsi que d’autres facteurs tels que le niveau de satisfaction ou de stress qu’il ressent au cours du processus.

83 PACO CADMAN, KATHLEEN et FENG, DU (2018). Development and Testing of Pictorial Action

Instructions for a Basic Humanitarian Engineering Project : A Feasibility Study, p. 1. In : The International Journal for Service Learning in Engineering, Humanitarian Engineering and Social Entrepreneurship, n° 2, volume 13.

URL : https://ojs.library.queensu.ca/index.php/ijsle/article/view/11594. Consulté le 30.06.2019.

42 Ce critère s’applique aussi aux visuels qui accompagnent un texte technique. Bien conçus, ceux-ci présentent les nombreux avantages que nous avons détaillés dans la première partie de ce chapitre. Mal conçus, ils sont – dans le meilleur des cas – inutiles, mais ils peuvent aussi induire le lecteur en erreur. Précisons tout de même qu’il y a malheureusement des cas où les visuels sont volontairement biaisés : on cherchera ainsi à donner l’impression qu’un produit est plus grand en photographie que ce qu’il n’est en réalité, ou à concevoir les graphiques de façon à exagérer visuellement certaines différences statistiques.

Pour réaliser de bons visuels, le concepteur graphique doit employer des stratégies de conception centrées sur les lecteurs, comme pour la rédaction technique84. Dans l’idéal, les visuels doivent ensuite être validés par des contrôles qualité vérifiant entre autres l’utilisabilité (en particulier pour les documents procéduraux comme les modes d’emploi).

Voici quelques-uns des aspects qui influencent l’utilisabilité des visuels dans la documentation technique85 :

- La pertinence du type de visuel utilisé : tous les visuels ne se valent pas quand il s’agit de transmettre telles informations ou de faire passer tels messages, certains seront plus efficaces et plus clairs que d’autres (cf. 3.2. Types de visuels).

- Le choix des informations, concepts, ou étapes à illustrer : une sélection pertinente des informations, concepts ou étapes à représenter visuellement fait toute la différence. Par ailleurs, mieux vaut éviter d’ajouter des visuels qui ne remplissent aucune fonction spécifique, car ils pourraient être source de confusion chez le lecteur.

84 ANDERSON, PAUL V. (2010). Technical Communication : A Reader-Centered Approach. Boston : Wadsworth Cengage Learning, p. 355.

85 Ibid., pp. 329-377 et BYRNE, JODY (2006). Technical Translation : Usability Strategies for Translating Technical Documentation. Dordrecht : Springer, p. 76.

43 - L’emplacement du visuel dans le document et sa place par rapport au texte : un visuel devrait toujours être sur la même page que la portion de texte qu’il illustre, ou sur la même double page s’il s’agit d’une brochure imprimée, et pas en fin de chapitre, par exemple. Mieux vaut éviter que le lecteur doive constamment passer d’une page à l’autre pour pouvoir comparer les informations textuelles et leur illustration. De même, il est préférable d’éviter de placer un visuel avant sa première référence dans le texte.

- L’ordre de présentation d’une séquence de visuels : il est préférable que les visuels d’une même séquence soient présentés de haut en bas et de gauche à droite – du moins pour les publics cibles occidentaux.

- La complexité du visuel : un visuel facile à interpréter permet une meilleure utilisabilité.

- Le nombre d’éléments figurant sur l’image : les informations visuelles figurant sur une photographie doivent être sélectionnées, car une profusion de détails inutiles peut semer la confusion dans l’esprit du lecteur, ou le distraire. Les éléments importants doivent être au centre de l’attention.

- La quantité d’informations dans le visuel : un visuel qui présente trop de choses différentes perd en clarté. Mieux vaut ne pas condenser trop d’informations à la fois, quitte à devoir créer deux visuels différents.

- L’angle de vue du visuel : pour les documents procéduraux en particulier, il est essentiel que les éléments soient représentés en partant du même angle de vue que celui de l’utilisateur au moment où il effectue les actions décrites. De plus, cet angle de vue doit rester le même tout au long de l’illustration de la procédure.

44 - L’emplacement des légendes : placées de manière adéquate (c’est-à-dire sans couvrir une partie importante du visuel), les légendes aident le lecteur à localiser un élément ou à l’identifier. Du point de vue de l’utilisabilité, il est préférable qu’une légende soit placée directement dans l’image, à côté de l’élément qu’elle désigne, et non dans une liste explicative en annexe86.

De manière générale, des visuels bien conçus et de bonne qualité rendent la communication technique plus attrayante, ils renforcent le texte, améliorent la compréhension des lecteurs et tendent à augmenter leur confiance dans le produit87.

86 ANDERSON, PAUL V. (2010). Technical Communication : A Reader-Centered Approach. Boston :

Wadsworth Cengage Learning, p. 343.

87 Ibid., p. 355.

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4. La traduction technique 4.1. Introduction

Dans le deuxième chapitre, consacré au texte technique, nous mentionnions le fait que les textes scientifiques et techniques sont parfois considérés comme appartenant à un même ensemble et partageant de nombreuses caractéristiques communes. Il en va de même, et de façon plus accentuée, pour la traduction scientifique et technique, qui sont généralement regroupées dans un seul et même sous-ensemble de la traduction. On peut le constater notamment dans les formations destinées aux traducteurs (même cours), dans la classification de la documentation sur le sujet (même rayon de la bibliothèque) ou dans les ouvrages (même chapitre). Parfois, les termes « traduction technique » et

« traduction scientifique » sont même utilisés de façon interchangeable.88

Relevons également que le terme « traduction technique » est parfois employé pour se référer à tout texte relevant de la langue de spécialité, c’est-à-dire la langue utilisée pour transmettre toute information relevant d’un domaine spécialisé. On le voit dans la définition suivante, extraite de l’ouvrage Scientific and Technical Translation de Sue Ellen Wright et Leland D. Wright89 :

Technical translation, as defined for the purpose of this volume, encompasses the translation of special language texts, i.e., texts written using Languages for Special Purposes (LSP). As such, technical translation […] includes not only the translation of texts in engineering or medicine, but also such disciplines as economics, psychology and law.

Dans ce travail, nous nous en tiendrons exclusivement à l’acception du terme

« technique » mentionnée dans les chapitres précédents, à savoir l’application pratique d’un savoir scientifique.

88 BYRNE, JODY (2006). Technical Translation : Usability Strategies for Translating Technical Documentation. Dordrecht : Springer, p. 7.

89 WRIGHT, SUE ELLEN et WRIGHT, LELAND D. (1993). Scientific and Technical Translation. Amsterdam : John Benjamins Publishing Company, p. 1.

46 On rencontre aussi fréquemment la dénomination « traduction pragmatique » dans la littérature sur le sujet, comme dans cet extrait de l’article The ends of translation du linguiste américain Joseph B. Casagrande :

In pragmatic translation, the purpose is essentially to translate a message as efficiently and as accurately as possible. The emphasis is on the content of the message as such rather than on its aesthetic form, grammatical form or the cultural context.90

Cette dénomination, qui n’est pas rattachée à un type de texte en particulier, est utilisée régulièrement pour désigner différents domaines de la traduction et, notamment, la traduction technique, puisque cette dernière n’a pas pour vocation de mettre l’accent sur la forme du message traduit. Elle est souvent employée par opposition au terme traduction littéraire.

4.1.1 Les traducteurs techniques

Plusieurs acteurs sont impliqués dans le processus de la traduction technique. Dans sa forme la plus simple, ce processus comprend l’auteur, le traducteur et le lecteur91. Or, étant donné la mondialisation de l’industrie, la délocalisation de nombreux services et les évolutions technologiques, en règle générale de nombreux participants interviennent dans le processus. Ces acteurs intermédiaires peuvent être des clients, différents rédacteurs, des coordinateurs de projet, des réviseurs, des experts, etc.

En traduction technique comme ailleurs, il existe plusieurs types de traducteurs : les traducteurs internes à une entreprise ou une organisation internationale, les salariés d’une agence de traduction (qui peuvent avoir un taux de travail fixe à l’interne ou être payés à la tâche, auquel cas ils sont souvent, et à tort à notre sens, appelés « traducteurs freelance ») et les indépendants, qui, à l’inverse des prétendus « freelance », sont directement mandatés par leurs clients, sans l’intermédiaire d’une agence. Les conditions de travail et le type de contrat dont bénéficient les traducteurs varient considérablement d’une catégorie à l’autre.

90 CASAGRANDE, JOSEPH B. (1954). The ends of translation. In : International Journal of American Linguistics, n° 4, volume 20, p. 335.

91 BYRNE, JODY (2012). Scientific and Technical Translation Explained: A Nuts and Bolts Guide for Beginners. Londres : Routledge, p. 18.

47 Outre les conditions de rémunération et la présence ou non d’intermédiaires entre les traducteurs et les clients, les paramètres susceptibles de varier d’une catégorie de traducteurs à l’autre comprennent également l’assignation ou non à un/des clients particuliers. De manière générale, les traducteurs internes traduisent exclusivement pour l’entreprise qui les emploie, alors que les traducteurs employés par une agence peuvent se voir attribuer certains clients spécifiques dont ils traduiront tous les mandats ou n’être rattachés à aucun client en particulier et donc traduire des textes pour une multitude d’entreprises clientes de l’agence.

Il existe différents profils de traducteurs techniques. Certains commencent par exercer des métiers techniques et deviennent traducteurs par la suite, pour répondre à un besoin et parce qu’ils ont développé des compétences en traduction au fur et à mesure de leur expérience professionnelle. À l’inverse, d’autres suivent une formation de traducteur

« généraliste » et se spécialisent plus tard dans un domaine par la pratique, en particulier s’ils traduisent régulièrement pour les mêmes clients. Ils peuvent aussi se spécialiser en raison de leurs centres d’intérêts et de leurs éventuelles connaissances préalables de secteurs particuliers.

4.1.2. Les clients

D’après Jody Byrne, les entreprises clientes proviennent essentiellement des secteurs de l’ingénierie (mécanique, électrique, électronique, chimique ou médicale), des transports (aéronautique, rail, logistique, machines agricoles etc.) et des technologies de l’information (télécommunications, logiciels, équipements informatiques, design, etc.)92. Les organismes de recherche sont aussi nombreux à faire appel à des services de traduction technique.

Enfin, citons également les particuliers, qui ont eux aussi régulièrement besoin de faire traduire des documents techniques, par exemple des modes d’emploi de machines rares ou anciennes. Toutefois, en termes de volume, la traduction technique destinée à des particuliers représente une part du marché bien moins importante que la traduction pour les organismes et les entreprises.

92 Ibid., p. 23.

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4.2. Caractéristiques principales

4.2.1. Rôle du traducteur 4.2.2. Analyse du contexte

4.2.3. Marge de manœuvre par rapport au texte source 4.2.4. Traduction et utilisabilité

4.2.5. Outils de travail

4.2.1. Rôle du traducteur

Comme nous l’avons vu précédemment, le texte technique peut être considéré comme un outil. Sa forme et son auteur ne doivent pas être au centre de l’attention. Seul le message importe : sa clarté, son exactitude, sa concision.

Par conséquent, comme l’explique Mathilde Fontanet, « le traducteur peut, si la “réalité technique” l’exige, s’écarter librement du “dire” de l'original, sans même nécessairement chercher à s’appuyer sur le “vouloir dire” de l'auteur : il doit communiquer ce que le texte

“devrait dire” pour rester en adéquation avec sa portée extralinguistique »93.

L’utilisabilité du texte technique traduit prime donc sur le principe de fidélité de la traduction au texte original : la qualité du travail du traducteur se mesure à la facilité avec laquelle le lecteur comprend le texte et effectue la tâche décrite ou mémorise les informations présentées. Le traducteur a ainsi une marge de manœuvre bien plus large qu’à l’ordinaire pour modifier la forme et corriger le sens du texte source.

Toutefois, la voix du traducteur, comme celle de l’auteur, ne doit pas transparaître entre les lignes du texte. Il est au service de la réalité technique et doit s’exprimer de la manière la plus neutre et effacée possible.

93 FONTANET, MATHILDE. La traduction des textes techniques : le texte sous l'empire de l'extratextuel. In : BLAMPAIN, DANIEL, THOIRON, PHILIPPE et VAN CAMPENHOUDT, MARC (2006). Mots, termes et contexte.

Paris : Editions des Archives contemporaines, p. 312.

49 4.2.2. Analyse du contexte

Avant se mettre au travail, le traducteur doit déterminer s’il se heurte à des incertitudes à la lecture du texte source et, le cas échéant, entamer des recherches terminologiques ou documentaires pour les lever. Il doit aussi déterminer quel niveau de compréhension lui est nécessaire, s’il doit se lancer dans des recherches approfondies pour comprendre un concept dans ses moindres détails ou si une compréhension superficielle lui suffira pour traduire un passage en particulier94.

Pour traduire un texte technique, à l’instar de tout autre type de traduction, il convient de clarifier certains points relatifs au contexte du projet de traduction, parmi lesquels

Pour traduire un texte technique, à l’instar de tout autre type de traduction, il convient de clarifier certains points relatifs au contexte du projet de traduction, parmi lesquels