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Les exemples étudiés montrent l'incertitude des évaluations 3 due à une information souvent imprécise

Dans le document rAPPORTS TIO (Page 32-47)

Pour quoi parler du praticien dans un mémoire consacré aux modèles d'infiltration? C'est bien simple: la part des hydrogéologues utilisant des modèles numériques de simulation pour la gestion des nappes est encore infime. Cela n'empêche pas le praticien de proposer des schémas d'exploitation des nappes qu'il étudie, bien au contraire: cette tâche lui revient.

De plus, en cas de recours à la modélisation, c'est au prati-cien qu'il revient de procéder aux premières évaluations des facteurs de production et d'alimentation: les ordres de grandeur avancés par lui sont d'une grande importance et son expérience du terrain, son "flair", déter-minent la représentativité du modèle construit.

Par ailleurs, les modèles de simulation opérationnels les plus anciens ont moins de 10 ans d'âge: nous vivons donc dans le plus grand nombre des cas sur les évaluations de ressources effectuées par l'hydrogéologue de terrain.

"

Toutes ces raisons nous incitent à examiner d'abord le point de vue de ce dernier sur l'estimation des apports aux nappes. Nous le ferons sur une région, la Tunisie Centrale, où j'ai moi-même exercé en tant

qu'hydrogéologue praticien. Il m'a par ailleurs été donné l'occasion de réaliser, plus récemment, une synthèse de l'ensemble des études hydrogéo-logiques menées dans la région, dans le cadre de l'établissement d'un plan directeur d'utilisation des eaux de la Tunisie Centrale, à la demande de la Direction des Etudes et Grands Travaux Hydrauliques de Tunisie.

La première partie de ce chapitre présente la région étudiée et l'état de connaissance actuel de ses ressources en eau, essentiellement souterraines. Cette partie, à caractère descriptif, constitue la nécessaire introduction à la suivante, objet essentiel du présent chapitre, où l'on exqmine les méthodes d'estimation les plus couramment utilisées dans la pratique hydrogéologique.

Cet examen et les considérations qui le suivent, se voudraient en forme d'autocritique. Toutefois, la généralité des observations décrites dans ce chapitre paraît assurée, du moins aux régions arides et semi-arides caractérisées par une ressource "cachée". L'exemple de la Tunisie Centrale, pris pour les besoins de la démonstration, ne saurait donc constituer un cas particulier.

. .

1 - L'INVENTAIRE DES RESSOURCES EN EAUX SOUTERRAINES DE TUNISIE CENTRALE

1.1 - CADRE PHYSIQUE ET DECOUPAGE HYDROGEOLOGIQUE

De la frontière algérienne au Sahel méditerranéen, limitée au Nord par la dorsale tunisienne, et au Sud par la chaine de Gafsa, la Tunisie Centrale recouvre une étendue de près de 40.000 km2. L'histoire géologique a doté la région d'un avant-pays au relief très plat, caractérisé, malgré sa façade maritime, par un endoréisme quasi-total: les eaux d'écoule-ment superficielles et souterraines viennent s'accumuler dans un chapelet de sebkhas d'où elles sont reprises par l'évaporation. La moitié occidentale du pays est au contraire constituée d'un plateau dominé par un certain

nombre de reliefs et affecté de cuvettes quaternaires: cette structure détermine un réseau hydrographique particulièrement compartimenté.

Le régime climatique dominant est de type aride: alors que l'évapotranspiration potentielle est d'environ 1500 mm/an, les précipitations moyennes ne dépassent pas 400 mm/an au Nord, et atteignent 150 mm/an au Sud, avec une grande variabilité interannuelle et de fortes intensités. Ce

climat détermine un régime hydrologique spécifique des régions arides:

les oueds sont tous temporaires. Leurs crues sont brèves et violerites, et contribuent à l'alimentation des systèmes aquifères qu'elles traversent.

En raison de leur irrégularité, les eaux superficielles sont difficilemènt exploitables et les eaux souterraines constituent la principale ressource de la région.

Le découpage hydrogéologique découle de la structure

géologique (G. CASTANY, 1951; A. JAUZEIN, 1967) que reflète la topographie.

Il y a très généralement coïncidence entre bassins-versants superficiels et souterrains: la limite amont de chaque unité est donc une ligne de

crête. Vers l'aval, la limite est constituée par la zone d'exutoire naturel:

émergence à la faveur d'un seuil hydraulique lorsqu'il existe, exutoire en mer ou par évaporation dans une sebkha. Un tel découpage permet de définir les unités hydrogéologiques représentées Fig. 6

1.2 - CARACTERES GENERAUX DES SYSTEMES AQUIFERES

Les conditions de gisement des eaux souterraines permettent de distinguer trois grandes familles hydrogéologiques, à l'intérieur des-quelles se poseht des problèmes similaires quant à la mise en valeur des ressources:

1.2.1 - Les grandes pJ,aines ~lluviales.endoréïques

Ce sont les grandes plaines dont le remplissage alluvionnaire, épais de plusieurs centaines de mètres, renferme des aquifères importants, importance liée à la dimension des réservoirs souterrains, mais aussi à leur position de réceptacle des eaux de crue des principaux oueds qui contribuent fortement au renouvellement des eaux souterraines. Cette

contribution semble masquer l'apport par infiltration directe des précipita-tions, lequel est certainement négligeable, contrairement à celui des

nombreux ravins dêvalant aux piedmonts des reliefs périphériques.

Les plaines de Kairouan, d'El Alem et de Sidi Bou Zid sont typiquement représentatives de cette catégorie de réservoirs, soumis à un endoréisme souterrain que l'on retrouve dans les plaines de Chougafia, de Seugdal, de Foussana et de Kasserine. Dans toutes ces plaines, l'évaporation principal exutoire naturel des eaux souterraines, s'accompagne d'une

salinisation importante des eaux phréatiques: ressource perdue dans les conditions d'équilibre naturel, et source de contamination potentielle en cas de modification de cet équilibre.

1.2.2 ~ Les structures aquifères des plateaux

Ce sont les synclinaux gréseux Oligocènes (nappes de Bou Hafna, Bou Morra, OUsseltia) et Miocènes (nappes de Sbiba, Sbeitla,

Kasserine, Hajeb el A!oun et Djilma), ainsi que les formations de calcaires Crétacés renfermant les nappes de Gafsa et de Maknassy.

L'aquifère possède généralement une excellente perméabilité, permettant de bons rendements aux forages (à la variabilité spatiale près,

très forte dans les calcaires) et une infiltration de la pluie importante aux affleurements. Cela se manifeste par des ressources en grande quantité d'une eau d'excellente qualité dans les grès. Les calcaires de Gafsa et

..

Feriana

Oum el Ksob

1 N U1

1

Kairouan --~

Nappe de Sfax Enfidaville

FIG.6 - UNITES HY Maknassy

Bled Seugdal Hajeb el

Sfax

e, -10, 20kl'1,

Sidi Bou Zid r_F'Kairouan

.

,J

1

---'~~flâ-'----<«:

._.--- ...

--de Maknassy, constituant par leur perméabilité le drain --de rempfTs-sage-s---alluvionnaires épais, peuvent toutefois être le siège de concentrations un peu plus élevées. Tous ces réservoirs possèdent un exutoire naturel permanent: source ou émergence pérenne apparaissant à la faveur d'un seuil hydraulique. Les seuils hydrauliques, dont le fonctionnement a été analysé par G. CASTANY (1952), sont des barrages souterrains naturels liés à

l'existence de failles importantes.

1.2.3 - La province sahélienne

Le Sahel de Sousse et de Sfax est caractérisé par la faiblesse des ressources en eaux souterraines. Toute la zone côtière est jalonnée de nappes phréatiques exploitées depuis plusieurs siècles. Les eaux y sont généralement de qualité médiocre et cette salinité peut avoir diverses

origines: évaporation, faible renouvellement, nature de la roche réservoir ou pollution marine. Si les aquifères profonds sont pauvres ou contaminés dans le Sahel Nord, une grande nappe profonde se développe sur l'ensemble du Sahel Sud, présentant par ses dimensions une ressource potentielle d'une eau de qualité cependant médiocre.

1.3 - INVENTAIRE DES RESSOURCES NATURELLES

Une nappe d'eau circulant dans le sous-sol constitue une réserve qui se renouvelle plus ou moins bien. Examinons les ordres de grandeur dans deux cas extrêmes rencontrés en Tunisie Centrale: la nappe profonde de Sfax et celle de Oum el Ksob à Gafsa:

Nappe de Sfax Nappe de Oum el Ksob Réserve emmagasinée (V) :. 60 milliards m3 10 millions m3 Débit de la nappe (Q) : 20 millions m3,..â.n 3 millions m3/an

V/Q

=

3.000 ans 3 ans

Dans ces conditions, il est bien évident que l'exploitation de la nappe captive de Sfax sera de type minier dans une première phase, et ne sera limitée que par les niveaux de pompage admissibles. A long terme cependant, les limites d'alimentation du système seront sollicitées et l'exploitation devra s'adapter au régime des apports naturels dont la

variabilité interannuelle est sans influence sur la ressource mobilisée. A l'opposé, la gestion du réservoir d'Oum el Ksob est directement liée aux apports et à leur variabilité. Entre ces deux extrêmes se situent les autres réservoirs de Tunisie Centrale.

Quelle que soit la structure envisagée et sa dimension, il est donc nécessaire de pouvoir évaluer les apports naturels aux nappes pour être en mesure d'en proposer une gestion de la ressource à long terme.

Dans chaque unité hydrogéologique, le flux des apports constitue les ressour-ces naturelles. Ce flux diffère le plus souvent de celui des ressources exploitables (= ressources potentielles), dont la mise en valeur peut obéir à des critères autresqu'hydrogéologiques. Nous nous limitons, dans le cadre de cet exposé, à l'examen des ressources naturelles, notre objectif étant seulement de dégager une méthodologie permettant d'estimer l'alimen-tation des nappes.

Selon la géométrie, la structure et le fonctionnement hydrau-lique du réservoir, l'évaluation des ressources peut être appréhendée par différentes méthodes, fonction de l'existence de mesures et de la possibilité d'acquisition des données. L'évaluation peut porter sur l'aJ~mentation

(entrée du système) et/ou les exuto~~~ natUk~ (sortie). En l'absence de l'une ou l'autre de ces grandeurs, l'hydrogéologue a recours au modèle de Darcy pour le calcul du déb~

natUkel de

tnan6~ à travers le réservoir.

Ces trois méthodes ont été utilisées, parfois concurremment, par différents auteurs en Tunisie Centrale. Pour les principales unités hydrogéologiques de la région, les résultats obtenus sont présentés dans le tableau 1 où l'on voit apparaître:

- le dêb~ d~ ~~~oUke~ natUkett~: Q.R.N. - Ce débit équivaut aux entrées moyennes à long terme de chacun des systèmes.

le

débIt

d~ ~o~~ eonnu~ du système: Q.S. - Ce terme regroupe les dêb~ p~étevê~ ~ecen6é~ et ceux aux exutoires naturels non diffus: s~urces et débits pérennes m~Ukabte~.

- le dêb~ ~po~b~e: Q.D., égal à la différence des deux précédents, et qui n'a p~ toujours la signification d'être explo~ab~e. Ce terme Q.D. représente théoriquement les sorties non mesurables du système: évapotranspiration et fuites en profondeur; il cumulera en réalité les erreurs sur Q.S. et Q.R.N.

Pour chacune des nappes mentionnées, l'annexe 11-1 fournit une brève description du système hydrogéologique et de son fonctionnement, ainsi que certaines indications sur la méthode utilisée pour évaluer la ressource naturelle.

Unité hydrogéologique Référence Q.R.N. Q.S. Q.D.

millions m 3/an milJions m3/an millions :n 3/ a n

Bou Hafna M. BESBES (1967) 6.5 4.5 2

Ain Beida M. HAMZA (1976) 7.5 2.5 5

Rohia H. ZEBIDI (1969 ) 1 1 e

Sbiba H. ZEBIDI (1969) 9.5 8 1.5

Hajeb-el-Aioun R. KOSCHEL (1976) 9 7 2

Djilma R. KOSCHEL ( 1976) 15 6 9

Sbeitla P. ILLY (1964 ) 12.5 11.5 1

Foussana H. RAHOUI (1977) 6 3 3

Plateau de Kasserine P. ILLY (1967) 15.5 11.5 4

Maknassy P. ILLY ( 1967) 6 6 c

Bled Seugdal P. ILLY (1967) 5.5 0.5 5

Sidi Bou Zid P. ILLY (1967 ) 10.5 4.5 6

Feriana-Thelepte P. ILLY (1965 ) 8 3 5

Oum el Ksob P. ILLY (1967) 3 e 3

Bassin de Gafsa P. ILLY (1967) 22 19 3

Ousseltia M. BESBES (1976) 4.5 2.5 2

Bou Morra M. BESBES (1968 ) 3 e: 3

Sisseb-el Alem M. BESBES ( 1976) 14 5 9

Chougafia M. BESBES (1976) ? 10 ?

Plaine de Kairouan M. BESBES (1971) 50 34 16

Enfidaville D. EL BATTI (1975) 15 9 6

Nappe profonde de sfaf H. ZEBIDI (1970 ) 22 13 9

TABLEAU 1 - RESSOURCES NATURELLES DE TUNISIE CENTRALE

2 - ASPECTS METHODOLOGIQUES ET PERSPECTIVES 2.1 - REFLEXIONS SUR LES METHODES D'ESTIMATION

Les méthodes utilisées pour évaluer les ressources naturelles peuvent être classées en trois catégories, selon que l'on appréhende le débit entrant, le débit sortant ou celui transitant dans la nappe considérée.

Dans le cas des réservoirs barrés par un seuil hydraulique, l'exutoire naturel se manifeste par des émergences pérennes qui permettent de mesurer, sinon la totalité des débits souterrains, du moins un débit de trop-plein représentatif. C'est le cas notamment à Sbiba, SbeItla, Kasserine, Maknassy et Gafsa. Dans tous ces cas, le degré d'étanchéIté des barrages souterrains est un paramètre encore mal connu: il n'existe pas d'étude spécifique du phénomène et

le débiX de !luite en

p~o6onde~ à

btaveM le!.l !.letUÙ

htjd~auUque!.l

cOV/!.l.ü-tue Lme

~ncomtue pM60ü dê.te~m{.nante.

Sauf à Kasserine où il atteint un ordre de grandeur comparable à celui des émergences,

ce débiX de bu{xe a é.té

cOn!.l~dé~é

comme

nég~geabfe

dan!.l la

plu~M.t

de!.l

CM.

Outre le problème des fuites, une question d'importance mérite d'être soulignée, c'est celle dE

la

v~abif~té ~nte~annueffe

du débiX de!.l

exu.to~e!.l. Si les différentes études réalisées en Tunisie Centrale n'y font pas allusion, c'est qu'elles ont été effectuées en majorité au cours des années 1960 à 1967, période relativement stable du point de vue climatique. La création des réseaux de mesure datant de la même époque,

aucune

v~ab~é

ne

pouvo~

êbte décelé.e, et t'on

pouv~

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cetxe. appMente

!.l.tab~é à

l'

amo~!.l

e.rnen,t

pM

le!.l nappe!.l des

~mput!.l~on!.l ~eçue!.l. Le seul examen de l'évolution du débit des sources de Gafsa ne ferait que confirmer cette stabilité au cours des années, ainsi qu'en témoignent les valeurs suivantes:

Année

Amorties par la dimension du réservoir, les irrégularités des apports n'apparaissent nullement au niveau des émergences sur lesquelles

ni la sécheresse généralisée des années 40, ni les épisodes exceptionnellement humides de 1969 ou 1973 ne semblent porter à conséquence. Au contraire,

sur des structures de plus petite taille, la poursuite des mesures de débit a permis de mettre en évidence une gJtande vcuu..ab-U-Â;té au niveau. des

émeJtgenee.!.l,

en relation avec la pluviométrie. On peut observer ce phénomène sur trois exemples choisis dans la région (Fig. 18, Chap. IV).

2.1.2 - Le calcul du débit de transit souterrain

La connaissance du débit souterrain par utilisation du modèle de Darcy nécessite dans l'espace une JtépaJttition homogène. de.~ me.!.luJte~

de

plézomé;t!Ue e;t

de

tJLaMm~~ivilé. Dans les nappes de nombreux pompages d'essai de longue durée ont pu être réalisés, cette méthode donnera évidem-ment des ordres de grandeur plus fiables qu'ailleurs. Cependant, de tels essais, très en vogue depuis l'introduction des méthodes non-stationnaires dans la sphère hydrogéologique française (DE GELIS, 1956), demeurent

excessivement coüteux et pourraient être avantageusement remplacés par une simple analyse de l'essai de réception du forage (M. BESBES, 1971).

L'introduction des techniques dekrigeage en hydrogéologie (J.P. DELHOMME, 1976) a par ailleurs permis de définir et de quantifier t' lneeJt:t.{;tude

!.>M

ta JtépaJt:t.{;t.{.o n .spatiate.

de

.ta r.-ifizomé:tJL,[e aiMl que

de.!.l

tJLaM~!.>iviléJ.>, et cette incertitude peut se traduire par une 9Jtande lmpJtéeiJ.>lon au niveau

deJ.>

débi;tJ.>

véhieutéJ.>

paJt .t'aquiùèJte.. Ainsi, J.P.

DELHOMME (1978), utilisant différentes distributions possibles du champ des transmissivités calculées à partir d'un même jeu de valeurs connues

(sur l'exemple d'une nappe de 75 km2 comportant près de 30 valeurs connues de T), a-t-il pu montrer que, pour des piézométries comparables, le débit

transitant dans la nappe pouvait varier du simple au double. Dans cet exemple, la connaissance des transmissivités est pourtant de loin meilleure que dans la moyenne des cas rencontrés dans la pratique !

A cette incertitude d'ordre numérique, s'en ajoute une autre de nature conceptuelle. Le!.> débi:t6 eatelLei5J.> paJt -ea mé.thode de VaJtey

ne

pJtennen.t

en e66e;t

pa!.>

en

eomp.te. ta dJtainanee importante dans les aquifères à structure multicouche que l'on rencontre dans la plupart des grands

bassins de la région.

.

.

La connaissance des apports constituerait le moyen le plus sOr d'évaluer les ressources, car peu de réservoirs sont réellement étanches à l'aval. Les deux principales sources d'apport sont l'infiltration des crues d'oueds et l'infiltration directe des précipitations.

Le problème de

l' .-i.n6il.:ttc.ation dan6

le.~

oue.d6 au

pM~age.

du

CJl.u~,

pJr.édominan:t dan6 lu pla.-i.ne..6

a.e..e.uv.-i..a.e.~, sera largement développé dans la suite du mémoire. L'alimentation de la plaine de Kairouan· a airtsi pu être déterminée grâce à l'analyse des fluctuations piézométriques et à l'utilisation simultanée d'un modèle de simulation (M. BESBES, 1975).

Une telle étude a nécessité un dispositif de mesures considérable, mais la méthodologie mise au point à cette occa~ion permettra d'appréhender les cas analogues de Sidi Bou Zid et de Gafsa à l'aide de moyens matériels plus réduits.

En ce qui concerne

l'.-i..n6il.:ttc.ation

e.66.-i..cace.

de..6 pJr.éc.-i.p.-i..tatiOn6

elle dépend essentiellement de la perméabilité des affleurements récepteurs:

importante sur les calcaires Crétacés et les grès Oligocènes et Miocènes, l'infiltration est par contre très faible, sinon quasi nulle, sur les alluvions quaternaires. Sur ces diverses formations, les coe.n6.-i..c.-i.e.~

d'.-i..n6.-i..ltJr.ation

déterminés par les différents auteurs varient ainsi de 2.5 % (Maknassy) à 13 %de la pluie moyenne annuelle brute (Bou Hafna) • Soit, en tenant compte des différences de pluviométrie, des modules allant de 0.15 à 1.5 1/s/km2•

L'

~ation

abM.-i..ve. de.

:te.~ coe.n

Mc.-i.e.nt6, e.t paJr.ticuUèJr.e.men:t le.UJr.

tJr.an~p0.6~on

d'un bM.6.-i..n

à

l'autJr.e.,

n'est cependant pas sans danger.

Nous avons, en effet, vu que, sur des formations quasi identiques de grès Oligocènes, l'application de l'indice déterminé à Cherichira n'avait pu être vérifié à Bou Hafna. Par ailleurs, il semble intéressant de noter

la démarche qui a suivi la détermination d'un coefficient d'alimentation du bassin de Maknassy: pM

anae.ofj..te..6

~ucce.~~.-i..ve6, le même coefficient a par la suite été appliqué au bassin de Gafsa, puis au Bled Seugdal, et finalement à Sidi Bou Zid. En remontant la filière, on s'aperçoit que

l'~:t.-i..mation .-i..~a.e.e.

éta.-i.:t e.n

Jr.~al.-i..:té

fondée.

~UJr. ~'hUpo:thè.6e.

de.

l'é:tanch~té

totale du ~euil de Maknassy: si un débit de fuite existait en profondeur, le coefficient estimé serait plus faible qu'il he devrait.

Une -tetee

imp!l.éc-<-6-[on -fJLanMl-i-6e à lJr.o,<-6 aCLtJte6 bct6,6in6

de

tctiUe"impoJr..tante ~ubLt

ai~i une ~è~ 6oJr..te arnpiiSication et peut avoir de graves conséquences.

2.2 - Le discours du praticien entre la science et l'empirisme

L'examen des problèmes qui se posent dans la grande région que nous venons de parcourir nous amène à nous poser un certain nombre de questions, sinon à nous remettre en question, car comment expliquer que, après tant d'années d'efforts et d'études laborieuses, l'hydrogéologie quantitative en Tunisie Centrale demeure encore entachée d'une si grande incertitude ?

D'un point de vue historique, les recherches hydrogéologiques en Tunisie Centrale sont marquées par deux époques de grande activité:

la première correspond approximativement aux années 1940-50, la seconde aux années 1960-70.

Les années quarante voient l'épanouissement de la première génération d'hydrogéologues, composée de J. ARCHAMBAULT, A. AZZOUZ, E.

BERKALOFF, G. CASTANY, R. DEGALLIER, H. MAAZOUN et H. SCHOELLER. Cette période voit apparaître une floraison d'études locales et régionales, ainsi que d'excellentes synthèses (G. CASTANY, 1948 -R. DEGALLIER, 1952).

C'est à cette époque que se précise la notion de nappe souterraine en

tant que entité continue, avec ses limites spatiales et ses caractéristiques propres. La plupart des nappes de la région sont alors définies et leur fonctionnement hydraulique décrit avec précision. Certaines évaluations de la ressource étaient même avancées. En l'absence de mesures précises, elles étaient, bien entendu, volontairement approximatives (G. CASTANY, 1948, p. 99-G. CASTANY & al., 1952, pp. 70 & 83). Comparées aux estima-tions actuelles, quelques-unes de ces évaluaestima-tions n'étaient pas dénuées d'une certaine témérité, et c'est ce cOté optimiste qui, par un effet d'entrainement, a probablement contribué à l'essor de l'hydrogéologie dans la région.

Dans les années soixante apparaît la seconde génération d'hydrogéologues à laquelle j'appartiens. A cette époque, les pers-pectives de mise ·en valeur du pays se précisent et la

plaiU.h..ic.a..:U..OYl.

écoYl.omique

exige que soient évaluées avec précision les ressources en eau souterraine, facteur limitant du développement dans cette région aride.

A la génération précédente, le travail de l'hydrogéologue se situait dans une conjoncture économique moins volontariste et les estimations qu'il pouvait avancer étaient d'ordre prospectif plus que décisif. Pendant les années soixante, l'hydrogéologue se trouve au contraire d'emblée6ac.e à

Uyl. échéaYl.eien

de

né~a..:U..oYl.~,et l'implication des estimations qu'il est en devoir d'effectuer peut être immédiate puisqu'elle se traduira par la mise en production de ces quantités. La connaissance des nappes étant ce qu'elle est,

l' hljMogéologue aMa teYl.daYl.c..e.

à tempoWe.n face à cette situation: les rapports hydrogéologiques acquièrent de plus en plus de volume, mais ils perdent du poids ••••• Doté d'un pouvoir magique, le pompage d'essai de longue durée (3 à 4 jours) fait fureur. Pour pallier

le manque de données, l'hydrogéologue, forcé de fournir des chiffres, se réfugie dans un discours mi-scientifique, mi-empirique dont la tortuosité ne fera qu'exaspérer le responsable de l'aménagement. Le.

c..ono.e..f.aine. d'uYl.e

tette. démanc..he.

~t

le. c..hoix du mOiYl.Me. wque.:

il se fera donc le champion de la ~o~-e.xploitatioYl. de.~ Yl.appe.~, et affichera une prudence souvent

excessive. Il est significatif de noter, à ce propos, que sur l'ensemble des nappes étudiées en Tunisie Centrale, les ressources naturelles calculées dépassent de si peu les sorties mesurables. Le rapport des débits théori-quement disponibles (Q.D.) au déhit des ressources (Q.R.N.) est de 0.4 en moyenne. Or, lorsqu'on examine en détail les estimations effectuées,

excessive. Il est significatif de noter, à ce propos, que sur l'ensemble des nappes étudiées en Tunisie Centrale, les ressources naturelles calculées dépassent de si peu les sorties mesurables. Le rapport des débits théori-quement disponibles (Q.D.) au déhit des ressources (Q.R.N.) est de 0.4 en moyenne. Or, lorsqu'on examine en détail les estimations effectuées,

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