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locaux de construction en zone périurbaine des pays en voie de développement

11.6. perspeCtives de déveLoppement

11.6.1. exemple du Cameroun

Au Cameroun, les performances économiques de la branche des bâtiments et travaux publics (BTP) de 2005 à 2009 ainsi que la demande des intrants et des matériaux de construction qui en découle (Tableau 11.1) montrent que la production nationale des BTP est passée de 845 milliards de FCFA en 2005 à 1 212 milliards de FCFA en 2009, avec un taux annuel moyen de croissance inférieur ou égal à 10 % sur la période (INS, 2007). Pour réaliser ces performances, les activi- tés de BTP ont nécessité des consommations intermédiaires (demande globale des intrants de construction y compris les matériaux de construction à base de minéraux non métalliques) dont le montant total a suivi la même dynamique de croissance, en passant de 592 milliards de FCFA en 2005 à 727 milliards en 2009. Par contre, la part des matériaux de construction correspondant à la demande des produits minéraux non métalliques fabriqués au Cameroun (p. ex. brique cuite, ciment, parpaings) a suivi une tendance à la baisse (94 milliards de FCFA en 2005 à 90 milliards de FCFA en 2009). La part de cette branche d’activités dans la demande globale des BTP est passée de 16 % en 2005 à 12 % en 2009, soit une part moyenne de 13 % sur la période.

En s’appuyant sur les tendances récentes, les prévisions de croissance de la production des BTP ainsi que la demande prévisionnelle des produits minéraux non métalliques (matériaux de construction) qui en découle en termes de production nationale devraient passer de 1 212 mil- liards de FCFA en 2009 à 1 329 milliards en 2010 et 2 542 milliards de FCFA en 2017. La production nationale des produits minéraux non métalliques de construction représentative de la demande prévisionnelle devrait passer de 90 milliards de FCFA en 2009 à 120 milliards de FCFA en 2010 et 229 milliards en 2017. Cette croissance de la production dans le secteur BTP représente une part de marché capitale pour l’explosion des matériaux locaux.

tableau 11.1. Demande actuelle et prévisionnelle des matériaux de construction au Cameroun. Sources : Institut national de la Statistique (INS) pour les données de la production et la valeur ajoutée de 2005 à 2010 ; Prescriptor (2011).

élément de la demande actuelle de performance récente

matériaux de construction prévision de la demande en matériaux de construction 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 production (milliards de fCfa) 845,2 919,1 978,6 990,4 1211,9 1329,4 1458,3 1599,8 1755,0 1925,0 2112,0 2316,8 2541,6 Variation annuelle (milliards de FCFA) 73,9 59,4 11,8 221,4 117,5 128,9 141,6 155,2 170,2 186,7 204,8 224,7 Variation annuelle (%)* 8,7 6,4 1,2 22,3 9,7 9,7 9,7 9,7 9,7 9,7 9,7 9,7 valeur ajoutée (milliards de fCfa) 253,4 273,9 293,3 314,8 485,1 429,6 471,3 517,0 567,1 622,2 682,5 748,7 821,3 Taux de la valeur ajoutée (%)** 29,9 29,8 29,9 31,7 40,0 32,0 32,0 32,0 32,0 32,0 32,0 32,0 32,0 Consommation intermédiaire (milliards de fCfa) 591,8 645,2 685,2 675,5 726,7 899,9 987,1 1082,8 1187,8 1303 1429,5 1568,1 1720,2 matériaux de construction Production (milliards de FCFA) 93,8 86,5 90,9 77,7 90,4 119,6 131,2 143,9 157,9 173,3 190,0 208,5 228,7 % des consommations intermédiaires BTP*** 15,8 13,4 13,2 11,5 12,4 13,3 13,3 13,3 13,3 13,3 13,3 13,3 13,3 * moyenne de la période 2005-2009 : 9,7 % ; ** taux moyen de la période 2005-2009 : 32,0 % ; *** taux moyen de la période 2005-2009 : 13,3 %.

De ce fait, la volonté politique des pouvoirs publics se manifeste à travers la décision du Premier Ministre encourageant l’utilisation des matériaux locaux dans la réalisation des infras- tructures publiques. Depuis une décennie, la Mission de Promotion des Matériaux Locaux (MIPROMALO) a également entrepris des démarches pour la promotion et la valorisation des matériaux locaux sur le plan national. Entre autres actions, peuvent être mentionnés la recherche et le développement des technologies de production et de mise en œuvre, la for- mation, la sensibilisation des élus locaux et leaders d’associations, l’assistance technique à la création d’entreprises et la construction des infrastructures témoins. Un regain d’intérêt pour les matériaux tels que les blocs de terre stabilisée (BTCS), la brique cuite (BC), la pierre naturelle et le bois est observé sur le terrain. De nombreux projets aussi bien gouvernementaux que particuliers voient le jour en zones urbaines et périurbaines des deux grandes villes que sont Douala et Yaoundé ; à titre d’exemple, l’utilisation des BTCS et BC dans bon nombre d’habitats dans le programme gouvernemental de construction de 10 000 logements.

Une étude sur l’impact économique de l’utilisation des matériaux locaux de construction dans la réalisation des bâtiments, en substitution aux intrants importés, a été également réalisée par l’INS en 2010 (Tableaux 11.2 et 11.3). Les gains réalisables sur les salles de classe par exemple sont éle- vés lorsque les substitutions se font avec de la terre crue moulée (6,5 milliards de FCFA), suivi de la terre crue comprimée (5,6 milliards de FCFA) puis de la brique de terre stabilisée (2,4 milliards de FCFA). Au plan micro-économique, il se dégage que la substitution des matériaux importés par les matériaux locaux auraient permis à l’État camerounais de réaliser un gain financier qui oscille entre 5,6 milliards de FCFA et 11,8 milliards, selon le matériau de substitution utilisé. La substitution permet donc de réduire le chômage, d’augmenter les recettes de l’État et de réduire le solde exté- rieur du pays. Le résultat de la substitution est largement avantageux pour le Cameroun. En effet, il s’agirait là d’une politique efficace de relance de l’économie camerounaise qui permettrait de hisser le taux de croissance économique au dessus des 5,5 %, comme souhaité par les dirigeants du pays à travers le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE, 2009).

tableau 11.2. Pertes enregistrées par le Cameroun dans la construction de salles de classe.

régions

nombre de salles

de classe

Coût total (milliers fCfa) gains réalisables (milliers fCfa) intrants importés Brique comprimée stabilisée terre crue comprimée terre crue moulée Brique com- primée stabilisée terre crue compri- mée terre crue moulée Adamaoua 182 1 212 275 1 010 273 756 328 681 328 202 002 455 946 530 565 Centre 377 2 511 140 2 092 708 1 566 680 1 412 112 418 432 944 460 1 099 029 Est 186 1 238 918 1 032 477 772 951 696 692 206 441 465 967 542 226 Extrême- Nord 339 2 258 028 1 881 772 1 408 765 1 269 777 376 256 849 263 988 251 Littoral 205 1 365 474 1 137 945 851 908 767 859 227 530 513 566 597 615 Nord 229 1 525 335 1 271 168 951 644 857 755 254 167 573 691 667 580 Nord-Ouest 185 1 232 257 1 026 926 768 795 692 946 205 332 463 462 539 311 Ouest 196 1 305 527 1 087 986 814 507 734 148 217 540 491 019 571 378 Sud 190 1 265 562 1 054 681 789 574 711 674 210 881 475 988 553 887 Sud-Ouest 158 1 052 414 877 050 656 593 591 813 175 364 395 822 460 601 Total 2 247 14 966 930 12 472 985 9 337 746 8 416 487 2 493 945 5 629 184 6 550 443

tableau 11.3. Récapitulatif des pertes en fonction des édifices (en milliers de FCFA).

type d’ouvrage terre crue Bloc comprimé Bloc comprimé stabilisé

Salles de classes 6 550 443 5 629 184 2 493 945

Centres de santé 2 668 792 2 293 451 1 494 107

Bâtiments à 1 niveau au plus 2 656 654 1 652 507 1 652 507

Total 11 875 889 9 575 143 5 640 559

% au montant global dépensé 38 % 31 % 18 %

Les recommandations suivantes ressortent de cette étude sur l’impact socioéconomique des matériaux locaux au Cameroun :

– Il est urgent que le Gouvernement mette en application la Circulaire du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, signée depuis 2007. Ainsi, toute commande publique en bâtiment réalisé avec des matériaux locaux amènerait l’État à faire des économies.

– L’État devrait sensibiliser les populations quant à l’intérêt de l’utilisation des matériaux locaux. En effet, l’opinion publique semble réticente à l’adoption des matériaux locaux du fait de la perception péjorative qu’ont les populations de ces matériaux. Une bonne sensibilisation pour- rait permettre d’inverser cette perception pour amener les ménages à choisir ces matériaux. – Enfin, l’État devrait adopter des mesures incitatives pour les ménages qui optent pour l’utili-

sation des matériaux locaux. Ces mesures d’incitation peuvent être fiscales ou de toute autre nature, afin d’encourager les populations au choix des matériaux locaux pour la construction de leur logement.