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effets de la périurbanisation sur les ressources ligneuses des quartiers ziling et udkia

ligneuses dans les Monts Mandara (Cameroun)

7.3.2. effets de la périurbanisation sur les ressources ligneuses des quartiers ziling et udkia

Les conséquences de l’étalement urbain sur les ressources ligneuses se caractérisent par la perte de la diversité végétale, de la richesse spécifique et de la disparition des parcs agro-forestiers.

La végétation des localités de Ziling et d’Udkia n’est pas très diversifiée. Elle se résume seulement à quelques espèces plantées comme les Cassia siamea ou Azadirachta indica. Les espèces autochtones sont représentées par les Ziziphus et, dans une moindre mesure, Anona

senegalensis, Anogeissus leiocarpus et Pilostigma reticulatum à Udkia. La richesse spécifique

varie d’un terroir à l’autre. Dans l’ensemble, 7 espèces sont répertoriées à Ziling et 10 à Udkia (Figures 7.4 et 7.5). à la lecture de cette figure, il ressort que les espèces exogènes plantées telles que Cassia siamea, Azadirachta indica sont plus représentées que les espèces autoch- tones naturelles. Sur 22 individus inventoriés à Ziling et 27 à Udkia, on retrouve 8 Cassia

siamea et 6 Azadirachta indica à Ziling ; 7 et 4 à Udkia.

Les densités des ligneux ainsi que les richesses spécifiques varient énormément, surtout à Ziling, zone d’une forte emprise urbaine. Les 30 placettes réalisées à Ziling totalisent 22 individus sur une superficie totale de 27 000 m² ; 13 placettes ne portent aucun arbre. Dans chaque placette,le nombre d’espèces inventoriées ne dépasse guère 2 espèces. La densité des espèces par placette se situe entre 0 et 22 tiges/ha. Cette situation traduit la forte dégradation tant en terme de densité des ligneux qu’en terme de richesse spécifique, dégradation due au phénomène de la périurbanisation. Mais ce n’est pas le seul facteur car les cultures pratiquées influencent également l’évolution de la végétation ligneuse dans ce terroir.

L’intégration de l’arbre dans l’agriculture est une pratique traditionnelle de la gestion durable des ressources ligneuses par les populations en zone de savanes en général et dans les Monts Mandara en particulier. Ces arbres appartiennent à la catégorie des « arbres à usages multiples sur les terres agricoles » (Nair, 1985). Le tableau 7.4 présente la plupart de ces espèces utiles.

Malheureusement, ces espèces utiles se raréfient dans les terroirs d’étude. L’intensification des systèmes agraires et le phénomène de la périurbanisation observés à Ziling et à Udkia se sont accompagnés d’une forte réduction et parfois d’une disparition de l’arbre dans toutes ses formes d’implantation. Le retour massif des migrants durant les cinq dernières années dans la localité d’Udkia par exemple a également une incidence sur les arbres. Ces migrants qui s’il- lustrent pour la plupart par des investissements divers (construction, agriculture, commerce) participent de ce fait à l’accélération du processus d’élimination de l’arbre dans les champs.

figure 7.5. Espèces répertoriées dans la localité d’Udkia. Source : Enquêtes de terrain, 2014.

figure 7.4. Espèces répertoriées dans la localité de Ziling.

Source : Enquêtes de terrain, 2014.

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ffectifs

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Ainsi, les arbres utiles qui existent sont réduits à quelques touffes d’Anogeissus leiocarpus, de

Ziziphus mauritiana, et d’Acacia albida (Gautier et al., 2002).

tableau 7.4. Espèces utiles couramment rencontrées dans les parcs. Source : Boffa (2000).

nom scientifique nom français

Acacia senegal Gommier

Adansonia digitata Baobab

Anogeissus leiocarpus Bouleau d’Afrique

Balanites aegyptiaca Dattier du désert

Bombax costatum Kapokier rouge

Borassus aethiopum Rônier

Ceiba pentandra Fromager

Diospyros mespiliformis Faux ébénier

Elaeis guineensis Palmier à huile

Acacia albida Kad, Faidherbia

Hyphaene thebaica Palmier doum

Lannea microcarpa Raisinier

Parkia biglobosa Néré

Sclerocarpaa birreaa Prunier

Tamarindus indica Tamarinier

Vitellaria paradoxa Karité, arbre à beurre

Vitex doniana Prunier noir

Ziziphus mauritiana Jujubier 7.4. disCussion et ConCLusions

La périurbanisation au sens large touche les espaces subissant l’influence et la croissance de la ville-centre, tout en conservant les activités rurales et agricoles sur la majorité de leur territoire (Dézert et al., 1991). Mais cette définition soulève un autre débat, c’est celui de la préservation des ressources. Le processus de l’étalement urbain est-il conciliable avec la volonté de préservation des ressources naturelles ? Au vu de l’ampleur du phénomène observé dans le terroir d’Udkia par exemple, il faut dire que les ressources naturelles, surtout les ligneux, sont en danger. L’extension urbaine dans le Mayo-Tsanaga montre une impression- nante progression géographique des espaces le long de l’axe Mokolo-Maroua.

Au sens général, le concept de la périurbanisation vise à désigner les nouvelles formes de production et d’implantation du bâtis. Il décrit les tendances récentes à l’étalement urbain et/ou à l’exode urbain, voire encore à la redistribution de la population venue de zones rurales plus éloignées. Ce phénomène d’étalement urbain ou de périurbanisation désigne l’avancement de la ville sur les zones agricoles et forestières, la transformation des zones « naturelles » en zones construites (Fussen et al., 2003).

L’extension urbaine à Mokolo est la résultante de plusieurs facteurs : la pression démo- graphique, la possibilité d’accession au foncier, les migrations quotidiennes, la création des infrastructures sociales et économiques. Mais ce qu’il est important de relever dans le cadre de ce travail, c’est que la croissance périphérique des villes préoccupe les milieux de la recherche urbaine et environnementale, ceci parce que l’étalement urbain contribue à la dégradation accélérée des ressources naturelles.

L’évolution rapide du phénomène de périurbanisation à Mokolo entraîne des conséquences néfastes sur les ressources naturelles surtout pour les ligneux qui se font déjà de plus en plus rares. Suite à la croissance de la population et surtout à la croissance urbaine, certaines zones agricoles de Ziling et d’Udkia deviennent de plus en plus artificialisées. Elles sont transformées en lotissements et routes. La dégradation de la végétation se traduit alors ici par la disparition ou les changements de la couverture végétale. Il en est également de la composition floristique et/ou de la diversité aussi bien des plantes que des animaux. Pour remédier à la situation, l’État doit contrôler efficacement la construction spontanée et anarchique des maisons par l’adoption d’un bon zonage urbain et veiller à la préservation des ressources ligneuses naturelles rares et utiles comme Khaya senegalensis, Anogeissus leiocarpus, Tamarindus indica, Adansonia

digitata, Parkia biglobosa, Vitellaria paradoxa. BiBLiograpHie

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