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1.1.1 Contexte européen

Les premières décisions historiques établissant les bases réglementaires de la gestion des

déchets en Europe émanent du sommet de Paris en octobre 1972 et se concrétisent par

l’adoption de la Directive-cadre n°75/442/CEE en 1975. Ce texte a été abrogé en novembre 2008

par la Directive-cadre n°2008/98/CE. L’une de ses orientations majeures instaure une hiérarchie

dans la gestion des déchets (Figure 2).

Déchets ménagers et assimilés

Déchets des ménages

Déchets des petites entreprises

(artisants, administrations, petits

commerçants, etc.)

Ordures ménagères (OM)

Déchets

occasionnels

(encombrants,

apports en

déchèteries, etc.)

Déchets

collectés en

mélange avec

les OM

Déchets

collectés

sélectivement

(emballages,

apports en

déchèteries, etc.)

Déchets

collectés en

mélange

(OM

résiduelles)

Déchets collectés

sélectivement

(emballages, apports en

déchèteries, déchets

fermentescibles, etc.)

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Figure 2 : Hiérarchie des déchets énoncée par la Directive-cadre n°2008/98/CE

Cette priorisation doit être mise en œuvre dans la législation et la politique environnementale des

États membres de l’Union Européenne (UE). Le premier effet recherché est la prévention

quantitative (réduction des tonnages) et qualitative (réduction de la nocivité) de la production des

déchets. Toutes les étapes de vie d’un bien (conception, production, distribution, consommation

et fin de vie) sont concernées et tous les transferts de pollution ou création d’autres impacts

environnementaux doivent être évités. L’élimination, par enfouissement et incinération

essentiellement, doit avoir lieu en dernier recours. Ce classement reste, cependant, très général.

En effet, suivant les modes de traitement utilisés (enfouissement, incinération, etc.), la

Directive-cadre n°2008/98/CE ne précise ni hiérarchie ni norme de qualité à respecter. Elle se concentre

seulement sur des objectifs de réduction (p. ex. un minimum de 50 % en poids global de déchets

ménagers tels que le papier, le métal, le verre et le plastique devront être réemployés ou recyclés

d’ici 2020).

Toujours dans l’optique de limiter les atteintes à l’environnement et à la santé humaine, la

Directive n°1999/31/CE pose plusieurs fondamentaux concernant la mise en décharge des

déchets. Tout d’abord trois catégories d’installation de stockage des déchets (ISD) y sont

définies :

- ISD de classe I pour les déchets industriels dangereux (ISDD),

- ISD de classe II pour les déchets ménagers non dangereux

2

(ISDND),

- ISD de classe III pour les déchets dits inertes (ISDI).

Ce texte législatif stipule aussi que les émissions telles que les lixiviats et le biogaz doivent être

suivies et traitées. Enfin, il prévoit un abattement

3

progressif de 25% avant 2006, 50% avant 2009

et 65% avant 2016 de la part des déchets biodégradables stockés en ISDND, obligeant ainsi

indirectement à prétraiter les ordures par tri, incinération, compostage, etc., et à n’enfouir que des

déchets ultimes

4

.

2

Déchets constitués pour une large part des déchets générés par les ménages. Ils peuvent

également inclure les déchets similaires générés par des petites entrepris es et des établissements

publics et collectés par les services municipaux. I ls ne comprennent pas les déblais et les gravats.

Cette proportion des déchets municipaux peut vari er d’une commune à l’aut re et d’un pa ys à l’autre,

en fonction du système local de gestion des déchets.

3

Calculé par rapport à la totalité des déchets municipau x biodégradables produits en 1995 (Données

Eurostat, bureau des statistiques de l'Union Europé enne).

4

Déchet, résultant ou non du traitement d’un déchet, qui n’est plus susceptible d’être traité dans les

conditions techniques et économiques du moment, notamment par e xtractio n de la part valorisable

ou par réduction de son caractère polluant ou dangereu x (A rt. L 541-1 du Co de de l'En vironnement).

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L'application combinée des Directives-cadre n°1999/31/CE et n°2008/98/CE permet notamment

de répondre à la priorité de réduction des quantités de déchets enfouies en chiffrant les objectifs

et limitant l’enfouissement aux seuls déchets ultimes.

1.1.2 Contexte national

L’évolution de la législation des déchets en France est basée sur la législation européenne. En

effet, l’UE légifère principalement à travers des Directives qui doivent être transposées dans la

réglementation de chaque Etat membre.

La loi n°92-646 du 13 juillet 1992, découlant de la Directive-cadre n°75/442/CEE, symbolise un

tournant majeur dans la gestion des déchets en France. En effet, au 1

er

juillet 2002, les

collectivités locales étaient dans l’obligation de substituer toutes les décharges sauvages par des

centres de stockage, appelés aujourd’hui installations de stockage des déchets (Arrêté du 19

janvier 2006). Parallèlement, la restriction d’enfouissement aux seuls déchets ultimes a nécessité

l’essor d’une gestion des déchets multi-filières impliquant des opérations de tri en vue de

recyclage, de réemploi ou encore de valorisation (matière ou énergétique). Enfin, dans le but de

prévenir et limiter la production des déchets, la notion d’éco-conception a été introduite.

Le Grenelle Environnement regroupant l’Etat français, les collectivités locales, les entreprises, les

syndicats et les ONG, vient renforcer en 2007 la politique française en matière de gestion des

déchets. Les lois Grenelle I (Loi n°2009-967 du 03 août 2009 de programmation relative à la mise

en œuvre du Grenelle de l'Environnement) et II (Loi n°2010-788 du 12 juillet 2010 portant

engagement national pour l’environnement) fixent, entre autres, des objectifs de recyclage et de

prévention à la source (p. ex. réduire de 7% la production d’OM et assimilées par habitant entre

2009 et 2014) ou encore l’amélioration de la prise en charge des biodéchets

5

pour les détourner

de l’enfouissement (valorisation matière et organique fixée à 35% en 2012 et à 45% en 2015).

Cette législation est concrétisée notamment via le plan national de réduction et de valorisation

des déchets établi entre 2014 et 2020. Il est basé sur la priorité donnée au principe de prévention

de la production de déchets énoncée par la Directive-cadre n°2008/98/CE (Figure 2) et sur la

notion d’économie circulaire

6

. Ce plan fixe entre autres les objectifs suivants : baisse de 10% des

5

Tout DND biodégradable de jardin ou de parc, tout DND alimentaire ou de cuisine issu notamment

des ménages, des restaurants, des traiteurs ou des magasins de vente au détail, ainsi que tout

déchet comparable prove nant des établissements de production ou de t ran sformation de denrées

alimentaires (Article 8 du décret n°2011-828).

6

La Loi n°2015-992 du 1 7 août 2015 relati ve à la transition énergétique p our la croissance verte

remet en question le m odèle économique linéaire « produire, consommer, jeter » et p ropose

d’assurer une transition vers l’économie circulaire. Il s’agit d’un concept économique qui s’inscrit

dans le cadre du développement durable et dont l’objectif est de produire des biens et des services

tout en limitant la consommation et le gaspillage des matières premières, de l’eau et des sources

d’énergie.

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DMA produits par habitant par rapport à 2010 et valorisation matière des déchets non dangereux

non inertes de 55% en 2020 et de 60% en 2025. Le champ des compétences des régions en

matière de prévention et de gestion des déchets ayant été élargi par la loi NOTRe (Loi

n°2015-991 du 07 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République, Art. 8), ce sont à

elles d’élaborer et de mettre en œuvre le plan national de réduction et de valorisation des déchets

à l’échelle des territoires.

En matière d’enfouissement, les orientations législatives visant à réduire la part des DMA enfouis

(loi n°92-646 ; décret n°2011-828 ; arrêté ministériel du 09/09/1997) ont été traduites et

confirmées à travers le plan national de réduction et de valorisation des déchets. Il annonce une

réduction de 30% des tonnages mis en décharge en 2020 et de 50% en 2025. De plus, l’arrêté

ministériel du 9 septembre 1997 relatif aux installations de stockage de déchets non dangereux

non et la Loi n°2005-1319 du 26 décembre 2005 concernant la mise en décharge des déchets

introduisent de nouvelles contraintes pour les pétitionnaires et exploitants. Ils ont désormais

l’obligation de réduire la part de déchets biodégradables ; de stocker et gérer les lixiviats produits

in situ tout en respectant des normes pour les rejets liquides vers le milieu naturel ; de mettre en

place des installations de valorisation, de destruction ou de stockage du biogaz afin de limiter les

nuisances, risques et pollutions. Enfin, les barrières de sécurité passive et active doivent être

améliorées (coefficients de perméabilité imposés, utilisation de géomembranes).

Les textes fondamentaux en matière de gestion de déchets et d’enfouissement sont reportés en

Annexe 1.

Au cours des dernières décennies, des textes techniques très précis ont succédé aux textes

généraux de la gestion des déchets. Les contraintes imposées aux pétitionnaires conduisent à la

création d’installations de plus en plus performantes et respectueuses de l’environnement et de la

santé humaine. Cependant, beaucoup de progrès restent à faire pour optimiser la gestion des

déchets, certains objectifs fixés n’ayant pas été atteints (p. ex. les 25% et 50% d’abattement de la

part des déchets biodégradables stockés en ISD à atteindre en 2006 et 2009 respectivement).

Enfin, il faut noter que l’exclusion progressive des déchets biodégradables des ISDND devra

entrainer dans les prochaines années une révision globale de la gestion des sites avec,

notamment, la production de lixiviats et de biogaz qualitativement différents.