1.3.1 La charge organique
Les eaux de surfaces et les eaux souterraines présentent des concentrations en COD inférieures
à 50 mgC.L
-1et généralement de l’ordre de la dizaine de mgC.L
-1(Aiken et al., 1992 ; Gron et al.,
1996 ; Croué, 2004 ; Evans et al., 2005 ; Labanowski et Feuillade, 2011 ; Hayzoun, 2014). Au
niveau des sols, le stock de carbone organique se situe généralement dans les horizons
superficiels (30 premiers cm). Il est fonction du climat, de la couverture végétale, des pratiques
agricoles, de la pédologie, etc. Quel que soit le mode d’occupation du sol et son mode
d’extraction, la fraction hydrosoluble de ce carbone organique (ou fraction extractible) est
minoritaire dans le sol avec des teneurs variant de 0,01 à 0,1% de la totalité du stock (Rees et
Parker, 2005 ; Lavaud, 2006). Selon les études, cette fraction peut être exprimée soit en
concentration volumique, soit en concentration massique si la masse de carbone est rapportée à
la masse de sol analysée. Ainsi, Evans et al. (2008) ont relevé des concentrations inférieures à
90 mgC.L
-1au niveau de l’horizon de surface de 12 sites européens et nord-américains suite à
des ajouts azotés réguliers. Gregorich et al., (2003) et Matlou et Haynes (2006) ont analysés des
teneurs en carbone organique extractible comprises entre 151 et 1 226 mgC.kg
-1de sol sur
différentes cultures. Les L
DMAsont caractérisés, quant à eux, par d’importantes concentrations en
carbone organique pouvant varier de 30 à 29 000 mgC.L
-1selon la phase de dégradation des
DMA : la teneur en carbone organique diminue au cours de la dégradation des DMA (Kjeldsen et
al., 2002).
48
1.3.2 Les substances humiques
De nombreuses recherches se sont appliquées à caractériser les acides humiques et fulviques
extraits de divers milieux (eaux naturelles, eaux souterraines, sols, L
DMA, tourbe, compost, etc.)
pour mieux les identifier (Artiola-Fortuny et Fuller, 1982 ; Weis et al., 1989 ; Aiken et Leenheer,
1993 ; Prudent et al., 1995 ; Senesi et al., 1996 ; Martin-Mousset et al., 1997 ; Mejbri, 1997 ;
Christensen et al., 1998 ; Lagier, 2000 ; Kang et al., 2002 ; Tahiri et al., 2016). Cependant,
malgré les études menées sur ces composés organiques, leur structure chimique exacte, leur
PMA et leur genèse restent mal connus, principalement en raison de leurs divers processus de
formation (Eyheraguibel, 2004 ; Canellas et al., 2008 ; Chung et al., 2011 ; Nasir et al., 2011). De
nombreuses techniques analytiques, destructrices (analyses élémentaires, pyrolyse, GC-MS,
HPSEC, etc.) ou non (RMN, spectroscopie infrarouge et UV-visible, etc.) ont été utilisées pour
caractériser qualitativement et quantitativement les structures moléculaires des SH (Abbt-Braun
et al., 2004 ; Canellas et al., 2008 ; Chung et al., 2011 ; Nasir et al., 2011). Ces informations,
essentielles pour comprendre le rôle des SH au cours des différents processus
environnementaux (Sierra et al., 2006), permettent aussi d’effectuer des comparaisons entre
leurs diverses origines (notamment L
DMA, sol, milieux aquatiques) (Tableau 6).
Tableau 6 : Comparaison de la composition des AH et AF issus des sols, des milieux
aquatiques et des L
DMA(Filella et al., 1995 ; Kang et al., 2002 ;Nanny et Ratasuk 2002 ;
Xiaoli et al., 2008) (adapté de Tahiri et al., 2014)
Paramètres
AH AF
L
DMASols Milieux
aquatiques L
DMASols
Milieux
aquatiques
Composition
élémentaire
(% de poids)
C 56,1 - 63,1 54 - 62 51 - 60 45,6 - 55,7 43 - 55 42 - 51
O 25,9 - 30,2 29,5 - 36,8 33,4 - 40,8 29,6 - 35,2 42,9 - 51,4 44,2 - 53,2
H 7,0 - 8,8 2,9 - 5,8 3,7 - 5,1 6,2 - 9,6 3,3 - 5,9 3,6 - 4,3
N 1,8 - 8,3 1,6 - 4,8 2,0 - 2,1 1,7 – 12,0 0,7 - 4,1 1,0 - 1,6
S nd nd nd 3,4 - 5,1 0,1 - 3,5 nd
Groupes
fonctionnels
(meq.gC
-1)
Acidité
totale 7,1 - 8,9 5,6 - 8,9 5,9 9,6 - 16,6 6,4 - 14,2 6,2
COOH 4,5 - 5,9 1,5 - 5,7 3,4 6,5 - 10,7 6,1 - 11,2 3,9
OH
phénolique 2,2 - 3,7 2,1 - 5,7 2,5 1,0 - 4,7 1,2 - 5,7 2,3
Composition
structurelle
(%)
C
aromatique 26,2 - 36,2 41 nd 27,2 - 29,9 21 - 35 22,3
C
carboxylique 16,4 - 19,0 nd nd 14,8 - 27,5 10 - 30 16,1
nd : Non déterminé
49
Quel que soit le milieu de formation des SH, elles sont principalement composées de carbone,
d’oxygène, d’hydrogène, d’azote et de groupements fonctionnels (COOH, OH, C=O). Les teneurs
de ces éléments varient en fonction du type (AH ou AF) et de l’origine des SH (Tableau 6).
Globalement, les AH* et AF* provenant des L
DMAprésentent des propriétés proches de celles des
SH issues d’autres milieux (Lagier, 2000, Tahiri et al., 2014). Toutefois, quelques différences
peuvent être observées. Les SH* des L
DMAont une plus faible aromaticité et moins d’oxygène que
les SH du sol et des milieux aquatiques. Au contraire, elles contiennent plus de carbone
aliphatique, d’azote, de soufre et d’hydrogène (Kang et al., 2002 ; Zhang et al., 2009). D’après
Nanny et al. (2002), les SH* originaires des L
DMAsont plus hydrophobes et ont un pouvoir
complexant plus faible par rapport aux SH des milieux naturels du fait de fonctions oxygénées
(COOH, OH) moins fréquentes.
Figure 14 : Diagrammes de Van Krevelen représentant les différences entre les SH des
sols, des milieux aquatiques et des L
DMA(adapté de Tahiri et al., 2014)
0,0 0,1 0,1 0,2 0,2 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 R a p p o rt H /C Rapport O/C AH - sol AH - eaux AH - LDMA AF - sol AF - eaux AF - LDMA