3.3.1 Tests mis en œuvre et conditions expérimentales
Après l’optimisation d’un test BMP adapté aux L
DMA(paragraphe 3.2), le potentiel
bio-méthanogène d’un L
DMAainsi que l’impact du caractère hydrophobe de la MO sur son BMP sont
déterminés à travers 3 types de tests BMP : (i) le test BMP du L
DMAbrut (T-L) ; (ii) les tests BMP
des fractions HPO* et TPH* extraites du L
DMA(T-HPO* et T-TPH*) ; (iii) les tests BMP du L
DMAdopé avec ses fractions organiques extraites (T-L_HPO* et T-L_TPH*) (Figure 34).
Figure 34 : Composition des tests BMP
Les conditions expérimentales présentées paragraphe 3.2.4 sont appliquées pour ces tests. Suite
au plan d’expériences, la combinaison optimale de niveaux des facteurs de contrôle est
déterminée et appliquée (paragraphe 2.1.1, Partie Résultats et discussion).
Afin d’observer un effet significatif sur la production de biogaz, un ratio d’enrichissement en
matière organique de 0,5 gCOD
fraction organique.gCOD
lixiviat-1est adopté pour les tests L_HPO* et
T-L_TPH*. Les résultats de l’analyse élémentaire des fractions HPO* et TPH* montrent que ces
molécules organiques sont constituées d’environ 50% de carbone (Tableau 34, paragraphe 1.2.1,
Partie Résultats et discussion). Le ratio de dopage est alors de 1 g
fraction.gCOD
lixiviat-1. Les tests
138
BMP T-HPO* et T-TPH* sont préparés avec les mêmes quantités de fraction et les mêmes
volumes de boue que les tests T-L_HPO* et T-L_TPH* respectivement.
Dès lors que la production quotidienne de biogaz est inférieure à 1% de la production cumulée,
les tests sont sacrifiés (The Association of German Engineers ; VDI 4630). La fermentation dure
ainsi 120 jours pour le test positif et 275 jours pour les tests avec les fractions organiques et le
lixiviat.
3.3.2 Substrats et inoculum
Le L
DMAest prélevé sur le site d’enfouissement de Noth
35(Evolis 23 ; Creuse, France, Figure 33)
où 30 tonnes de déchets générés par 60 000 ménages sont quotidiennement enfouies sans
aucun prétraitement. Le L
DMAest âgé de 4 ans. Ses caractéristiques sont présentées Tableau 28.
Tableau 28 : Caractéristiques principales du L
DMAet des boues digérées utilisés pour les
tests BMP
L
DMABoues digérées
Paramètres
physico-chimiques
et chimiques
pH 7,35 ± 0,09 7,23 ± 0,05
Conductivité (mS.cm
-1) 10,31 ± 0,05 -
DCO (mgO
2.L
-1) 1289 ± 64 26 000 ± 3000
DBO
5(mgO
2.L
-1) 213 ± 46 -
COD (mgC.L
-1) 475 ± 10 135 ± 7
AGV (mgCH
3COOH.L
-1) 400 ± 40 460 ± 40
MVS (mg.L
-1) 28 ± 3 -
MV (g.L
-1) - 24,5 ± 0,2
Caractérisation
spécifique de la
matière organique
Indice SUVA
(L.cm
-1.gC
-1)
21 ± 1 -
Fractionnement
selon caractère
hydrophobe
%AH* 10 ± 1
-
%HPO* 45 ± 2
%TPH* 23 ± 1
%HPI* 22 ± 1
Le L
DMAprésente les caractéristiques d’un lixiviat biodégradable : un pH neutre, un rapport
DBO
5/DCO entre 0,1 et 0,3, une concentration en AGV inférieure à 10 g.L
-1, une faible teneur en
MVS et un indice SUVA inférieur à 30 L.cm.
-1gC
-1. Le fractionnement de la matière organique
selon le caractère hydrophobe met en évidence une forte proportion en composés solubles de
type transphilique et hydrophobe (TPH* + HPO* = 68,3%), caractéristiques des L
DMAintermédiaires.
139
Les boues digérées utilisées comme inoculum sont échantillonnées au niveau du digesteur de
boues anaérobies de la STEP de Limoges. Ses caractéristiques principales sont présentées
Tableau 28. Les méthodes analytiques utilisées pour ces caractérisations sont synthétisées
Tableau 26.
3.3.3 Analyse du biogaz
Les analyses de biogaz sont réalisées dans l’espace de tête des fioles en accord avec la
cinétique de production de chaque test.
Le volume de biogaz produit est déterminé par méthode volumétrique en mesurant le
déplacement d’une eau acidifiée à pH 2 dans une éprouvette renversée. Une saturation préalable
de l’eau en CO
2(acidification du pH) évite la dissolution du gaz carbonique produit.
La composition du biogaz est analysée par chromatographie gazeuse (CPG) (GC-2014,
Shimadzu) équipée de deux colonnes en série (tamis moléculaire 5Å et HayeSep Q) et d’un
détecteur à conductivité thermique. L’hélium sert de gaz vecteur et les températures du four, de
l’injecteur et du détecteur sont fixées à 40, 120 et 150°C respectivement. La CPG est calibrée
avec un mélange standard de gaz composé de O
2, CH
4, H
2, CO
2, et N
2à un ratio de 0,005, 0,04,
0,04, 0,05 et 0,05 (mol/mol) respectivement. Suite à l’injection de 100 µL de biogaz avec une
seringue étanche aux gaz, les pics sont comparés à ceux obtenus lors de la calibration. La Figure
35 présente l’allure des chromatogrammes obtenus. La colonne HayeSep Q est spécifique à la
détection du CO
2tandis que le tamis moléculaire permet l’identification des 4 autres gaz cibles.
Un artéfact est souvent constaté au moment du changement de colonne. Il est dû à une infime
entrée d’air au niveau de la vanne de commutation et n’a aucun impact sur les analyses.
Figure 35 : Chromatogramme typique du mélange standard de gaz servant d’étalon
Le volume cumulé de méthane produit est calculé avec le volume de biogaz produit
quotidiennement, la composition du biogaz et la loi des gaz parfaits à 1.013.10
5pascal et 35°C.
O
2N
2CO
2CH
41 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Temps de rétention (min)
In
te
n
s
it
é
d
u
s
ig
n
a
l
Artéfact de changement de colonneAires prises en compte
Tamis moléculaire 5Å
HayeSep Q
140
3.3.4 Analyses des digestats
Les digestats initiaux et finaux sont stockés dans les mêmes conditions que les lixiviats de l’étude
(paragraphe 3.2.5) et sont caractérisés selon les mêmes méthodes (Tableau 26). L’objectif
principal est de corréler la composition de la matière organique à l’état final et la production
cumulée de méthane au cours de la fermentation.
4 Valorisation matière de fractions organiques extraites
de LDMA
4.1 Démarche expérimentale
L’objectif des essais de valorisation matière est de simuler un amendement organique sur un sol
test (S
test) originaire du Togo présentant un déficit en MO, et de le comparer à celui réalisé sur un
sol de référence (S
réf) prélevé en France. Les fractions amendées correspondent aux fractions
HPO* et TPH* extraites du L
DMAselon les protocoles décrits paragraphe 2.1.
Des tests en batch permettent d’estimer la part de composés carbonés potentiellement
mobilisables et adsorbables par chaque horizon de sol pris indépendamment afin d’étudier
l’impact d’un amendement sur les différents horizons. Des tests de percolation en colonne sont
menés en parallèle afin de simuler l’amendement sur un sol reconstitué
36et d’évaluer leur impact
à l’échelle du profil du sol. Ces tests permettent d’intégrer des phénomènes de mobilisation et/ou
rétention des espèces par voie chimique et biologique. Finalement, le caractère phytotoxique des
fractions HPO* et TPH* est estimé par des tests de germination et de croissance de semences
de maïs et de tomate.
Dans le document
Etude du potentiel de valorisation énergétique ou matière de composés organiques extraits de lixiviats de déchets ménagers
(Page 168-171)