• Aucun résultat trouvé

En 1976, pour la première fois en France, une loi met en œuvre des mesures visant à limiter la consommation du tabac, mettant ainsi en application les recommandations de l’OMS et les vœux formulés par l’Académie de Médecine à partir de 1972. La loi Veil interdit ainsi de fumer dans certains lieux à usage collectif, réglemente la publicité en faveur du tabac et impose l’inscription de la mention « Abus dangereux » sur les paquets de cigarettes. Malgré ces dispositions, le nombre de fumeurs continue à augmenter en particulier chez les jeunes.

En 1991, la promulgation de la loi Évin affirme la nécessité de protéger les non- fumeurs, notamment en n’autorisant le tabac que dans des endroits définis. Elle renforce considérablement le dispositif législatif en favorisant la hausse du prix des cigarettes, en posant le principe de l’interdiction de fumer dans les locaux à usage collectif, en interdisant toute publicité directe ou indirecte en faveur du tabac, en permettant les associations impliquées dans la prévention du tabagisme à se constituer partie civile devant les tribunaux. Cette loi va favoriser le recul de la consommation de tabac qui devient dans les mentalités une tare quasiment assimilable à la toxicomanie.

En juillet 2003, la nouvelle loi votée interdit la vente du tabac aux mineurs de moins de 16 ans. Cette loi comprend aussi tout un ensemble de mesures telles que l’interdiction de faire de la publicité en faveur du papier à cigarettes et l’obligation pour les écoles d’informer les jeunes sur les méfaits du tabagisme. Entre 2003 et 2004, suite à l’augmentation de 42% du prix du tabac, l’Etat relève une baisse des ventes de 32% qui montrent selon lui, la nécessité de répéter régulièrement les augmentations de prix de tous les produits du tabac.

Le 15 novembre 2006 a lieu la publication du décret qui fixe les conditions d’application de l’interdiction de fumer dans les lieux à un usage collectif. Le décret

121

prévoit l’interdiction dans tous les lieux fermés et couverts accueillant du public ou qui constituent des lieux de travail, dans les établissements de santé, dans l’ensemble des transports en commun, dans toute l’enceinte des écoles, collèges et lycées publics et privés, ainsi que dans les établissements destinés à l’accueil, la formation ou l’hébergement des mineurs.

À partir de janvier 2008, l’interdiction de fumer s’étend aux débits de boissons, hôtels, restaurants, débits de tabac, casinos, cercles de jeux et discothèques, avec, cependant, la possibilité d’aménager des emplacements fumeurs (INPES, 2007 ; MILDT, 2009).

Aujourd’hui en France, les mesures de lutte contre le tabac sont nombreuses. En plus des lois anti-tabac que nous venons d’évoquer, ces mesures passent par un accès facilité au centre de santé, un développement de l’accompagnement humain au sevrage en proposant des consultations de tabacologie, une prise en charge par la sécurité sociale de l’accompagnement médicamenteux pour faciliter l’arrêt. Le sevrage tabagique s’adresse en priorité aux fumeurs ayant échoué dans leur tentative d’arrêt, ayant rechuté à plusieurs reprises, à ceux victimes de maladies liées au tabac mais qui poursuivent leur consommation (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé, 1998). L’Office français de prévention du tabagisme estime qu’environ 55 000 nouveaux patients auraient été accueillis en 2003 dans ces consultations(Jean-François, Fernandes, Dautzenberg, Dupont & Ruelland, 2003). Enfin, un dispositif permanent pour accompagner et soutenir les fumeurs dans leur démarche d’arrêt a été mis en place par le ministère de la santé et l’INPES : Tabac info service (internet, téléphone).

Ces évolutions législatives et sanitaires montrent que c’est seulement progressivement que science et loi ont investi le marché du tabac pour cesser d’en faire une consommation anodine. Les campagnes d’information et de prévention se multiplient et des polémiques alimentent sans cesse aujourd’hui le débat public. Tabac et danger sont maintenant des notions indissociables.

Epidémiologie en France

Si elle était plutôt discrète jusqu’en 1945, la consommation du tabac a réellement explosé après la seconde Guerre Mondiale avec le développement des

122

grandes compagnies de tabac qui ont imposé la cigarette comme un nouveau standard, d’abord chez les hommes, puis les jeunes et enfin les femmes. Ainsi, pendant de nombreuses années, fumer était un geste social voire même une norme dans certains milieux. Mais depuis, les études se multipliant, il est désormais prouvé que les cigarettes sont extrêmement nocives et à long terme mortelles. Le tabac est la plus grande cause de maladies et de décès évitables et dans notre pays, un fumeur régulier sur deux meurt du tabac, soit 70 000 personnes chaque année. A l’échelle mondiale, durant le XXème siècle, le tabac a causé 100 millions de morts et ce nombre pourrait s’élever à 1 milliard pour le XXIème

siècle (Nicolaides-Bouman, Wald, Forey, Lee, 1993, Statistical Office of the European Union, 2011).

Actuellement la population française se répartit en 40% de fumeurs (soit 15 millions), 20% d’ex-fumeurs et 40% de non fumeurs. Parmi les fumeurs actuels, nous pouvons distinguer 29% de fumeurs quotidiens et 5% d’occasionnels (INPES, 2009 ; Le Faou & Scemama, 2005). Selon l’âge, le nombre de fumeurs est très variable : la prévalence tabagique passe de 9% pour les 12-14 ans à 41% pour les 15-19 ans et atteint un maximum de 48% chez les 20-25 ans (INPES, 2009). Par la suite, la proportion d’usagers de tabac diminue fortement avec l’âge à partir de 30 ans et plus encore après 50 ans (Beck & al., 2005 ; Guilbert, Gautier, Beck, Peretti-Watel, Wilquin, Leon Legleye & Arwidson, 2005). Ainsi, entre 18 et 34 ans, près d’une personne sur deux fume. Bien que les hommes soient plus souvent fumeurs que les femmes (35,5% vs 27,5%), on s’aperçoit que le tabagisme en France est en constante diminution chez les hommes et en constante augmentation chez les femmes.

Quelle que soit sa forme, le tabac contient de nombreux produits toxiques et possède un très fort pouvoir addictif (Wirth, Spinosa, Bohadana & Martinet, 2007). Parmi les nombreuses formes existantes, la cigarette reste actuellement dans le monde, le mode de consommation le plus répandu, mais aussi le plus efficace quant à la délivrance de la nicotine et le plus toxique pour la santé (Martinet, Bohadana & Fagerström, 2006). Par ce mode de consommation, le fumeur s’expose à des risques liés aux nombreuses substances qu’il inhale par la fumée

123

P

Pooiinnttddeevvuueemmééddiiccaallssuurrlleettaabbaaggiissmmee

Autrefois constituées uniquement de papier et de tabac, les cigarettes contiennent aujourd’hui de plus en plus d’ajouts souvent nocifs pour notre santé. Nous savons ainsi que 4 000 substances sont présentes dans la fumée de cigarettes et que plus de 60 de ces composants sont cancérigènes sans seuil minimum d’exposition (OMS, 1999).