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Eviter les doubles comptes : combiner les résultats (valeurs) de méthodes diverses

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4 Agrégation : vers la Valeur Economique Totale

4.2 Eviter les doubles comptes : combiner les résultats (valeurs) de méthodes diverses

Les méthodes économiques disponibles pour l’évaluation des services écosystémiques fournissent des valeurs, dont la nature peut être différente (cf. Rapport d’étude pour les notions de valeur d’usages, de non-usage, marchandes, non-marchandes et d’option).

L’approche développée157 dans cette étude pour appréhender la valeur économique totale (cf. Figure 46) consiste à :

(4) Evaluer les valeurs d’usage en considérant (i) les fonctions des zones humides qui bénéficient directement à une catégorie de la population et (ii) la valeur ajoutée des zones humides pour certains usages ou activités particuliers ;

(5) Evaluer la valeur de non-usage associée aux zones humides par l’analyse conjointe en combinant les valeurs obtenues pour les trois attributs analysés.

157 La méthodologie et l’approche générale sont développées dans le Rapport d’étude.

Analyse conjointe

Figure 464646. Complémentarité des méthodes économiques d’évaluation46. Complémentarité des méthodes économiques d’évaluation. Complémentarité des méthodes économiques d’évaluation . Complémentarité des méthodes économiques d’évaluation

Cependant, l’analyse conjointe ne permet pas, a priori, de capter la valeur de non-usage exclusivement : les valeurs que déclarent les personnes interrogées sont complexes et peuvent révéler des valeurs d’usage, de non-usage, mais aussi d’option et potentiellement un biais d’inclusion158. Par ailleurs, les méthodes économiques utilisées pour les fonctions et usages peuvent parfois capter une partie de la valeur de non-usage, générant potentiellement des doubles comptes.

La Figure 46 met finalement en relief une dimension fondamentale de l’approche développée dans cette étude, à savoir la séparation entre l’usage et le non-usage et la séparation entre les services écosystémiques et la biodiversité. Cette dernière, qui comprend diversité au sein des espèces, ainsi que celle des écosystèmes, est à l’origine d’un certain nombre de services. Les méthodes traditionnelles permettent d’en appréhender la valeur (valeur d’usage), alors que l’analyse conjointe doit capter la valeur de non-usage, c'est-à-dire l’importance de cette diversité et sa préservation pour les générations actuelle et future.

4.2.1 Quelle utilisation des valeurs générées par l’analyse conjointe159 a)a)

a)a) Purification de l’eauPurification de l’eau Purification de l’eauPurification de l’eau

L’un des trois attributs abordés par l’analyse conjointe est la purification de l’eau. Dans le questionnaire, cette notion est abordée en trois temps :

« Le fonctionnement des zones humides » permettant de faire le lien entre milieu et service ;

« Leur rôle de traitement naturel de l’eau » explicitant l’intérêt des zones humides ;

« Les activités […] qui nécessitent un traitement artificiel de l’eau [du fait que les zones humides ne jouent plus leur rôle de traitement naturel de l’eau] » précisant les conséquences potentielles d’une dégradation des zones humides sur des activités anthropiques.

Etant donné le lien avec les zones humides, on s’attend à ce que la valeur révélée par l’analyse conjointe soit principalement une valeur d’usage. Cependant, l‘analyse montre que les habitants des grandes villes éloignées

158 Le biais d’inclusion s’exprime en particulier pour des biens environnementaux qui ne font pas partie du quotidien des personnes interrogées. Ce bien correspond au fait de donner une valeur pour un ensemble de biens au lieu de celle pour un bien en particulier, i.e. pour toutes les espèces protégées de France plutôt que pour les espèces concernées sur un site particulier, ou pour la protection d’un site en général plutôt que pour la préservation d’une de ses dimensions.

159 Cette Section s’appuie sur les réflexions du Cemagref (Sylvie Morardet).

du PNR ont des CAP élevés (27 euros par personne par an en moyenne). Comme proposé par le Cemagref, cette valeur peut s’expliquer par une motivation altruiste (les habitants des grandes villes étant sensibles au fait que les résidents locaux puissent bénéficier d’une eau de bonne qualité) ou par un biais d’inclusion (les personnes expriment une valeur pour la capacité épuratoire des marais en général - ou pour les zones humides - plutôt que pour celle des marais du Cotentin et du Bessin en particulier).

La part correspondant à une valeur d’usage doit donc être supprimée, de même que celle correspondant au biais d’inclusion. En revanche, la part correspondant à la valeur de non-usage (altruiste) doit être conservée afin d’appréhender la VET. Les analyses actuelles ne permettant pas de préciser l’importance relative de ces différentes valeurs avec précision, des hypothèses sont formulées dans la Section d) bilan.

b) b) b)

b) Paysage et accessibilitéPaysage et accessibilité Paysage et accessibilitéPaysage et accessibilité

Dans le questionnaire, deux attributs distincts étaient proposés aux personnes interrogés : le paysage (traditionnel et entretenu par une agriculture extensive ou dégradé) et l’accès au site (interdit ou facilité par des aménagements permettant la découverte des zones humides). Ces deux attributs ont été analysés simultanément et les analyses économétriques montrent que les personnes interrogées expriment un CAP positif lorsque le paysage est préservé et que l’accès est facilité, traduisant ainsi une valeur d’usage.

Il est courant d’assimiler la valeur des usagers à la valeur d’usage, même si cette équivalence est abusive, les usagers pouvant accorder une valeur à la préservation du bien utilisé pour les générations futures. La valeur La valeur La valeur La valeur récréative serait alors comprise entre 6,3 et 8,9 millions d’euros par an

récréative serait alors comprise entre 6,3 et 8,9 millions d’euros par anrécréative serait alors comprise entre 6,3 et 8,9 millions d’euros par an

récréative serait alors comprise entre 6,3 et 8,9 millions d’euros par an. Cette valeur, qui est plus fondée en théorie que la valeur récréative estimée par transfert de valeur à la Section 3.5, la remplacera dans le calcul de la valeur agrégée.

Concernant la valeur associée aux non-usagers, sa décomposition entre non-usage et usage est orientée par les résultats de l’analyse économétrique : ces dernières tendent à montrer que dans le cas du PNR, les CAP associés à cet attribut expriment plutôt des valeurs d’usage car le paysage, associé à l’accessibilité, donne lieu à des CAP positifs alors que, lorsqu’il ne l’est pas, il produit des CAP nuls, voire négatifs, que ce soit pour les habitants des grandes villes ou des petites villes. La fourchette de valeurs comprise entre 8 et 49 millions d’euros par an La fourchette de valeurs comprise entre 8 et 49 millions d’euros par an La fourchette de valeurs comprise entre 8 et 49 millions d’euros par an La fourchette de valeurs comprise entre 8 et 49 millions d’euros par an peut donc s’interpréter comme un mélange de valeur

peut donc s’interpréter comme un mélange de valeurpeut donc s’interpréter comme un mélange de valeur

peut donc s’interpréter comme un mélange de valeur d’option et de biais d’inclusion d’option et de biais d’inclusion d’option et de biais d’inclusion d’option et de biais d’inclusion ; si la première doit être conservée pour l’estimation de la VET, la seconde doit être supprimée afin d’éviter les doubles comptes.

c) c) c)

c) BiodiversitéBiodiversité BiodiversitéBiodiversité

La biodiversité est quant à elle abordée dans le questionnaire d’analyse conjointe sans faire référence à un quelconque usage (intérêt pharmaceutique et médicinal, chasse, etc.) et en citant au contraire les espèces rares et protégées, dont le phoque veaux-marin. Les personnes interrogées sont donc censées exprimer une valeur de non-usage principalement.

Cette hypothèse est vérifiée par l’analyse économétrique d’une part et par la littérature d’autre part. En effet, les valeurs obtenues pour les habitants proches sont nulles alors qu’elles sont particulièrement élevées (21 euros par personnes et par an) pour les habitants éloignés (composé en grande partie de non-usagers). A défaut A défaut A défaut A défaut d’analyse plus poussée, la valeur obtenue par l’analyse conjointe pour la biodiversité sera associée à une d’analyse plus poussée, la valeur obtenue par l’analyse conjointe pour la biodiversité sera associée à une d’analyse plus poussée, la valeur obtenue par l’analyse conjointe pour la biodiversité sera associée à une d’analyse plus poussée, la valeur obtenue par l’analyse conjointe pour la biodiversité sera associée à une valeur de non

valeur de nonvaleur de non

valeur de non----usageusageusageusage, en conformité avec l’approche développée dans le rapport d’étude.

d) d) d)

d) BilanBilan BilanBilan

Une analyse théorique couplée aux résultats de l’analyse économétrique permet de proposer la répartition la plus probable des valeurs obtenues par l’analyse conjointe entre valeur d’usage et de non-usage (cf. Figure 47.).

Figure Figure Figure

Figure 474747. Nature des valeurs obtenues par l’analyse conjointe47. Nature des valeurs obtenues par l’analyse conjointe. Nature des valeurs obtenues par l’analyse conjointe . Nature des valeurs obtenues par l’analyse conjointe

Finalement, on retiendra a minima les valeurs de la biodiversité qui captent la majeure partie de la valeur de non-usage, ainsi que la valeur d’usage récréatif. Afin d’éviter des doubles compte et en l’absence d’informations supplémentaires, la valeur d’option de l’attribut paysage est conservée (supposant donc qu’il n’y a pas de biais d’inclusion), alors que la valeur de non-usage liée à la purification de l’eau est supprimée (supposant qu’il y a biais d’inclusion).

4.2.2 Alimentation en eau potable : approche qualitative et quantitative

L’alimentation en eau potable est évaluée selon deux dimensions complémentaires : selon la dimension qualitative via le service de purification de l’eau et selon la dimension quantitative via le service de recharge des nappes. En théorie, ces deux évaluations sont complémentaires et n’entraînent pas de doubles comptes.

Cependant, la manière dont a été évalué le service de recharge des nappes, c’est-à-dire en considérant le prix de l’eau comme indicateur, génère un double compte puisque celui-ci intègre une partie des coûts de traitement de l’eau.

Il conviendrait en pratique de décomposer pour chaque commune le prix de l’eau et d’en exclure la part correspondant au traitement de l’eau, ce qui n’a pas pu être fait dans le cadre de cette étude. Cette redondance est toutefois minime au regard de la valeur totale des zones humides.

4.2.3 Valeur éducative et scientifique : usage ou non-usage ?

La valeur économique présentée pour la valeur éducative et scientifique est obtenue à partir d’une étude de Birol (2005) en Grèce. Il considère par une analyse conjointe la valeur que les citoyens accordent à l’amélioration des opportunités offertes par les zones humides en termes de recherche et d’éducation, en incluant des visites éducatives pour écoliers ou étudiants. Cette valeur intègre donc une valeur de non-usage (altruiste) évidente et potentiellement une valeur d’option. Leur prise en compte ne semble pas générer de double compte a priori.

4.3 Eviter les doubles-comptes : différencier les populations pour chaque fonction

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