1. Influence des paramètres de la pyrolyse
1.1. Influence de la température de pyrolyse
1.1.2. Diffraction des rayons X
1.1.3.1. Etude de la qualité cristalline
Les premières régions des spectres Raman des cinq échantillons sont tracées figure IV-9. Afin
de faciliter leur comparaison, les spectres sont normalisés par rapport à l’intensité apparente de la
bande D qui est généralement la plus intense. Plusieurs spectres sont enregistrés pour chaque
échantillon : par souci de clarté, un seul exemple par température est présenté figure IV-9.
Figure IV-9 : Région D-G des spectres Raman (λ = 633 nm) normalisés des échantillons pyrolysés pendant 4 h à 800°C, 825°C, 850°C, 875°C et 900°C.
Les spectres Raman font apparaître pour chacun des échantillons les bandes de vibration
caractéristiques des matériaux carbonés graphitiques : la bande D vers 1330 cm
-1, la bande G vers
1590 cm
-1et la bande D’ vers 1620 cm
-1. Ces bandes sont fortement élargies, en particulier pour les
températures de pyrolyse les plus basses, et de nouvelles composantes semblent être présentes. Ces
observations étant cohérentes avec les études réalisées sur les spectres Raman de matériaux carbonés
désordonnés, une modélisation des spectres a été effectuée avec le logiciel Origin 8.6. Dans la
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littérature, plusieurs types de courbes sont utilisés pour la modélisation des spectres Raman des
matériaux carbonés désordonnés. Les bandes D et G sont modélisées soit par des courbes
gaussiennes [9], [10] soit par des courbes lorentziennes [10], [11], le choix du type de courbe étant
relié à l’ordre cristallin de l’échantillon [10]. Une autre alternative est une courbe lorentzienne pour
la bande D et une courbe BWF (Breit-Wigner-Fano) pour la bande G [10]. Dans le cas où les bandes
caractéristiques des carbones désordonnés apparaissent, vers 1150 cm
-1et 1450 cm
-1, la première est
une lorentzienne, la seconde soit une gaussienne, soit une lorentzienne selon les études [11], [12]. Par
ailleurs, la bande D’ correspond à une courbe BWF [13]. Dans le cas des mousses graphéniques
élaborées au cours de ces travaux, le choix des types de courbes pour chaque composante est assez
délicat, d’une part en raison des divergences dans les types de courbes utilisées dans la littérature,
d’autre part car les échantillons comportent à la fois des phases amorphes et des phases cristallines.
Des modélisations satisfaisantes ont été obtenues avec les courbes suivantes :
- lorentziennes pour les bandes D et G et pour la bande vers 1150 cm
-1(notée bande A par la suite) ;
- gaussienne pour la bande vers 1450 cm
-1(notée bande B par la suite) ;
- BWF pour la bande D’.
Sur la figure IV-10 sont présentés deux exemples de modélisation, l’un sur l’échantillon
pyrolysé à 825°C pendant 4 h et l’autre pyrolysé à 875°C pendant 4 h, afin de justifier le choix de ces
différentes fonctions pour des échantillons de qualité cristalline variable.
Figure IV-10 : Exemples de modélisation des spectres Raman sur l’échantillon pyrolysé pendant 4 h à 825°C (a) et pendant 4 h à 875°C (b).
La modélisation fait apparaître, comme le laissait envisager la première observation des
spectres, les bandes caractéristiques des matériaux carbonés hybridés sp
2et les bandes A et B. La
bande A provient de la présence de diamant nanocristallin [12] ou hexagonal [14], ou bien de défauts
sp
3[15]. Les diffractogrammes des rayons X ne faisant apparaître aucune phase apparentée au
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carbone désordonné hybridé sp
3, ce qui est cohérent avec les zones mal cristallisées observées par
microscopie. La bande B est caractéristique de la présence de graphite nanocristallin ou de clusters
de cycles aromatiques dans une matrice sp
3[10]. Ces deux origines sont possibles pour les
échantillons, la deuxième étant corrélée à la présence de la bande A.
La qualité cristalline des mousses graphéniques sera évaluée selon deux paramètres : la
qualité cristalline des plans de graphène, et la teneur en carbone désordonné. La qualité cristalline
des plans est étudiée à travers l’évolution conjointe du rapport d’intensité des composantes D et G, et
de la largeur à mi-hauteur de la bande G FWHM(G) [9] : l’évolution de ces deux grandeurs
normalisées par rapport à l’intensité de la composante G en fonction de la température est tracée
figure IV-11.
Figure IV-11 : Rapport ID/IG (a) et FWHM(G) (b) (moyenne et écart-type) en fonction de la température de pyrolyse.
Lorsque la température de pyrolyse augmente, une diminution du rapport I
D/I
Get de FWHM
(G) est observée avec une certaine accentuation de cette diminution vers 850°C. Il est à noter que
comme l’intensité de la bande D est également reliée aux phénomènes de bord de particule, le
« découpage » des bords des feuillets constituant les mousses influe aussi sur le rapport I
D/I
G. Cette
évolution indique une amélioration de la qualité cristalline dans le plan avec l’augmentation de la
température de traitement. Concernant la teneur en carbone désordonné, les intensités des bandes A
et B rapportées à l’intensité de la composante G, tracées en fonction de la température de pyrolyse,
sont représentées figure IV-12.
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Figure IV-12 : Intensités IA/IG (a) et IB/IG (b) (moyenne et écart-type) en fonction de la température de pyrolyse.
La diminution de l’intensité de la bande A avec l’augmentation de la température de pyrolyse
indique une diminution de la teneur en carbone désordonné des échantillons : celui-ci est éliminé de
manière plus importante avec une température de pyrolyse croissante. La diminution de l’intensité de
la bande B peut décrire à la fois une diminution de la quantité de graphite nanocristallin et de la
quantité de clusters de cycles aromatiques. La figure IV-11 indiquant une augmentation de la qualité
cristalline dans le plan, il est logique que la contribution du graphite avec une très faible taille de
cristallite diminue. Par ailleurs, la quantité de clusters hybridés sp
2décroît également, ceux-ci
s’assemblant avec l’augmentation de la température de pyrolyse et croissant au détriment des régions
hybridées sp
3pour former des régions hybridées sp
2plus étendues.
Ainsi, l’étude de l’évolution de la première région des spectres Raman avec la température de
pyrolyse indique une diminution de la proportion de carbone désordonné et une augmentation de la
qualité cristalline des plans de graphène lorsque celle-ci augmente. Ces résultats vont dans le sens
des observations locales réalisées par microscopie électronique en transmission.
Dans le document
Élaboration de mousses de graphène par voie solvothermale et modification de leurs propriétés physico-chimiques
(Page 145-148)