2. Mécanismes de la pyrolyse
2.1. Rôle et influence des composés du sodium
2.1.2. Pyrolyse à plus hautes températures
2.1.2.2. Application à la pyrolyse du produit solvothermal
Composition chimique des produits de pyrolyse bruts
Les produits de pyrolyse bruts, sans étape de lavage, ont été analysés par diffraction des rayons
X. Les conditions de pyrolyse retenues pour cette étude sont les suivantes : une durée de 4 h, et des
températures de 825°C, 850°C et 875°C (soit une température très proche de celle de la
décomposition de Na
2CO
3, une température supérieure et une température inférieure). Les
diffractogrammes correspondants, normalisés par rapport à l’intensité de la raie la plus intense de
179
Figure IV-37 : Diffractogrammes (λ(MoKα1) = 0,70930 Å) des produits pyrolysés pendant 4 h à 825°C, 850°C et 875°C, et non lavés. Indexation : carbonate de sodium (fichier PDF n° 04-010-2762) et hydroxyde de
sodium (fichier PDF n° 04-015-4772).
Les trois produits de pyrolyse sont majoritairement composés de carbonate de sodium, et
contiennent une légère fraction de soude. Les raies de diffraction correspondant aux structures
carbonées étant très larges et de faible intensité (figures IV-7 et IV-25), elles ne sont pas discernables
sur les diffractogrammes.
Dans le paragraphe précédent, il a été indiqué que la réaction d’activation du carbone par la
soude s’effectuait majoritairement aux alentours de 600°C, ce qui a conduit à l’hypothèse d’une
consommation totale de la soude dans le milieu réactionnel peu après cette température. Ainsi, à des
températures telles que 825°C, 850°C et 875°C, d’autant que les pyrolyses durent 4 h, les produits de
pyrolyse ne devraient plus en contenir. De fait, la présence de raies de diffraction correspondant à la
soude s’explique alors par l’hydratation de l’oxyde de sodium Na
2O (qui peut se former dès 500°C)
lors de l’exposition du produit de pyrolyse à l’air.
Lorsque la température de pyrolyse atteint puis dépasse 850°C, l’intensité de la raie de
diffraction relative à la soude située vers 14° (2θ) diminue, ce qui indique une diminution de la
quantité de Na
2O dans le produit de pyrolyse par rapport à la quantité de Na
2CO
3. Le raisonnement
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Calcul de la composition des échantillons aux différents stades du procédé
La composition des échantillons après pyrolyse peut se calculer en s’aidant du schéma de la
figure IV-38.
Figure IV-38 : Schéma indiquant la composition des échantillons aux différents stades de l’élaboration des mousses graphéniques.
La teneur massique en carbone et en carbonate de sodium piégé se calcule à partir des
mesures ATG réalisées sur les échantillons finaux. La teneur en carbonate de sodium non piégé se
déduit quant à elle de la perte de masse mesurée entre le produit de pyrolyse et l’échantillon final, en
supposant que les composés du sodium non piégés sont intégralement éliminés lors du lavage. Dans
ces calculs, la petite fraction d’oxyde de sodium, hydraté en soude, contenue dans le produit de
pyrolyse est négligée.
La teneur massique en carbone contenu dans le produit de pyrolyse est définie comme :
r
C, pyro= masse finale en C
masse du produit de pyrolyse
r
C, pyro= teneur en C de l
′échantillon final × masse finale d′échantillon
masse du produit de pyrolyse
181
Figure IV-39 : Teneur massique en carbone dans les produits de pyrolyse en fonction de la température de pyrolyse.
Quelle que soit la durée de pyrolyse, la teneur en carbone du produit de pyrolyse diminue
avec la température. Une rupture de pente à 850°C est particulièrement visible pour une durée de 4 h,
alors que la teneur en carbone ne varie quasiment pas de 800°C à 825°C. Pour des durées plus
élevées, la diminution de la teneur en carbone entre 800°C et 850°C s’effectue de façon plus
accentuée, en particulier pour une durée de 24 h.
Entre 800°C et 850°C, le carbone se dégrade très légèrement par la réaction (IV-4), puis à partir
de 850°C, la production d’oxyde de sodium par la réaction (IV-1) conduit à une diminution plus
accentuée de la teneur en carbone par oxydation de celui-ci. Entre 800°C et 850°C, la réaction de
Na
2CO
3sur le carbone produit de l’oxyde de sodium visible sur le diffractogramme du produit de
pyrolyse à 825°C sous forme de soude (figure IV-37). A partir de 850°C, Na
2O est produit de
manière plus accentuée tout en attaquant le carbone, ce qui explique alors la diminution de la
quantité de Na
2O par rapport à la quantité de Na
2CO
3observée sur les diffractogrammes des produits
de pyrolyse à 850°C et 875°C.
La réaction de décomposition du carbonate de sodium est une réaction lente. Elle peut
commencer avant 850°C, mais cet effet n’est pas visible au bout de 4 h de pyrolyse seulement. En
revanche, des pyrolyses de 8 h et 24 h sont suffisamment longues pour que les effets de la
décomposition soient observés sur la teneur en carbone du produit de pyrolyse. La dégradation du
carbone est alors plus accentuée, et est particulièrement marquée pour une pyrolyse de 850°C durant
24 h. L’évolution de la composition des produits de pyrolyse est donc bien cohérente avec les
hypothèses et les observations précédemment effectuées.
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Conséquences sur les échantillons et mécanisme d’obtention des mousses graphéniques
L’étude de l’évolution relative des produits solides de la décomposition de l’intermédiaire
solvothermal réalisée dans le début de cette partie permet, d’une part, d’expliquer l’évolution des
caractéristiques structurales et chimiques des mousses graphéniques, d’autre part, de proposer un
mécanisme de formation de ces structures.
- Entre la décomposition de l’intermédiaire solvothermal et le début de la gamme températures de
pyrolyse (100°C à 800°C) :
L’intermédiaire solvothermal forme, lors de sa décomposition, du carbone amorphe (figure
IV-33), de la soude et du carbonate de sodium (figure IV-32). La soude agit comme agent activant
sur les structures carbonées en formant une grande quantité de micropores (figure IV-34) : cette
réaction, couplée à la possible carbonatation de la soude par le léger dégagement de dioxyde de
carbone formé lors de la décomposition du produit solvothermal et/ou par l’oxydation du carbone,
conduit à la formation de carbonate de sodium supplémentaire. La soude est entièrement consommée
aux alentours de 600°C. Les interactions entre le carbone et le sodium sont par ailleurs
potentiellement accentuées par un phénomène d’intercalation du sodium.
- A 800 et 825°C :
Le milieu réactionnel contient majoritairement du carbone et du carbonate de sodium. Pour
des durées de pyrolyse suffisamment faibles (4 h ici), la réaction majoritaire est la réaction (IV-6)
entre Na
2CO
3et C. Les échantillons sont peu cristallisés et très microporeux. Le carbonate de sodium
consomme toutefois un peu de carbone, le plus désordonné car le plus réactif : une légère diminution
de la quantité de carbone amorphe est observée entre 800°C et 825°C.
Si la durée de pyrolyse augmente, la décomposition de Na
2CO
3qui est une réaction lente peut
débuter avant 850°C. La réaction (IV-6) se couple alors avec la réaction (IV-1). Les structures
carbonées les plus désordonnées sont éliminées de manière plus importante par réaction avec les
composés du sodium, cet effet étant accompagné d’une amélioration de la qualité structurale des
échantillons avec une durée de traitement plus élevée. L’augmentation de la qualité structurale ainsi
que l’élimination du carbone désordonné conduit à l’assemblage des atomes de carbone en clusters
hybridés sp
2, qui s’assemblent ensuite sous forme de mousses graphéniques aux parois composées de
plans de graphène polycristallins. En se formant dans le milieu réactionnel, les plans de graphène
piègent des inclusions de carbonate de sodium. Il est probable que sa plus grande réactivité provoque
sa réaction avec le carbone avant que les inclusions ne se forment. Au bout de 24 h, les mousses
changent de morphologie : toujours avec l’augmentation de la qualité structurale des plans de
graphène, les particules deviennent beaucoup plus planes. Il reste des particules dont la structure est
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apparentée à celle d’une mousse, mais avec un aspect beaucoup plus froissé, dans lequel le carbonate
de sodium reste piégé.
- A partir de 850°C :
La décomposition de Na
2CO
3a toujours lieu, quelle que soit la durée de pyrolyse. De fait, les
mousses graphéniques se forment dès 4 h, toujours en piégeant des inclusions de Na
2CO
3.
L’augmentation de la durée de pyrolyse conduit tout d’abord à une amélioration de la qualité
structurale et un accroissement de l’ordre d’empilement de la structure carbonée. En revanche, pour
une pyrolyse de 24 h, la réaction de décomposition du carbonate de sodium est beaucoup plus
avancée et conduit à une forte concentration de Na
2O dans le milieu réactionnel. Celui-ci réagit avec
le carbone de façon particulièrement importante, ce qui peut également être attesté par l’épaisseur du
dépôt de sodium sur le couvercle du four en fin de pyrolyse. La structure carbonée est dégradée au
point de perdre ses propriétés de surface : une mesure d’adsorption dans les mêmes conditions
opératoires que les autres échantillons n’est plus possible.
L’ensemble des conclusions effectuées relatives aux mécanismes de la pyrolyse et l’évolution
des échantillons en fonction des paramètres sont résumés sur la figure IV-40.
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Dans le document
Élaboration de mousses de graphène par voie solvothermale et modification de leurs propriétés physico-chimiques
(Page 180-186)