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intersectionnelle du genre et du langage

1.3 L’intersectionnalité : une nouvelle appro- appro-che du genreappro-che du genre

1.4.6 Ethnicité et langage

Note : À partir de cette section, nous utilisons le terme « ethnicité » pour désigner le concept de « race », comme expliqué p.41

Comme le genre, l’ethnicité est construite en partie par les choix linguis-tiques des individus. Pour ce faire, ils ont plusieurs ressources à leur position, dont leur langue maternelle, le code-switching, des procédés dis-cursifs, des procédés prosodiques, des variables phonétiques, syntaxiques et lexicales, ou encore l’emprunt de procédés linguistiques utilisés par des individus d’autres ethnicités (Fought, 2006). Les relations entre langue et ethnicité ont commencé à être étudiées par les sociolinguistes améri-cains dans les années 1960, avec les descriptions de plusieurs variétés d’an-glais comme, par exemple, l’and’an-glais afro-américain (Baugh, 1983 ; Labov, 1972), l’anglais chicano (Fought, 2003), et l’anglais parlé par les Amérin-diens (W. L. Leap, 1993). Plutôt que de décrire les diverses variétés d’an-glais, d’autres chercheur·es ont exploré la manière dont les identités eth-niques sont construites par le langage. C’est le cas de Zentella (1997), qui a étudié les enfants portoricains bilingues à New York, ou de Cutler (1999) et Bucholtz (1999b), qui se sont intéressées à la façon dont des adolescents blancs utilisent des éléments typiques de l’anglais afro-américain et de la culture hip-hop.

Une grande partie de ce que nous avons écrit sur l’étude du genre et de la langue vaut également pour l’étude de l’ethnicité et de la langue. Wol-fram et Schilling (2016) soulignent qu’il est difficile d’établir des corréla-tions simples entre les usages linguistiques et la race, car l’ethnicité est un concept fluide et multidimensionnel, qui est souvent façonné en grande par-tie par la langue. Lorsque l’on étudie l’ethnicité, il ne faut pas oublier que la construction identitaire est complexe, et que l’ethnicité n’en est qu’une des facettes, qui peut être plus ou moins mise en valeur selon le contexte

(Fought, 2006).

Les Afro-Américain·es

Les Afro-Américain·es occupent une position unique dans la société amé-ricaine. Ils sont présents aux États-Unis depuis plus longtemps qu’aucun autre groupe d’immigrants ; victimes d’une immigration involontaire, ils ont subi (et continuent à subir) des discriminations tout au long de leur his-toire. Ils sont, sans aucune ambiguïté, « américain·es », mais n’ont pas at-teint le même statut que d’autres immigrant·es, et se sentent plus à l’écart de la société blanche que d’autres minorités ethniques (Phinney & Onwu-ghalu, 1996). Depuis les années 1990, de « nouveaux » Afro-Américain·es sont apparus, avec d’importantes vagues migratoires venues d’Afrique sub-saharienne et des Caraïbes. Contrairement aux Afro-Américain·es issus de l’esclavage, qui sont présents dans tout le pays, ces « nouveaux » Afro-Américain·es sont concentrés sur la côte Est. De plus, même s’ils souffrent également de la ségrégation, ils jouissent d’un statut socioéconomique su-périeur à celui des descendants des esclaves (Logan, 2007).

L’anglais afro-américain a été abondamment étudié ; il a fait l’objet de cinq fois plus de publications qu’aucun autre dialecte américain (Wolfram & Schilling, 2016). Depuis les années 1960, il a reçu différentes appellations, dont Negro Dialect, Nonstandard Negro English, Black Communications,

Black Folk speech, Black English, Vernacular Black English, Afro-American English, African American Vernacular English, et African American Lan-guage (Green, 2002). Le nom qu’on lui a donné a souvent reflété le contexte

sociopolitique américain. Certaines appellations lui confèrent un statut de langue à part entière (African American Language), mais il est généra-lement considéré comme un dialecte (Green, 2002). La distinction entre langue et dialecte est motivée par des critères extralinguistiques, et, dans ce cas précis, est compliquée par l’histoire et le statut des Afro-Américain·es. Les premières descriptions de l’anglais afro-américain, comme celle de La-bov (1972), se sont intéressées à la langue des jeunes afro-américain·es des quartiers défavorisés des centres-villes, qui parlent une variété caractéri-sée par l’emploi important d’argot (appelée African American Vernacular

English par Labov). Elles se sont focalisées sur les structures

grammati-cales et phonologiques qui diffèrent le plus de l’anglais américain standard, comme le be invariable (they always be playing), l’absence de copule (she

nice), la réduction des clusters consonantiques (Wes’ Africa au lieu de West Africa) ou la prononciation [f] de th (baf pour bath). Ces descriptions ont

mis en avant une version « idéalisée » et uniforme de la langue des Afro-Américain·es, au détriment de la variation sociale et géographique (Wol-fram & Schilling, 2016).

En réalité, les structures de l’anglais afro-américain sont présentes dans d’autres dialectes d’anglais. Ce qui rend l’anglais afro-américain unique, c’est la façon dont il combine ces structures. De plus, l’anglais afro-américain n’est pas utilisé par tou·tes les Afro-Américain·es (Green, 2002). Et quand il l’est, il ne l’est pas forcément pleinement : de nombreux·ses Afro-Améri-cain·es indexent leur ethnicité par la langue sans employer toutes les

res-sources phonologiques et grammaticales de l’anglais afro-américain. La va-riation régionale est importante ; sous l’influence du dialecte new-yorkais, les Afro-Américain·es de New York prononcent ainsi moins fréquemment le

r en position finale que les communautés afro-américaines des Appalaches

(Wolfram & Schilling, 2016).

Il n’y a pas de consensus sur les origines de l’anglais afro-américain. Plu-sieurs hypothèses ont été avancées : pour certain·es, l’anglais afro-améri-cain refléterait l’anglais britannique parlé dans les colonies amériafro-améri-caines, pour d’autres, il serait le résultat de l’évolution d’un créole né des premiers contacts entre Africain·es et Européen·nes. L’émergence de nouvelles sour-ces, dont les mémoires, lettres et écrits d’anciens esclaves, montrent toute-fois qu’au 19ème siècle, l’anglais afro-américain n’était pas si différent des dialectes parlés par les Américain·es d’origine européenne. L’hypothèse la plus probable est que l’anglais afro-américain a été influencé par un sub-strat africain et par le créole parlé sur le littoral d’Afrique de l’Ouest et dans les îles des Caraïbes où séjournaient les esclaves avant d’arriver sur le continent. Le développement de la langue afro-américaine a été influencé par l’esclavage, les lois Jim Crow, la ségrégation « de facto » qui persiste aujourd’hui aux États-Unis, et par la grande migration afro-américaine du milieu du 20èmesiècle, depuis le sud rural vers le nord urbain. Il est égale-ment dû au fait que les Afro-Américain·es ont, depuis longtemps, une iden-tité culturelle et ethnique forte ; dans la deuxième moitié du 20èmesiècle, on a ainsi vu apparaitre une norme suprarégionale, composée de traits lin-guistiques présents partout où l’anglais afro-américain est utilisé (Wolfram & Schilling, 2016).

De nombreux Afro-Américain·es indexent leur identité ethnique par la langue, en se distanciant d’autres groupes, et notamment des blanc·hes. Pour certain·es, adopter l’anglais américain standard est l’équivalent d’« ac-ting white », c’est-à-dire de se comporter comme un·e blanc·he (Wolfram & Schilling, 2016). Évidemment, la façon dont chaque personne puise dans les ressources linguistiques de l’anglais afro-américain dépend de nombreux facteurs. Il peut y avoir une interaction avec l’âge : Van Hofwegen et Wol-fram (2010) a montré, dans une étude longitudinale, qu’il y a des pics et des creux dans la fréquence des caractéristiques de l’anglais afro-américain pendant l’enfance et l’adolescence. Wolfram (1969) a mis en évidence une interaction avec le genre : dans son étude menée à Détroit, les femmes afro-américaines utilisaient une langue plus standard que les hommes. La fréquence des structures de l’anglais afro-américain dépend également du contexte des discussions, et peut varier, dans une même conversation, en fonction du sujet évoqué (Schilling-Estes, 2004).

Même si l’anglais afro-américain continue à être rejeté par les insti-tutions et le monde du travail, il est aujourd’hui dynamisé par la place importante qu’il occupe dans la culture populaire, aux États-Unis et dans le monde entier. Certain·es locuteur·trices non afro-américain·es utilisent des éléments de la langue afro-américaine pour indexer une affiliation à la culture urbaine et « cool » du hip-hop. De nombreux termes d’argot améri-cain ont ainsi une origine dans l’anglais afro-amériaméri-cain, même si la façon

dont les Américain·es blanc·hes se les approprient a rarement été explorée (Bucholtz, 2012).

Les Hispaniques

Les Hispaniques sont, après les Amérindien·nes, les plus anciens habi-tants de l’Amérique ; ils sont également le plus important groupe d’immi-grants récents aux États-Unis. Entre 1980 et les années 2010, la tion d’Hispaniques a quadruplé, pour atteindre près de 17 % de la popula-tion (Wolfram & Schilling, 2016). La migrapopula-tion hispanique est très diverse. Des personnes d’origine mexicaine vivent depuis des siècles au Texas, au Nouveau-Mexique, en Californie et dans l’Arizona ; des populations porto-ricaines vivent dans le Nord-Est depuis des générations, et le sud de la Floride a vu arriver de nombreux réfugiés cubains. Dans d’autres régions, l’immigration hispanique est plus récente ; ces dernières années, des com-munautés rurales et urbaines du Midwest, du Sud-Est et du Nord-Ouest ont par exemple accueilli des vagues d’immigrant·es d’Amérique centrale (Wolfram & Schilling, 2016).

Plusieurs termes sont utilisés pour désigner les populations hispani-ques. Fought (2003) a remarqué que les personnes qu’elle a étudiées à Los Angeles préfèrent les termes « Mexican American », « Chicano » et « Latino » à « Hispanic », qui est pour eux « a white person’s word » (p. 17). Le terme « hispanique », qui a été employé pour la première fois dans un recensement en 1980 (Salinas Jr., 2019), semble effectivement être plutôt utilisé par les institutions (Wolfram & Schilling, 2016). Notons qu’il n’a pas le même sens que le terme latino : « hispanique » désigne les personnes issues de pays qui ont l’espagnol comme langue principale, tandis que « latino » se réfère aux personnes venues du Mexique, des pays d’Amérique centrale et du sud, et des Caraïbes, même si l’espagnol n’y est pas parlé. Ces deux termes ont pour point commun de désigner une ethnicité, et non une « race ». Une personne hispanique peut ainsi être blanche, noire, ou amérindienne. Aujourd’hui, le terme non genré « Latinx », apparu en 2004 dans les communautés queer, est de plus en plus utilisé, notamment sur les réseaux sociaux (Salinas Jr., 2019). Le terme « Chicano », enfin, désigne les populations d’origine mexicaine vivant dans le Sud-Ouest des États-Unis (Wolfram & Schilling, 2016).

À cause de la grande diversité des populations hispaniques, on ne peut pas parler de variété unique de « Latino English ». En effet, certaines com-munautés latino ne parlent que l’anglais, d’autres parlent principalement l’espagnol, et d’autres sont bilingues, à différents degrés (Wolfram & Schil-ling, 2016). L’interaction entre l’ethnicité et d’autres facteurs sociocultu-rels, sociohistoriques et sociopsychologiques explique la diversité de l’an-glais latino. Il existe toutefois des caractéristiques phonologiques et gram-maticales communes à de nombreux locuteur·trices de l’anglais latino, comme la prononciation « pleine » du schwa (qui, dans le mot because de-vient par exemple un [i]), et le fait que les syllabes tendent à avoir toute la même durée, ce qui n’est pas le cas en anglais américain standard (Wolfram & Schilling, 2016).

L’anglais latino semble par ailleurs être plus perméable à l’anglais afro-américain que l’anglais parlé par les populations blanches et non hispa-niques. Wolfram (1974) a montré que des Portoricains de New York ont adopté deux caractéristiques grammaticales de l’anglais afro-américain : l’absence de copule (he tired) et le be habituel, qui indique une action ré-currente (he be tired). Ces caractéristiques ont également été mises en évi-dence dans l’anglais chicano (Fought, 2003 ; Santa Ana & Bayley, 2004), et chez des adolescents de Caroline du Nord (Carter, 2013). Wolfram remarque que l’anglais latino peut être influencé par l’anglais afro-américain même en cas d’interactions limitées entre les deux communautés. Fought (2003) précise qu’il est difficile de déterminer l’étendue de l’influence de l’anglais afro-américain dans le développement de l’anglais latino.

Deux études ont mis en évidence une interaction entre le genre et l’eth-nicité dans l’anglais latino. Poplack (1978) a montré que les adolescentes portoricaines utilisaient davantage le système vocalique de l’anglais de Phi-ladelphie (associé avec les Européen·nes-Américain·es) que les garçons por-toricains. Eux, par contraste, adoptaient plus volontiers des éléments de l’anglais afro-américain. Carter (2013) partage ce dernier constat, d’après son étude d’adolescent·es latinos de Caroline du Nord. Pour lui, l’utilisa-tion de caractéristiques de l’anglais afro-américain par les garçons n’était pas nécessairement une façon d’indexer la masculinité latino. Il émet l’hy-pothèse que cela peut être lié au fait que les garçons avaient davantage de contacts avec des adolescents non latinos, alors que les filles préféraient rester entre elles et parler espagnol.

Les Asiatiques

En Amérique du Nord, la catégorie « asiatique » est extrêmement hété-rogène. Elle comprend des individus originaires de trois grandes régions : l’Asie de l’Est (Japon, Chine et Corée), l’Asie du Sud-Est (Vietnam, Laos et Cambodge, entre autres) et l’Asie du Sud-Ouest (Inde, Pakistan et Sri Lanka). Les Asiatiques sont le groupe ethnique qui a le plus augmenté aux États-Unis entre 2000 et 2010 ; il compte aujourd’hui près de 20 millions d’individus (Bureau, p. d.). En même temps, la catégorie « asiatique » est fortement racialisée aux États-Unis. Les Asiatiques affrontent un type de racisme différent de celui vécu par les Afro-Américains. D’un côté, ils sont considérés comme la minorité modèle. On les représente comme des indi-vidus travailleurs, intelligents et particulièrement doués pour les sciences et les mathématiques. Leur réussite universitaire et économique est exa-gérée ; elle est perçue comme étant le produit de leur culture de l’effort, et non de l’aide financière de l’État (Pyke & Dang, 2003).

Même s’il est positif, ce stéréotype est dangereux. Tout d’abord, faire des Asiatiques un exemple à suivre est une façon de dévaloriser les autres groupes raciaux, qui ne feraient pas assez d’efforts pour réussir. Ensuite, le stéréotype n’est pas forcément si positif que cela. Les Asiatiques sont sou-vent représentés comme des nerds (« intellos »), mal à l’aise en société, et

uncool. De plus, il ne tient pas compte de la diversité des expériences du

du Sud-Ouest. Les Asiatiques souffrent également d’un autre stéréotype, celui des « forever foreigners » : ils sont d’éternels étrangers qui ne sont pas perçus comme des Américains (Tuan, 1998). Cela s’accompagne d’une glottophobie : on pense souvent qu’ils ne parlent pas anglais et la culture populaire se moque souvent de leur façon de parler (Wolfram & Schilling, 2016). Un troisième stéréotype a émergé, celui de la minorité à problème ; il est accolé aux immigrant·es et aux descendant·es d’immigrant·es d’Asie du Sud-Est, souvent défavorisés sur le plan économique, qui ne sont pas vu·es comme des « nerds » mais comme des « gangsters dangereux » (Bucholtz, 2004). Pour toutes ces raisons, et malgré le fait qu’ils et elles sont parfois considérés comme des « honorary whites », les Asiatiques occupent une po-sition intermédiaire entre les blanc·hes et les Afro-Américain·es depuis le milieu du 19èmesiècle (Pyke & Dang, 2003).

Contrairement à l’anglais afro-américain et aux variétés d’anglais la-tino, l’anglais des Asiatiques n’est pas une variété « marquée » (Bucholtz, 2004), même si certaines études ont mis en évidence des différences avec l’anglais américain standard (Hall-Lew, 2009 ; Hanna, 1997). En effet, l’im-mense diversité culturelle, économique et linguistique des Asiatiques a em-pêché la formation d’un « Asian American English » (Bucholtz, 2004). Les Asiatiques de la classe moyenne parlent donc en général l’anglais améri-cain standard de la région où elles et ils vivent. Sans doute pour cette raison, les Asiatiques ont fait l’objet de relativement peu d’études socio-linguistiques, comparés aux autres groupes ethniques (Wolfram & Schil-ling, 2016). Depuis les années 2000, les Asiatiques commencent toutefois à attirer l’attention des sociolinguistes. Les études réalisées se focalisent généralement sur un contexte urbain ou rural particulier, et non pas sur les « Asian Americans » de manière générale, comme la communauté asia-tique de Sunset District à San Francisco (Hall-Lew, 2009), des lycéennes d’origine laotienne (Bucholtz, 2004), ou encore des New-Yorkais d’origine chinoise (Wong, 2007).

Toutefois, ce n’est pas parce qu’il n’existe pas de variété marquée d’« an-glais asiatique » que les Asiatiques ne peuvent pas construire linguisti-quement leur identité ethnique, et notamment par l’utilisation, ou la non-utilisation, de l’argot et d’éléments issus de l’anglais afro-américain (Bu-choltz, 2004). Chun (2001) a ainsi observé comment un jeune Coréen-Amé-ricain du Texas utilise le lexique d’une version « imaginée » de l’anglais afro-américain pour construire une identité masculine et coréenne, en relation à la fois avec la « whiteness » et la « blackness ». Cette même appropriation de l’anglais afro-américain a été étudiée par Reyes (2005), qui a mis en valeur le « capital linguistique » représenté par cette variété pour des jeunes issus de l’immigration du sud-est de l’Asie, et par Bucholtz (2004) qui a examiné comment des jeunes filles d’origine laotienne adoptent ou pas des caracté-ristiques de l’anglais afro-américain pour se positionner par rapport aux stéréotypes attachés aux Asiatiques (« nerd » ou « gangster »).

tl ;dr

Notre approche intersectionnelle et quantitative du genre et du langage est ancrée dans une réflexion sur le sexe et le genre, nourrie par les apports de la biologie et des sciences sociales. Elle reconnait le fait que le sexe est un phénomène complexe, et que le genre est une construction basée sur l’exagération des différences biologiques entre femmes et hommes.

Elle délaisse la perspective essentialiste utilisée dans les premiers temps de la recherche sur le genre et le langage au profit d’une vi-sion du genre comme étant créé, en partie, par le langage. Elle re-met en question certains résultats des chercheur·es des paradigmes de la domination et de la différence, et s’inspire des travaux de la troi-sième vague variationniste. Elle prête une attention toute particu-lière à la non-conformité de genre et à ses expressions linguistiques. Elle montre qu’il est possible d’explorer la langue de façon quantita-tive dans de grands corpus, à condition d’adopter des méthodes statis-tiques qui, comme la régression avec interactions, permettent d’exa-miner les intersections du genre avec d’autres variables.

Notre projet a pu être concrétisé grâce à la richesse textuelle et la diversité sociodémographique du site internet Reddit ; il met en lu-mière les interactions du genre avec l’âge et l’ethnicité, qui sont éga-lement des constructions sociales, étudiées ici dans le contexte nord-américain.

La CMC : un terrain fertile