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IL ETAIT UNE FOIS !

Dans le document Td corrigé HIMALAYA - Developpez.net pdf (Page 180-191)

Histoires à rêver debout !

IL ETAIT UNE FOIS !

Une fois de plus j’achevais ce chapitre sans avoir réussi à tisser le moindre lien avec l’Himalaya. Pire, dans ce dernier cas, je n’avais même rien trouvé, dans aucune de ces comptines ou nouvelles, de raison valable pour y mentionner le nom de Laya.

Il me faut avouer que, lorsque je me mets en ébullition pour trouver une histoire, un déferlement d’idées, généralement plus folles les unes que les autres, me traversent l’esprit.

Or, il est très rare que je résiste à la tentation de les développer sur le champ, ou, au minimum, de les consigner sous forme de synopsis, que je classe soigneusement, pour les exhumer parfois des années plus tard.

Je m’étais laissé aller encore une fois à ce néfaste penchant. Je n’y pouvais point résister. Résultat, j’écrivais tout ce qui me passait par la tête, à mille lieux du sujet.

J’avais beau me triturer les neurones, à part une aventure relatant une expédition dans l’Himalaya, ce que j’avais déjà évoqué à deux reprises autour du guide Olivier Rumilly, que pouvais-je imaginer d’autre comme trame ?

De plus Laya avait proposé que je parte de la base pour aller vers le sommet, tandis qu’elle ferait le chemin inverse.

Comment rejoindre son propre récit ?

Le défi de Laya, était vraiment démoniaque.

Comment en ce moment construisait-elle sa partie d’ouvrage ? Car si elle avait inventé ce pari dément, il fallait forcément qu’elle ait eu, dès le départ, sa petite idée derrière la tête.

Que pouvait donc évoquer l’Himalaya dans son imagination débridée, qui puisse à tous les coups se connecter, comme par magie, à ce que je pouvais moi-même concevoir ?

Une expédition d’alpiniste, mais où…

Dans l’Himalaya, a priori :

Sur l’Evrest, le K2, l’Annapurna, le Kanjeralwa, le Ganesh Himal, le Dorje, le Lakpa, le Langtang Ri, le Langtang Lirung, le Barun Tse, le Makalu, le Kanchenjunga, le Manaslu, l’Himlung Himal, L’Ama Dablam, le Cho-oyu, le Pumori, le Tawoche, le Thamserku, le Lhotse Shar, le Nuptse, l’Ama Dablam, le Pic Paldor, ou le Kala Pattar ???

Si la démarche de laya était une expédition montagnarde, cette simple nomenclature des sommets de plus de 6000 mètres permettrait, peut-être, une jonction au plan géographique. Mais au-delà….

Laya allait-elle nous narrer une histoire à la Frison-Roche ou à la Maurice Herzog ?

Je savais qu’elle n’avait aucune expérience de la haute montagne.

S’était-elle astreinte à la lecture de toute la littérature du

genre pour pouvoir en extraire une histoire réaliste, ou bien s’était-elle contentée de vagues poncifs sur le sujet, et s’en servir comme d’un cadre vague pour situer son intrigue.

Dans l’une ou l’autre de ces hypothèses, allait-elle traiter une immense « histoire d’homme » face à des éléments hostiles, des tempêtes déchaînées, des avalanches meurtrières, ou essayer de s’impliquer dans l’intrigue et nous concocter une incroyable histoire d’Amour avec le chef de cordée, un modeste sherpa voire avec l’abominable homme des neiges ?

Tout était possible !

Laya pouvait aussi bien traiter le sujet en une sorte d’allégorie mythologique, façon l’Iliade et l’Odyssée.

Tiens… que voilà une idée intéressante… qui collerait parfaitement à son esprit espiègle. Sans être férue de symbolisme, cette approche ne pouvait que la séduire.

Comment, si elle avait adopté cette voie, aurait-elle transposée la légende ?

Déclarer que n’importe quel des sommets himalayens était l’Olympe… pourquoi pas ? Si, comme cela était probable, elle s’était octroyé le meilleur rôle féminin, qu’elle héroïne aurait-elle choisi d’être ? Athéna, Hélène, Nausicaa, la nymphe Calypso, Leucothée, Circé, ou Pénélope ?

Serais-je moi aussi de l’épopée, et sous quel personnage ? Ulysse probablement, si elle s’était attribuée le rôle de Pénélope, les membres de cette expédition himalayenne pouvaient, en effet, possiblement s’assimiler aux compagnons d’Ulysse

À moins que je ne sois, et là aussi, et pourquoi pas, Zeus lui même si elle était Athéna ? Le cyclope pourrait être le yéti…

mais les sirènes ? d’où pourraient-elles sortir ? d’un lac gelé ? Certes, tout était possible à imaginer !

Mais à l’analyse, cette hypothèse semblait quand même peu vraisemblable. Pourquoi aurait-elle choisi tant de difficultés.

Pour satisfaire sa manie du défi ?

Quelle autre voie Laya aurait-elle pu prendre ?

La belle avait été aussi une soixante-huitarde acharnée.

Or, l’Himalaya avait été la destination de prédilection d’une partie de la jeunesse de cette époque tourmentée.

Certes, elle n’avait jamais fait le voyage à Katmandou, rêve fou de tous les hippies. Mais d’après ce que j’en sais, elle en avait beaucoup rêvé. Certains de ses copains et copines avaient tenté le mythique périple au voisinage de ce « paradis » Himalayen.

Elle en avait conservé certains regrets de n’avoir pas eu l’audace de partir avec eux.

Par ailleurs, elle avait lu, vraisemblablement, le roman de René Barjavel « les chemins de Katmandou », ou les nombreux récits de voyages de cette époque ? S’en serait-elle inspirée ?

A la réflexion cette hypothèse me semblait être beaucoup plus probable, car nous avions tous les deux, dans notre jeunesse, vécu cette tentative avortée de reconstruction du monde.

Il était relativement aisé de nous mettre en scène tous les deux dans une histoire située en ces lieux et à cette époque, voire trente-cinq ans après, sous forme de pèlerinage. Cette simple hypothèse m’emplissait déjà d’une multitude d’images rétrospectives… Toutes les chimères bourgeonnaient alors dans les esprits.

L’une d’elle était le retour aux sources, c’est à dire à l’ascétisme oriental, des bonzes, des yogis, des brahmanes. Un retour à un mode de vie dépouillé de tous les oripeaux capitalistes.

La terre promise, l’éden pour beaucoup, était Katmandou, ou Khatmandu, ville insolite dont l’ambiguïté orthographique marquait en elle-même toute cette époque. Pour ceux qui la considéraient comme leur phare spirituel, le choix de cet exil prétendait à lui seul symboliser « la » philosophie non matérialiste ».

Le mirage de la religion bouddhiste, s’affranchissant de l’hyper matérialité du temps, était seule susceptible, selon ces illuminés, de contrebalancer la course effrénée à l’argent et à une

certaine logique de consommation, caractéristique d’un monde capitaliste, alors honni par eux.

Pour les tenants d’un autre courant, les principes fondamentaux du communisme restaient la base de leur idéal. Cependant les déviations, déjà bien connues, des régimes pratiquant officiellement le marxisme s’opposaient désormais à leur vision de l’équité sociale.

Une autre direction prétendait trouver la solution dans une vie communautaire dans le cadre d’un retour à la nature y inclus au niveau des mœurs.

Ainsi certains partirent en Scandinavie ou en hollande, où, notamment, la liberté sexuelle et la tolérance des styles de vie leur convenaient mieux. C’était notamment le cas d’Amsterdam, une ville très appréciée pour sa convivialité et sa lutte antipollution (les gens ne s'y déplacent presque qu'en vélo… un symbole fort !).

D’autres allèrent rejoindre le kibboutz en Israël. Mais la majorité « s’exila » principalement en terre Française »… dans le Larzac, l’Ardèche, ou quelques vallées alpestres.

En ville, d’autres tentèrent des expériences communautaires dans des squattes, voire sur des terrains vagues à la façon romanichelle.

Plusieurs théories (car tout le monde refusait la notion même de dogme) se disputaient donc la primauté d’une voie nouvelle allant

offrir la renaissance à une humanité désormais en quête d’un bonheur absolu.

Le mouvement avait débuté à la fin des années cinquante par le courant « rock » et une catégorie particulière d’adeptes de cette musique, s’était fixée au sein du mouvement « beatnik ».

L’impulsion s’était poursuivie au début de la décennie suivante par un autre courant baptisé « hippies ».

En fait, la tendance nouvelle, venue des États-Unis, ressemblait fort à une religion, symbolisé par des expressions telles que « Peace and Love » (faites l’Amour et pas la guerre), slogan destiné à choquer les puritains, ou « Flower Power » (pouvoir de la fleur) emblème commun du pacifisme, de l’amour de son prochain et de son goût pour la nature.

Ces deux devises étaient scandées soutenues par deux doigts brandis en « V ».

Il était bienvenu également de porter une tenue vestimentaire choquante pour « les bourgeois « réac » : pantalons ""patt' d'eph'" (pattes d'éléphant)", tuniques ou djellabas indiennes,

"moumoutes" brodées, gilets afghans, habits à motifs très colorés et souvent fleuris, bandeaux dans les cheveux, petites lunettes rondes, sandales, longs colliers et bracelets de perles artisanaux, badges fantaisie, etc...

Les filles et les garçons s'habillaient volontiers « unisexe », afin de gommer le comportement sexiste de la société d’alors. En

revanche, les garçons se laissaient souvent pousser la barbe, qu’ils portaient de préférence hirsute.

On voyait également des tenues militaires fantoches achetées aux stocks américains, agrémentées de bérets portés à la manière du « Tché », leur idole.

Cette idéologie, qui en refusait le nom, prônait également l’usage de drogues diverses permettant de « planer » ... état de douce euphorie supposé permettre d’atteindre l’état transcendantal, sommet d’un syncrétisme de religions orientales, prises comme référence à leur refus du matérialisme et de l’égoïsme ambiant.

Laya, était fascinée par ces diverses tendances, mais était tiraillée. Non seulement par chacune d’elles, mais peut-être encore plus par la perte d’un certain confort que lui offrait son cadre familial bourgeoisement opulent.

Et puis il y eut la « Révolution » de mai 68, où de jeunes

« enragés » politiques, rangés sous les oriflammes rouges et noirs affirmaient que l’on ne pourrait jamais instaurer une nouvelle société sans mettre totalement à bas celle des fachos et des exploiteurs qui avaient jusque-là asservi la classe ouvrière. Laquelle classe ouvrière, débordant ses structures syndicales s ‘engouffrait dans la brèche, occupant bureaux et usines… sur fond « d’internationale » et de barbecues géants.

C’est dans ce cadre chaotique dans toutes les directions que je rentrais en lice, modestement, mu par un idéal que je croyais formé et indéformable.

Je ferraillais quelques temps encore sur le champ de bataille politique. Sans succès.

Les temps étaient revenus à la réalité sociétale pragmatique…

les plus riches à « polytechnique », « sciences Po » ou l’E.N.A » Et les fils de « Travailleurs » au bureau, aux champs ou à l’usine.

Mais je m’égare, encore ! Hep LAYA…

attend moi, J’arrive !

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