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Chapitre Troisième

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Réincarnation.

Laya était là, souriante, radieuse, plus que jamais sensuellissime dans son peignoir de bain… le décolleté aguicheur.

J’émergeai de mon cauchemar.

Allez. Allez, il est dix heures. Claironna-t-elle.

Eh ben ! Tu as eu une nuit bien agitée, mon petit loup, Tu as dû faire un mauvais rêve, car tu n’as pas cessé de gigoter et de gémir. Tu transpirais à grosses gouttes. J’ai failli te réveiller, mais tu t’étais couché si tard. Je n’ai pas osé.

Humm ! onomatopais-je, en lui déposant un mollasson baiser sur ses tendres lèvres.

Raconte ! ordonna-t-elle. Raconte-moi ton rêve.

Oh, c’était une histoire vieille comme le monde, mentis-je.

J’étais Adam. Tu étais Ève. Il y avait un vilain serpent. Tu désobéissais au grand patron…

Tu veux vraiment la suite de l’histoire ? Je sais que tu la connais. Je résume : Par ta faute j’ai passé ma nuit en enfer dans les fourneaux du diable.

Arrête de me charrier ! protesta-t-elle.

D’accord, ce n’était pas exactement l’histoire de la genèse, mais tu m’as fait endurer des choses bien pires. L’enfer doit être une douce gâterie à côté.

Allez ! Si ! Raconte… s’il-te-plait, insista-t-elle appuyant sa supplique d’une petite moue enjôleuse.

Je ne te raconterai pas la chose, car je viens de décider de la caser dans « Himalaya ». Na ! Ce sera ma vengeance après tout ce que tu m’as fait subir cette nuit, Lucrèce !

Tu n’as pas le droit. Je veux bien être ta muse, mais pas ton fournisseur gracieux de synopsis !

Sur ce, elle m’enlaça avec une tendresse infinie. Je succombai.

M’étherai. Me sublimai. !

Ce que nous fîmes ensuite ? Je ne vous le narrerai pas. Mais je vous souhaite, cher lecteur, de connaître pareils moments de bonheur suave. Je ferme cette parenthèse.

Cette digression fermée, donc, j’en ouvre une autre. Comment se pouvait-il que je conserve en mémoire et avec une telle précision, le moindre détail, la moindre réplique d’une aventure réputée totalement onirique.

À ce moment, j’étais comme l’un de ces élèves apprenant une langue étrangère en dormant, à l’aide d’écouteurs diffusant en boucle les mêmes sempiternelles phrases, pour les graver dans le subconscient.

Plus exactement, je me sentais comme un acteur ayant appris son rôle par ce même moyen inconscient, et qui à son réveil, serait déjà installé dans la peau de son personnage, tout en connaissant également les répliques des autres protagonistes.

Ahurissant non ?

Peut-être, m’étais-je endormi la veille au soir, alors que mon esprit, embué par le sommeil, continuait à élaborer l’histoire de ce second chapitre.

Cette énigme, se serait alors déroulée, tel un « Remake » cinématographique, sans en altérer le moindre détail. Car je me souvenais de tous les noms, tous les lieux, toutes les atmosphères, toutes les caractéristiques de tous les personnages, et même jusqu’aux timbres de leurs voix et de leurs attitudes.

Le scénario était tant fortement ancré en moi, que je pouvais mentalement, à l’instar d’un magnétoscope ou d’un CD, sauter ou revenir sur une scène ou encore faire un « arrêt sur image ».

Il me suffisait donc de transposer en mode écrit ce qui défilait dans mon esprit, tout simplement.

Je reste encore marqué par cet étrange état second, sorte de dédoublement de la personnalité, voire d’ubiquité quantique, mais je n’ai jamais eu le front d’en solliciter l’explication par un

« psy »… même patenté.

Donc, je ne ressentais déjà plus les séquelles de ce pseudo-cauchemar, submergé par le flot de tendresse déversé par Laya.

Elle m’avait laissé seul depuis à peine dix minutes. Mon esprit divaguait tout en somnolant, lorsqu’elle réapparut, triomphante, un journal à la main. Elle le tournicotait joyeusement tout en sautillant et en scandant sur l’air des lampions : « ça c’est la réponse de la bergère à son berger ».

Puis elle me décocha d’un trait :

Regarde bien ça… mon petit namour, c’est mon dernier article ! Eh bien, je vais, moi aussi, l’intégrer dans ma partie d’Himalaya ! Y’a pas de raison. Je vais simplement remodeler quelques détails pour que tout soit cohérent avec mon premier chapitre. Et le tour est joué !

Soit ! Capitulais-je de bonne grâce. La difficulté de ce roman en deux parties, était essentiellement de nous retrouver quelque part…. dans une intrigue inconnue, mais réputée commune.

En me dévoilant une fraction de son œuvre, Laya mettait ingénument à ma disposition des indices déterminants sur son approche.

Je lus avidement son papier... intitulé : Éthique et toc !

Ce titre-là était bien représentatif de son humour. Le texte qui suivait ne l’était pas moins.

Sa chronique traitait du clonage reproductif humain et d’une secte qui prétendait déjà en maîtriser la technique opératoire.

Sous couvert d’envolées mystiques afin de mieux masquer ses visées mercantiles, le dessein de cette congrégation était d’exploiter industriellement ce démoniaque gagne-pain !

Cernée de toute part par la police, la justice et la presse, son guru argumentait qu’il ne pouvait pas fournir « La » preuve de la réussite de ses expérimentations que tout le monde réclamait, précisément en raison de cette persécution, etc… etc… etc…..

Et que bientôt peut-être, il lui faudrait aménager des grottes au fin fond de l’Himalaya, pour se soustraire à la férocité de ses opposants.

Tiens donc… de l’Himalaya ! Pourquoi de l’Himalaya plutôt que dans les Andes, l’Amazonie, le désert de Gobi ou le Groenland ? Ce sujet n’était donc pas encore de la science, mais déjà plus de la fiction.

Laya m’imposait de la sorte le genre de mon troisième chapitre et l’obligation de maintenir quelque part le sujet en situation dans l’Himalaya.

Mais pouvait-on concevoir sur ce même thème une histoire aussi passionnante et sulfureuse à la fois que celle de cette caste de science-fiction ?

Ma compagne était décidément mon inspiratrice. Il suffisait que je pense à elle ou qu’elle me lance un quelconque défi, pour qu’aussitôt mon imagination entre en ébullition.

(Je vous ressers le titre pour vous éviter de retourner en tête de chapitre. Sympa non ?)

Réincarnation.

Hauteclaire, Marie-Sophie, Montrachet-Saint-Aignan venait de créer la sensation en étant élue triomphalement à l’académie de médecine et intronisée le lendemain de ses vingt-neuf ans. Ce n’était, certes, pas la première femme à occuper un tel fauteuil, mais aucun homme, ni aucune femme, n’y était parvenu à cet âge presque juvénile.

Contrairement à ce que l’on pouvait croire, ou certains prétendaient, a priori, elle ne devait nullement son ascension fulgurante à la position son père. Bien au contraire.

En effet, son bon Papa, Mandarin, maire, député, et membre de l’académie (tout court) ainsi que de nombreuses confréries plus ou moins occultes, s’était toujours fermement opposé à ce qu’elle embrassât la carrière médicale et plus généralement que sa fille exerçât une quelconque activité professionnelle.

Blaise, baron, était en effet très ombrageux de nature, à un point tel que la réussite constante de sa fille unique lui procurait un violent sentiment d’humiliation au lieu d’une légitime fierté paternelle.

En conséquence, il s’était ingénié sa vie durant, à tuer dans l’œuf, chez Hauteclaire, tout intérêt et passion, en quelque domaine que ce soit. Mais l’enfant avait à la fois « une grosse tête et une forte tête ». Plus on la rabrouait, la brimait, ou lui mettait des bâtons dans les roues, plus elle mettait d’énergie à apprendre. Plus elle s’acharnait à réussir.

Repérée par le rectorat, Blaise n’avait pu s’opposer à l’admission de sa fille dans un établissement « Pilote » pour enfants surdoués.

Ainsi Hauteclaire devint-elle bachelière à treize ans et trois fois docteur à vingt-huit ans. Médecine, Biologie, psychiatrie.

Jouant très élégamment du piano, elle avait passé dans la foulée une licence de musicologie. Enfin elle parlait couramment quatre langues et en « manipulait » deux ou trois autres.

En résumé, elle était ce que l’on appelle communément une bête à concours. Mais elle n’était pas que cela, car sa culture en matière d’arts classiques et littérature et surtout sa créativité faisaient d’elle un esprit véritablement très brillant.

Par ailleurs, depuis sa plus tendre enfance, au nom de la protection de l’enfant face à un monde en décadence, le baron Blaise s’était acharné à refuser à Hauteclaire toute forme de distraction et très singulièrement la fréquentation de camarades.

Adolescente, il lui était bien évidemment interdit de batifoler et a fortiori, flirter avec « de petits godelureaux sans cervelle !

»

Mais, en ce domaine également Hauteclaire était entrée en résistance active. Hyperactive, par réaction. Elle jouait depuis longtemps au jeu du Papa et de la Maman avec des petits voisins qu’elle voyait en cachette, le soir, en faisant le mur.

Alors…. Lors de sa majorité, elle additionnait déjà de nombreuses « expériences » amoureuses. Quoique, il ne s’agissait pas vraiment d’aventures sentimentales à proprement parler, car leur objectif était essentiellement de faire démonstration de son indépendance et secondairement d’être un dérivatif « hygiénique ».

Le fait que sa mère ait été une femme soumise « à l’ancienne » avait également représenté un lourd handicap pour Hauteclaire,

puisque sa génitrice était constamment érigée en modèle par son père et le reste de la famille.

Mais Hauteclaire n’avait cure du conformisme et de l’apparat social. D’ailleurs, elle ressentait ses origines de petite noblesse d’empire, si précieuses à son cher Papa, comme un fardeau désuet, car ce statut était méprisé à égalité par ses relations roturières comme par celles de l’aristocratie véritable.

Toute petite, elle était déjà brocardée par ses camarades de classe sous la forme d’un sobriquet à double tranchant « La Duchesse ». Plus tard à l’université, en pleine tourmente

« révolutionnaire », accablée par ce double patronyme et ce prénom moyenâgeux, elle avait tenté de réduire son état civil à un simple « Sophie Montrachet ».

C’est sous ce quasi pseudonyme qu’elle signa son premier livre à l’âge de vingt ans. Non pas un roman à l’eau de rose, mais un très sérieux ouvrage scientifique intitulé « gémellité et personnalité ».

Ce double thème conjugué avait été perçu par nombre de calotins comme une thèse sulfureuse, car traitant de la naissance et de la place de l’âme au cours de l’évolution biologique.

En résumé, l’âme pouvait-elle avoir une relation avec le substrat génétique et si oui à quel stade du développement des espèces, l’esprit, au sens religieux du terme, avait-il pu s’insinuer, sous quelle forme et par quel moyen. Il résultait bien évidemment

des diverses hypothèses émises une multitude de conséquences et de contradictions mettant à bas certaines affirmations théologiques.

Cela mettait également de l’huile sur le feu des exégètes, face aux démonstrations de sciences, telle la paléontologie, bousculant la thèse biblique d’Adam et Ève.

Elle développait par exemple l’hypothèse que ce symbole biblique fondateur pouvait être interprété par le fait que les deux premiers humains seraient issus d’une même matrice et qu’ils seraient ainsi des jumeaux dizygotes. Bien que cette élucubration ne changeât pas fondamentalement la conséquence de l’origine incestueuse de notre espèce, cette peccadille souleva un joyeux tollé chez les puristes bigots.

Cependant, la question fondamentale qui était posée était… à quel moment cette prétendue âme qui nous habite s’introduit-elle en nous ? Si l’on admet que ce processus est simultané à notre conception, les jumeaux vrais posséderaient chacun la moitié d’une même âme, puisqu’issus d’une même cellule !

Dans cette conjecture, les deux jumeaux devraient également posséder le même caractère et le même comportement, et être voués à une même destinée.

Dans l’hypothèse inverse, l’interrogation serait : à quel instant et en quel endroit l’âme se logerait-elle en nous ?

Ces multiples réflexions, développées en quatre cents pages argumentées, n’étaient pourtant pas nées dans l’esprit brillant de Hauteclaire du fait d’un pur hasard.

Depuis sa plus tendre enfance, Hauteclaire était amoureuse d’un lointain cousin, prénommé « Alban », issu d’une branche réputée bâtarde de sa famille maternelle.

Bien que ressentie comme méprisable par le « Baron Blaise » d’obscures raisons l’avaient retenu de s’opposer au maintien de cette relation familiale de son épouse.

Or, Alban avait un frère jumeau ZACHARIE, aussi opposé à lui intellectuellement et de caractère que peuvent l’être le jour et la nuit, ou l’eau et le feu.

Même l’écart alphabétique de leurs prénoms était déjà en soi une sorte d’ALPHA et d’OMÉGA

Alban et Hauteclaire ne s’étaient vus, en moyenne, qu’une ou deux années sur trois. Mais chacun avait constaté que l’écart de caractères entre les deux jumeaux allait en s’amplifiant, et pour tout dire que le premier allait de manière continue vers le brio en tout domaine et le second vers la médiocrité généralisée.

L’un vers la générosité, l’autre vers la rouerie. L’un vers le succès, l’autre vers l’échec.

Bref, ils étaient radicalement opposés en tout, alors que leurs aspects physiques semblaient être le reflet d’une même image dans un miroir. Or, on savait avec certitude qu’il s’agissait de

vrais jumeaux. Cette opposition entre deux personnalités qui n’auraient dû être qu’une (en théorie), hantait Hauteclaire depuis des années déjà…

Au fur et à mesure, son amour s'amplifiait pour Alban. Un amour secret, mais infiniment puissant, avec, parallèlement un dégoût grandissant pour ZACHARIE.

Elle partageait notamment avec Alban une passion artistique profonde : celle de la musique. Or, si Hauteclaire était une très honnête instrumentiste amateur, Alban était devenu un violoniste virtuose ; désormais reconnu mondialement. Il avait également obtenu de nombreux grands prix, dont notamment le plus prestigieux, celui de la Reine Élisabeth.

La vie, sur tout son spectre, s’annonçait pour Hauteclaire et Alban, heureuse et sans nuages.

Bien que leurs vies professionnelles aient été intenses (et trop souvent séparées) l’idylle battait sa chamade crescendo.

Leurs rencontres, pour épisodiques qu’elles fussent, étaient en soi un élixir d’Amour romantique.

Et puis survint le drame.

Un accident d’Avion effroyable… des dizaines de morts et de blessés graves, dont ALBAN.

Son pronostic vital était resté en suspens plusieurs semaines…

pour déboucher sur un diagnostic : Alban était devenu un légume vivant et perpétuel.

Une nuit agitée Hauteclaire fit un cauchemar insupportable… un insecte géant venait planter son dard dans la cervelle d’Alban, pour lui sucer sa matière grise.

L’effroyable image la réveilla, toute retournée.

Une fois calmée, bien qu’incroyante, Hauteclaire considéra qu’il s’agissait là d’une sorte de prémonition symbolique, d’une sorte de parabole qu’il lui fallait interpréter.

Elle se précipita donc sur Google, pour voir ce que cette idée et ses corollaires pouvaient bien compiler.

Hauteclaire consulta également d’un air satisfait la petite statistique qui lui était jointe.

Environ 441 000 résultats (0,51 secondes)

Or, ce jour-là elle fit certainement le calcul suivant : parlant cinq langues, une fois éliminées les redondances elle disposerait d’au moins un demi-million de « fils d’Ariane » pour résoudre son problème.

Déjà au bout d’une sélection de vingt premiers articles sur ce thème elle commençait à ourdir sa propre méthodologie de recherches.

www.huffingtonpost.fr

Une greffe de tête humaine en 2017 ? L'idée folle et

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