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Environnementale et Ecologique Relationnelle : Une Introduction

Dans le document La valeur de l’existence en comptabilité (Page 173-187)

Il apparaît que les conséquences de ces deux approches sur la comptabilité n’ont pas fait l’objet d’études réellement systématiques. De manière générale, dans le cas de l’approche de l’ « Ethique Environnementale », il existe des propositions de gestion « écocentriste » (Newton, 2002; Purser, Park, & Montuori, 1995; Shrivastava, 1995) mais celle-ci sont sujettes à des interrogations concernant leur réels liens avec la théorie même de l’écocentrisme (Cunha, Rego, & Vieira da Cunha, 2007; Gephart, 1995; Newton, 2002). Tim Newton remarque par exemple que « the paradigm shift rationales of ecocentric organizational writers have a tendency to rely for their enactment on either (1) evangelical imploration and/or (2) concepts derived from and rooted

in the traditional management paradigm […] Generally, the ecocentric critique of traditional environmental management paradigms tends to be somewhat insensitive to the limitations and inconsistencies of ecocentric discourse. At the same time, ecocentric writers do not always appear sufficiently aware of the divorce between the values they proselytize and the management programs they endorse » (Newton, 2002). Ce que cet auteur explique est qu’il existe un certain décalage entre la théorie de l’écocentrisme, reposant notamment sur la notion de valeur intrinsèque Objective telle qu’introduite ci-dessus, et les propositions formulées par les différents théoriciens de la gestion : loin de s’inscrire dans le cadre réel de l’écocentrisme, ces propositions de gestion « écocentriste » seraient plutôt des introductions d’une pensée environnementale forte dans l’entreprise et/ou d’un début d’écologisation au sens présenté ci-dessus. Ainsi, d’un côté, les propositions « écocentristes » au niveau de l’entreprise reposeraient sur une simple adaptation de théories managériales traditionnelles (Gephart, 1995)257, et d’un autre côté, ne s’appliqueraient pas à suivre scrupuleusement les principes de la (des) théorie(s) écocentriste(s). Concernant ce dernier point, T. Gladwin et al. (1995) remarquent en fait que l’écocentrisme « may completely paralyze pragmatic action of any sort » (Gladwin et al., 1995). En effet, nous avons vu que la valeur intrinsèque Objective est une notion décontextualisée qui fait qu’elle ne peut s’adapter à des situations données, qui constituent la base de la gestion d’une activité humaine quelconque : la prise en compte du (presque-)Sujet qu’est l’écosystème dans l’écocentrisme repose sur certains objectifs prédéfinis, qui font qu’il peut être impossible de déterminer selon les cas ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire. Dans ces conditions, il apparaît difficile a priori de se représenter ce que pourrait être une gestion réellement écocentriste. Une des raisons de l’utilisation du terme « écocentrisme » (et concepts associés) peut être éclairée par l’observation suivante. James Fieser258 note en effet que « the importance of eco-centrism is neither as a normative account of environmental duty, nor as a metaphysical account of inherent value. Instead, its importance appears to be both emotive and prescriptive. […] eco-centrism conveys the urgency of our obligations to the environment […] Eco-centrism, then, is an important rhetorical device for expressing urgency and demanding change » (Fieser, 2000). Cette remarque semble constituer la base d’une grande part de la mobilisation de l’écocentrisme (voire de l’éthique environnementale), notamment dans les sciences de gestion. Ainsi, par exemple, la raison fondamentale de la gestion écocentriste pour Paul Shrivastava (1995) est d’insister sur la Nature comme partie prenante, c’est-

257 Ainsi, par exemple, « […] Shrivastava (1995) argues that we need to ‘adopt the perspective of the stakeholder that bears the most risks… Nature!’ (p. 127). Although this extends stakeholder theory to a new stakeholder – Nature – it also preserves and uses the well-known framework of stakeholder theory, which is discussed by Donaldson and Preston (1995) in the same issue of Academy of Management Review that contained Shrivastava’s (1995) article »

(Gephart, 1995).

258 James Fieser est professeur de philosophie à l’université du Tennessee (Etats-Unis). Il est notamment le fondateur

à-dire justement d’attirer l’attention sur une certaine urgence environnementale et donc d’utiliser une ligne rhétorique forte allant dans ce sens. Maintenant, il y a évidemment une grande différence entre mobiliser certaines lignes argumentatives et développer des outils et théories se conformant réellement aux principes invoqués.

Cette situation semble à peu près similaire au niveau plus particulier de la comptabilité. Notons tout d’abord que, conformément aux résultats du chapitre 1, au vu de la conception de l’environnement dans les modèles de type BCRE, il apparaît clairement qu’aucun de ces modèles n’intègre des principes de l’éthique environnementale259. Par ailleurs, les (rares) tentatives de modélisation de CSE pour appréhender une approche écocentriste (ou des théories non- anthropocentristes) (Atkins et al., 2014; Birkin, 1996; Gray, 1992; Hines, 1991; M. J. Jones & Solomon, 2013; Maunders & Burritt, 1991; Samkin et al., 2014) ne sont pas toujours différenciables d’une volonté de mettre en avant la question de l’environnement, sans prendre en compte « the divorce between the values they proselytize and the management programs they endorse » (Newton, 2002). Ainsi, dans son étude de l’application à la CSE de différentes approches reliées à l’écologie, Jane Andrew explique que « green accounting researchers are faced with a number of ethical/philosophical possibilities and need to consider seriously the possibilities and limitations of the approaches that they adopt » (Andrew, 2000), afin de mettre justement en avant la question de l’adéquation entre les propositions comptables et les théories de l’éthique environnementale retenues par ces propositions. Cet auteur précise d’ailleurs que « a number of accounting researchers have engaged with the complexities of ‘environmental ethics’ discourse […] However, in very few of these explorations into the possibilities and limitations of green accounting is there a detailed examination of the particular ethical position that informs or has the capacity to inform further inquiries » (Andrew, 2000), ce qui souligne une certaine absence de discussion sur les principes mêmes des théories de l’éthique environnementale en lien avec la comptabilité. En fait, en écho à l’analyse de T. Gladwin et al. (1995), Markus Milne argumente que l’application à la comptabilité de la perspective qu’il nomme « Extensionist-preservationism » (Milne, 1996) et qui repose en particulier sur la notion de valeur intrinsèque, « […] from a pragmatic point of view, […] offer[s] decision-makers few alternatives. In the absence of alternatives, there is always a danger that such a posture may in fact lead to no action at all »

259 (Rubenstein, 1992) fait allusion à l’éthique environnementale (au travers du terme « pure ‘greens’ ») pour

expliquer que : « under this [pure green] type of regime there would be no financial reporting as we currently know

it, no bottom line, no annual report. There would be no need for such financial creatures. An entity would report on its stock of assets, on its timber reserves, on the state of its forests and other natural habitats ».

(Milne, 1996). Il y aurait donc de facto une difficulté majeure à concilier valeur intrinsèque Objective et comptabilité.

Prenons comme exemple ce qui constitue à notre connaissance une des tentatives les plus récentes de relier la CSE aux principes écocentristes, à savoir (Samkin et al., 2014). Dans cet article, les auteurs se concentrent sur la question du reporting relatif à la biodiversité. Le premier objectif de cet article est de développer un « reporting and evaluation framework for biodiversity » (Samkin et al., 2014), adapté à tout type d’organisation, publique ou privée. « This framework can be used as both a biodiversity reporting guide and a disclosure assessment tool by organisations and stakeholders » (Samkin et al., 2014). Le second objectif concerne l’application de cet outil. En effet, ce cadre de reporting permet selon les auteurs d’établir des comparaisons inter- et intra- organisationnelles des pratiques de reporting. Le New Zealand’s Department of Conservation (DOC) a été retenu pour cette étude : les rapports annuels de cette organisation ont été ainsi analysés, au moyen de ce cadre, sur une période de 23 ans. Enfin le troisième objectif de cet article vise à déterminer, à l’aide de cette étude, si le reporting effectué par le DOC s’inscrit dans la perspective de l’écologie profonde. Ce rapprochement entre le reporting sur la biodiversité et l’écologie profonde semble d’ailleurs se développer actuellement260 (Atkins et al., 2014; M. J. Jones & Solomon, 2013; Samkin et al., 2014). Le choix de la DOC n’est pas anodin ; en effet, d’un côté, le « […] New Zealand Conservation Act, 1987 specifically recognises the intrinsic value of natural resources […] » (Samkin et al., 2014) et, d’un autre côté, le « DOC is a public benefit entity established under the Conservation Act, 1987 and charged [entre autres] with the preservation and protection of natural and historic resources for the purposes of maintaining their intrinsic values […] » (Samkin et al., 2014). Ainsi la notion de valeur intrinsèque se retrouve au cœur de la gestion de la biodiversité par le DOC. Au final, ces auteurs soulignent de manière générale, en accord notamment avec T. Gladwin et al. (1995) ou M. Milne (1996), « […] the practical difficulties of implementing a pragmatic approach to deep ecology » (Samkin et al., 2014). En fait, de façon plus précise, les principaux obstacles selon ces auteurs ne concernent pas directement la question de la valeur intrinsèque dans l’approche de l’écologie profonde. Mais ceci pour une raison très simple : la notion de valeur intrinsèque est « reconfigurée » pour pouvoir être applicable. En effet, ils expliquent que « a central tenet of the deep ecology platform is the concept that nonhuman life has intrinsic value. It is therefore necessary to understand the concept of intrinsic value » (Samkin et al., 2014). Dans ces conditions, ils exposent plusieurs approches de ce qu’est (ou pourrait être) une telle valeur concrètement. Ils adoptent finalement un

260 Il est ainsi suggéré dans (Atkins et al., 2014) que « […] biodiversity reporting should be motivated more by a deep ecology approach, recognising the intrinsic value of species, rather than by a business case […] ».

positionnement reposant notamment sur celui de (Curran, 2005), qui fournit une analyse critique des débats autour de la valeur intrinsèque en Nouvelle-Zélande. Or dans cet article, Stephanie Curran explique justement que « […] intrinsic value [dans son sens Objectivé] is an undefined, immeasurable concept, the truth of which cannot be determined. As Graeme Scott has commented: ‘What is wrong with all of this, in my view, is that it contains too much philosophy and not enough ecology’ » (Curran, 2005). De ce fait, « in order to operate successfully and effectively, decision- makers and administrators require a workable approach to environmental management. It is suggested that an ecosystemic approach, used in combination with human values, would provide practical, reliable guidance » (Curran, 2005). Cette approche écosystémique se base sur l’identification de certaines caractéristiques des écosystèmes devant être préservées. Or la détermination de ces caractéristiques est renvoyée à des décisions collectives. Par ailleurs, « the [ecosystemic] approach […] remains human-centred in that it is accepted that humans are dominant in the Earth's environment and that human well-being and development is a necessary and desired outcome » (Curran, 2005). En fait, cette vision de la valeur intrinsèque selon (Curran, 2005) (et les décideurs néo-zélandais) est beaucoup plus proche d’une perspective non- instrumentale (O’Neill, 1992) et se situe entre une approche « Orthodoxe » (où l’être humain reste dominant) et ce que nous avons dénommé approche « Ecologique Relationnelle ». Dans ces conditions, ce type de valeur intrinsèque est radicalement opposé à celui défendu par l’écologie profonde. De ce fait, la notion de valeur intrinsèque semble être intégrable à un reporting environnemental comme développé dans (Samkin et al., 2014) parce que justement il ne s’agit pas d’une valeur intrinsèque Objective, et qu’ainsi ce reporting ne s’inscrit pas dans la théorie de l’écologie profonde, dont l’invocation repose dès lors plus sur la recherche d’une ligne rhétorique pour souligner une certaine obligation vis-à-vis de la biodiversité que sur une adéquation scrupuleuse à cette théorie éthique particulière. Cet exemple illustre ainsi à la fois les questions soulevées par une véritable prise en compte de la valeur intrinsèque Objective en comptabilité et une certaine déconnexion entre les propositions comptables et les théories d’éthique environnementale qu’elles souhaitent mobiliser. Finalement, il apparaît que la déclinaison de l’approche de l’ « Ethique Environnementale » à la comptabilité pose de sérieuses difficultés.

Que peut-on dire maintenant sur les fondements de l’approche « Ecologique Relationnelle » de l’entreprise et surtout de la comptabilité ? Précisons pour commencer, qu’à l’instar de ce que nous avons établi dans le cadre de l’approche de l’ « Ethique Environnementale », aucun modèle de type BCRE ne se rapproche d’une perspective Ecologique Relationnelle (mis à part (Rambaud & Richard, 2015b)). Par ailleurs, un certain nombre d’ambiguïtés existent aussi dans cette approche. Il est nécessaire en effet de préciser la différence

existant entre l’utilisation de « théories » en lien avec les travaux de B. Latour, comme l’ANT, et la question de l’ « écologisation ». Ainsi, au niveau de la comptabilité, dans leur méta-analyse de l’emploi de l’ANT dans la recherche comptable, Lise Justesen et Jan Mouritsen établissent que :

« […] many of the studies drawing on Science in Action seem to focus on a kind of ‘deconstruction’ of accounting – the purpose being to show that the accounting phenomena we tend to take for granted (such as a costing systems, benchmarks, accounting, standards and auditing expertise) are fabricated and molded by a number of different actors who use diverse rhetorical strategies to persuade, enroll other actors, and, in the end, overcome resistance. […] We note that the central topics of interest in ANT-inspired accounting research have been the study of accounting change, the study of the formation of boundaries, the constitutive role of accounting phenomena, the development of accounting and auditing expertise and the assemblage of elements needed to create the identity of accounting phenomena that is understood as the actors/actants that are involved in creating practices and change » (Justesen & Mouritsen, 2011).

Dans le même ordre d’idée, Nick Barter et J. Bebbington, dans une autre méta-analyse du même type, expliquent que l’ANT a été utilisée dans une très grande variété de contextes en comptabilité et en sciences de gestion plus généralement, tout en soulignant que « at the time of writing, ANT has not been deployed extensively in studies that fall within the area of concern of the readership of this journal [Social and Environmental Accountability Journal, journal du CSEAR] » (Barter & Bebbington, 2013). En d’autres termes, ces deux auteurs argumentent que le potentiel l’ANT n’a pas été déployé au niveau de la CSE ; ils poursuivent en affirmant que la CSE s’enrichirait à aborder l’ANT sous l’angle du « dépassement » de la Modernité : « in sum, ANT seeks to bypass the nature/society dualism : it may be a useful theory to enable organisations and organisational participants to contribute to ecologically and socially sustainable development […] because it does not perpetuate a ‘fractured epistemology’ (Gladwin et al., 1995) » (Barter & Bebbington, 2013). Ce qui est mis en lumière dans (Justesen & Mouritsen, 2011) et (Barter & Bebbington, 2013) selon nous est que l’ANT est actuellement mobilisée comme outil d’analyse et de déconstruction en comptabilité (et en sciences de gestion) mais par contre, pas comme base théorique « normative ». Plus précisément, l’ANT se définissant, comme nous l’avons expliqué précédemment, comme une ontologie actant-rhizome (Latour, 1999b), dont le but est de suivre les réseaux de la réalité d’en bas (cf. figure 2.2), c’est-à-dire les existences des êtres réels, donc hybrides, elle rend possible de mesurer les décalages avec la purification Moderne, qui sous-tend la plupart de nos conceptions sur le monde – amenant ainsi à une certaine « déconstruction »261 et/ou de suivre précisément différents types d’entités dans l’intimité de leurs interactions et des conséquences (incertaines) engendrées par ces enchevêtrements – permettant ainsi d’étudier des

phénomènes de changements, de bords, d’instauration d’identités, etc. Ces études peuvent déboucher sur des propositions concernant la comptabilité ou l’entreprise mais par contre, il ne s’agit pas de modifier ce que sont la comptabilité ou l’entreprise en elles-mêmes. Dans cette perspective, N. Barter et J. Bebbington expliquent ainsi qu’avec l’ANT, « […] social and environmental accountants can prescribe potential cures for social and environmental ills because society and the environment are separate categories on which the researcher has a view and which can be used to formulate prescriptions » (Barter & Bebbington, 2013). Une des possibilités d’utilisation future de l’ANT dans le cadre de la CSE, selon ces auteurs, serait dans ces conditions de s’appuyer sur son potentiel d’interrogation systématique de la Modernité pour reconfigurer d’une façon ou d’une autre la comptabilité, afin de garantir une véritable « comptabilité pour la soutenabilité ». Ceci soulevant la question de savoir si « […] accountants have an inability to ‘escape the epistemology of modernity’ » (Barter & Bebbington, 2013). Or cette usage de l’ANT revient finalement à « écologiser » la comptabilité dans le sens décrit précédemment.

Il apparaît donc que l’ « écologisation » de la comptabilité, c’est-à-dire la déclinaison de l’approche « Ecologique Relationnelle » à la comptabilité, reste à faire. A notre connaissance, les travaux262 de E. Vinnari et J. Dillard (2014) par exemple se rapprochent de cette perspective. Notons que N. Barter et J. Bebbington donnent comme illustration de l’utilisation de l’ANT, pour écologiser les organisations, les idées présentées dans (Latour, 1999c), qui servent de base dans cette thèse à la conceptualisation de ce que pourrait être une comptabilité « Ecologique Relationnelle » (cf. chapitre 6). Les principes généraux d’une telle comptabilité correspondraient à la possibilité d’éviter tout clivage Moderne et de favoriser un suivi des réseaux de médiations de la réalité d’en bas (cf. figure 2.2). Il y aurait donc une double problématique.

La comptabilité « Ecologique Relationnelle » devrait d’un côté être apte à prendre en compte le monde d’en bas. Ici sont notamment concernées des

« questions such as how [nature and society] are constituted and how they show themselves in organisational life and reports that are produced to reflect beliefs about these matters […]. [Des illustrations de telles questions seraient par exemple…] is the environment outside the walls of the office and contained within green spaces? Is the environment an actant or bundle of different actants? Or is the environment everything, and as such is it nothing, and as such when the ‘environment’ is discussed what actant is actually acting? And likewise with society and social concerns. Thus the way boundaries are created to demarcate ‘environment’ and ‘society’ in sustainable development reports and whether

262 Ainsi que ceux de (Rambaud & Richard, 2015a) et (Rambaud & Richard, 2015b) proches des idées défendues dans

these ever reflect a nature-culture imbroglio would be an interesting avenue to explore » (Barter & Bebbington, 2013).

En accord avec ce que nous avons établi précédemment, cette orientation inclut aussi la prise en charge de la partie de notre question de recherche concernant la notion d’entités environnementales « pour elles-mêmes ». En effet, nous avons défini cette expression à travers une obligation de s’attarder sur ce que sont ces entités dans les multiples réseaux d’interrelations (entre humains et non-humains) qui les forment et les déforment au fil du temps. Ainsi savoir si on parle d’une entité (actant) générique environnementale ou de plusieurs, savoir quelle(s) entité(s) doi(ven)t être prises en compte et « enquêter » sur les modalités d’existence de ces entités ainsi définies participent à la prise en compte de la réalité d’en bas.

D’un autre côté, apparaît la seconde problématique pour définir une comptabilité « Ecologique Relationnelle » : celle qui vise à conceptualiser la comptabilité elle-même de manière « Ecologique Relationnelle ». En effet, s’intéresser par exemple à un reporting externe sur les entités d’un point de vue « Ecologique Relationnel », tout en conservant implicitement une structuration de la partie double et du bilan en termes d’Objets et de Sujets, ne peut conduire qu’à des incohérences et à un affaiblissement, au minimum, de cette perspective sur les entités. Comment dès lors une forêt qui apparaît suivant cet examen écologique, à la fois un peu comme moyen – moyen pour des entités humaines de vivre voire survivre, de s’épanouir, de nourrir des récits, de véhiculer des émotions voire des peurs (Freitag, 2006), de structurer (symboliquement) des cultures (R. Harrison, 1992) et (matériellement par leur bois) des lieux d’habitations, etc., moyen aussi pour des entités non-humaines, formant la biodiversité de cette forêt, de cohabiter, de se reproduire, de modeler leurs modes propres de vie, etc. – et un peu comme fin propre – trouvant certaines finalités dans son développement, son expansion, mais aussi dans la nécessité de sa préservation qu’elle fait naître pour toutes les entités humaines et non-humaines précitées –, peut être mis dans un bilan qui ne comprend que des Moyens Objectifs et des Fins de Sujets ? De la même manière, une forêt-Objet serait difficilement classable dans une comptabilité

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