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2. Recension des écrits

4.4. Collecte de données

4.4.2. Entrevues semi-structurées

Deux guides d’entrevue semi-structurée ont été élaborés afin d’aider les participants à raconter développement professionnel2 (Grille d’entrevue 1) et à situer ce dernier par rapport à leur processus de rétablissement (Grille d’entrevue 2). Chaque grille d’entrevue contient des questions ouvertes et des sous-questions pour faciliter l’exploration du phénomène par le participant, s’il lui est difficile de répondre spontanément. Une personne qui ne correspondait pas tout à fait aux critères diagnostiques d’admissibilité s’est prêtée à l’entrevue Ce pré-test a permis de confirmer la pertinence de certaines questions, d’en adapter d’autres et d’ajuster la séquence des items.

De deux à trois entrevues menées auprès de chaque participant ont été prévues. La première portait sur leur cheminement professionnel, la deuxième traitait des liens qui

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Le concept de développement professionnel demeure plutôt abstrait pour quiconque n’est pas initié au jargon du domaine : c’est pourquoi le terme de cheminement professionnel fut employé afin d’y donner une résonance tangible.

existent entre le rétablissement et le cheminement professionnel, et la dernière, qui était facultative, concernait la validation des données, s’il y avait lieu. De façon générale, nous avons activement validé notre compréhension des propos émis par les participants et notre première analyse au cœur même des entrevues afin de s’assurer d’une validité référentielle au cours d’analyses subséquentes. Du fait qu’il s’agissait d’entrevues en profondeur, et que certains participants ont manifesté une tolérance limitée à l’égard de longs entretiens, les entrevues ont parfois été morcelées dans le temps pour mieux respecter les capacités des participants.

La première grille d’entrevue semi-structurée portait sur le cheminement professionnel. Les items visaient à connaître la perspective des participants quant aux principales variables du développement professionnel selon la littérature spécialisée à propos du développement professionnel chez des personnes du même groupe d’âge que celui des participants à l’étude. Ces variables, présentées à l’Annexe C, sont considérées comme des guides qui touchent à toutes les dimensions possibles de la question. Il ne s’agit pas ici de valider un modèle ou une théorie du développement professionnel, mais plutôt d’en arriver à une meilleure compréhension de l’expérience du phénomène chez la population à l’étude.

La deuxième entrevue a eu pour but d’approfondir des thèmes abordés lors de la première entrevue et de situer le développement professionnel dans le contexte du rétablissement. Pour mieux comprendre l’impact de la maladie sur le développement professionnel et la reprise du travail (ou d’une activité apparentée au travail) sur le rétablissement, nous avons introduit dans le second guide d’entrevue une activité à partir de laquelle le participant est invité à esquisser une ligne narrative, tel qu’il est énoncé dans Occupational Performance History Interview (OPHI-II), version 2.0 (Kielhofner et al., 1998). L’utilisation de cette ligne narrative peut illustrer le sens que les individus donnent à leur expérience et permet de mieux comprendre les liens qui existent entre leurs occupations et leur trajectoire de vie (Kielhofner et al., 2002; Kielhofner & Mallinson, 1995; Kielhofner et al., 1998; Mallinson, Kielhofner, & Mattingly, 1996). Certains auteurs soutiennent que cette démarche est plus avantageuse si elle s’effectue en collaboration avec le participant (Apte, Kielhofner, Paul-Ward, & Braveman, 2005), plutôt que de servir de

synthèse de l’entretien (Kielhofner et al., 1998). C’est d’ailleurs la voie que nous avons privilégiée dans le cadre de l’étude.

Une liste de variables qui influent sur le processus de rétablissement et qui sont issues d’articles s’appuyant sur une perspective biographique, phénoménologique ou ethnographique est présentée à l’Annexe D. Ces variables ont servi à guider l’entrevue lorsque la réponse des participants sur le sujet est demeurée vague ou limitée. Encore une fois, l’intervieweur n’a pas cherché à confirmer l’importance de ces variables, mais a plutôt laissé émerger le matériel. En ce sens, les grilles d’entrevue ont été modifiées dans la mesure où des questions plus précises ont été posées pour confirmer certaines hypothèses émergentes, à la lumière des expériences particulières vécues par les participants. Les grilles initiales d’entrevues semi-structurées figurent à l’Annexe E.

Facultativement, une troisième entrevue pouvait être entreprise afin de valider avec le participant la compréhension de son témoignage et l’analyse sommaire du contenu des entretiens. La troisième entrevue était simplement une entrevue de validation et ne comportait pas de collecte de données supplémentaires. Le caractère facultatif de cette entrevue n’a pas empêché les participants de se retirer librement et en tout temps de la recherche, mais a signifié notre intention de veiller à ce que les données soient valides.

Les participants ont été rencontrés de deux à cinq fois, ce qui s’est traduit par l’enregistrement de trois à six heures d’entretiens par individu. Un des quatorze participants n’a pas fait la deuxième entrevue sur le rétablissement. Après avoir fait quelques tentatives infructueuses pour fixer un rendez-vous, cette personne a conclu qu’il lui était difficile de concilier les exigences de ses deux emplois, avec son besoin de se ressourcer et le processus de la recherche. Néanmoins, ce participant a fait largement état de sa vie professionnelle, mais aussi de son expérience de la maladie et du rétablissement dès le premier entretien. Treize participants ont terminé deux entrevues, et trois ont accepté de faire la troisième entrevue de validation. Celle-ci a été réalisée à trois reprises et à des fins bien distinctes : une participante fort intéressée par la recherche a sollicité une troisième rencontre de validation, tandis que les deux autres entrevues sont le résultat de difficultés techniques liées à l’équipement ou de contradictions notées au cours des entretiens.

Nous avons aussi dû interrompre, avec l’accord des participants, deux entrevues, puisque ceux-ci présentaient des symptômes qui devenaient de plus en plus envahissants, compromettant ainsi la qualité des données recueillies. De plus, certains participants ont manifesté à l’occasion des troubles de la pensée : néanmoins, avec du soutien, ils ont pu maintenir le fil conducteur de l’entretien. Afin de limiter les biais liés à l’interprétation, la chercheure-étudiante a reformulé de façon soutenue sa compréhension des propos des participants et n’a pas tenu compte dans son analyse du contenu non validé.

Enfin, certains participants ont choisi par leur propre initiative de morceler chacun des blocs d’entrevue pour mieux respecter leur capacité ou aménager plus efficacement leur horaire de travail et le temps consacré à la recherche. Toutes les demandes de pause ou d’arrêt des entretiens ont été accordées, sans contrainte. Finalement, la collecte de matériel a été répartie sur quatre rencontres pour cinq individus et sur cinq pour deux participants.