sur ces contre-indications du traitement marin ; nous nous bor¬
nons à constater, en les commentant, les résultats bonsou mau¬
vais obtenus au sanatorium de Cap-Breton, grâce au traitement
décrit dans le chapitre précédent.
Pour ce qui est de certains états, tels que
le lymphatisme
àses débuts avec ses scrofulides bénignes, le défaut de nutrition,
la misère physiologique, la constitution
délabrée,
toutle monde
est d'accord sur son efficacité, aussi n'insisterons-nous pas àce sujet. Qu'il nous suffise de direque tous les enfants
ainsi atteints
guérissent fort bien et assez rapidement au
sanatorium de
Cap-Breton.
Nous ne croyonspas utile de publier ici denombreuses
obser¬
vations à l'appui de ce que nous avançons, ces faits ont
été trop
souvent observés avant nous, pour que nos observations à ce sujet présentent un bien grand intérêt. Nous préférons
insister
davantage sur certains points qui nous ont paru
plus intéres¬
sants.
Manifestations lymphatiques.
Les adénites strumeuses constituent également une des
indi¬
cations par excellence du traitement de
Cap-Breton. Avec les
bains de mer, ilse produit souvent audébutune légère
poussée
inflammatoire du côtéde ces tumeurs ganglionnaires
nécessitant
parfoisune suspension momentanéede la balnéothérapie marine,
puis la tolérance s'établit, et
bientôt le malade marche
versla
guérison. Il n'est pas rare non plus de
voir
dessuppurations
insignifiantes redevenir abondantes dans les premiers temps
du
séjour au bord de la mer, des adénites cervicales
de volume
moyen, indolores, de consistance dure à l'arrivée
augmenter de
volume, devenir sensibleset mollesdans les premièressemaines.
Puis avec l'amélioration de l'état général tout rentre dans l'or¬
dre etlaguérison arrive. L'empâtementdisparait. Cesganglions multiples formant d'abord une tumeur bosseléese désagrègent,
deviennent plus mobiles etse rétractent. Enquelquesmois, à la place de ces masses strumeuses, on ne sent plus que des petits ganglions isolés et indolents.
Quand il y a tendance au ramollissement, les bains nous ont paru hâter la suppuration. Aussi faut-il alors se contenter du traitement exclusif par l'air marin. Au contraire la période de
début (hypertrophie et engorgement) ainsi que la période ter¬
minale (réparation et cicatrisation) sont très favorablement influencées parla balnéothérapiemarine. Nousvoyons donc que dans lapratique ilimporte surtout dedistinguer parmi les mani¬
festations scrofuleuses celles qui demandent à la fois l'aérothé-rapie et l'hydrothérapie marines de celles qui ne comportent
que l'atmosphère maritime à l'exclusion du bain. En effet, si
cesdeux éléments distincts du traitementmarin concourentassez
généralement au même but, il est des cas où ilspeuvent se con¬
trarier.
Adénites scrofuleuses.
Observation I
Adénite à sapérioded'hypertrophie etd'engorgement.
P... (Eugène), né à Montignac,le 12 septembre 1883, fils d'un gen¬
darme retraité jouissant d'une bonne santé, et d'une mère morte il
ya quelques années d'une affection dont on n'apu nous indiquer la
nature. Ce garçon, qui estenfant de troupe, estentré au sanatorium
le3 mai 1899. Ilprésentait alors la plupart des stigmatesde la scro-fnle :lymphatisme trèsaccusé,constitution délabrée,misèrephysio¬
logique, et anémie consécutivepeut-être àune alimentation insuffi¬
sante. Ce qui était encore plus caractéristiquechezcetenfant, c'était
une légère hypertrophie de toutle tissu adénoïdien etune tuméfac¬
tion considérable desganglions cervicaux àgauche. Cechapelet
gan-30 _
gîionnaire avait la grosseurd'un œuf de pigeon, mais il n'y avaitpas la moindre trace desuppuration.
Lesdivers organesabdominaux paraissentsains, quant aux orga¬
nes pulmonaires, le poumon droit semblait un peudouteux : le ma¬
lade, atteint d'un léger catarrhe bronchique, toussait de temps en
temps.
Sousl'influence du traitement marin (aérothérapie et hydrothéra¬
pie marines) et du régimereconstituant ces anédites strumeusesont très vite diminué de volume, et à sa sortie du sanatorium, le 19 dé¬
cembre 1899, c'est-à-dire après six mois et demi de séjourà Cap-Breton, ellesavaient complètement disparu. Cetenfant, sorti fort et vigoureux, a pu reprendre son service àl'école.
Observation II
Adénite à sa période de réparalion etde cicatrisation.
La nommée MarieD..., née àPontenx-les-Forges, le 30 août 1883,
d'une famille de modestes ouvriers, ne présentant aucune tare.
Cette enfant est entrée au Sanatorium le 28 juin 1898 pour lym-pluatisme assez accentué. Elle présentait du côté droit uneadénite
sous-maxillaire ancienne que la suppuration avait envahie.
Lesorganes respiratoires et abdominaux étaient sains, l'étatgé¬
néral relativement satisfaisant.
On soumet cette malade au traitement marin(aérothérapie et hy¬
drothérapie marines). Souscette influence, etgrâce àun régime re¬
constituant, cette adénite a très vile cicatrisé, et l'état général de
la tilletle s'est tellement amélioré, qu'elle a quitté l'établissement
trèsforteetvigoureuse le -4 septembre 1899. Disons cependant que
sous l'influence despremiers bains, la suppuration avait paru aug¬
menter.
Observation III
Adéniteavectendanceauramollissement.
Jeanne B..., deLaluque, est entrée au Sanatorium de Cap-Breton
le 6septembre 1897, atteinte de quelques lésions scrofuleuses. Mais
- 37 —
cequi domine chez elle, c'estune tuméfaction considérable des gan¬
glionscervicaux. Elle présente du côté droit du cou un chapelet de ganglions dont l'un atteint lagrosseur d'un œuf de pigeon. Il n'exisle
pasla moindre trace de suppuration, pas le moindre pelit pertuis,
mais au toucher on constate que cesadénites auraientfacilementde
latendanceau ramollissement.
Commedans des cas semblables, les bains ont paru hâter lasup¬
puration, le médecin-directeur de l'Hospice s'est contenté de faire
faire une cure d'air à cette malade. Grâceà cetair pur etvivifiant de
lanier, grâce également aurégime reconstituant et à quelques appli¬
cationssur ces ganglions enflammés de pommades résolutives, la
malade voit bientôt son chapelet deganglions cervicaux disparaître.
Ilne reste plus que quelques petites indurations de la grosseurd'un pois à la place des grosses glandes qui existaient précédemment. De plus, cette fillette, qui était d'un tempéramentdélicat et d'une santé chancelante, s'est si bien transformée, qu'elleaquitté le Sanatorium
très forte et trèsvigoureuse, le 8 août 1899, aprèsvingt-trois mois de séjour.
Lesadénites profondes sont,je crois,justiciables égalementdu
traitement marin à leur début. Mais lorsqu'il s'agit de
tubercu-lisation des ganglions mésentériques ou d'adénopathie trachéo-bronchique, il est préférable, nous semble-t-il, de ne pas expo¬
ser les malades à la zone trop excitante du bord de la mer
qui
peut parfois occasionner des poussées congestives. Nousrappor¬
tonsdeux observations à ce sujet : l'une montre l'effet
salutaire
du traitement marin, tandis que l'autre en faitvoir les inconvé¬
nients.
Observation IV
Le nommé P. (Joseph), né à Brocas-les-Forges, le 20 avril 1891,
deparents indigents mais bien portants, est entré au Sanatorium le
2 août 1899 pourlymphatigme trèsaccusé, anémie,misère physiolo¬
gique et une hypertrophie assez considérable des ganglions mésen¬
tériques.
Depuis son arrivée on n'a constaté aucun désordre ni du côté des
- 38
-intestins, ni du côté dupéritoine; pas lamoindre trace d'entériteou
d'ascite. L'hypertrophie des ganglionsa déjà presque complètement disparu après 10 mois de séjour, et l'état général s'est fort amélioré.
Ce malade, qui estencore en traitement au Sanatorium, est en très bonne voie de guérison.
Observation V
La nommée L. (Marie), de Saubusse, dont le père est morttuber¬
culeux etdont la mèrejouit d'une assez bonne santé, est entréeau Sanatorium le 24 novembre 1897 atteinte de scrofule et peut-être
même de tuberculose. Ses poumons paraissaient un peu suspects;
ellese plaignait également d'un peu de catarrhe bronchique. Mais
ce qui dominait chez elle, c'étaitunehypertrophieassez considérable
des ganglions mésentériques etdel'adénopathietrachéo-bronchique.
Malgré tousles soins dont on a entouré cette petite fille, on n'a malheureusement pas constaté la moindre amélioration. Au con¬
traire, certains symptômes qu'elle a présentés dans la suite, toux
spasmodique et quinteuse, légère dysphagie, diminution du mur¬
mure vésiculaire à gauche avec conservation de la sonorité normale,
et certains autres symptômes observés plus tard du côté deson ven¬
tre tels que laformation d'un léger épanchement dans le péritoine,
de dilatation des veines sous cutanées abdominales et des diarrhées abondantes et douloureuses nous portent à croire qu'il s'agissait
chez cette enfant d'une adénopathie d'origine tuberculeuse qui a envahi les divers ganglions médiastinauxet mésentériques occasion¬
nant de l'entérite tuberculeuse et provoquant certains désordres du
côté des poumons. Aussi, sur les conseilsdu directeur de l'établisse¬
ment, cette enfant a quitté le Sanatorium quelques mois plus tard
pour aller vivre de l'air des pins qui lui sera probablement plus
favorable.
Manifestations cutanées.
L'atmosphère marine, et plus encore le bain de mer, présen¬
tent, pour la peau surtout, des causes d'excitations multiples.
— :i9