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Les premiers peuplements en Europe centrale, contexte et choix des ensembles lithiques

A. Des occupations avant 0,5 Ma?

A. 2. ENTRE 1 MILLION ET 500 ANS

À présent, il s’agit de s’interroger sur les peuplements en Europe centrale entre 1 et 0,5 Ma. Au cours de cette période, les premiers indices d’une occupation humaine en Europe occidentale sont bien présents, ce qui pose évidemment la question des premières dynamiques de peuplement en Europe. Mais encore une fois les indices sont rares.

A. 2. 1. Korolevo complexe VII

Le complexe VII du site de Korolevo en Ukraine (Figure 19) est daté à 0,95 Ma (voir chapitre VI) grâce aux mesures paléomagnétiques et aux données chronostratigraphiques (Haesaert &

Koulakovskaia, 2006) (Figure 25). Les 11 pièces qui constituent ce complexe présentent un état de surface très altéré et l’assemblage est trop réduit pour permettre une quelconque interprétation.

Figure 25 ; Critères de sélection des assemblages ; Korolevo VII, Ukraine

A. 2. 2. Červený Kopec

Le site de Červený Kopec (Svoboda et al., 1998) se trouve dans les environs de la ville de Brno en République Tchèque (Figure 19). Longue séquence lœssique, mise au jour par l’exploitation d’une carrière de brique qui a permis la découverte de pièces lithiques et notamment d’un site Bohunicien (Svoboda et al., 1998). Dans un des paléosols rapportés au Paléolithique inférieur, une pièce a été découverte. Elle a été attribuée à une date antérieure à 0,8 Ma, mais uniquement sur la base d’une étude paléomagnétique (Kočí & Pagáč, 1973 ; Svoboda et al., 1998) (Figure 26).

Figure 26 : Critères de sélection des assemblages ; Červený Kopec, République Tchèque

A. 2. 3. Kärlich A et Ba

Lors de la surveillance de la carrière de Kärlich en Allemagne (Figure 19), une petite quantité de pièces a été trouvée dans les niveaux A et Ba (Würges, 1986). Dans la séquence générale, ces niveaux sont attribués respectivement à l’épisode de Jaramillo et à la transition Bruhnes/Matuyama, sur la base des données paléomagnétiques, chronostratigraphiques (voir chapitre VII) et biochronologiques (Würges, 1986 ; Bosinski et al., 1980 ; Gaudzinski, 1996).

Cette attribution chronologique n’a jamais été étayée par des datations radiométriques (Gaudzinski, 1996). De plus, les pièces recueillies sont très peu nombreuses, deux pièces pour la couche A et quelques unes pour la couche Ba. Il est donc difficile de donner un sens à cet assemblage (Figure 27).

non

Korolevo VII Ukraine 0,95 Ma 11 -- - oui

Fiabilité estimée : ++ très bonne + bonne -moyenne --faible LÉGENDE

Pris en compte dans le corpus Nom du site Pays Date Nombre de pièces Fiabilité du matériel Fiabilité du contexte Autorisation d’étude

-- --

1

LÉGENDE

Pris en compte dans le corpus Nom du site Pays Date Nombre de pièces Fiabilité du matériel Fiabilité du contexte Autorisation d’étude

Figure 27 : Critères de sélection des assemblages ; Kärlich A et B, Allemagne

A. 2. 4. Dorn Durkheim 3

Le site de Dorn Durkheim se trouve en Allemagne entre les villes de Mayence et Mannheim en Rhénanie-Palatinat (Figure 19). Le site de Dorn Durhkeim 1 est connu depuis la fin des années 1980 comme un gisement paléontologique attribué à la fin du Miocène. À côté, dans un niveau de conglomérat considéré, grâce aux mesures paléomagnétiques, comme antérieur à la transition Bruhnes/Matuyama, trois artefacts ont été découverts (Fiedler & Franzer, 2002). Un de ces artefacts, considéré comme un polyèdre, pourrait être un nucléus, mais le contexte de découverte et la pauvreté de « l’assemblage » ne permettent pas d’aller plus loin dans l’interprétation (Figure 28). La nature anthropique d’une autre pièce considérée comme un racloir est également sujette à caution (Haidle & Pawlik, 2010).

Figure 28 : Critères de sélection des assemblages ; Dorn Durkheim, Allemagne

A. 2. 5. Stránská skála I

Le site de Stránská skála I se trouve en Moravie, dans la banlieue de Brno en République Tchèque (Figure 19). La surveillance d’une carrière permet la découverte dès le début du siècle de sites paléontologiques et archéologiques du Pléistocène. Entre 1957 et 1972, des industries et des restes de faune sont découverts dans la couche 13, datés grâce aux données biochronologiques et aux mesures paléomagnétiques aux environs de 0,6 Ma (Musil, 1995). À la fin des années 1990, K. Valoch décide de reprendre les fouilles pour vérifier les données précédentes (Valoch & Sajnerova). Les travaux permettent d’établir une séquence où alternent niveaux de lœss et paléosols. Les couches 11 et 12, qui contiennent la majorité des restes fauniques et lithiques sont rapportées au Cromérien sur la base de l’assemblage faunique. Les études paléomagnétiques sur le lœss sus-jacent donnent une polarité inverse qui attribue les niveaux archéologiques à une date antérieure à la transition Bruhnes/Matuyama.

non

Kärlich A Allemagne 0,9 Ma 2 - - non demandée

Kärlich B Allemagne 0,78 Ma >10 - + non demandée non

Fiabilité estimée : ++ très bonne + bonne -moyenne --faible LÉGENDE

Pris en compte dans le corpus Nom du site Pays Date Nombre de pièce Fiabilité du matériel Fiabilité du contexte Autorisation d’étude

Dorn Durkheim Allemagne 0,78 Ma 3 -- -- non demandée non

Fiabilité estimée : ++ très bonne + bonne -moyenne --faible LÉGENDE

Pris en compte dans le corpus Nom du site Pays Date Nombre de pièces Fiabilité du matériel Fiabilité du contexte Autorisation d’étude

Nous avons étudié les 169 pièces découvertes lors de cette nouvelle campagne. S’il s’agit assurément de pièces taillées intentionnellement, la question de la cohérence de la chaîne opératoire se pose (Figure 30). Il n’a pas été possible d’établir de relation entre les différentes pièces de l’assemblage, tant du point de vue technique que des états de surface. Les auteurs notent que lors de la fouille « nous les trouvions [pièces en silicite jurassique] dans toutes les couches ensemble avec les éboulis de calcaire » (Valoch & Sajnerova, 2005, p. 375). Ce qui peut laisser entendre que le niveau archéologique serait le résultat d’un dépôt de pente grossier (Figure 29). La collection pourrait donc être le résultat de plusieurs épisodes d’accumulation et ne constitue pas un assemblage en tant que tel.

Figure 29 : Critères de sélection des assemblages ; Stránská skála, République Tchèque

non

Stranka Skala Rép. Tchèque 0,78 Ma 167 + - oui

Fiabilité estimée : ++ très bonne + bonne -moyenne --faible LÉGENDE

Pris en compte dans le corpus Nom du site Pays Date Nombre de pièces Fiabilité du matériel Fiabilité du contexte Autorisation d’étude

Figure 30 : Stránská skála I, République Tchèque ; pièces de la nouvelle fouille 1997 ; 1 à 4- éclats présentant des patines différentes ; 5- denticulée sur support naturel ? 6 à 9- petits éclats présentant des patines différentes.

A. 2. 6. Prezletice

Le site de Prezletice en République Tchèque a fait l’objet d’une fouille entre 1969 et 1985 (Fridrich, 1985) (Figure 19). De nombreux restes de faune interglaciaires, ainsi que près de 500 pièces lithiques « protoacheuléennes » ont été mis à jour dans quatre ensembles stratigraphiques. Les niveaux archéologiques ont été rapportés, sur la base du paléomagnétisme et des données

biochronologiques à une date comprise entre 0,6 et 0,7 Ma (Fridrich, 1985). Outre la difficulté à reconnaître le caractère anthropique des industries, la datation du site doit être envisagée avec une grande prudence (Figure 31).

Figure 31 : Critères de sélection des assemblages ; Prezletice, République Tchèque

A. 2. 7. Staré Mesto

Le site de Staré Mesto en République Tchèque (Figure 19) a été fouillé en 1978. Il a livré un assemblage de 52 pièces. L’attribution chronologique repose sur la présence en stratigraphie de sédiments alluviaux du Pléistocène ancien du Bassin morave daté de la fin du Günz et du début du Mindel (Cromérien ?). En l’état des données, il est impossible de vérifier le caractère anthropique du matériel ainsi que l’attribution chronologique (Figure 32).

Figure 32 : Critères de sélection des assemblages ; Staré Mesto 1, République Tchèque

A. 2. 8. Račiněves

Le site de Račiněves se trouve en République Tchèque, en Bohème centrale, au nord de la ville de Prague (Figure 19). Le gisement se trouve au dessus de la terrasse du Pléistocène moyen (début du Mindel, Cromérien ?) de la Moldau (Fridrich & Sýkorová, 2003). Il se situe dans une carrière et a été sondé sur une surface de 1750 m2

. Ce sont surtout des restes fauniques qui ont été recueillis. Les données biochronologiques rapportent le site au Biharien supérieur daté à 0,6 Ma. Près de 200 pièces, principalement en quartz ont été découvertes et interprétées comme répondant à un concept Levallois (nucléus et pointes Levallois notamment).

S’il n’est pas possible de se prononcer sur le matériel lithique, la présence de débitage Levallois sur quartz à une date si ancienne interroge. L’attribution chronologique, basée sur des données relatives, nous invite à la prudence (Figure 33).

Prezletice Rép. Tchèque 0,7 Ma 593 -- -- non demandée non

Fiabilité estimée : ++ très bonne + bonne -moyenne --faible LÉGENDE

Pris en compte dans le corpus Nom du site Pays Date Nombre de pièces Fiabilité du matériel Fiabilité du contexte Autorisation d’étude

Staré Mesto 1 Rép. Tchèque 0,7 Ma 52 -- -- non demandée non

Fiabilité estimée : ++ très bonne + bonne -moyenne --faible LÉGENDE

Pris en compte dans le corpus Nom du site Pays Date Nombre de pièces Fiabilité du matériel Fiabilité du contexte Autorisation d’étude

Figure 33 : Critères de sélection des assemblages ; Račiněves, République Tchèque

A. 2. 9. Synthèse

Contrairement à la période précédente, les sites entre 1 Ma et 0,5 Ma en Europe centrale sont quasiment absents. Aucun site n’a livré un assemblage assez cohérent dans un contexte suffisamment fiable qui permettrait de renseigner les comportements techniques et leur évolution vis-à-vis de la période précédente. Cette situation est donc d’autant plus étonnante qu’au cours de cette période les témoignages de l’arrivée de l’homme en Europe occidentale se multiplient et offrent déjà un panorama de comportements techniques variés.

A. 3. CONCLUSION

En l’état actuel des données, le peuplement humain en Europe centrale avant 0,5 Ma, n’est perceptible qu’à travers des indices très ténus. Le site de Dmanissi considéré comme le premier jalon du peuplement de l’Europe à 1,8 Ma est l’unique représentant d’une occupation aussi ancienne. Aux alentours de 1,2 Ma le site de Bogatyri et surtout la grotte de Kozarnica représentent les premiers témoignages d’une activité anthropique. À Kozarnica, la présence d’une chaîne opératoire de débitage de petits éclats constitue la seule donnée technique disponible pour cette période. De plus entre ces premiers témoignages et 0,5 Ma aucun site ne vient confirmer la présence d’un peuplement ancien indiscutable et surtout aucune donnée technique ne permet de faire le lien entre tous les petits indices sporadiques disséminés sur le territoire. Nous sommes face à une situation très hétérogène, avec d’énormes vides sur le plan chronologique entre 1,8 et 1,1 Ma et de nouveau entre 1,1 et 0,5 Ma.

Si l’on compare cette réalité avec celle de l’Europe occidentale, l’absence de données très précises pour la période précédent le million d’années n’est pas étonnante puisque là aussi les témoignages d’occupation humaine sont rares. Par contre entre 1 Ma et 0,5 les sites en Europe occidentale sont très nombreux. De plus, les industries semblent déjà diversifiées, avec l’apparition des premiers sites à bifaces dans le sud de l’Europe.

Après 0,5 Ma en Europe de l’ouest, la quantité de sites et la variabilité des industries augmentent. Il convient à présent de comprendre quelle est la situation dans notre région d’étude à cette période.

non

0,6 Ma 192 -- --

LÉGENDE

Pris en compte dans le corpus Nom du site Pays Date Nombre de pièces Fiabilité du matériel Fiabilité du contexte Autorisation d’étude