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Dans l'enseignement du français langue étrangère, il semblerait normal que l'accent soit placé sur l'apprentissage de la langue en premier lieu. Il nous paraît donc important de rappeler les relations étroites que celle-ci entretient avec la culture sur laquelle nous misons, pour notre part.

On a longtemps observé une séparation entre ces deux dimensions de la langue que sont le linguistique et le culturel. La pratique enseignante accorde souvent un statut différent à la langue par rapport à celui de la culture qui se voit souvent subordonné à la langue enseignée. Or Selon Robert GALISSON et Christian PUREN« le commun des

mortels n'apprend pas une langue pour en démonter les mécanismes et manipuler gratuitement des mots nouveaux, mais pour fonctionner dans la culture qui va avec cette langue ». Ainsi la culture est-elle « la fin recherchée » et la langue devient un

moyen pour y parvenir, le « moyen pour opérer culturellement, pour comprendre et

produire du sens, avec les outils et dans l'univers de l'Autre », (…) « le passage obligé pour parvenir vraiment à cette fin » et, du coup, « sa primauté écrasante au sein de l'école est pour le moins discutable.» [ GALISSON, Robert et PUREN, Christian, 1999

: 96] .

C’est affirmer haut et fort qu’extraire la langue du contexte culturel pour permettre aux élèves de mieux la cerner était pratique courante dans l'enseignement des langues qui se consacrait alors essentiellement à la mise en œuvre de savoir-faire linguistiques, ces derniers étant jugés seuls nécessaires pour la transmission des messages. Or, selon la thèse que défendent Edward SAPIR et Benjamin Lee WHORF,

chaque langue impose à ses locuteurs un certain découpage du réel et une vision du monde particulière. L'aspect implicite des langues dessine l'identité culturelle de chaque société.J'ai envie de décrire ici une scène d'un film américain nommé « Mars Attacks !12 » où l’ambassadeur martien débarque sur terre devant une foule de terriens tendus. Lorsque la machine de traduction fait retentir la phrase prononcée par l’ambassadeur martien « nous somme venus en paix », une colombe de paix a été relâchée... le malheur ! Car visiblement, sur Mars, on n'a pas le même symbolisme en ce qui concerne la colombe (qui n’existe sans doute même pas sur cette planète rouge). Par conséquent, les martiens ont pris l'oiseau pour une menace, un missile envoyé par les humains, donc ils ont ouvert le feu, provoquant un vrai massacre. C'est une séquence de science- fiction, mais elle n'en est pas moins représentative d'une réalité : dans une interaction, les paroles prononcées ne sont pas uniques porteurs de message. Il y a aussi les gestes, les expressions du visage, les rituels, les symbolismes qui donnent des sens supplémentaires aux énoncés. Il faut donc absolument prendre en compte l’aspect culturel des langues, surtout lorsqu'elles comportent ces différences qui sont une source de malentendus, de quiproquos, etc.

Dès lors comment continuer à soutenir contre vents et marées le tout linguistique contre toutes les autres facettes, y compris celle de la culture épicentre de notre perception ?

En fin de compte, nous partageons l’avis selon lequel enseigner la culture dans un cours de langue est une nécessité, comme l’affirmait déjà Francis DEBYSER [Debyser, Francis, 1967 : 21-24], l’un des premiers directeurs du B.E.L.C13. , qui nous résumait bien ses quatre raisons en affirmant, à juste titre que :

 La traduction d'une langue vers une autre ne suffit pas si l'on désire comprendre la vision du monde et les valeurs qu'une langue étrangère véhicule;

 Une idée purement mécanique de la langue risque de vider celle-ci de tout sens;  L'entrée dans une nouvelle civilisation parvient à motiver l'élève qu'un simple

cours de langue serait ennuyeux;

 Enfin, un apprentissage mixte permet de répondre aux impératifs éducatifs des

12 «Mars Attacks!» est un film américain réalisé par Tim Burton, sorti le 12 décembre 1996 aux États-

Unis

13 B.E.L.C.Bureau d'enseignement de la langue et de la civilisation françaises à l'étranger qui a été en

même temps une sorte de représentation à l'instar du CREDIF signifiant Centre de Recherche et d’Enseignement pour la Diffusion du Français se situant en un lieu célèbre. Saint- Cloud ,à Paris.Ces deux espaces ont disparu antour des années 80-85 et ne joue plus de rôle complémentaire quant à la formation de FLE pour la formation des enseignants dans le monde.Aujourd'hui, le CIEP de Sèvres resemble vaguement à ces deux-là.

programmes.

La culture est d'autant plus importante dans l'enseignement d'une langue étrangère lorsque l'apprenant se trouvera dans un environnement linguistique si éloigné de son terroir originel, par exemple l’itinéraire d’un apprenant chinois allant de la Chine en France. Il lui faudra prendre conscience qu'il existe plusieurs variétés langagières et que celles-ci varient selon la situation de communication ainsi que l'humeur, l'âge, le sexe, l'origine sociale, régionale ou nationale du locuteur. A cela s'ajoute aussi des informations implicites pour un étranger comme les gestes, les connotations, les références historiques, les coutumes, etc. Cet apprentissage du savoir, du savoir être et du savoir faire de la pratique sociale et communicative langagière relève donc de la compétence culturelle.

Lorsque l'on apprend une langue, normalement, l'objectif est communicatif, le but est de communiquer en langue étangère et cela impose donc la compréhension et l'étude de la culture de la langue cible, puis ces deux: la langue et la culture sont un binôme indissociable. La langue fait partie de la culture, elle consitue, parmi d'autres manifestations, l'ensemble des savoirs, des savoir-être et des savoir-faire qui se transforment en une culture. Ce qui nous renvoie ainsi aux domaines de la didactique des langues et au lien fort entre langue et culture. Louis Porcher explique clairement à ce propos que : « L'enseignement de la culture n'est pas un enseignement pour la

connaissance en didactique des langues, il s'agit d'un enseignement pour la communication, c'est-à-dire pour l'usage effectif, par l'apprenant, de ce qu'il a appris, de ce dont il s'est approprié ».[Porcher, Louis, 1995 : 23]. Il affirme également ceci

«Lorsque je parle, c'est toujours aussi ma culture qui parle en moi.» [Porcher, Louis, 1986, p29]. En classe de langue, l'enseignement de la culture, c'est un enseignement fait pour que l'apprenant puisse communiquer effectivement et non pour en faire un catalogue de produits, apprendre des stéréotypes ou des connaissances qui ne serviront à « rien ».