• Aucun résultat trouvé

6. Structuration de la thèse

1.3 Les enjeux de l’évaluation des politiques fondées sur les relations science-

1.3.2 Les enjeux de l’évaluation des IRT

Les Instituts de Recherche Technologique sont des dispositifs nouvellement implan-tés ayant des caractéristiques propres, qui sont encore à l’état expérimental. Les efforts

d’apprentissage seront donc à réaliser. Il est primordial de comprendre les mécanismes de fonctionnement, de mieux appréhender les conditions d’efficacité de tels dispositifs en vue de mieux guider la prise de décision en matière de politique de l’innovation. En égard au coût élevé de ces dispositifs ainsi qu’à leur nouveauté, il est important de les évaluer non seulement pour vérifier s’ils ont atteints leurs objectifs préalablement fixés mais aussi afin de rendre compte de la manière dont ils pourraient fonctionner efficacement afin de produire les effets désirés.

Les enjeux de l’évaluation des IRT en tant que politiques fondées sur les relations science-industrie, reposent sur les risques d’échec de cette forme de politique, sur les difficultés d’efficacité des IRT, et sur les caractéristiques propres aux IRT.

1.3.2.1 Les risques d’échec des politiques fondées sur les relations science-industrie

L’évaluation des relations science-industrie mérite une attention particulière en rai-son de la diversité des acteurs impliqués chacun ayant des objectifs divers, voire même contradictoires. En effet, cette relation doit répondre aux nombreuses attentes des

parte-naires industriels privés, des chercheurs publics et les pouvoirs publics. D’aprèsDavoine

et Deitmer(2009) et comme nous l’avons détaillé précédemment, pour les partenaires industriels privés, le partenariat doit permettre d’avoir accès à certaines ressources et infrastructures présentes dans les universités ou les instituts de recherche publics et d’avoir accès à des compétences dont ils ne disposent pas en interne. Dans certains cas, la relation avec la recherche fondamentale peut aussi permettre à une entreprise d’envisager des scenarii à plus long terme et de limiter ses risques. Pour les chercheurs publics, un partenariat peut apporter de nouvelles questions de recherche ainsi que de nouveaux financements pour des projets plus ambitieux. Pour les décideurs régionaux, nationaux et européens, le financement ou l’encouragement de partenariats vise, d’une part, une utilisation plus rationnelle des ressources en essayant d’éviter les doublons privés-publics et, d’autre part, à renforcer les synergies, le potentiel d’innovation local et la compétitivité des acteurs concernés. Par conséquent, la divergence des objectifs des partenaires pourrait être la source de l’échec des politiques d’innovation fondées sur les coopérations science-industrie.

Par ailleurs, les risques d’échec peuvent aussi apparaitre à cause des enjeux de l’appro-priabilité des résultats de la recherche. Le problème de la propriété des résultats peut se poser compte tenu du fait qu’il y a divers acteurs aux objectifs divers qui sont

im-pliqués (entreprises, universités, organismes de recherche publics). Une étude de

Tas-sonne(1995) portant sur 78 coopérations montre que les principaux obstacles des co-opérations public-privé sont liés à des asymétries de pouvoir (souvent à l’avantage de grands groupes industriels), à des différences d’approches des acteurs publics et privés (l’approche des industriels privilégiant la valorisation économique des résultats et la

confi-dentialité, alors que l’approche des chercheurs publics privilégie plutôt la publication et la diffusion des savoirs) et à la difficulté à construire un langage commun entre partenaires

d’organisations différentes. Certains auteurs à l’instar de Mothe (2001), insistent aussi

sur l’importance de la confiance, d’une approche coopérative et d’une communication intense entre partenaires. Ces différents freins peuvent être la source de l’inefficacité de la coopération entre la science et l’industrie. Par conséquent, il convient donc d’analyser et d’évaluer ces différents aspects dans une perspective d’éradiquer ces problèmes ou du moins de les diminuer, pour que le langage commun puisse s’installer naturellement.

1.3.2.2 Les difficultés d’efficacité des Instituts de Recherche Technologique (IRT)

Les enjeux de l’évaluation de l’IRT peuvent résider dans les risques d’échec de ces dispositifs. Concrètement, il s’agit principalement des comportements des acteurs impli-qués qui peuvent empêcher les IRT d’atteindre leurs objectifs. On pourrait notamment assister aux problèmes liés aux comportements opportunistes et à l’asymétrie de pou-voir des partenaires. Le problème relatif aux comportements opportunistes vient du fait que dans ce type de dispositif, comme dans tous les dispositifs de coopération, certaines

entreprises peuvent se comporter en "free rider11", en fournissant moins d’efforts dans

le cadre de la coopération, tout en exploitant les résultats développés. Cette situation est susceptible d’avoir un impact négatif sur le profit joint. Quant à la problématique liée à l’asymétrie de pouvoir des partenaires, les entreprises ne s’investissent pas avec la même intensité dans les IRT. Certaines firmes investissement de gros montants tandis que d’autres ne financent que superficiellement les activités de l’IRT. De ce fait, il apparaît tout naturel que les gros bailleurs de fonds aient envie d’avoir un pouvoir plus important reflétant leur degré de participation. Cette asymétrie de pouvoir peut causer la guerre de leadership et empêcher cette coopération d’atteindre les objectifs fixés. Les entreprises leaders peuvent donc décider de mettre en place des programmes de recherche qui ne correspondent vraiment pas à la vision d’ensemble ; ne profitant qu’à une minorité. L’asy-métrie de pouvoir des partenaires semble donc être l’un des principaux obstacles dans

les relations science-industrie comme le montre l’étude deTassonne(1995) qui indique

que dans cette guerre de leadership, les grands groupes industriels ont plus d’avantages.

1.3.2.3 Autres spécificités des IRT

Les IRT reposent sur les plateformes technologiques. Par rapport aux aides directs aux collaborations science-industrie, les plateformes seraient plus efficaces en ce sens qu’elles amènent les acteurs publics et privés à travailler quotidiennement ensemble sur les projets communs, ce qui a pour conséquence directe l’augmentation des flux des

échanges de connaissances et l’accélération des innovations dans les entreprises. Dans ce cadre, il est essentiel d’évaluer les effets directs des plateformes technologiques sur les entreprises. En plus des effets directs, les effets indirects sont recherchés. En effet, les IRT ont été conçus sous le principe de territorialité, c’est-à-dire en prenant en compte les spécificités du territoire dans lequel ils ont été implantés, les liens entre les entre-prises et l’économie locale. Cela suppose donc qu’une firme pourrait être affectée par les IRT en raison de sa proximité avec les IRT et de ses interactions avec les bénéficiaires directs locaux. De ce fait, les effets indirects locaux des IRT sont aussi attendus. Ces effets sont d’autant plus attendus que les connaissances produites par la science sont de nature générique et que les IRT ont mis en place des programmes de diffusion des technologies génériques.

Par ailleurs, l’implication des grandes entreprises dans les IRT est forte en ce sens qu’elles en sont les membres fondateurs privés. A ce titre, elles financent 50% des ac-tivités de l’IRT, l’autre moitié étant prise en charge par les collecac-tivités territoriales. Les effets des IRT sur les grandes entreprises méritent donc d’être rigoureusement évalués.