Deuxième partie : Tourisme de Luxe & Numérique : réelle opportunité pour le Développement Durable
CHAPITRE 3 : Le Tourisme de Luxe associé au numérique, un axe de développement pour
3. L’écotourisme de luxe comme levier du développement local
3.1. Les enjeux du durable et du solidaire pour le tourisme de luxe
3.1.1. La conversion des voyageurs au durable
Plus que jamais, « le tourisme responsable séduit un nombre croissant de voyageurs, avec près d’un tiers du panel qui va jusqu’à faire du tourisme responsable un critère déterminant dans le choix de ses voyages »101.Ce chiffre est le résultat de l’enquête dirigée par l’association ATR (Association pour un Tourisme Responsable) lors du salon Mondial du Tourisme à Paris.
Ce qu’il faut comprendre, ce sont les éléments déterminants qui interviennent dans le choix des voyageurs responsables dans leur préparation de voyage. Comme la plupart
101Association Professionnelle Solidaire du Tourisme. Le tourisme responsable par les voyageurs eux-mêmes.[En ligne]. Disponible sur. https://www.apst.travel/. Consulté le 04.04.20
110 des voyageurs de notre époque, une grande partie d’entre eux, va trouver l’inspiration sur internet. Ainsi, leurs choix se portent davantage vers des destinations authentiques, loin du tourisme de masse et qui permettent d’échanger en partageant le quotidien et la culture des populations locales. L’association ATR affirme ce constat, car :
« pour plus de 90% des sondés, il s’agit de respecter le patrimoine, la culture et les populations d’accueil et pour 60%, voyager responsable consiste à faire des rencontres avec les habitants et de vivre à la mode locale, avant même la protection de la faune et de la flore que retiennent néanmoins 85% des sondés. » 102
Ensuite, vient la sélection de l’hébergement, et c’est assez naturellement que ces voyageurs portent leur choix vers des hébergements qui suivent des normes éco-responsables comme les écolodges, les éco-gîtes ou les maisons d’hôtes détenant des labels écologiques. En plus du volet environnemental certains éléments peuvent influencer sur le choix de l’hébergement : il s’agit des critères de responsabilité sociale et sociétale. Ces critères recouvrent les engagements pris par les établissements disposant de chartes ou de labels qui justifient de leur engagement vis-à-vis du Développement Durable.
En ce qui concerne les services que proposent les établissements, les critères de choix peuvent varier entre les générations. Ainsi, tandis que plus jeunes générations vont privilégier les établissement qui proposent une connexion wifi haut débit à Internet afin de répondre à leur besoin d’hyper connectivité, leurs ainés vont privilégier le confort comme l’air conditionné ou les petits déjeuners inclus.
C’est donc selon ces critères et dans cette dynamique que les voyageurs responsables organisent leur séjour.
102Association Professionnelle Solidaire du Tourisme. Le tourisme responsable par les voyageurs eux-mêmes.[En ligne]. Disponible sur. https://www.apst.travel/. Consulté le 04.04.20
111 3.1.2. Les différents acteurs du Tourisme de Luxe
Le Développement Durable a donc su toucher directement les consommateurs et a converti les voyageurs en les rendant plus responsables. Cela n’est donc pas surprenant que cela ait eu un impact sur les entreprises touristiques qui ont su s’adapter pour rester en phase avec les attentes de sa clientèle. En intégrant le Développement Durable à leur communication et à leur stratégie marketing, les entreprises du secteur de Luxe ont su assurer la continuité de leur activité en restant dans l’ère du temps.
Pour le tourisme de luxe en particulier, chacun de ces acteurs partie prenante joue un rôle de stimulateur comme l’on fait remarquer les auteurs Lochard et Murat :
« L’une des caractéristiques du Développement Durable est l’attention portée aux parties prenantes, au premier rang desquelles : les clients, les sous-traitants/fournisseurs, les salariés, les ONG et les médias, c’est-à-dire qu’au-delà du cercle des actionnaires, les attentes des autres parties intéressées comptent. » (Lochard et Murat, 2011, p.76).
Pression
Client (pression actuelle encore faible, pression potentielle forte)
Actionnaire (pression actuelle faible pression potentielle forte)
Salariés (pression actuelle faible pression potentielle forte)
Médias (pression actuelle faible pression potentielle forte)
Figure 11 - Matrice des parties prenantes sur une échelle d’attente et de pression (source : « Luxe et Développement Durable - (Lochard et Murat, 2011, p.76))
112 Le schéma indique clairement les différentes positions des acteurs dans leur rôle de mobilisateurs du secteur de luxe dans la transition vers le durable. Ces acteurs ont un rôle spécifique quant à la mutation du secteur de luxe.
Les fournisseurs, les actionnaires et les salariés : ils ont des attentes faibles et exercent aussi une pression faible dans les entreprises en matière de Développement Durable. Ce que ces acteurs ont en commun c’est qu’ils sont directement liés à l’activité de l’entreprise. Par exemple les fournisseurs dépendent des établissements qui sont généralement leurs clients. Quant aux salariés, même si le volet sociétal les concerne directement, il est parfois difficile de leur imposer les pratiques du Développement Durable dans le cadre de l’entreprise.
Les pouvoirs publics et la société civile : ils font partie des autres parties prenantes avec des attentes en matière de Développement Durable mais leur pression n’est pas encore au rendez-vous. Quant à la société civile, elle ne se sent pas encore directement concernée par les changements en matière de Développement Durable dans les entreprises.
Les clients, les « peoples » et les ONG : Ils sont liés d’une manière directe aux entreprises ce qui fait que leur attentes soient aussi importantes. De plus ils se doivent de mettre la pression sur le secteur du luxe pour sa mutation vers le durable. Il y a donc les clients traditionnels qui prennent conscience des enjeux de l’écologie. Les
« peoples » ou les « stars » sont les clientèles les plus convoitées du milieu du luxe pour leur rôle d’ambassadeur. Mais aussi ils ont une responsabilité en tant que personnalité publique et de se montrer exemplaire. Ils sont capables d’une pression élevée sur l’industrie du Luxe même s’ils ne se sentent pas toujours concernés. Quant aux ONG ce sont celles qui sont au pic des attentes et qui exercent le maximum de pression pour imposer le changement à l’industrie du Luxe qui est au pic des attentes et qui exerce le maximum de pression. Ainsi selon les auteurs Lochard et Murat,
« Aujourd’hui, les ONG jouissent d’un crédit considérable auprès du publics et des médias […], digne de confiance lorsqu’il s’agit de jauger les entreprises à l’aune de leur responsabilité social-sociétale et environnementale. » (2011, p.85).
113