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Emplois adverbiaux

Dans le document Phonologie et morphosyntaxe du Maba (Page 144-148)

6 Les déterminants du nom

6.1.1 DÉFINITIONS DE L’ADJECTIF

6.1.1.4 Emplois adverbiaux

Quelques adjectifs ont été relevés dans une fonction de détermination verbale, une caractéristique adverbiale. Il s’agit de termes exprimant la qualité, certains répon-dant à tous les critères de définition de l’adjectif, (ex 341 et 342) et d’autres moins nettement, du fait qu’ils ne possèdent que deux formes (ex 343). Dans cet emploi, l’adjectif apparaît à la forme non marquée pour le nombre, étant donné qu’il ne dé-pend pas d’un nom qui lui imposerait son nombre.

341. (a) ɲílì-g (b) ɲílíː (c) ɲílí-sìr

petit-SG petit petit-PL

(d) ɲílíː t-ùls-í

petit 3S-attendre-DECL

Il attend un peu.

342. (a) nímmírɛ́-g (b) nímmírɛ́ː (c) nímmírkí-túː

bon-sG bon bon-PL

(d) nímmírɛ́ː Φ-nílɛ̀ː!

bon TH-écouter.IMP.PL

343. (a) kàjí-g (b) kàjíː

bon-SG bon

(d) mùʃɔ̀ŋ=gù zátà kɛ́ mìː kàn kàjíː t-índá=tɛ̀

femme.SG=SG.DEF PD PD1 2S COM bon 3S-rester=FUT

La femme même restera bien avec toi. (M01.04)

6.1.2 MORPHOLOGIE

En considérant les critères de définition des adjectifs, nous n’avons pris en compte ni leur structure morphologique, ni la classe grammaticale du radical. Nous aborderons à présent l’expression du nombre (6.1.2.1), et la catégorie grammaticale des radicaux dont les adjectifs sont dérivés ainsi que quelques régularités de leur for-mation (6.1.2.2).

Quand l’adjectif est employé sans qu’il soit fait référence à un terme nominal, dans des expressions comme c’est bien (ex 344) ou il fait chaud, et sans qu’il ne dé-termine de nom récupérable dans le discours, la forme employée est la forme non suf-fixée, non déterminée pour le nombre. Il n’est pas possible, dans ce contexte, de faire varier le nombre sans que l’énoncé soit perçu comme anaphorique et déterminant un nom.

344. kɛ́rɛ́ː t-ì

bon 3S-DECL

C’est bien. / C’est bon.

6.1.2.1 Nombre

Nous traiterons des formes exprimant la singularité et la pluralité, nous considé-rerons également la forme non marquée, réalisée lorsque le nom est un nom non ani-mé singulier ou massif, termes ne comportant pas d’indication morphologique du nombre (ex 345), comme il s’agit de la forme neutre réalisée dans les contextes dans lesquels le nombre n’est pas pertinent.

345. (a) mɛ́sɛ́ː kúllɛ́y (b) mɔ̀nsɔ̀ːnɔ́ː kùkúyaː

case grand arachide rouge grande case arachide brune

L’on relève moins de possibilités pour les suffixes pluratifs que pour le nom, -tutututuːːːː, -sisisiːːːː et -jjjjɛːsi ɛːɛːɛː étant communs aux deux classes grammaticales, et ----sirsirsirsir, relevé quasi uniquement avec les adjectifs. Les morphèmes pluratifs adjectivaux sont déterminés partiellement par les classes morphologiques : -tututuːːːː et ----situ sisisiːːːː ont été relevés avec les adjec-tifs non dérivés et les adjecadjec-tifs dérivés de coverbes, et ----jjjjɛːɛːɛː avec les adjectifs dérivés de ɛː noms et ceux dont les formes plurielles sont plus rarement employées, ce dernier conditionnement étant identique pour les noms.

Quelques particularités sont à relever pour la forme non marquée. Il existe deux possibilités de formation, la première étant l’allongement de la voyelle finale du

cal ou de la voyelle servant de support au suffixe singulatif, allongement caractérisant les nominaux (ex 346) lorsque l’adjectif est dérivé d’un radical à finale consonantique (ex 347). Les règles de réalisation de cette voyelle ont été précisées en 2.1.2.3.4.

346. (a) ɲɛ́ndì-g (b) ɲɛ́ndíː nouveau-SG nouveau nouveau nouveau 347. (a) cùcúm-ɔ́-g (b) cùcúmɔ̀ː gros-SG gros gros gros

Une seconde possibilité est l’adjonction de ----yyyy au radical, relevée pour un petit nombre de termes, lorsqu’il s’agit d’un radical adjectival non dérivé et que la voyelle finale du radical est une voyelle moyenne ou basse (ex 348). De plus, l’on observe une tendance à la fermeture d’un degré de la voyelle basse (ex 349), bien que celle-ci ne soit pas régulière (ex 350). Cette formation est toutefois marginale, comme la ma-jorité des adjectifs non dérivés ont une forme nonmarquée en ----VVVVːːːː (ex 351).

348. (a) lìkkɛ́-g (b) lìkkɛ̀-y haut-SG haut-? haut haut 349. (a) kùllà-g (b) kúllɛ́-y grand-SG grand-? grand grand 350. (a) ndàkàlá-g (b) ndàkàláy court-SG court-?

court, bas court, bas

351. (a) kɔ̀mɔ́lɔ̀-g (b) kɔ̀mɔ́lɔ́ː

fort-SG fort

fort fort

Du fait que ces deux réalisations, ----VVVVːːːː et ––––yyyy, sont attestées, il est envisageable de poser un suffixe ––––yyyy, les traits de la voyelle à sa gauche se propageant dans la majeure partie des cas, le conditionnement étant à la fois morphologique (nature du radical) et phonologique (aperture de la voyelle finale du radical), et n’apparaissant à la surface que dans la plus petite partie des cas. Cette interprétation trouve une justification dans le fait que ce phénomène d’allongement vocalique par assimilation du ----yyyy est bien at-testé dans le système verbal et qu’on le relève également dans le système nominal, bien qu’il ne soit jamais attesté en finale de mot. Malgré tout, comme cette assimila-tion ne concerne qu’un petit nombre de termes, et que le condiassimila-tionnement est assez complexe et irrégulier de surcroît, il nous semble préférable de poser un allongement vocalique dans la majeure partie des termes, et un allomorphe du suffixe, ----yyyy, pour les quelques termes restant, la variante étant déterminée par le radical.

6.1.2.2 Dérivation

Dans cette partie, nous traiterons les formations d’adjectifs à partir de noms et de coverbes, comme la classe des adjectifs ne contient que peu de membres pour les-quels la structure permet de conclure de façon assez sûre à l’absence de dérivation. À côté des quatre radicaux adjectivaux formant le pluratif en ----sirsirsir, il existe quelques ad-sir jectifs non dérivés, formant le pluratif à l’aide d’un suffixe que l’on relève fréquem-ment pour la formation des pluratifs nominaux, ----tutututuːːːː ou quelquefois ----sisisisiːːːː (ex 352), comme nous l’avons indiqué.

352. (a) ɲɛ́ndì-g (b) ɲɛ́ndì-síː

nouveau-SG nouveau-PL

nouveau nouveaux

La dérivation à partir de radicaux nominaux a également été vue en 4.5.1.2, et nous reviendrons sur la formation à partir de coverbes dans 8.6.2. Il existe une classe d’adjectifs dérivés de noms, formés soit par l’adjonction au nom de ––––gggg, qui expriment une qualité descriptive générale (ex 353a), ou par la suffixation de ––––igigig, qui décrivent ig principalement la couleur de la robe du bétail ou des équidés (ex 353b).

353. (a) kɔ́nɔ́n-ì-g (b) íríː-tì-g

honte-V-SG léopard-ADJ-SG

honteux de la couleur du léopard

Un mode de formation assez productif d’adjectifs est la dérivation à partir de coverbes. Comme la plupart des coverbes sont à finale consonantique une voyelle support sera insérée avant le suffixe singulatif et réalisée à la forme non marquée, mais non le pluratif (ex 354). La qualité de cette voyelle est déterminée par le radical, comme cela est le cas pour les noms pour lesquels on forme un individuatif par l’adjonction du ----gggg. (voir 2.3.3). La mélodie tonale B-H-B au singulatif et à la forme non marquée et B-H-H au pluratif est une particularité de cette classe d’adjectifs, bien que l’on relève d’autres combinaisons.

354. cùcùm Φ-sú-ŋ-ú-n

GROS TH-AUX-SG-V-ANT

être gros

(a) cùcúm-ɔ̀-g (b) cúcúm-ɔ́ː (c) cùcúm-túː

gros-V-SG1 gros-V gros-PL

gros gros gros, PL

Les adjectifs dérivés décrivent un état (ex 355a), à la différence des coverbes qui mettent l’accent sur le processus (ex 355b), bien que la distinction de sens ne soit pas toujours très nette entre les deux expressions.

355. (a) tɔ̀tá-g ɛ̀mbɛ́=gù dùdúm-ɔ́-g t-ì

couteau-SG 1S.POS-SG ÉMOUSSER-V-SG 3S-DECL

Mon couteau est émoussé.

(b) tɔ̀tá-g ɛ̀mbɛ́=gù dùdùm t-ìr-í

couteau-SG 1S.POS=SG.DEF ÉMOUSSER 3S-AUX\PRES-DECL

Mon couteau s’est émoussé.

Une partie des adjectifs présentent la caractéristique des adjectifs dérivés – éli-sion vocalique lors de la pluralisation – sans que le radical sur lequel ils seraient for-més ne soit attesté. Il est possible que ces radicaux soient adjectivaux, et que l’élision vocalique lors de la pluralisation soit provoquée par le suffixe ----tutututuːːːː (voir 4.3.2.2.2.), tout comme il est possible que ces radicaux aient été de nature coverbale.

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