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Les entreprises actives dans le domaine informatique et celui de l'information peu touchées par la crise

6. Emploi et chômage

6.1. Emploi

Forte dégradation de l'emploi européen sur les deux dernières années

L'emploi dans la zone euro avait progressé de seulement 0.8% en 2008, un rythme inférieur de moitié à la moyenne enregistrée sur les 10 années précédentes.

Cette inflexion a fait bien pire que de simplement se prolonger en 2009, car le marché du travail est entré dans une configuration de destruction soutenue, avec une baisse d'environ 2% des effectifs.

Dans l'ensemble des pays de la zone euro, ce sont quelque 3.1 millions d'emplois qui ont disparu entre la fin de 2007 et la fin de 2009, dont 1.8 million pour la seule branche de l'industrie. La construction est aussi

largement affectée (-1.2 million d'emplois), mais

essentiellement sous l'influence de l'Espagne, et dans une moindre mesure par l'Irlande et le Portugal.

L'évolution nette de l'emploi (créations moins

suppressions) n'a pas été négative pour tous les pays de la zone sur cette période. L'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, Chypre, Malte et le Luxembourg recensent plus d'emplois à la fin de 2009 que deux ans auparavant.

L'évolution allemande, avec 277 000 créations nettes en 2 ans1, est atypique et particulièrement intéressante.

L'Allemagne a perdu 272 000 emplois dans l'industrie sur cette période, un chiffre comparable à celui de la France (245 000). La plupart des autres branches marchandes ont connu une évolution positive – mais relativement faible – de l'emploi. En fait, l'essentiel des nouveaux emplois allemands (à hauteur de 450 000 unités) vient de la branche "Administration publique; éducation; santé et action sociale; services collectifs, sociaux et personnels;

services domestiques", que l'on peut grosso modo assimiler au secteur protégé du point de vue économique, en ce sens qu'elle est la plus déconnectée du cycle conjoncturel. Pour comparaison, la France n'a créé que 220 000 emplois dans cette branche sur la même période.

Des données harmonisées de l'emploi européen ne sont pas encore disponibles pour l'année en cours. Les dernières informations concernent le 4ème trimestre 2009 et montrent une baisse de 0.2% sur un trimestre2 (données désaisonnalisées), un résultat qui laisse espérer une prochaine stabilisation des effectifs.

__________

1Celles-ci ont principalement eu lieu pendant l'année 2008.

Note de conjoncture n° 1-10 66

Tableau 25: Evolution de l'emploi salarié par branches

2008 T1 2008 T2 2008 T3 2008 T4 2009 T1 2009 T2 2009 T3 2009 T4 Nombre de personnes

Agriculture 1 887 1 972 1 984 1 944 1 956 2 061 2 131 2 144

Industrie 37 004 37 161 37 276 37 481 37 051 36 382 35 988 35 651

Construction 36 618 37 158 37 304 37 566 36 995 37 158 37 152 37 290

Commerce, hôtels, cafés, restaurants, transports et communications 81 428 82 711 83 295 84 043 83 577 83 922 83 834 83 936

Services aux entreprises 53 172 54 265 55 510 54 689 54 011 54 000 53 862 53 649

Services financiers 40 442 41 066 41 591 41 858 41 808 41 500 41 386 41 306

Autres services, services non-marchands 72 624 73 347 73 258 74 673 75 658 76 804 76 188 77 938

Economie entière 323 175 327 679 330 219 332 254 331 056 331 828 330 541 331 915

Évolution en % par rapport au même trimestre de l'année précédente

Agriculture 3.9 3.1 4.7 1.3 3.7 4.5 7.4 10.2

Industrie 1.5 1.4 1.3 0.9 0.1 -2.1 -3.5 -4.9

Construction 4.9 3.8 3.4 2.6 1.0 0.0 -0.4 -0.7

Commerce, hôtels, cafés, restaurants, transports et communications 4.7 4.5 4.5 4.2 2.6 1.5 0.6 -0.1

Services aux entreprises 10.7 9.4 9.2 6.3 1.6 -0.5 -3.0 -1.9

Services financiers 8.6 8.5 7.7 5.6 3.4 1.1 -0.5 -1.3

Autres services, services non-marchands 3.1 3.4 3.5 3.9 4.2 4.7 4.0 4.4

Economie entière 5.4 5.1 4.9 4.1 2.4 1.3 0.1 -0.1

Source: STATEC, Comptes nationaux trimestriels

Le cap des 500 000 habitants franchi au Luxembourg Malgré une année en berne sur le plan économique, la population a continué à croître de manière relativement dynamique.

Au 1er janvier 2010, 502 066 personnes vivent au Grand-Duché de Luxembourg. Au cours de l'année 2009, la population résidante a augmenté de 8 566 habitants.

Cette hausse, de 1.7% est légèrement moins prononcée que celle de 2008 (+2.0%). La raison principale de ce ralentissement se trouve dans la baisse du solde migratoire (arrivées moins départs): bien qu'il y ait eu moins de départs (900 personnes de moins qu'en 2008), il y a surtout eu beaucoup moins d'arrivées (-2 000 environ par rapport à l'année précédente, soit un recul de plus de 10%). Il faut remonter à l'année 2000 pour retrouver une baisse aussi importante au niveau des arrivées. Le moindre dynamisme de l'économie

luxembourgeoise – croissance nulle en 2008 et récession

en 2009 – n'est sans doute pas étranger à ce phénomène.

Le solde migratoire – avec +6 600 personnes – reste cependant largement positif en 2009 et représente les trois quarts de l'augmentation de la population au cours de l'année.

Le phénomène démographique qui est certainement le plus marquant en 2009 a trait à l'évolution de la population par nationalités. Pour la première fois depuis de nombreuses années, la population de nationalité luxembourgeoise connaît une augmentation réelle et ce malgré des soldes naturel et migratoire largement négatifs.

Ce sont les effets de la loi du 23 octobre 2008 sur la nationalité luxembourgeoise qui ont conduit à une véritable "explosion" du nombre de naturalisations / options. Cette loi permet aux étrangers voulant acquérir la nationalité luxembourgeoise de conserver leur nationalité d'origine1.

Tableau 26: Mouvement de la population

Année Naissances Décès Solde naturel Arrivées Départs Solde migratoire

1980 363 500 1 400 4 169 4 113 56 7 362 6 003 1 359

1985 366 200 900 4 104 4 027 77 6 582 5 758 824

1990 379 300 5 100 4 936 3 773 1 163 10 281 6 339 3 942

1995 405 650 5 950 5 421 3 797 1 624 10 325 5 989 4 336

2000 433 600 5 400 5 723 3 754 1 969 11 765 8 334 3 431

2005 461 250 7 850 5 371 3 621 1 750 14 397 8 287 6 110

2007 476 200 7 600 5 477 3 866 1 611 16 675 10 674 6 001

2008 483 800 9 700 5 596 3 595 2 001 17 758 10 058 7 700

2009 493 500 8 550 5 638 3 655 1 983 15 751 9 168 6 583

2010 502 050

1/ Chiffres arrondis

Sources: STATEC - Centre Informatique de l'Etat (Répertoire Général des Personnes Physiques)

Mouvement naturel Mouvement migratoire

Accroisssement total 1/

Population au 1er janvier 1/

__________

1Actuellement, il est impossible de dire combien de personnes ont fait usage de leur droit de conserver leur(s) nationalité(s) antérieure(s). La loi sur la nationalité luxembourgeoise dit dans son Art. 28. "Sous réserve des conventions internationales et des lois en vigueur au Grand-Duché de Luxembourg, toute personne possédant, outre la nationalité luxembourgeoise, une ou plusieurs autres nationalités, est considérée par les autorités du Grand-Duché de Luxembourg comme exclusivement Luxembourgeoise". Le recensement de la population - qui aura lieu en 2011 - permettra au STATEC de répondre à cette interrogation et d'analyser en détail la question de la multiple nationalité.

Tableau 27: Mouvement de la population

Année

Taux d'accoissement

total Taux de natalité Taux de mortalité

Taux d'accroissement naturel

Taux

d'immigration Taux d'émigration

Taux de migration net

Part de l'immigration nette dans l'accroissement total

Moyennes quinquenales (en promille) %

1980-1984 1.5 11.6 11.3 0.4 18.0 16.9 1.1 67.4

1985-1989 7.1 11.8 10.7 1.1 21.8 15.8 6.0 85.8

1990-1994 13.4 13.2 9.8 3.4 26.6 16.5 10.1 75.0

1995-1999 13.3 13.2 9.2 3.9 26.3 16.9 9.4 70.4

2000-2004 12.4 12.2 8.4 3.8 27.8 18.7 8.6 68.6

Taux annuels (en promille) %

2005 16.9 11.5 7.8 3.8 31.0 17.8 13.1 77.7

2006 15.0 11.7 8.0 3.7 30.4 19.0 11.3 75.4

2007 15.9 11.4 8.1 3.4 34.7 22.2 12.5 78.8

2008 19.9 11.5 7.4 4.1 36.3 20.6 15.8 79.4

2009 17.2 11.3 7.3 4.0 31.6 18.4 13.2 76.8

Sources: STATEC - Centre des technologies de l'information de l'Etat (Répertoire Général des Personnes Physiques)

Tableau 28: Répartition par grands groupes d’âges et indices de dépendance

Groupe d'âges 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Nombre de personnes

Moins de 20 ans 106 898 108 367 109 227 110 340 111 678 113 090 114 526 115 806 117 087 118 323

20 à 64 ans 267 982 271 728 274 543 278 028 282 122 286 591 291 694 296 927 303 270 309 991

65 ans et plus 61 421 61 430 62 406 63 263 64 296 65 478 66 417 67 261 68 293 69 469

Tous âges 436 300 441 525 446 175 451 630 458 095 465 158 472 637 479 993 488 650 497 783

en % du total

Moins de 20 ans 24.5 24.5 24.5 24.4 24.4 24.3 24.2 24.1 24.0 23.8

20 à 64 ans 61.4 61.5 61.5 61.6 61.6 61.6 61.7 61.9 62.1 62.3

65 ans et plus 14.1 13.9 14.0 14.0 14.0 14.1 14.1 14.0 14.0 14.0

Tous âges 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0 100.0

20-64 65+

20-64 (-19)+(65+) Source: STATEC

4.46 1.65

1.60 1.60 1.61 1.62

4.44 1.64

4.39 4.38

1.59 1.60 1.60 1.60

4.39 4.41

4.36 4.42 4.40 4.39

Tableau 29: Taux de remplacement

Groupe d'âges 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

Nombre de personnes

20 à 24 ans 25 409 25 868 25 962 26 395 27 180 27 727 28 089 28 378 28 885 29 498

60 à 64 ans 20 712 20 476 20 613 20 867 20 937 21 019 21 547 22 353 23 265 24 275

en %

Taux de remplacement1 1.23 1.26 1.26 1.24 1.30 1.32 1.30 1.27 1.24 1.22

1 Le taux de remplacement est obtenu par le rapport effectifs 20 à 24 ans qui entrent dans le marché / effectifs 60 à 64 ans qui partent à la retraite.

Source: STATEC

En 2009, 4 022 personnes âgées de 18 ans et plus ont acquis la nationalité luxembourgeoise, contre un peu plus de 1 000 par an en moyenne au cours des 4 années précédentes. S'ajoutent encore 1 335 enfants mineurs automatiquement naturalisés avec leurs géniteurs. A ces 5 357 personnes, il faut ajouter celles bénéficiant du double droit du sol: 4 209 personnes sont devenues luxembourgeoises, du fait qu'elles sont nées au

Luxembourg entre le 1er janvier 1991 et le 31 décembre 2008 de parents non-luxembourgeois dont un au moins est également né au Luxembourg. Finalement, en 2009, ce sont 9 566 personnes qui ont accédé à la nationalité luxembourgeoise. En soustrayant à ce nombre les soldes naturel et migratoire négatifs de respectivement -310 et -732 on arrive à une augmentation de nombre des

Ce phénomène, de par son ampleur, n'est pas sans répercussions sur certains indicateurs statistiques faisant référence à la nationalité. La baisse de la part des étrangers dans la population totale en 2009 – pour la première fois depuis la deuxième guerre mondiale – en est un exemple.

Pour rester dans le domaine de l'emploi, on notera que toutes nationalités confondues, la population âgée de 20 à 64 ans – que l'on peut assimiler à la population en âge de travailler – voit sa part progresser très légèrement (à 62.3%, cf. tableau 28).

Note de conjoncture n° 1-10 68

Une progression historiquement faible de l'emploi en 2009 au Luxembourg

L'emploi intérieur au Luxembourg a progressé d'environ 1% en 2009. Ce résultat pourrait sembler flatteur de prime abord, car le Luxembourg est le seul pays de l'Union européenne, avec la Pologne, à avoir connu une croissance de l'emploi l'année passée1. Pour l'ensemble des autres pays européens, 2009 s'est révélée destructrice en matière d'emploi, avec une contraction moyenne de 2% des effectifs dans la zone euro et dans l'Union européenne (27 pays).

Néanmoins, la performance luxembourgeoise apparaît bien moins réjouissante lorsqu'elle est resituée dans son contexte historique. Il faut en effet remonter jusqu'en 1985 pour retrouver un taux de croissance aussi faible.

Sur les dix années précédentes – de 1998 à 2008 – la croissance de l'emploi au Luxembourg a été de presque 4% par an en moyenne (contre 1.4% pour la zone euro).

L'emploi n'a en fait jamais freiné aussi rapidement que lors de cette année 2009.

Malgré un résultat positif sur l'emploi, il n'y a donc pas lieu de conclure que le marché du travail luxembourgeois aurait été épargné par la crise de 2008-2009. La forte progression du chômage (cf. partie Chômage, pp. 72-76) est d'ailleurs là pour le rappeler.

Graphique 72: Part des frontaliers dans la création d'emploi intérieur

Source: IGSS, STATEC

0 10 20 30 40 50 60 70 80

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

En %

De fortes inégalités dans la dynamique de l'emploi L'évolution de l'emploi en 2009 montre que toutes les catégories de travailleurs n'ont pas été impactées de la même manière par la crise économique.

La première différence concerne l'évolution de l'emploi en fonction des branches d'activité. Deux branches ont connu un recul de l'emploi en 2009 (en moyenne annuelle): l'industrie et les services aux entreprises2. C'est dans l'industrie que l'impact de la récession a été le plus marqué, avec une baisse des effectifs de 2.5% (soit 950 personnes) sur l'ensemble de 20093. Le recul de l'emploi industriel aurait pu cependant être bien plus important si les entreprises n'avaient pas massivement recouru au dispositif du chômage partiel (cf. Tableau 32) car, dans le même temps, la valeur ajoutée de la branche a subi un recul de près de 18%. Ce moindre ajustement de l'emploi par rapport à l'affaissement de l'activité a de fait entraîné un recul très marqué de la productivité (du travail) dans l'industrie en 2009.

Les emplois des services aux entreprises accusent sur la même période un repli de 0.7% (soit 450 personnes). Ce résultat marque une très nette rupture avec la forte expansion des contingents dans cette branche sur les 3 années précédentes, proche de 10% par an.

Les entreprises du secteur financier voient quant à elles leurs effectifs progresser légèrement: +0.6% en 2009, loin du rythme de plus de 7% par an qui prévalait en 2007 et 2008. Etant donné le caractère

fondamentalement financier de cette crise, l'impact aurait cependant pu, là encore, être bien plus prononcé.

La baisse des effectifs dans les établissements bancaires, par exemple, apparaît encore relativement limitée par rapport à celle qui avait été enregistrée lors de la crise précédente (de 2001 à 2003). Il est cependant possible qu'une partie du choc sur l'emploi relatif aux activités financières ait été encaissée par la branche des services aux entreprises: ces sociétés travaillent beaucoup pour le secteur financier sans en faire directement partie et l'on constate que pour elles, le choc sur l'emploi semble plus fort que lors de la crise précédente4.

Dans la construction, l'affaissement de l'activité, mis notamment en avant par les enquêtes de conjoncture, a débouché sur une stagnation des effectifs en 2009. Il s'agit d'une première depuis de nombreuses années au Luxembourg, où la croissance relativement forte de la population5 et le dynamisme de l'économie constituent traditionnellement un soutien important aussi bien du côté des ménages que des entreprises.

___________

1L'Allemagne a quant à elle enregistré une stagnation (+0.0%) en 2009.

2L'intitulé exact de cette branche est "immobilier, location et services aux entreprises".

3Soit un peu moins de 1 000 emplois nets (créations-radiations).

4Il faudrait étudier dans quelle mesure ce phénomène pourrait s'expliquer par les stratégies d'externalisation (outsourcing) du secteur financier.

5La population a progressé en moyenne de 1.4% par an au cours des 15 dernières années, à comparer avec un chiffre de seulement 0.4% au niveau de la zone euro.

Le seul domaine dans lequel on constate une accélération des créations d'emploi, à l'instar de l'évolution allemande mentionnée ci-avant, regroupe plusieurs types d'activités que l'on pourrait qualifier de plus ou moins "protégées":

administration publique; éducation; santé et action sociale; services collectifs, sociaux et personnels et services domestiques. Pour ces activités, l'emploi a progressé de 4.2% en 2009, correspondant à une hausse de 3 200 personnes1. Lorsque l'on compare ce dernier chiffre à la création nette d'emploi pour l'économie dans son ensemble, à savoir 3 300 emplois sur la même période, on comprend que les entreprises du secteur concurrentiel n'ont au final pas créé d'emploi en net l'année passée.

Un autre phénomène, qui découle en partie des

tendances observées au niveau des branches, est celui de l'impact bien plus marqué de la crise sur l'emploi frontalier que sur l'emploi des résidants.

Les effectifs des deux catégories respectives ont

progressé sensiblement au même rythme en 2009 (+1.3%

pour l'emploi national, +1.1% pour l'emploi frontalier), alors que l'emploi frontalier était largement plus dynamique au cours des années précédentes. Ceci se remarque très bien par exemple sur la part des frontaliers dans les nouveaux emplois créés: elle atteint un tiers en 2009 alors qu'elle était beaucoup plus proche des deux tiers sur les années précédentes (cf. Graphique 72).

Cette évolution relativement plus défavorable du côté des frontaliers (cf. Graphique 71), qui s'est amplifiée tout au long de 2009, s'explique par le fait qu'ils travaillent en majorité dans les branches du secteur concurrentiel et qu'ils sont donc plus exposés aux aléas de la conjoncture.

Ils sont également surreprésentés dans des catégories particulièrement flexibles de l'emploi, en premier lieu dans les effectifs du travail intérimaire – composé à 80%

environ de travailleurs frontaliers2. Enfin les travailleurs frontaliers sont en moyenne plus jeunes/avec moins d'ancienneté que les travailleurs résidants3, ce qui ne les met pas forcément en position de force lorsque les entreprises sont amenées à couper dans les effectifs.

Corollaire de cet ajustement plus marqué de l'emploi frontalier face à la crise, la reprise de l'emploi attendue devrait logiquement s'y avérer plus dynamique. Une reprise de l'emploi plus forte du côté des travailleurs frontaliers implique également un effet baissier plus

faible sur le taux de chômage, celui-ci se calculant sur la population résidante.

L'évolution de l'emploi dans le contexte de crise recèle encore d'autres éléments de divergences – en fonction de l'âge, du sexe, du niveau de formation, etc. – qui seront abordés dans la partie consacrée aux statistiques du chômage.

Travail intérimaire: rebond en cours

Après une année de repli, l'emploi intérimaire se stabilise dans le dernier trimestre, loin des sommets d'avant-crise.

En effet, en un an, l'intérim efface cinq années de hausse pour retrouver un niveau comparable à celui de l'année 2005. Sur l’ensemble de l’année 2009, l’évolution de l’emploi intérimaire est donc fortement négative, avec 1 984 postes (en moyenne par mois) de moins (-25 %) que l’année d’avant. Sachant que la majorité des travailleurs intérimaires n’habitent pas au Luxembourg, cette baisse accentuée a d’une certaine manière évité que le taux de chômage ne prenne des allures trop dramatiques: en effet, seulement 24% des travailleurs intérimaires résident au Luxembourg, contre 65% en France, 8% en Belgique et 3% en Allemagne. Les travailleurs intérimaires frontaliers qui perdent leur emploi ne sont pas considérés dans le calcul du taux de chômage luxembourgeois, qui ne concerne que les résidants.

La part de l’emploi intérimaire dans l’emploi salarié est tombée de 2.4% en 2008 à 1.8% en 2009 ce qui montre que les employeurs ont, pour une large part, absorbé le repli de leur activité en diminuant le travail intérimaire plutôt qu'en licenciant du personnel.

C’est le secteur de l’industrie qui connaît la plus forte baisse de travailleurs intérimaires en 2009. Après l'hémorragie des premiers trois trimestres (T1: -52%; T2:

-60%; T3: -51% sur un an) la contraction est moins accentué lors du dernier trimestre (-20%), mais encore loin d’un rebond. Le ralentissement dans des autres secteurs est moins prononcé (construction: -24%;

commerce: -22%) mais toujours est-il que cette forme flexible de recours à la main-d’œuvre est en retrait dans les principales branches.

__________

1D'après un recoupement avec les données plus détaillées de l'IGSS, la moitié de cet effectif environ serait localisée dans l'administration et l'enseignement public et un quart dans la santé et l'action sociale.

2Source: "Le travail intérimaire luxembourgeois à la lumière de la crise", Les cahiers transfrontaliers d’EURES, Luxembourg n°1/2010, disponible à l'adresse:

http://www.eureslux.org/images/biblio/biblio-6-318.pdf

3Voir l'encadré "Les profils des travailleurs frontaliers et résidants" dans la Note de conjoncture n°1-09, pp. 112-113:

Note de conjoncture n° 1-10 70

Tableau 30: Travail intérimaire

1995 2000 2005 2008 2009 T1 T2 T3 T4

Nombre d'intérimaires 2 483 4 473 6 145 7 922 5 938 5 837 6 264 6 096 5 553

Heures travaillées (milliers) 342 618 872 1 150 822 802 854 848 786

Nombre de contrats2 3 065 11 202 18 954 24 399 19 832 16 637 18 921 20 856 22 914

Entreprises utilisatrices2 560 1 131 1 555 1 916 1 674 1 508 1 624 1 774 1 792

1995-2000 2000-2005

Nombre d'intérimaires 12.5 6.6 12.0 1.8 -25.0 -28.3 -28.3 -28.3 -28.3

Heures travaillées 12.6 7.1 15.6 2.2 -28.5 -30.1 -30.1 -30.1 -30.1

Nombre de contrats2 29.6 11.1 14.1 2.1 -18.7 -28.8 -28.8 -28.8 -28.8

Entreprises utilisatrices2 15.1 6.6 14.7 0.8 -12.6 -15.4 -15.4 -15.4 -15.4

Sources: IGSS, Ministère du Travail

2009 Année

Variation annuelle en % Moyenne mensuelle

Tableau 31: Taux des postes vacants

2005 2007 2008 2009* T1 T2 T3 T4 T1 T2 T3

En % du total des postes (vacants et occupés)

UE27 1.7 2.2 2.0 1.4 2.2 2.1 1.9 1.7 1.4 1.4

Zone euro 1.6 2.3 2.0 1.6 2.2 2.0 1.8 1.8 1.6 1.6

Luxembourg

Ensemble de l'économie 0.4 0.8 0.6 0.4 0.7 0.7 0.6 0.5 0.5 0.4 0.4

Industrie 0.4 0.8 0.3 0.2 0.3 0.3 0.3 0.2 0.2 0.1 0.2

Construction 0.3 0.4 0.3 0.2 0.3 0.3 0.3 0.2 0.3 0.2 0.2

Commerce, horeca, réparations, transports et communications 0.3 0.4 0.5 0.4 0.5 0.6 0.5 0.4 0.4 0.4 0.4

Intermédiation financière, immobilier, location, services aux entreprises 0.2 0.5 1.0 0.6 1.2 1.1 1.0 0.8 0.7 0.5 0.6

Autres services 0.8 1.5 0.6 0.5 0.6 0.7 0.6 0.5 0.5 0.4 0.5

Sources: Eurostat, ADEM, IGSS, STATEC

* 2009 = 9 mois

Année 2008

Le taux des postes vacants représente la proportion des postes vacants (poste nouvellement créé, inoccupé ou devenant vacant dans un proche avenir, pour lequel l’employeur a entrepris récemment des démarches actives, afin de trouver un collaborateur externe à l’entreprise, pour lequel il est disposé à entreprendre des démarches supplémentaires, et que l’employeur a l’intention d’occuper immédiatement ou dans un proche avenir) dans l’ensemble des postes (occupés et vacants).

2009

La construction, avec près de 30% de l'emploi

intérimaire, et l'industrie, avec environ 20% constituent les principaux utilisateurs du travail intérimaire. Viennent ensuite le commerce (6.8%), l'intermédiation financière et les assurances (3.9%), l'Horeca (3%), les transports et communications (2.7%) et l'immobilier, location et services aux entreprises (1.6%).

L'activité intérimaire en général et son segment

"ouvriers" en particulier est souvent considérée comme un bon indicateur précurseur pour l'ensemble de l'emploi.

Un des premiers indicateurs d'emploi à baisser lorsque l'activité ralentit, il est aussi généralement l’un des premiers à remonter lorsque s'annonce une reprise. Au

Luxembourg, l'emploi intérimaire est toujours marqué par un repli en variation annuelle (cf. graphique 75) jusqu'en janvier 2010 (dernières données disponibles), et cela pour le 16ème trimestre consécutif.

Le mouvement de reprise, en termes de croissance économique, entamé au 3ème trimestre 2009 n’a ainsi permis que d’infléchir la dégradation de l’emploi intérimaire. Cependant, selon des estimations effectuées par l'ULEDI (Union Luxembourgeoise des Entreprises de Travail Intérimaire), basées sur un échantillon

représentatif d'entreprises membres, les heures prestées dans les sociétés de travail intérimaire montreraient une progression de l'ordre de 15% sur un an en mars.

Graphique 73: Evolution de l'emploi et de l'activité dans le secteur financier

Sources: BCL, STATEC

-5 -3 -1 1 3 5 7

03 T1 04 T1 05 T1 06 T1 07 T1 08 T1 09 T1 10 T1

Variation annuelle en %

-10 -5 0 5 10 15 20

Emploi bancaire VAB Secteur financier (éch. droite)

Graphique 74: Perspectives de l'évolution de l'emploi dans l'industrie et la construction

Source: STATEC (Enquêtes de conjoncture)

-60 -50 -40 -30 -20 -10 0 10 20

95 T1 96 T1 97 T1 98 T1 99T1 00 T1 01 T1 02 T1 03 T1 04 T1 05 T1 06 T1 07 T1 08 T1 09 T1 10 T1

Solde des réponses positives et négatives

Industrie Construction

Industrie (moyenne de long terme) Construction (moyenne de long terme)

Graphique 75: Evolution de l'emploi intérimaire

Source: IGSS

-40 -30 -20 -10 0 10 20

janv-08 avr-08 juil-08 oct-08 janv-09 avr-09 juil-09 oct-09 janv-10

Variation annuelle en %

Heures ouvrées Nombre de travailleurs (fin du mois)

Reprise récente de l'emploi

Les données les plus récentes concernant l'emploi, qui vont jusqu'à janvier 2010, confirment un revirement de tendance perceptible depuis le dernier trimestre 2009.

Les données désaisonnalisées (cf. Graphique 76)

montrent que l'emploi salarié a cessé de se dégrader à la mi-2009 et regagne en vigueur au tournant de 2009 et 2010. Les taux de progression sont cependant encore largement inférieurs à ceux qui prévalaient au début 2008. Cette légère reprise de l'emploi coïncide en tous cas avec d'autres signaux positifs émanant des indicateurs récents du marché du travail, comme l'évolution plus favorable du travail intérimaire, la hausse du nombre d'offres d'emploi recensées à l'ADEM (cf.

Graphique 77) ou bien le ralentissement du chômage (voir-ci après).

Graphique 76: Evolution récente de l'emploi salarié

Sources: IGSS, STATEC (données corrigées des variations saisonnières) -0.1

0.0 0.1 0.2 0.3 0.4 0.5

janv-08 vr-08 mars-08 avr-08 mai-08 juin-08 juil-08 août-08 sept-08 oct-08 nov-08 déc-08 janv-09 vr-09 mars-09 avr-09 mai-09 juin-09 juil-09 août-09 sept-09 oct-09 nov-09 déc-09 janv-10

Variation mensuelle en %

Graphique 77: Offres d'emplois non-satisfaites

Source: ADEM

-60 -40 -20 0 20 40 60 80 100

janv-01 janv-02 janv-03 janv-04 janv-05 janv-06 janv-07 janv-08 janv-09 janv-10

Variation annuelle en %

Note de conjoncture n° 1-10 72