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Les entreprises actives dans le domaine informatique et celui de l'information peu touchées par la crise

6. Emploi et chômage

6.2 Chômage

Note de conjoncture n° 1-10 72

La hausse du taux de chômage s'est faite de manière relativement modérée dans un premier temps, puis s'est brusquement accélérée à partir de décembre 2008. Il faut dire que le dernier trimestre 2008 a constitué le point culminant de la crise économique: effondrement des marchés d'actions, des cours de matières premières, chute brutale de l'activité dans l'industrie, etc. Les premiers signes de reprise de l'activité ne sont apparus qu'au début du 2ème trimestre 2009 (cf. Evolution récente du PIB, p. 13).

Pourtant, dès le 3ème trimestre 2009, la progression du chômage au sens strict a été quasiment stoppée au Luxembourg. Le délai de transmission entre la reprise de l'activité et la stabilisation du chômage a donc été extrêmement rapide, bien plus rapide en tous cas que ce que laissaient espérer les délais d'ajustement historiques.

Ce phénomène est dû notamment à deux éléments qui ne sont pas directement reliés aux mécanismes économiques conjoncturels, mais dont la survenance a été forcée par la situation conjoncturelle: la très forte progression du chômage partiel et l'augmentation des personnes inscrites dans des mesures pour l'emploi.

Explosion du chômage partiel

A partir de la fin 2008, où la baisse de l'activité a frappé de plein fouet les entreprises, celles-ci se sont tournées vers le dispositif de chômage partiel. L'afflux de demandes émanant des entreprises a rapidement augmenté, atteignant un sommet à la mi-2009 (154 demandes). La législation sur le chômage partiel a été modifiée à deux reprises durant l'année, afin de renforcer le dispositif1.

Puis, avec la reprise – partielle – de l'activité, une lente décrue s'est amorcée à partir du 3ème trimestre 2009. Il reste qu'au début du 2ème trimestre 2010, il subsiste une centaine de demandes à traiter (103 en avril), dont la majorité émane d'entreprises de l'industrie et

d'entreprises sous-traitantes. Pour donner un ordre de comparaison, sur l'ensemble de la période 1999-2008, le nombre moyen de demandes répertoriées chaque mois s'élevait à 5.

Tableau 32: Synthèse de l'évolution du chômage partiel

Introduites Acceptées Indemnisées

Prévision-nellement Effectivement Prévisionnelle Effective

EUR %

janv-08 2 2 2 10 9 4 207 4 849 115

févr-08 3 2 1 1 1 815 658 81

mars-08 1 0

avr-08 2 1 1 5 5 3 427 3 011 88

mai-08 2 1 1 5 5 3 427 3 005 88

juin-08 2 1 1 5 5 3 237 3 213 99

juil-08 1 1 1 2 2 1 626 1 456 90

août-08 2 2 2 67 42 78 306 16 838 22

sept-08 3 2 2 114 66 110 829 17 103 15

oct-08 3 3 2 126 66 98 929 18 637 19

nov-08 16 16 11 1 473 880 2 234 076 531 817 24

déc-08 56 44 36 4 584 3 027 5 327 755 1 998 411 38

janv-09 100 53 43 3 692 3 169 3 486 666 3 279 924 94

févr-09 77 63 55 6 656 5 910 8 911 445 4 988 145 56

mars-09 115 89 81 8 835 7 315 14 347 400 8 669 569 60

avr-09 135 110 99 10 222 8 159 13 816 859 6 604 044 48

mai-09 149 122 108 9 241 7 799 12 283 678 6 739 184 55

juin-09 147 134 115 10 290 7 529 14 188 149 6 431 885 45

juil-09 154 133 103 9 354 5 826 13 748 649 5 952 360 43

août-09 135 121 103 7 065 4 057 9 579 984 3 528 656 37

sept-09 133 128 103 9 660 4 703 12 102 126 3 958 821 33

oct-09 139 129 103 9 633 4 827 11 100 283 4 605 442 41

nov-09 139 127 94 8 434 3 490 9 432 859 3 659 873 39

déc-09 131 125 84 7 999 3 283 10 321 977 3 082 863 30

janv-10 129 117 88 7 558 4 040 10 892 556 2 982 489 27

févr-10 119 112

mars-10 116 105

avr-10 109 103

* Donnée définitives non encore disponibles pour les mois de février à avril 2010 Source: ADEM

Mois de référence *

Nombre d'entreprises Nombre de personnes

Dépense prév. / effect.

Nombre de demandes Nombre de salariés touchés Dépense

__________

1Pour plus de détails sur l'évolution du chômage partiel pendant la crise, voir l'encadré "Recours massif au chômage partiel en 2009" dans la Note de

Note de conjoncture n° 1-10 74

Pour calculer l'impact du chômage partiel sur le chômage, il faut tenir compte du fait que seuls les travailleurs résidents sont concernés par le chômage partiel. En effet, les données de chômage partiel reprennent les travailleurs résidents aussi bien que les travailleurs frontaliers, alors que ces derniers ne sont pas repris dans le calcul du taux de chômage en cas de perte d'emploi (le chômage est un concept statistique

national). Ainsi, en considérant que la part des résidents dans les branches considérées est en moyenne de 43%

(proportion constatée en 2008 et 2009), ce sont quelques 1 500 personnes résidentes supplémentaires, en

équivalent chômage complet, qui auraient été au chômage en 20091. S'ils avaient dû s'inscrire comme chômeurs, le taux de chômage moyen pour 2009 aurait été d'environ 6.2%, au lieu des 5.7% effectivement constatés.

Un effort soutenu sur les mesures pour l'emploi Le nombre de personnes inscrites dans des mesures pour l'emploi avait fortement baissé en 2007 et 2008. Comme expliqué dans de précédentes Notes de Conjoncture, cette baisse réside principalement dans le fait que la mise en place de nouveaux types de mesures à partir de 2007 n'a pas pris directement le relais – en termes d'effectifs – des anciens types de mesures dès lors abandonnés2.

Les dispositifs de mesures pour l'emploi sont ainsi arrivés à un niveau minimum au début de 2009 (cf. Graphique 80), alors même que le taux de chômage était déjà reparti à la hausse depuis plusieurs mois. Au fur et à mesure de l'avancée dans l'année, les personnes bénéficiaires de mesures ont été de plus en plus

nombreuses. Il va sans dire que ce type de dispositif était le bienvenu dans le contexte de très forte dégradation du marché de l'emploi.

Cet effort sur la mise en place de mesures pour l'emploi a de fait permis de limiter la progression du taux de chômage, du moins du taux de chômage au sens strict.

Ce taux de chômage, dit "au sens strict", qui est le taux de chômage officiel, rapporte les demandeurs d'emploi non-satisfaits (DENS) recensés en fin de mois par l'ADEM à la population active (nombre d'emplois + DENS). Il faut savoir que lorsqu'une personne comptabilisée dans les DENS bénéficie d'une mesure pour l'emploi, elle sort de cette catégorie: en d'autres mots, elle n'est plus comptée comme un chômeur au sens strict, du fait bien entendu qu'elle travaille (même si ce travail est effectué dans le cadre d'une mesure pour l'emploi). Elle est par contre recensée par le STATEC dans la catégorie des chômeurs dits "au sens large" (DENS + personnes en mesure).

Graphique 80: Evolution du nombre de personnes inscrites dans une mesure pour l'emploi

Source: ADEM

2 500 2 700 2 900 3 100 3 300 3 500 3 700 3 900 4 100

janv-08 mars-08 mai-08 juil-08 sept-08 nov-08 janv-09 mars-09 mai-09 juil-09 sept-09 nov-09 janv-10 mars-10 -30

-20 -10 0 10 20 30

Personnes (éch. gauche) Variation annuelle en % (éch. droite)

Graphique 81: Mesures

CAT PU Contrat d'auxiliaire temporaire du PA Pool des assistants CAT PR secteur public-PU et du secteur privé-PR MS Mesures Spéciales SIE Stage d'insertion en entreprise MT Mises au travail SRP Stage de réinsertion professionnelle FORMA Mesures de formation ATI Affectation temporaire indemnisée CAE Contrat d'appui emploi CIE Contrat d'initiation à l'emploi

Source: ADEM

-100 100 300 500 700 900 1 100

CAT PU CAT PR SIE SRP FORMA PA MS MT ATI CAE CIE

Nombre de personnes

2007 2008 2009 2010 (4 mois)

En résumé, une hausse du nombre de bénéficiaires de mesures pour l'emploi entraîne mécaniquement une baisse du taux de chômage au sens strict.

Si – au lieu d'augmenter – le nombre de personnes en mesures était resté équivalent à celui de janvier 2009 le taux de chômage officiel aurait été de 5.8% en 2009, donc relativement proche du véritable chiffre (5.7%, soit un écart de 0.1%). Par contre, du fait de la hausse progressive des mesures, l'écart constaté est plus important à la fin de 2009 (+0.2% en décembre) et encore d'avantage au début 2010: le taux de chômage officiel ne serait pas de 6.0% en mars 2010, mais de 6.4%3.

__________

1En tenant compte des demandes ayant effectivement été tirées par les entreprises.

2A ce propos, voir notamment l'encadré "Effet des mesures pour l'emploi sur le taux de chômage", Note de Conjoncture n°2-09, pp. 72-74:

http://www.statistiques.public.lu/fr/publications/series/noteConjoncture/2009/note_conjonct_02_09/note_conjonct_02_09.pdf

3Il y a en mars 2010 environ 640 personnes supplémentaires inscrites dans une mesure pour l'emploi par rapport à mars 2009, soit une hausse de plus de 20%.

Ainsi, la hausse du nombre de mesures a permis au taux de chômage officiel de plus ou moins se stabiliser dès le mois d'août 2009, ce qui n'est pas le cas pour le taux calculé au sens large (cf. Graphique 83), qui reste sur une tendance légèrement ascendante au début 2010.

L'augmentation des personnes en mesure s'est

concentrée essentiellement sur 2 catégories en 2009: les affectations temporaires indemnisées et les mesures spéciales (cf. Graphique 81). Depuis décembre 2009, on note également un nouvel élan des contrats d'initiation à l'emploi (CIE), liée à la mise en place du dispositif – temporaire – dénommé CIE-EP1.

L'impact de la crise sur la structure du chômage Quels ont été les catégories de la population les plus touchées par le chômage pendant cette crise ? Pour répondre à cette question, les données de mars 2010 – avec un taux de chômage au plus haut, à 6.0% – ont été comparées à celle de mars 2008, lorsque le taux de chômage atteignait un plus bas à 4.1%. En résumé, le profil-type des chômeurs victimes de cette crise est le suivant: un homme, peu qualifié, âgé de 30 à 50 ans.

De mars 2008 à mars 2010, le nombre de chômeurs enregistrés à l'ADEM a augmenté de 5 153 personnes. Les hommes représentent les deux tiers de cette hausse. Le fait que les hommes aient été d'avantage touchés proviendrait avant tout du fait que certaines branches très masculines, comme l'industrie ou les transports, ont été particulièrement exposées au revirement de

conjoncture2. Les femmes, plus représentées dans l'administration, les services de santé, les services sociaux, en bref dans des domaines moins réactifs aux soubresauts de l'économie, ont donc été moins exposées au chômage, même si elles n'ont pas pour autant été épargnées: le nombre de femmes inscrites au chômage a augmenté de 1 757 unités en 2 ans (soit une hausse de 39%, contre +68% pour les hommes).

Les demandeurs d'emploi possédant un niveau de formation inférieur contribuent majoritairement (à hauteur de 43%) à la hausse du chômage sur la même période. La contribution des autres catégories va en diminuant avec le niveau de formation: 33% pour ceux qui possèdent un niveau moyen et 21% pour ceux du niveau supérieur.

Il importe ici de bien distinguer les effets absolus des effets relatifs. Les personnes de formation supérieure ont

relativement plus souffert du chômage: leur nombre a quasiment doublé en 2 ans (+96%), alors que celui des effectifs de niveau inférieur n'a augmenté que de 43%.

Ceci a pour conséquence d'accroître la part des chômeurs diplômés dans le total. Cependant, le nombre de

chômeurs possédant un niveau supérieur n'a progressé que de 1 069 unités sur cette période, contre une hausse de presque 2 200 personnes pour ceux de niveau inférieur.

Le nombre de jeunes chômeurs a pour sa part augmenté de 53% de mars 2008 à mars 2009, une hausse

comparable à celle du total des demandeurs d'emploi (54%). La part des jeunes dans le chômage n'a donc pas été modifiée par cette crise. Les moins de 25 ans ne contribuent qu'à hauteur de 17% à la hausse du chômage enregistrée depuis 2008, bien moins que les trentenaires et les quadragénaires (à 27% chacun).

Il faut cependant garder à l'esprit que la hausse du nombre de mesures d'aide à l'emploi, dont certaines – comme le contrat d'initiation à l'emploi et le contrat d'appui-emploi – sont destinées spécifiquement aux jeunes.

Signalons enfin que la part des chômeurs de longue durée – i.e dont la durée d'inscription dépasse 12 mois – n'a pas augmenté sur la période considérée3.

Graphique 82: Evolution du nombre de demandes de formulaires E 301

Source: ADEM

-1 500 -1 000 -500 0 500 1 000 1 500 2 000 2 500

janv-03 juil-03 janv-04 juil-04 janv-05 juil-05 janv-06 juil-06 janv-07 juil-07 janv-08 juil-08 janv-09 juil-09 janv-10

Nombre de demandes

-60 -40 -20 0 20 40 60 80 100

Variation annuelle en %

Nombre de demandes (éch. gauche)

Variation annuelle en % (moyenne mobile 3 mois, éch. droite)

__________

1Le contrat CIE-EP (Contrat d'initiation à l'emploi – Expérience Pratique) a pour objectif d’offrir une expérience de travail pratique dans le but d’un accès facilité au marché de l’emploi. Il est destiné aux jeunes demandeurs d’emploi diplômés de moins de 30 ans et résidant au Luxembourg. La durée du contrat CIE-EP est de 6 mois au minimum et de 24 mois au maximum, un éventuel renouvellement compris. Cette mesure est seulement valable jusqu’au 31.12.2010. Pour plus d'informations, voir la NDC 2-09, pp. 87-88 et sur https://cie-ep.anelo.lu/

2Cf. Regards sur les profils de demandeurs d'emploi et la crise économique, Jean Ries, STATEC:

http://www.statistiques.public.lu/fr/publications/series/Regards/2010/02_10_demandeurs_emploi/PDF_2_2010.pdf

3Il en va de même pour ceux dont la durée d'inscription est comprise entre 9 et 12 mois.

Note de conjoncture n° 1-10 76

Tableau 33: Chômage – principaux indicateurs

Personnes

Variation annuelle

Taux de chômage au sens strict

(cvs)* Personnes

Variation

annuelle Personnes

Variation annuelle

Taux de chômage au sens large

(cvs)* Personnes

Variation annuelle

2000 4 782 2.5 2 109 6 891 3.6 2 025

2001 4 549 -4.9 2.3 2 606 23.6 7 155 3.8 3.7 2 080 2.7

2002 5 209 14.5 2.6 3 257 25.0 8 466 18.3 4.2 2 775 33.4

2003 7 003 34.4 3.5 3 495 7.3 10 497 24.0 5.2 3 942 42.0

2004 7 983 14.0 3.9 3 740 7.0 11 723 11.7 5.7 4 712 19.5

2005 8 948 12.1 4.2 3 941 5.4 12 889 9.9 6.1 5 068 7.5

2006 9 487 6.0 4.4 3 978 0.9 13 466 4.5 6.3 4 856 -4.2

2007 9 623 1.4 4.4 3 733 -6.2 13 356 -0.8 6.1 4 754 -2.1

2008 9 916 3.0 4.4 3 108 -16.7 13 024 -2.5 5.7 4 751 -0.1

2009 13 228 33.4 5.7 3 097 -0.3 16 325 25.4 7.0 6 653 40.0

2010** 14 781 15.0 6.0 3 583 22.1 18 364 16.3 7.5 7 333 14.3

2010

Janvier 15 137 18.3 5.9 3 358 20.7 18 495 18.7 7.4 7 564 23.9

Février 15 222 17.0 6.0 3 482 21.3 18 704 17.8 7.5 7 692 18.3

Mars 14 653 13.9 6.0 3 644 22.3 18 297 15.5 7.5 7 274 11.7

Avril 14 111 10.6 6.0 3 849 24.0 17 960 13.2 7.6 6 802 4.0

Situation en fin de mois

* cvs - corrigé des variations saisonnières

** 4 mois

Sources: Administration de l'emploi (ADEM), STATEC

Chômage inscrit Mesures pour l'emploi Total des demandeurs d'emplois

Chômage complet indemnisé

Le chômage augmente faiblement depuis la mi-2009 Sur base des données désaisonnalisées, le taux de chômage montre une quasi-stabilité depuis la mi-2009, oscillant entre 5.9 et 6.0% (cf. Graphique 83). Cette stabilisation doit beaucoup aux emplois aidés (cf.

Graphique 80): le taux de chômage au sens large, qui englobe également les personnes inscrites dans des mesures pour l'emploi, reste lui sur une tendance ascendante (qui tend tout de même à se modérer) au début 2010.

L'amélioration des conditions du marché du travail se perçoit également du côté des frontaliers. Ceux-ci ne sont pas inscrits au chômage au Luxembourg lorsqu'ils perdent leur emploi, mais dans leur propre pays de résidence: on ne dispose donc pas à proprement parler d'indicateur de "chômage frontalier". Ils doivent cependant demander aux administrations

luxembourgeoises le formulaire E301, qui leur sert à justifier leur perte d'emploi au Grand-Duché, pour pouvoir bénéficier des prestations de chômage dans leur pays de résidence. Si ces demandes de formulaires E301 restent encore relativement nombreuses au début de 2010, elles ont clairement pris une direction baissière (cf.

Graphique 82).

Graphique 83: Evolution du taux de chômage (désaisonnalisé)

Sources: ADEM, IGSS, STATEC

4.0 4.5 5.0 5.5 6.0 6.5 7.0 7.5 8.0

janv-08 mars-08 mai-08 juil-08 sept-08 nov-08 janv-09 mars-09 mai-09 juil-09 sept-09 nov-09 janv-10 mars-10

En %

Taux de chômage au sens strict

Taux de chômage au sens large (y.c. personnes en mesures pour l'emploi)