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Entre empathie, antipathie et duplicité : les aléas de la présence sur le

Notre recherche n’a pas consisté en une immersion de long terme au sein d’un groupe de personnes restreint ou dans une localisation géographique précise. La plupart des entretiens ont été menés avec des enquêtés que nous avons été amenés à recroiser une ou deux fois lors de réunions ou d’activités bénévoles. Ce n’est que dans le cas d’une poignée d’organisations, celles auprès desquelles nous avons mené des observations participantes, que nous avons été amenée à rencontrer plusieurs fois les mêmes enquêtés, parfois lors de plusieurs entretiens menés à des moments différents, souvent à l’occasion d’activités bénévoles ou de festivités. La situation d’entretien, comme l’a souligné P. Bourdieu65 notamment, est une relation sociale. Elle entraîne donc l’implication du chercheur en tant que personne, et les relations établies avec les enquêtés mettent en œuvre le parcours biographique du chercheur, des sentiments, des malentendus, des conflits ou des moments de complicité parfois. Dans leur grande majorité, les entretiens que nous avons menés l’ont été dans un cadre convivial, avec

65 Bourdieu Pierre, 1993, « Comprendre », p. 1389-1447, in Bourdieu Pierre (dir), La misère du monde, Ed. du Seuil, coll. Points.

des enquêtés manifestant au minimum l’envie de nous aider dans notre recherche, et souvent un réel plaisir à parler de leur activité.

Dès le début de la recherche, cependant, nous nous sommes heurtés à un phénomène fréquemment rencontré : celui de la « langue de bois », ou, plus académiquement, du discours officiel. Ce fût le cas au début de presque tous les entretiens menés avec des responsables associatifs, des salariés d’organisations de promotion du mécénat ou des responsables du mécénat dans les entreprises. Ces enquêtés ont offert au chercheur, souvent en début d’entretien, une présentation standard de leur organisation, de son fonctionnement et de ses objectifs, parfois de son histoire. Puis, un discours consensuel et enchanté sur les bienfaits des partenariats entre secteurs associatif et privé venait souvent compléter ces parties « policées » des entretiens. Les enquêtés du secteur associatif présentaient ainsi leurs mécènes sous un jour très positif : compréhensifs, réactifs, ouverts aux nouvelles propositions, respectueux de l’indépendance de chacun, ils étaient une bouffée d’oxygène apportée au fonctionnement de leur organisation. Les responsables du mécénat, de leur côté, travaillaient unanimement avec des salariés associatifs « professionnels », sérieux, engagés, ouverts au dialogue avec les grandes entreprises, et effectuant un travail de terrain plus qu’estimable. L’enjeu était alors de prêter une oreille attentive à ces propos, tout en cherchant le sujet qui pourrait permettre de demander à l’enquêté son avis personnel sur tel ou tel sujet. Certains entretiens n’ont pas dépassé le stade de l’entretien policé. Ce fût notamment le cas lors des tous premiers entretiens menés aux Etats-Unis, principalement pour des raisons linguistiques : une aisance encore balbutiante rendait les relances et les questions plus personnelles plus faciles à éviter au prétexte de malentendus. Dans tous les cas, ces entretiens étaient ceux où nous n’avions pas réussi à nous démarquer des journalistes que les enquêtés avaient pu rencontrer auparavant, et l’entretien devenait un outil de relations publiques, dont le contenu était à ce titre hautement contrôlé. Cette occurrence ne s’est cependant présentée que du côté des entreprises. Les salariés associatifs semblaient ainsi moins dépendants d’une forme de discours officiel, ou plus à même de s’en défaire sans pour autant craindre pour leur carrière. Face à ces formes d’autocensure et de langue de bois, nous avons développé un goût prononcé pour les discours non consensuels. Pour autant qu’ils puissent aller à l’encontre de nos convictions personnelles, les enquêtés déclarant très placidement

l’intéressement du mécénat et sa dimension lucrative sans passer par des justifications morales nous paraissaient presque divertissants. Quoiqu’il en soit, c’est face aux discours officiels que nous avons ressenti le plus tôt ce que la saturation du terrain au sens d’A. Strauss pouvait signifier : les traits communs d’une forme de doxa autour du bénévolat d’entreprise et la redondance de certains discours sont apparus les premiers à l’occasion d’entretiens avec des responsables du mécénat, ou lors de discours publics de chefs d’entreprise ou de responsables du mécénat.

Les entretiens avec les salariés bénévoles n’ont pas fait l’objet du même type d’auto-censure, car les enquêtés n’endossaient que très modérément un rôle de porte- parole ou de représentant de leur entreprise. Les entretiens étaient exclusivement tournés vers l’expérience personnelle des enquêtés et leur parcours biographique, là où les responsables du mécénat et les salariés associatifs étaient également sollicités pour leur connaissance de leur organisation et de son fonctionnement. Les entretiens avec les salariés pouvaient parfois être imprégnés des discours de la direction et des publications portant sur le bénévolat d’entreprise, nous y reviendrons, mais il a toujours été assez aisé de revenir à un discours plus personnel. La plupart des salariés bénévoles rencontrés voyaient dans l’entretien un moyen de parler d’une partie de leur vie professionnelle et personnelle dont ils étaient fiers, et au sujet de laquelle ils avaient le sentiment de trop peu parler à l’extérieur de l’entreprise. Le chercheur avait alors un rôle à la fois de faire-valoir, et de messager : à plusieurs reprises, il nous a été explicitement demandé d’ « aller dire dehors ce qu’on fait ici ». Les salariés valorisaient ainsi à la fois leur bénévolat à titre personnel, et l’image de leur entreprise66. Ces entretiens ont pu être particulièrement cordiaux, les enquêtés s’intéressant souvent à nos études, nous demandant si nous avions une activité bénévole, s’inquiétant en cours d’entretien d’être bien utile à la recherche, vue avant tout comme un travail de validation universitaire. Si la plupart des responsables du mécénat rencontrés ont également manifesté la volonté d’aider l’étudiant plus que de renseigner le chercheur, ils tenaient aussi un rôle de gardien du temple : c’est avec leur autorisation et grâce à leur contact qu’il était ensuite possible ou non de rencontrer des salariés bénévoles et participer à des activités bénévoles. Nos entretiens avaient donc une dimension de test

non négligeable : il s’agissait souvent de prouver que nous étions dignes de confiance et que notre recherche était « sérieuse ».

Nous avons décidé de clore notre terrain lorsque nous avons eu le sentiment de rencontrer le même genre de saturation qu’avec les responsables du mécénat, lors des entretiens avec des salariés bénévoles, des salariés associatifs, ou lors des observations participantes. Nous avons dû admettre que nous développions, lors des observations notamment, une forme d’agacement qui frôlait le cynisme lorsque nous voyions se répéter certaines mésaventures ou lorsqu’un salarié- bénévole nous parlait de son bénévolat en employant les mêmes mots que ses collègues quelques jours auparavant. La tentation de l’auto- dérision ou du cynisme a parfois été forte lors de l’enquête, notamment lors des observations participantes. Présente au côté de salariés- bénévoles, nous avons de fait porté des T-shirts et des casquettes ou autres pièces d’habillement aux couleurs de grandes multinationales, couleurs souvent vives et décorées de slogans particulièrement visibles. Ainsi parée, nous participions aux activités bénévoles, de façon parfois complètement inefficace, notamment lorsque celles-ci requéraient des talents manuels dont nous n’étions pas pourvue, tels que de la petite maçonnerie ou du tricot. La pratique d’échauffements physiques ou de travaux de peinture de grande envergure en tenue de salariée- bénévole nous a ainsi placé plus d’une fois face à notre objet et face à la question qui nous taraudait depuis le début de la recherche : pourquoi les salariés s’engagent-ils dans le cadre de leur entreprise, là où le chercheur ne voit que T-shirt ridicules, travaux pénibles et ambiance infantilisante ? La tentation du cynisme ou de l’ironie au moment de relater ces expériences de terrain a parfois été grande, notamment à l’oral, le public universitaire, et notamment en sciences sociales, se montrant souvent assez gourmand d’anecdotes ridiculisant le monde de l’entreprise et ses pratiques managériales. La tenue de nos carnets de terrain a ainsi pu prendre une double forme lorsque nous avions besoin d’une forme d’exutoire : une première version caustique permettait de prendre de la distance vis-à-vis de la journée passée et du malaise que nous avions pu ressentir par moment, une deuxième version faisait toute sa place à une observation plus rigoureuse et distanciée.

Les observations participantes et certains entretiens ont entraîné la création de liens de complicité avec certains enquêtés, soit parce qu’ils nous prenaient sous leur aile dans une attitude paternelle ou maternelle qui s’expliquait en grande partie par la différence

d’âge, soit parce que la proximité générationnelle et culturelle avec certains enquêtés, notamment dans le secteur associatif, a entraîné des situations de convivialités dépassant le cadre strict de l’enquête. A ces occasions, nous nous sommes posés de façon assez ardue la question de la restitution de notre recherche à ces enquêtés, et du statut du chercheur sur son terrain. La métaphore utilisée par G. Alan Fine lorsqu’il parle de « couverture superficielle »67 (en comparaison avec une « couverture complète » - ou observation « clandestine »- et une « couverture explicite » - durant laquelle les buts de l’enquête sont présentés aussi explicitement que possible - ) et compare la position du chercheur sur son terrain à celle de l’espion nous paraît proche de ce que nous avons pu ressentir : l’existence de notre recherche a toujours été explicite, mais ses buts sont restés vagues. Dans la grande majorité des cas, les buts de la recherche ont été présentés comme la volonté de comprendre comment fonctionne le bénévolat d’entreprise de façon générale. L’analyse du bénévolat d’entreprise comme une pratique managériale ayant des conséquences politiques, et supposant le consentement des salariés, a presque toujours été passée sous silence, pour se cantonner à une recherche beaucoup moins problématisée, et à l’angle critique plus « rond ». Cette forme de dissimulation était le seul moyen d’obtenir des entretiens dans les entreprises, auprès desquelles il était d’ores et déjà nécessaire d’arrondir les contours de notre discipline, vue comme majoritairement très critique à l’égard des grandes entreprises. Mais cette avancée partiellement à couvert nous a placé dans une position inconfortable avec les enquêtés qui nous manifestaient leur sympathie et aidaient grandement à l’avancement de la recherche. En effet, quelle légitimité, en cas de restitution, avons- nous à désenchanter l’expérience de bénévolat de ces salariés, ou l’utilité sociale de certaines activités bénévoles ou de certains partenariats entre entreprises et associations ? Selon les enquêtés, nous avons donné à voir des facettes différentes de l’identité du chercheur, mais la face critique est restée dans l’ombre. La plupart de nos enquêtés nous ont appréhendé comme une étudiante « intéressée » par le bénévolat d’entreprise, désireuse de comprendre son fonctionnement, et disposée à en faire connaître l’existence, voire à participer à sa diffusion et à son développement. Nous n’avons à aucun moment voulu mener une recherche à charge contre notre objet

67 Fine Gary Alan, 1993, « Ten lies about ethnography », Journal of Contemporary Ethnography, octobre, p. 267-293

d’étude, mais il est apparu très rapidement que l’adoption d’une démarche critique était en elle-même une forme de trahison pour nos enquêtés.

Une exception s’est manifestée au fil du terrain, lors des entretiens menés avec des militants syndicaux. Ces entretiens avaient été négociés non par l’intermédiaire des structures de mécénat, mais en passant par les centrales syndicales elles-mêmes. Dans la moitié des cas, ma filiation syndicale était une donnée connue des enquêtés, c’était même elle qui avait permis la tenue de l’entretien. Pour l’autre moitié, le contact avait été établi par l’intermédiaire de l’Institut des Sciences Sociales du Travail, et il était donc entendu que notre recherche portait un intérêt certain aux questions de relations professionnelles, de conflits sociaux et de résistances syndicales. En conséquence, les enquêtés ont formulé assez spontanément des critiques parfois acerbes à l’égard de leurs dirigeants et des politiques sociales de leur entreprise. Pour autant, leur discours sur le bénévolat d’entreprise témoignait de l’ambiguïté des syndicats français à l’égard de ce type de mécénat, sur lesquelles nous reviendrons dans le chapitre sept. Quoiqu’il en soit, ces entretiens étaient parcourus du présupposé, de la part des enquêtés, selon lequel la recherche menée avait une forte dimension critique.

II.3

Désenchanter l’engagement : un travail sociologique

ingrat

Ainsi, au cours la recherche, nous avons mobilisés différentes facettes de notre identité, de façon plus ou moins consciente. La légitimité de notre présence sur le terrain est venue tour à tour de notre statut d’étudiante nécessitant des aides extérieures pour mener à bien ses études, de notre expérience bénévole, de notre participation aux actions de bénévolat avec les salariés, de notre expérience de chef d’entreprise, de notre filiation syndicale. L’illégitimité ou la méfiance sont surtout venues de l’image de la sociologie dans le monde de l’entreprise, et c’est pour cette raison que les buts de notre recherche ont dû paraître plus que flous à nos enquêtés : la dimension critique de la recherche sociologique était la facette de notre travail qu’il était peu stratégique de mobiliser avec nos enquêtés. Le temps qui nous a été accordé par l’ensemble des salariés, les nombreuses marques de sympathie qui nous ont été manifestées, les liens

amicaux tissés au fil des rencontres durant quatre ans, la volonté d’aider, de bien faire ou de bien répondre dont beaucoup d’enquêtés ont fait preuve ont fait évoluer notre regard, permettant de passer d’une posture de détachement à un engagement sur le terrain moins retenu, tout en enrichissant notre regard critique, et en atténuant la tentation du cynisme ou de la caricature.

A l’exception notable des entretiens menés avec certains militants syndicaux, il s’est établi avec la grande majorité des enquêtés une forme de consensus tacite sur le fait que l’existence de politiques de bénévolat d’entreprise était une « bonne » chose, au sens moral du terme. L’existence, et, plus encore, la légitimité d’un regard critique sur cet objet n’était pas concevable pour nombre d’enquêtés, pour lesquels la dimension philanthropique des politiques de bénévolat d’entreprise – en cela qu’elles impliquent des dons de temps et d’argent de la part des salariés et de l’entreprise – plaçaient celles- ci dans un espace au sein duquel la critique n’avait aucune place. Au-delà d’une primauté donnée à l’action sur le discours, et aux résultats sur la critique, sur laquelle nous reviendrons notamment dans les chapitres cinq et six, cette imperméabilité au regard critique rappelle celle évoquée par Pierre Bourdieu au sujet de l’économie des biens symboliques68. Adopter un regard critique sur les politiques de bénévolat d’entreprise implique notamment, mais pas exclusivement, d’interroger les rétributions obtenues par les directions d’entreprise, mais aussi par les salariés et les associations, lorsqu’ils mettent en place et participent aux politiques de bénévolat d’entreprise. Le bénévolat d’entreprise repose sur un don, de temps ou d’argent, effectué au profit d’une association, sur les deniers de l’entreprise ou le temps libre du salarié. Envisager l’existence d’une rétribution, et, dans un second temps, la possibilité de la nécessité de l’existence de cette rétribution – que l’on peut envisager comme un contre-don au sens de Mauss – pour que le don soit fait, implique d’introduire la notion d’intérêt dans la sphère du don, caractérisée idéalement par le désintéressement. Bourdieu souligne que les agents sont socialisés à l’existence d’un don sans contrepartie, et que la logique de l’échange généreux s’impose à eux. Il nous est apparu que les salariés-bénévoles comme les responsables du mécénat, s’ils avaient pleinement conscience des contreparties, pour eux-mêmes ou pour l’entreprise, à l’octroi de ressources au secteur

68 Bourdieu Pierre, 2004, « L’économie des biens symboliques », p. 175-217, Raisons pratiques, Seuil

non lucratif, plaçaient la valeur morale de ces formes de don avant leur portée stratégique. A une question portant sur les retombées en terme d’image pour l’entreprise, un responsable du mécénat objecta : « On ne le fait pas pour ça ». Pour expliquer la mise en place d’une politique de mécénat d’entreprise dans son entreprise, un salarié-bénévole américain explique « It was mainly the right thing to do ». Les discours des salariés-bénévoles seront analysés de façon approfondie dans le chapitre six, tout comme les justifications données aux politiques de bénévolat d’entreprise le seront dans les chapitres un à quatre, mais nous soulignons ici la primauté donnée à la justification morale du don par de nombreux enquêtés pour éclairer la façon dont ces enquêtés pouvaient envisager notre enquête – et comment nous pouvions ressentir un grand décalage entre ce qu’ils attendaient du regard sociologique, et l’image d’eux- mêmes et de leur engagement qu’il était susceptible de leur renvoyer. Les politiques de bénévolat d’entreprise se prêtent bien à l’analyse en terme d’économie des biens symboliques, en cela qu’elles supposent, pour que les directions d’entreprise les mettent en place et que les salariés y participent, « de créer les conditions objectives pour que les agents sociaux y aient intérêt au « désintéressement » »69. On retrouve alors les deux propriétés analysées par Bourdieu : la double vérité de ces pratiques, et le « tabou de l’explicitation ». D’une part, cette pratique est à la fois vécue par les acteurs comme un acte désintéressé, et analysée par le sociologue comme un acte entraînant l’existence d’un contre don. D’autre part, expliciter l’existence d’un contre-don, ou d’un intérêt au désintéressement, entrave l’acte en lui-même.

Yves Lochard souligne, avec des termes différents, l’ambiguïté de la position du sociologue sur un terrain de recherche touchant à l’altruisme70, en l’occurrence celui de l’étude du travail dans les associations : les « spécificités méritoires »71 qui sont au centre de l’auto-représentation du secteur associatif, et qui reposent en grande partie sur l’accent mis sur la dimension morale, généreuse du secteur, entravent l’adoption d’un regard sociologique critique. Ainsi, il est difficile de questionner la qualité des

69 Bourdieu Pierre, Ibid, p. 178

70 Lochard Yves, 2008, introduction à la table ronde « Le travail associatif : renouvellement ou remise en cause du service public ? », communication au colloque « Le travail associatif », Université de Nanterre Paris 10, 10 et 11 mars 2008

71 Référence à une expression de François Bloch Lainé citée par Maurice Parodi dans « Les sciences sociales peuvent-elles légitimer les ‘spécificités méritoires’ des associations ? », in Faire société. Les associations au cœur du social, co édité avec l’Uniopss en 1999

prestations de certaines associations, l’efficacité de l’action associative, l’utilité sociale de l’action associative, ou encore les statuts d’emploi et les conditions de travail dans le milieu associatif72.

La nature même de notre objet, au sein duquel les notions de don, d’altruisme, de générosité occupent une place centrale, nous a placé dans une position ambiguë vis-à- vis de nos enquêtés : pour nombre d’entre eux, l’objet de cette recherche est demeuré très flou, et nous avons entretenu cette forme de duplicité à dessein, dans un premier temps pour nous permettre d’accéder à notre terrain d’étude, et dans un deuxième temps parce que nous ne désirions pas endosser l’habit du désenchanteur dans des conversations orales. L’exercice de la thèse présente, pour qui redoute une confrontation avec ceux dont il a désenchanté l’engagement, le double avantage d’une forme écrite,