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Emergence d’associations et de revues indépendantes anti-pharma

Chapitre 5 : Contexte empirique

5.2 Emergence d’associations et de revues indépendantes anti-pharma

En parallèle de ces scandales sanitaires, plusieurs mouvements sociaux apparaissent dans le champ médical français. Trois d’entre eux ont retenu mon intention pour la thèse et sont au cœur du changement de logique.

5.2.1 Syndicat

La revue Pratiques, les cahiers de la médecine utopique du syndicat de la médecine générale (SMG) a pour moto la revue de « médecins en colère »19. De nouvelles idées

contestatrices et indépendantes y sont introduites et matérialisées.

Dans un de ces romans, Martin Winckler évoque ses premiers écrits au sein de la revue. Il écrit « Dans la joyeuse euphorie/anarchie de ces années-là [courant 1975], tout était abordé de front : sexualité, euthanasie, contraception et avortement, solidarité des « soignants de base » avec es « usagers de la santé », lutte des classes, féminisme, dénonciation des contrôles médicaux patronaux, critique de l’Ordre des médecins et des laboratoires pharmaceutiques, etc. » (Winckler, 2000 : 23)

Pratiques est une revue qui fonctionne sans publicités ni subventions, et aujourd’hui perdure des souscriptions de ses abonnées. Le mode de rédaction est sous la forme de journaux personnels/témoignages où des médecins relatent les histoires quotidiennes de leurs rencontres avec les patients.

5.2.2 Association de formation continue UNAFORMEC

Dans un article du journal Le Monde daté de Juin 1977, Dr Gilles Bardelay, futur directeur de la revue Prescrire, dénonce le comportement des laboratoires pharmaceutiques. Il leur reproche de remplacer l’information des médecins aux profits de la visite médicale :

La formation continue ne fait pas aujourd’hui obligatoirement partie du métier de médecin. […] Dans ce domaine, il n’existe aucune information nationale, objective, ministérielle ou autre, susceptible de remplacer l’information truquée des laboratoires. […] On comprend alors, qu’il est bien plus facile pour le commerçant- médecin de croire sur parole le boniment des envoyés des laboratoires, d’obtenir ainsi à bon compte un vernis de connaissances à jour susceptible d’impressionner favorablement la clientèle et de se taire sur le scandale nationale ainsi entretenir. C’est ainsi qu’en 1978 Gilles Bardelay collabore dans un projet appelé Union National des Associations de Formation Médicale Continue (UNAFORMEC) défendant la création de formation postuniversitaire des médecins. Face à l’apparition soudaine de plusieurs médicaments, les médecins doivent rester informer sur les développements thérapeutiques crées par les industriels. L’UNAFORMEC partent du constat que la pédagogie adéquate pour que des adultes s’informent n’est pas la même que pour celles des étudiants universitaires.

Pierre Gallois, fondateur de l’union UNAFORMEC explique dans une interview les négligences de l’époque :

On ne se rendait pas compte à quel point l’on est manipuler dans notre formation, il poursuit, On était manipulé par d’autres intérêts, des intérêts médicaux, et puis surtout un des objectif industriels. On a été long à se rendre compte qu’on a été manipulé à centrer la formation sur le médicament alors qu’il fallait se concentrer sur le patient. 20 La formation doit être alors basée sur la pratique en favorisant les

échanges entre les professionnels par petits groupes « Des professionnels au service des professionnels » (Le Monde, 15 mai 1978)

L’association créait en 1981 la Revue Prescrire, unique revue indépendante délivrant de l’information thérapeutique en France.

5.2.3 Formindep

Le Formindep, contraction des mots Formation et Indépendance, est une association loi 1901. Son slogan : « pour une formation médicale indépendante au service des seuls professionnels de santé et des patients »21 Le collectif propose aux membres d’être abonné à

20 Interview de Pierre Gallois, juin 2008, disponible en ligne

http://www.unaformec.org/images/Pierre_Gallois-desktop/interview_de_P_Gallois.html consulté le 16 octobre 2014

une liste de diffusion du collectif afin d’être informé de leurs actions. Il fonctionne, sans surprise, de manière autonome, c’est à dire sans financement de l’industrie. Ce collectif a été initialement crée pour réagir à l’installation le 26 janvier 2004 des nouveaux critères de la FMC. Bernard Ortolan, en charge des conseils nationaux de formation médicale continue et le ministre de l’époque souhaitant réformer la FMC font appel à toutes nouvelles idées et moyens proposés. L’objectif du nouveau décret est de rendre plus rigoureuse la formation des médecins en respectant les critères de rigueur et l’indépendance, sans produits cités, uniquement des noms de molécules, locaux séparés entre formation et promotion. Les propos sont pris tels quels par le collectif du Formindep. Il saisit l’occasion pour répondre aux besoins des régulateurs et confirme son statut d’association de terrain.

Le collectif propose à ses membres d’être signataire de leur propre charte.

Les signataires de la Charte du Formindep considèrent que les professionnels de santé reçoivent de la société la mission d’exercer leur activité dans l’unique intérêt de la santé des personnes, comprises dans leurs dimensions individuelle et collective. Pour cela, ils doivent viser à travailler en toute indépendance en se préservant des influences susceptibles de nuire à cette mission, en particulier venant d’intérêts industriels, financiers ou commerciaux. (Site Internet)

La charte signée (cf. Annexe 5), l’association propose au professionnel de santé de télécharger une affiche qu’il pourra afficher dans son cabinet pour marquer son engagement dans la transparence et l’indépendance.

L’association Prescrire propose elle aussi une charte intitulée « Non-Merci » en 2008 (cf. Annexe 5) : « Les signataires s'engagent à œuvrer pour des soins de qualité, et à agir pour se dégager de ces influences. La Charte est signée chaque année par tous les adhérents à l'Association »22 On retrouve dans les engagements une liste de pratique à ouvrer pour fournir

des soins de qualité. Cette liste comprend :  Le refus de prise d’intérêt

 Le refus d’avantage en nature, dons et subventions de firmes

 L’adoption d’une attitude critique vis-à-vis de l’information profession, et soit de l’écarter ou de la confronter à des informations indépendantes

 Le choix privilégié aux sources indépendantes et formations indépendantes  La diffusion aux patients des informations puisées