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Le  Brésil  signa  quatre  contrats  avec  une  seule  maison  bancaire,  les  Rothschilds.  Les  relations avec cette banque étaient un peu différentes par rapport à celles de l’Argentine. 

Notamment,  les  contrats  étaient  négocies  sur  d’autres  critères.  La  banque  et  le  gouvernement  analysaient  les  conditions  du  marché  et  la  situation  financière  du  gouvernement, et définissaient ainsi  le prix d’émission et le  montant réel de  l’emprunt  que  le gouvernement souhaitait obtenir, prenant en compte ce prix et  les commissions  de  la  banque.  Par  exemple,  pour  le  premier  emprunt  des  années  1880  (signé  le  22  janvier 1883), le montant réel dans le contrat fut fixé à £4 millions. Cette somme était  celle que le gouvernement devait recevoir pour ses titres. Le prix accordé fut 89 (avec  un coupon de 4,5%). La quantité nominale à émettre était de £4,49 millions. En prenant  en compte les commissions à payer par  le gouvernement, le montant à émettre était de 

£4,6 millions. Le prix net d’émission était de 86.75. 

Cette  émission  possédait  autres  caractéristiques.  D’abord,  les  investisseurs  avaient  la  possibilité de payer la quantité totale pour les titres en cinq paiements pendant 10 mois  ou  bien  payer  la  totalité  du  montant  en  une  seule  fois.  Dans  ce  cas,  les  investisseurs  auraient à recevoir un taux d’intérêt annuel de 4,5%. Ensuite, les intérêts commençaient  à  courir  53  jours  après  la  signature  du  contrat.  En  prenant  en  compte  ces  coûts  additionnels, le Ministère de Fazenda calcula un prix final net de 81,52 (autrement dit,  un coût total de 7,48%). 

Les  rapports  ministériels  présentent  des  calculs  précis  seulement  pour  cet  emprunt. 

Cependant,  malgré  le  manque  d’information  ex­post  et  pour  le  but  de  notre  analyse,  nous  pouvons  nous  concentrer  sur  l’information  dont  disposait  le  gouvernement  brésilien au moment de la signature du contrat. Par exemple, cela aurait été compliqué  de prévoir le nombre d’investisseurs prêts à réaliser des paiement anticipés pour l’achat  des  titres.  Nous  allons  donc  nous  concentrer  sur  des  commissions  et  des  taux  d’escompte  susceptibles  d’être  pris  en  charge  par  le  gouvernement  brésilien,  comme  nous  l’avons  fait  pour  l’Argentine,  mais  il  faudrait  retenir  que  les  coûts  ex­post  des  emprunts pouvaient augmenter selon les circonstances de chaque emprunt. 

Les conditions générales du reste des contrats brésiliens sont montrées dans le tableau 3. 

Contrairement  à  l’Argentine,  le  Brésil  devait  assumer  tout  le  risque  de  l’émission. 

Néanmoins,  le  prix  minimum  dans  le  contrat  était  plus  élevé,  mais  les  commissions  moins importantes. Ces différences ont diminué dans les années 1880, et, vers la fin de  la période, elles étaient insignifiantes.

Cette comparaison dynamique contraste avec l’argument de Cairncross (1953). A partir  du travail de Peters 178 , Cairncross affirme que l’Argentine, n’ayant aucun « agent fixe »  à Londres, négociait ses emprunts dans des termes plus défavorables que ceux d’autres  pays qui disposaient d’un agent. Il fait la comparaison avec le Brésil, qui, ayant négocié  tous  ses  emprunts  avec  les  Rothschilds,  réussissait  à  obtenir  des  conditions  presque  aussi bonnes que la Hollande. Nous mettrons en question ce point dans les chapitres 4 et  5.  Il  suffit  pour  l’instant  d’avancer  que  Cairncross  retient  une  période  bien  spécifique  pour sa comparaison, puisqu’il regarde les pages de l’étude de Peters correspondant à la  période de 1880­1885. Or, ces années étaient complètement différentes de  celles de  la  deuxième  partie  de  la  décennie.  Par  ailleurs,  nous  avons  vu  que  l’Argentine  réussit  à  partager les risques de ses émissions, contrairement au Brésil. 

Le deuxième cas intéressant est celui du Chili, un pays avec lequel l’Argentine avait une  forte rivalité. Des comparaisons entre les deux pays étaient déjà à l’époque une pratique  récurrente,  non  seulement  de  la  part  des  investisseurs  et  de  la  presse,  mais  aussi  des  hommes  politiques  et  des  banquiers.  Par  exemple,  Pedro  Agote,  dans  ses  célèbres  rapports sur la dette argentine, écrit en 1887 : 

« En parcourant la cote officielle des titres de crédit de la République à la Bourse de  Londres,  il  est  mortifiant  de  constater  que  certaines  valeurs  appartenant  à  d’autres  Etats  qui  ne  nous  sont  pas  supérieurs,  pour  ne  pas  dire  inférieurs,  obtiennent  de  meilleurs  prix,  malgré  l’accomplissement  religieux  de  nos  engagements  publics  et  quelle qu’ait été la situation de la République. » 

« Notre  voisin,  le  Chili,  vient  de  réaliser  un  emprunt  sur  le  marché  de  Londres  pour  convertir  une  partie  de  sa  dette  extérieure  avec  des  titres  4,5%  de  rente  et  0,5% 

d’amortissement au taux de 96, que nous n’avons pas obtenu dans les divers emprunts  de fort intérêt que nous avons contractés. » 

« Sur quoi se fonde cette dépression de notre crédit à l’extérieur ? Si la nation a servi  avec ponctualité sa dette publique intérieure et extérieure, au point de faire coter dans  les bourses européennes la plus grande partie des fonds publics en leur qualité de dette  intérieure ; si le pays, loin de rétrograder, a progressé d’une manière qui surpasse les  calculs les plus exagérés, il n’y a pas de raison plausible qui puisse justifier l’infériorité  de notre crédit sur le marché de Londres (…). » 

« Serait­ce par aventure que notre administration publique n’a pas encore atteint, dans  l’esprit de ceux qui nous jugent, l’exactitude et l’intégrité que l’on prête au Chili, selon  ce qui a été insinué quelquefois par les personnes qui s’occupent de ces questions ? Ou  serait­ce peut­être que notre situation politique n’offre pas la confiance de stabilité de  cette  république  et  qu’il  est  nécessaire  encore  d’arriver  à  un  degré  plus  grand  de  maturité ?  Ces  raisons,  ou  d’autres  analogues,  doivent  exister  pour  qu’elles  ne  nous 

178 PETERS,  H.E. The  Foreign  Debt  of the  Argentine  Republic.  Baltimore  :  John  Hopkins  Press,  1934,  187 p.

mettent  pas  au  niveau  du  Chili  ou  du  Brésil  dans  les  questions  du  crédit  national[…] » 179 

Parmi les pays de notre échantillon, le Chili obtenait les meilleures conditions. Nous ne  pouvons pas savoir si Agote connaissait les termes précis des contrats chiliens, mais les  différences étaient plus que marginales. Le pays signa quatre contrats avec des banques  européennes  et  américaines,  en  1885,  1886,  1887  et  1889.  Pour  le  premier  emprunt,  nous manquons d’informations pour l’inclure dans notre analyse. Les emprunts de 1886  et  de  1887  ont  été  signés  avec  Messrs  Rothschild,  et    celui  de  1889  avec  un  syndicat  dirigé par la Deutsche Bank allemande. 

Une  des  premières  remarques  que  nous  pouvons  faire  sur  les  termes  des  contrats  chiliens est qu’ils ont été tous pris en ferme par les banques. Les deux emprunts pris par  Rothschild ont été achetés à un prix assez élevé en comparaison avec l’Argentine et le  Brésil.  En  faisant  la  comparaison  directe  entre  le  Brésil  et  le  Chili,  puisqu’ils  ont  négocié  avec  la  même  banque,  nous  pouvons  constater  que  le  Chili  obtenait  de  bien  meilleures conditions. Par exemple,  pour l’emprunt de 1887, Rothschild prit la totalité  de l’emprunt au prix de 96 payé «on account of the said government ». Comme pour le  Brésil, les fonds pour le Chili étaient à la disposition du gouvernement deux mois après  la signature du contrat. Dans les caisses de la Banque Rothschild, les fonds payaient des  intérêts  de  1%  en  dessous  du  taux  de  la  Banque  d’Angleterre.  Hors  dépenses  de  timbrage, toutes les autres dépenses était prises en charge par Rothschild, une différence  importante  par  rapport  aux  contrats  brésiliens.  Par  ailleurs,  les  commissions  à  payer  étaient plus faibles que pour le Brésil. Finalement, alors que les investisseurs avaient la  possibilité de payer pour les titres en plusieurs versements ou bien de recevoir un taux  d’escompte  de  4%  s’ils  payaient  en  avance,  ces  coûts  étaient  pris  en  charge  par  les  banquiers, contrairement au cas brésilien. 

Le contrat le plus avantageux pour le Chili fut signé en 1889, avec le syndicat allemand. 

Ce  contrat  proposait  des  termes  comparables  aux  contrats  de  Rothschild,  avec  un  avantage additionnel. Les banques prenaient en charge le premier coupon de l’emprunt  à échéance. D’après ce que nous avons regardé, aucun pays latino­américain n’avait une  telle  clause  dans  ses  contrats,  et  ceci  reflétait  la  meilleure  position  du  Chili  dans  les  marchés  financiers  internationaux.  Cependant,  comme  ce  fut  le  cas  pour  le  Brésil,  les  différences  par  rapport  à  l’Argentine  ont  diminué  dans  les  années  1880,  et  les  termes  des  derniers  contrats  argentins  ont  été  très  faiblement  inférieurs  à  ceux  des  contrats  chiliens. 

179 AGOTE,  P.Rapport  du  president  du  Crédit  public  national  sur  la  dette  publique,  les  banques,  les  budgets, les lois d’impôt et la frappe des monnaies de la nation et des provinces. Buenos Ayres : imp. De  J. Peuser, 5 vol, pp. 7­8.

Emprunts 

Quantité  Nominale  (millions £) 

Prix 

d’émission  Prix net  P Br  /PUK 

d’émission  Prix net  P Ch/PUK 

Commission 

Le risque des titres de dette souveraine d’un pays peut être mesuré par les spreads dans  leurs taux d’intérêt par rapport aux taux anglais. Ceci peut également être vu comme un  coût pour les gouvernements, et ceux qui sont perçus comme étant plus risqués doivent  offrir des taux d’intérêt plus élevés. 

Les commissions payées aux  banques et les prix  d’émission constituent également des  coûts  d’endettement  pour  les  gouvernements.  Ainsi,  si  le  risque  d’un  pays  définit  son  coût  d’endettement,  nous  devrions  avoir  les  mêmes  relations  avec  les  termes  des  contrats.  Si  les  conditions  économiques  d’un  pays  et  la  position  fiscale  de  son  gouvernement  sont  solides,  nous  devrions  nous  attendre  à  observer  des  termes  plus  favorables dans les contrats. 

Regardons  la  trajectoire  des  variables  fiscales  et  monétaires  en  Argentine,  Brésil  et  Chili. Concernant le Brésil, alors que ce pays disposait de variables fiscales qui ne sont  pas très différentes de celles de  l’Argentine,  une des différences  importantes provenait  de la dépréciation du taux de change. Le Brésil partageait avec l’Argentine le fait que la  plupart  de  sa  dette  était  libellée  en  livres  sterling,  et  en  conséquence  une  dépréciation  plus  forte  augmentait  le  montant  du  service  de  la  dette.  Lorsque  la  dépréciation  argentine atteint son plus haut niveau dans les années 1880 (les deux dernières années)  la  signature des contrats s’arrêta,  ce qui expliquerait que dans  le tableau  nous  n’ayons  pas des valeurs plus importantes pour la dépréciation. Par ailleurs, sur toute la période,  le Brésil avait une politique monétaire restrictive visant à instaurer l’étalon­or (ce qui a  été fait à la fin de la période). Les tableaux montrent la dépréciation de la monnaie de  chaque pays par rapport à 1883. 

Emprunt  Pa/PUK 

Déficit/Revenu  Service  dette 

/revenu  Etalon­or  Dépréciation  du  taux  de change 

Railways  1881 

6%  0,411  0,65  0,36  1.08 

Treasury 6%  0,454  0,42  0,33 

National  Bank 

5%  0,466  1,14  0,35 

Riachuelo 5%  0,471  0,45  0,34 

Public Works 5%  0,460  0,45  0,34  1.02 

1885  5% 

Agreement  0,450  0,47  0,29  1.38 

National  Bank 

1886 5%  0,476  0,51  0,31  1.39 

Railways  1886 

5%  0,506  0,51  0,31  1.39 

Refinance  1887 

4,5%  0,540  0,29  0,33  1.35 

Refinance  4,5% 

1889  0,564  0,47  0,36  1.78 

Tableau 5. Source : voir annexes.

L’autre grande différence entre le Brésil et l’Argentine provient de l’histoire de la dette  des deux pays. Alors que l’Argentine avait fait défaut plusieurs fois dans son service de  la dette extérieure, le Brésil était le seul pays latino­américain à ne pas avoir fait défaut. 

Nous nous occuperons du rôle joué par la réputation dans le chapitre 4. 

Finalement,  les  fondamentaux économiques du Chili étaient plus  solides que ceux des  deux autres pays. Le Chili avait un régime de change flexible mais stable, et surtout, son  niveau d’endettement était considérablement plus bas. 

Brésil 

Emprunt  P Br 

/PUK  Service/Revenu 

Dépreciation  du Taux de 

change 

Déficit/Revenu 

1883 4,5%  0,55  0,4  0.18 

1886 5%  0,52  0,5  1.17  0.21 

1888 4,5%  0,49  0,3  0.95  ­0.02 

1889 4%  0,59  0,3  0.85  ­0.15 

Tableau 5  Chili 

Emprunts  P Ch /PUK  Service/R  evenu 

Dépréciation  du taux de 

change 

Déficit/Revenu 

1886 4,5%  0,61  0,2  1.47  0.1 

1887 4,5%  0,58  0,2  1.44  0.14 

1889 4,5%  0,56  0,2  1.38  0.04 

Tableau 6 

La  comparaison  Chili­Brésil  nous  fournit  ainsi  un  clair  exemple  de  l’importance  des  fondamentaux  économiques  comme  moyen  d’obtention  de  meilleures  conditions  dans  les  contrats  (et,  en  général,  de  diminution  des  coûts  d’endettement).  Cependant,  cette  relation positive entre termes des contrats et solidité des indicateurs macroéconomiques  ne dit rien sur la profitabilité des émissions. Ainsi, le graphique 3 montre la différence  entre les prix dans les contrats et les prix d’émission. Le Chili semble avoir tiré plus de  profit  si  nous  considérons  que  la  Banque  Rothschild  prit  ses  titres  en  ferme.  Pour  le  Brésil, le contrat prit seulement en compte que toute différence par rapport au prix fixé  dans le contrat serait partagée entre la banque et le gouvernement.

Graphique 3  Sources : Archives banques. 

En  revanche,  cette  même  différence  pour  l’Argentine  diminue  avec  le  temps  (voir  graphique 4). La profitabilité des banques diminua donc progressivement. Nous avions  vu  que  les  fondamentaux  économiques  ne  se  sont  pas  améliorés,  mais  les  marges  de  profit des banques diminuèrent, bénéficiant ainsi l’Argentine 180 

Graphique 4  Source : Archives Banques. 

180 Nous allons approfondir cet analyse dans le chapitre V section 2. 

Différence pr ix d'ac hat prix d'émission 

10 

oct­80  févr­82  juil­83  nov­84  mars­86  août­87  déc­88  mai­90 

0,5  1,5  2,5  3,5  4,5 

1882  1883  1884  1885  1886  1887  1888  1889  1890 

Spreads 

Années 

Brésil  Chili

Conclusions 

Nous  avons  décrit  le  mécanisme  d’émission  des  titres  de  dette  souveraine  dans  les  principaux centres financiers européens à la fin du XIXe siècle. Nous avons mis l’accent  sur  plusieurs  différences  dans  les  fonctions  des  intermédiaires  financiers  dans  chaque  émission.  Ces  différences  sont  importantes  du  point  de  vue  des  commissions,  mais  comme nous le verrons, elles joueront un rôle moindre dans la tête des investisseurs. 

Concernant les fondamentaux économiques, notre analyse du Chili et du Brésil semble  suggérer  l’existence  d’une  relation  positive  entre  solidité  macroéconomique  et  termes  des contrats (et donc,  pouvoir de  négociation). Le cas argentin  montre  le contraire, ce  qui  impliquerait  que  d’autres  forces  puissent  entrer  en  jeu  dans  ces  termes  et  dans  la  profitabilité des banques lors de chaque émission. Avant de passer à ces questions, nous  allons nous pencher sur le rôle de l’information et sur celui de l’intermédiaire financier  dans le mécanisme que nous venons de décrire.

Référ ences 

Archives et journaux : 

BNP Paribas : Boîtes 603, 637, 338, 329. 

Baring,  ING,  London  :  Boîtes  4.1.65,  4.1.68,  4.1.71,  4.1.75,  4.1.78,  4.1.80,  4.1.82,  4.1.89,  4.1.90,  4.1.91,  4.1.94,  4.1.95,  4.1.96,  4.1.97,  4.1.99,  4.1.102,  4.1.103,  4.1.104,  4.1.105, 4.1.106, 4.1.111, 4.1.113, 4.114, 4.1.115, 4.1.116, 4.1.124, 4.1.26. 

Rothschild, London: Foreign Accounts No. I/23/1­8, I/24/1­6, I/26/1­5, I/13/1. 

Crédit Lyonnais, Paris: DEEF 73404, DEEF 73405, DEEF 73406, DEEF 73408, DEEF  73415. 

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Ouvrages et périodiques: 

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TCHERNOFF,  I.  Les  syndicats  financiers:  syndicats  d’émission  et  de  placement,  syndicats  de  blocage,  syndicats  de  résistance,  syndicats  de  bourse,  investment  trust  et  holding : suivi de formules d’application. Paris : Librairie du recueil Sirey, 1930, 112 p. 

WOLFF, H.D. Rambling Recollections. 8ed. London : Macmillan&Co., 1908,  2 vol.

1. Les communications avec l’Amér ique latine : le 

développement technologique dans les flux d’infor mation. 

Intr oduction 

Avant  d’entrer  dans  la  discussion  sur  les  informations  provenant  de  l’Amérique  latine  disponibles  aux  investisseurs  européens,  nous  devons  connaître  les  avances  technologiques  de  la  période.  Nous  faisons  ici  une  description  des  moyens  de  communication, des transports maritimes et du télégraphe 181 , ainsi que de l’amélioration  de ces technologies durant la période 1870­1913. 

Nous  avons  divisé  la  section  en  trois  parties.  La  première  partie  présente  une  rapide  révision  de  la  littérature  traitant  des  avances  technologiques  pour  les  communications  Europe­Amérique  et  leurs  effets  sur  les  marchés  financiers.  Cette  partie  montre  le  manque  d’études  se  penchant  sur  l’Amérique  du  Sud.  La  deuxième  partie  décrit  l’état  des  communications  maritimes,  prenant  l’exemple  concret  de  la  Compagnie  Générale  Transatlantique  pour  illustrer  les  avances  technologiques  de  l’époque  et  les  délais  nécessaires pour traverser l’Atlantique. La troisième partie décrit la réalisation du réseau  de  télégraphie  Sud­Américain,  et  les  options  disponibles  pour  communiquer  avec  le  continent  européen,  et  fait  une  révision  du  rôle  joué  par  les  agences  de  presse  dans  le  flux  d’information.  Cette  partie  présente  également  une  analyse  préliminaire  sur  l’intégration des marchés financiers de Buenos Aires et Londres grâce au télégraphe. La  quatrième partie présente nos conclusions. 

I. Littér atur e 

Plusieurs  facteurs sont  intervenus dans  la  « révolution des  communications » du  XIXe  siècle 182 .  Dans  cette  partie,  nous  revoyons  les  travaux  contemporains  qui  étudient  l’impact  dans  le  monde  de  la  finance  des  derniers  grands  progrès,  notamment  de  l’introduction  régulière  des  paquebots  à  partir  de  la  deuxième  moitié  du  XIXe  siècle  d’un  côté  et  de  l’autre  de  l’Atlantique,  et  de  l’installation  de  câbles  télégraphiques  à  partir  des  années  1870  vers  l’Amérique  du  Sud.  Leur  impact  sur  les  communications  étant très  différent,  nous  décrivons  ces  trajectoires  de  façon  parallèle,  mettant  le  point  sur l’intégration des marchés financiers. Le but de notre travail consiste à répondre aux  questions  concernant  les  délais  et  la  disponibilité  des  informations  en  provenance  de  l’Amérique du Sud. 

181 Le téléphone n’est pas inclus car, bien qu’il commença à être utilisé en 1877, son usage interocéanique  ne débuta qu’en 1921. 

182 WILKE,  J.  Gründzuge  der  Medien  und  Kommunikationsgeschichte.  Von  den  Anfängen  bis  ins  20. 

Jahrhundert. Köln :2000. Mimeo.

Au niveau maritime, le premier grand changement fut achevé dès les premiers années de  la  deuxième  moitié  du  XIXe  siècle,  lors  du  passage  graduel  des  navires  à  voile  aux  paquebots.  Albion 183 (1951)  explique  qu’un  des  facteurs  qui  a  amené  l’Angleterre  à  avoir  un  rôle  primordial  dans  le  développement  de  l’Amérique  latine  dans  le  XIXe  siècle fut l’utilisation prématurée des paquebots pour assurer une obtention plus rapide  et  fiable  d’information  politique  et  commerciale.  Ces  paquebots  ont  rapidement  remplacé  les  navires  à  voile 184  qui  possédaient  des  départs  réguliers  et  une  route  déterminée à partir de  l’Angleterre (dès 1808 vers Rio et 1824 vers Buenos  Aires), se  spécialisant  dans  les  services  postaux,  des  passagers  et  parfois  des  marchandises  légères. Le premier paquebot servant sur une base régulière les côtes est de l’Amérique  du  Sud  fut  le  Esk,  partant  de  Southampton  (Angleterre)  vers  Rio  le  8  janvier  1851.  Il  arriva  le  7  février,  réduisant  de  plusieurs  jours  le  temps  nécessaire  pour  traverser  l’Atlantique.  Cependant,  Graham 185 (1956) remarque  que  les  navires  à  voile  gardaient  encore  leur  supériorité  dans  le  commerce  de  marchandises  en  raison  de  l’espace  demandé  dans  les  paquebots  pour  le  stockage  du  charbon.  Ceci  changea  à  la  fin  des  années  1860,  avec  l’invention  de  la  «compound  engine ».  Albion  ajoute  que,  avec 

Au niveau maritime, le premier grand changement fut achevé dès les premiers années de  la  deuxième  moitié  du  XIXe  siècle,  lors  du  passage  graduel  des  navires  à  voile  aux  paquebots.  Albion 183 (1951)  explique  qu’un  des  facteurs  qui  a  amené  l’Angleterre  à  avoir  un  rôle  primordial  dans  le  développement  de  l’Amérique  latine  dans  le  XIXe  siècle fut l’utilisation prématurée des paquebots pour assurer une obtention plus rapide  et  fiable  d’information  politique  et  commerciale.  Ces  paquebots  ont  rapidement  remplacé  les  navires  à  voile 184  qui  possédaient  des  départs  réguliers  et  une  route  déterminée à partir de  l’Angleterre (dès 1808 vers Rio et 1824 vers Buenos  Aires), se  spécialisant  dans  les  services  postaux,  des  passagers  et  parfois  des  marchandises  légères. Le premier paquebot servant sur une base régulière les côtes est de l’Amérique  du  Sud  fut  le  Esk,  partant  de  Southampton  (Angleterre)  vers  Rio  le  8  janvier  1851.  Il  arriva  le  7  février,  réduisant  de  plusieurs  jours  le  temps  nécessaire  pour  traverser  l’Atlantique.  Cependant,  Graham 185 (1956) remarque  que  les  navires  à  voile  gardaient  encore  leur  supériorité  dans  le  commerce  de  marchandises  en  raison  de  l’espace  demandé  dans  les  paquebots  pour  le  stockage  du  charbon.  Ceci  changea  à  la  fin  des  années  1860,  avec  l’invention  de  la  «compound  engine ».  Albion  ajoute  que,  avec