• Aucun résultat trouvé

Efficacité de l’acheminement, des partenariats et des instruments

Indicateur : Les modalités d’acheminement de l’aide et les partenariats aident à fournir une aide de qualité

La Suisse est un donneur prévisible et flexible, et dispose d’une panoplie d’outils très appréciés et rapidement déployables pour faire face aux crises soudaines et aux situations d’urgence qui se dégradent. Pour ces raisons, elle est considérée par les ONG et les organisations multilatérales comme un partenaire de valeur capable de jouer un rôle stratégique. Il pourrait être utile à la Suisse de revoir ses interventions bilatérales dans les situations de crise qui se prolongent et son large éventail d’instruments d’intervention rapide, ainsi que de se concentrer sur les domaines où elle possède un avantage comparatif évident.

La Suisse est un donneur apprécié pour la prévisibilité et la flexibilité du financement qu’elle assure lors des crises qui se prolongent. Cinq partenaires multilatéraux perçoivent des fonds sous forme de contributions pour leur budget central dans le cadre d’accords portant sur deux à quatre ans10, auxquels s’ajoutent des contributions préaffectées à des interventions régionales ou au niveau des pays ; deux autres organismes des Nations Unies reçoivent un financement thématique pour leur budget de base11. La Suisse apporte aussi des contributions au budget central de cinq ONG helvétiques12 au titre d’accords-cadres sur quatre ans, ce qui est une démarche très novatrice pour un donneur d’aide humanitaire. Le programme humanitaire peut utiliser des fonds destinés au développement dans certaines situations (comme au Zimbabwe) où les Suisses préfèrent intervenir par l’intermédiaire de partenaires humanitaires. La Suisse complète ses investissements dans les crises tenaces par des actions de plaidoyer en amont, et donnera la priorité à la protection des civils, à la défense des principes humanitaires et à la promotion de l’accès humanitaire au cours de la période 2013-2016 (Suisse, 2013).

S’agissant du canal bilatéral, la Suisse détache des spécialistes de l’aide

humanitaire auprès d’organisations multilatérales, et on comptait à tout moment en 2012 un effectif de quelque 35 experts fonctionnels et techniques déployés dans une diversité de disciplines13. Chose inhabituelle pour un donneur d’aide humanitaire du CAD, la DDC apporte également son concours à l’élaboration de programmes bilatéraux et aux déploiements réalisés dans les situations de crise prolongées, mais cette démarche est sujette à controverse. Certains partenaires s’inquiètent du fait que les programmes directement mis en œuvre par la Suisse

Une panoplie reconnue d’outils d’aide d’urgence

organismes multilatéraux ou ONG. Cette question n’entre pas dans le champ de cet examen par les pairs, mais il serait peut-être utile que la complémentarité fasse partie des futurs critères que la Suisse pourrait adopter pour ses programmes bilatéraux.

La Suisse dispose d’une panoplie très appréciée d’outils rapidement déployables en cas de crise soudaine ou de dégradation des situations d’urgence, au nombre desquels :

> La Chaîne suisse de sauvetage – des militaires déployés dans le cadre d’opérations de recherches et de sauvetage, et d’autres opérations d’aide d’urgence14 ;

> Les équipes d’intervention rapide – des agents suisses déployés pour évaluer et suivre les crises ;

> Déblocage de financements d’urgence supplémentaires sous formes de dons à destination d’organismes multilatéraux et ONG partenaires ; > Aide matérielle en nature, à partir d’entrepôts logistiques situés en

Suisse15 ;

> Détachement d’experts par l’intermédiaire du Corps suisse d’aide humanitaire (CSA) ;

> Contributions financières régulières au Fonds central d’intervention pour les urgences humanitaires (CERF) des Nations Unies16 ;

> Formation obligatoire à la réponse aux situations de crise pour l’ensemble du personnel des ambassades suisses, y compris les ambassadeurs, et formation interne sur de nombreux autres aspects connexes.

Les partenaires apprécient le caractère anticipatif des financements d’urgence, et la rapidité de la réponse globale. Le responsable du domaine Aide humanitaire dispose d’un mandat spécial l’autorisant à décider si la Suisse doit répondre aux situations d’urgence et, le cas échéant, de la forme à donner à cette réponse, permettant une prise de décision rapide. Le détachement d’experts suisses auprès d’organisations partenaires est également très apprécié, comme il ressort de l’évaluation de l’aide d’urgence de la DDC menée en 2011 : il y était noté en effet que les détachements étaient généralement rapides, adaptés et de bonne qualité professionnelle (DDC, 2011b). Les autorités ont fait état de difficultés pour recruter davantage d’experts, difficultés qu’elles attribuent à un marché du travail tendu17. Dans ce contexte, il pourrait s’avérer utile de se tourner vers d’autres viviers de talents, comme des retraités de fraîche date.

Dans l’ensemble, l’évaluation conduite en 2011 concluait que la panoplie d’outils d’aide d’urgence actuellement en place était plus adaptée à de grandes catastrophes soudaines qu’à d’autres types de crise. L’évaluation posait également des questions sur l’utilité du dispositif de recherches et sauvetage, dont elle

Un partenaire très apprécié dans l’aide humanitaire

recommandait un « recalibrage »18, recommandation avec laquelle les hauts responsables étaient en désaccord (DDC, 2011b). Compte tenu du large éventail d’outils disponibles, il serait peut-être plus utile de recommander à la Suisse d’entamer une réflexion sur son avantage comparatif et le rapport coûts-avantages des opérations d’aide d’urgence, et de concentrer son attention sur les domaines où sa contribution apporte manifestement une valeur ajoutée.

La Suisse est un partenaire très apprécié des ONG et des organisations multilatérales. Comme indiqué plus haut, ses contributions financières sont majoritairement flexibles et disponibles en temps voulu. La Suisse est plus prévisible que la plupart des autres donneurs du CAD, et apporte une visibilité sur quatre ans à de nombreux partenaires opérationnels. La charge administrative imposée par la Suisse est également, d’une manière générale, considérée comme appropriée. La Suisse utilise son outil de gestion des contributions au budget central (Core Contributions Management) pour veiller à apporter une valeur ajoutée dans ses relations avec les partenaires multilatéraux, ce qui constitue une bonne pratique (voir aussi chapitre 3).

L’accent mis sur les accords stratégiques et les contributions aux budgets centraux a donné une dimension plus stratégique aux relations avec les partenaires, et a permis aux discussions d’aller au-delà des négociations sur les financements. Les partenaires ont confirmé que la Suisse prête une oreille attentive (et agit en conséquence) aux informations qu’ils lui communiquent sur des questions thématiques et à leurs préoccupations au sujet de crises spécifiques – mais observent que cette écoute est plus systématique à Berne que sur le terrain. Cependant, un certain nombre de partenaires estiment que la Suisse pourrait réunir de temps à autres l’ensemble de ses partenaires pour examiner des

questions urgentes (notamment de nouvelles crises ou des questions thématiques) au lieu d’organiser des discussions distinctes avec chaque organisation ou avec un groupe d’organisations de même nature. C’est peut-être pour la Suisse une piste à creuser à l’avenir.

La Suisse reste un membre actif de l’Initiative sur les bonnes pratiques pour l’aide humanitaire, dont elle a assuré la présidence en 2010-11. Elle organise également des réunions d’information à l’intention des donneurs sur l’évolution des crises ou en cas de nouvelles crises, ou sur des questions qui se font jour dans le domaine humanitaire, et soutient les efforts d’ouverture en direction de nouveaux donneurs comme l’Indonésie, les Philippines, la Turquie et l’Organisation des États islamiques (DDC/SECO, 2013).

Interaction avec les autres donneurs