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Chapitre 4 : L’analyse des résultats

4.2 Les individus adoptant une position défavorable au programme de substitution à la

4.2.3 Les effets de la prise de méthadone

4.2.3.1 Les obstacles liés à la prise de méthadone

La motivation à prendre de la méthadone chez les personnes interrogées n’est pas stable. Autrement dit, elle semble fragile ou déficiente. Premièrement, la posologie n’est pas toujours respectée. Par exemple, Nathalie mentionne qu’elle oublie parfois de prendre sa méthadone alors, elle prépare son propre dosage. Elle finit par accumuler plusieurs bouteilles et décide souvent d’en boire une plus petite quantité dans l’optique d’arriver à diminuer sa dose graduellement.

Là en ce moment des fois j’oublie de prendre ma journée pis souvent je bois ma bouteille à moitié. L’autre fois je tchekais ça je suis rendu avec un sac de bouteilles à moitié vides pis un sac de bouteilles pleines. (…) Là je suis à 16, je vais essayer de baisser à 6. Tu te fais ton propre

dosage? Oui à un moment donné, mais ce qui « fucke » l’affaire c’est qu’une fois semaine je dois boire la bouteille devant la pharmacienne. C’est ce qui me fait peur. Si je coupe de moitié jeudi prochain après une semaine à boire juste 5 mg de méthadone quand je vais boire 16 mg de méthadone devant la pharmacienne, cette journée-là je risque de la passer au lit. Je pense pas que ça marcherait à cause de ça. Jeudi j’ai rendez-vous avec mon médecin pis là je veux y dire là j’ai boit à moitié les bouteilles, des fois j’en oublie, je veux baisser plus.

Aussi, pour Louis, réduire sa dose de méthadone semble être impératif. Il mentionne que depuis qu’il a commencé à prendre de la méthadone il y a un an, il diminue progressivement son dosage afin de cesser complètement d’ici deux ans.

Depuis que je prends de la méthadone, tout va bien. Ç’a été dur au début, le temps de m’ajuster à mes doses. Je suis pas monté ben gros, je suis monté jusqu’à 70. Aujourd’hui j’suis à 60. Ça super bien été tellement que tout de suite après que j’ai commencé j’ai suivit un traitement pour l’hépatite C pis ça fait comme 3 mois je suis descendu à 60. Aux périodes de 6 à 7 mois, je vais descendre de 10 jusqu’à tant que je m’en sorte.

Finalement, Karine fait partie du programme depuis cinq mois. Ses propos montrent que sa motivation à prendre de la méthadone est extrinsèque. Ce produit l’aide à mener une grossesse plus sécuritaire. En dépit de son désir de ne pas mettre en péril la santé de son bébé, il est à noter que sa position sur la méthadone n’est pas sans ambivalence.

Je peux rien rien faire, mais ça c’est un choix de conscience. C’est soit que je l’ai ou que je l’ai pas. Faut que je fasse ce que le médecin me dise. Je pense que c’est vraiment la plus grosse volonté. La première fois c’est parce que j’allais mourir là c’est parce qu’elle a va mourir. Tsé je suis contre la méthadone en même temps, c’est con.

Que ce soit le fait de diminuer, de faire ses propres doses ou de prendre ce produit substitutif pour la santé de son futur bébé, prendre de la méthadone pour ces personnes semble être pénible, d’autant plus qu’une incertitude persiste au niveau du temps de participation dans ce programme.

4.2.3.2 L’incertitude entourant la durée de la prise de méthadone

Tous les individus de cette figure s’accordent pour dire que la durée du programme de substitution à la méthadone est trop longue. La plupart d’entre eux ne s’imaginaient pas qu’ils allaient consommer de la méthadone pendant plusieurs années, voir même (pour certains) près d’une décennie. Aujourd’hui, après ces nombreuses années à faire partie du programme, ils perçoivent cela comme un échec personnel.

Nathalie croyait que sa dose diminuerait progressivement afin que peu de temps après le début du programme elle n’en ait plus besoin.

Moi je me suis mis là- dessus en pensant que c’était pour arrêter doucement, je pensais pas être là- dessus pendant 5 ans (…) Moi je pensais me mettre sur la méthadone pis que dans 6 mois ça allait baisser tranquillement, mais c’est pas ça qui est arrivé. (Nathalie)

Dans le cas de Kevin, c’est précisément à cause de la durée du programme qu’il ne désirait pas prendre de la méthadone.

Depuis 9 ans je consomme de la méthadone pis c’est pour ça que je voulais pas embarquer parce que je savais, je voyais ça, c’était pour ça que je voulais pas en prendre. (Kevin)

Pour une autre interviewée, la méthadone présente des bienfaits pour éviter de consommer des opioïdes. Par contre, pour elle, le rétablissement à l’aide de ce produit ne devrait pas continuer au-delà de plusieurs années.

Je me dis que la méthadone c’est mieux parce que ça m’empêche de consommer, mais je me dis qui faudrait pas que j’en prends 10 ans. Je trouve que dans ma tête je guéris pas mon problème à moi. (Karine)

Ce groupe d’individus a raconté comment la participation à un programme de substitution à la méthadone est d’une durée variable. À ce sujet, cette incertitude représente un élément irritant pour eux et a un impact négatif sur leur rétablissement. Dans un autre ordre d’idées, leur participation n’est pas qu’associée à des désavantages, elle implique aussi des aspects positifs.