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Effet de la défavorisation matérielle et sociale sur la qualité de la

Chapitre 5. Discussion

5.2. Interprétation des résultats

5.2.2 Effet de la défavorisation matérielle et sociale sur la qualité de la

Exposition à un antidépresseur de 1ère intention

Le premier indicateur de la qualité de la prescription évalué dans la présente étude était l’exposition à un antidépresseur de 1ère intention. La proportion de sujets exposés à un antidépresseur de 1ère intention à la date du diagnostic ou dans les 365 jours suivants était de 88%. Cette proportion est très similaire à celle observée dans le rapport de l’INESSS (87%) réalisé parmi les assurés du RGAM et utilisant la même définition de l’exposition que la présente étude (33). Les résultats de l’étude de Hansen et al. (76) réalisé dans la population danoise de indiquent que 82% des sujets étaient exposés à un antidépresseur de 1ère intention, ce qui est similaire à nos résultats.

Les résultats de la présente étude ainsi que celles de l’étude danoise (76) suggèrent qu’il n’y a pas d’association entre le niveau de défavorisation ou le statut socioéconomique des sujets et l’exposition à un traitement médicamenteux antidépresseur de 1ère intention et. Dans notre étude, aucune augmentation significative de la susceptibilité à être exposé à un antidépresseur de 1ère intention à la date du diagnostic ou dans les 365 jours suivants selon le niveau de défavorisation matérielle et sociale de l’aire géographique de résidence n’a été observée. L’étude danoise précédemment citée a exploré cette question en mesurant pour chaque sujet des variables similaires aux variables utilisées pour le calcul de l’indice de notre étude. Ces variables étaient le niveau de scolarité, le rang socioéconomique, le revenu annuel et le statut marital (76). Aucune association statiquement significative n’a été observée dans cette étude. Le rapport de cotes comparant les sujets ayant un niveau de scolarité plus élevé à ceux ayant un niveau plus faible était de 1,18 (IC 95%= 0,86 – 1,63). Le rapport de cotes comparant les sujets ayant un niveau d’emploi le plus élevé à ceux ayant un niveau d’emploi le plus bas, désigné comme le groupe de référence, était de 1,02

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(IC 95%=0,76 – 1,37). Par rapport au revenu annuel, le rapport de cotes était de 1,12 (IC 95%= 0,88 – 1,43) pour les sujets du quartile le plus élevé par rapport aux sujets du quartile le plus bas. Il est à noter toutefois que les intervalles de confiance sont relativement larges, ce qui pourrait indiquer un manque de puissance pour détecter des associations significatives, si elles existent.

Exposition à la dose quotidienne recommandée

L’exposition à la dose quotidienne recommandée était le deuxième indicateur de la qualité de la prescription évalué dans notre étude. Parmi les sujets étant toujours exposés à l’antidépresseur initial au 90ième jour suivant la première réclamation (n=31 682), 79% d’entre eux (n=25 202) étaient exposés à la dose recommandée. Pour les sujets âgés de 18 à 64 ans, la proportion de sujets exposés à la dose recommandée était de 85,4%. Tandis que cette proportion était de 68,2% pour les sujets âgés de 65 ans ou plus. Ces proportions étaient proches de celles observées dans le rapport de l’INESSS qui étaient de 84,9% pour les sujets âgés de 18 à 64 ans et de 72,3% pour les sujets âgés de 65 ans ou plus (33). Une étude menée par Robinson et al. (28) aux États-Unis incluant 60 386 individus ayant eu un nouveau diagnostic de dépression et ayant débuté leur traitement antidépresseur dans les 30 jours avant ou 14 jours suivant le diagnostic (28), indique que 70% d’entre eux étaient exposés à la dose quotidienne recommandée. La différence de résultats entre la présente étude et celle de Robinson et al. peut être expliquée par le fait que nos mesures étaient légèrement différentes. La mesure de l’exposition à la dose recommandée dans la présente étude a été faite pour le traitement initial au 90ième jour suivant la première réclamation d’antidépresseur alors que Robinson et al. (28) ont évalué l’adéquation de la dose à l’initiation du traitement. Nous avons fait le choix, tout comme l’INESSS, de mesurer l’exposition à la dose adéquate au 90ième jour suivant la première réclamation car les doses initiales d’antidépresseurs sont inférieures aux doses quotidiennes recommandées et qu’elles doivent être augmentées graduellement (58). Notre définition tenant compte de l’augmentation graduelle des doses tel que recommandé par les lignes directrices peut expliquer le fait que nous ayons observé des proportions plus élevées de sujets exposés aux

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doses recommandées comparativement à l’étude de Robinson et al. (28). Les résultats de notre étude indiquent qu’il n’y a pas d’association entre la défavorisation de l’aire géographique de résidence et l’exposition à la dose quotidienne recommandée du traitement initial au 90ème jour suivant la première réclamation d’antidépresseur. Bien qu’une mesure du statut socioéconomique ait été incluse dans l’étude de Robinson, l’association entre le statut socioéconomiqueet la dose recommandée n’a pas été évaluée. De plus, nous n’avons pas trouvé d’études qui ont étudié cette association auxquelles nous pourrions comparer nos résultats.

En résumé, pour les deux indicateurs de la qualité de la prescription étudiés, soit l’exposition à un antidépresseur de 1ère intention et l’exposition à la dose recommandée, notre étude ne montre pas d’association avec le niveau de défavorisation de l’aire géographique de résidence qu’elle soit matérielle ou sociale. Il apparait donc que les prescripteurs ne modulent pas ou n’établissent pas leurs ordonnances selon le niveau de défavorisation de leurs patients, que ce soit pour la prescription d’antidépresseur de 1ère intention ou de la prescription d’antidépresseur à la dose recommandée. De plus, le respect des lignes directrices pour ces deux indicateurs était élevé avec plus de 80% des sujets ayant un traitement conforme à ces critères.

5.2.3 Effet de la défavorisation matérielle et sociale sur la qualité de